VOS QUESTIONS NOS REPONSES (14)

Aujourd’hui encore, amis auditeurs, je réponds à quelques unes de vos questions.  Quelqu’un me demande: La journée du 6 juin 2006, autrement dit 06/06/06, a-t-elle une signification particulière, rapport au chiffre 666 qui est le symbole de la  Bête, dans le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse?  Certains ont prédit qu’il se passerait quelque chose de spécial sur le plan spirituel dans le monde.


Je n'attribue aucune signification ou valeur particulière à la journée du 6 juin 2006.  La symbolique du chiffre 666 dans le livre de l'Apocalypse est donnée en opposition au chiffre 7, symbole de perfection qui apparaît déjà dans le livre de la Genèse (avec les 7 jours de la Création).  La journée du 6 juin 2006 a été créée par Dieu au même titre que
celle du 5 ou du 7 juin, et lui appartient au même titre.  Ce jour-là, comme les autres, les hommes se sont réveillés dans leur état de pécheurs et ont été appelés à se repentir et à s'humilier devant le Dieu tout puissant.  Les croyants l'ont fait, les autres ne l'ont pas fait, attirant sur eux la colère et le juste jugement divins.
Tous les efforts pour lire des signes ou des événements extraordinaires à l'avance se sont soldés par des échecs humiliants pour ceux qui avaient prédit ceci ou cela.  Pour les chrétiens ancrés dans la Parole de Dieu et non dans toutes sortes de spéculations chimériques, le seul événement qu'il convienne d'attendre avec impatience sans toutefois savoir quand il interviendra, est celui du retour de Jésus-Christ.  Or celui-ci a clairement dit à ses disciples que seul le Père céleste en connaît la date: "Quant au jour et à l'heure où cela se produira, personne ne les connaît, ni les anges du ciel, ni même le Fils; personne, sauf le Père, et lui seul" (Mat. 24:36).  Il leur a encore dit, peu avant son Ascension (Actes 1:7): "Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité". Quant à ceux qui attendent des signes et des miracles de toutes sortes à une date donnée, au lieu d'égarer les autres, ils feraient mieux d'approfondir leur connaissance de la Parole de Dieu pour affermir et édifier leur prochain, au lieu de s'adonner à la magie et la superstition des dates, chosent qui caractérisent les païens et non les chrétiens.

 

Autre question: Un chrétien peut-il faire de la politique? Devenir par exemple président de la république, ou ministre d’un gouvernement?  La réponse à cette question que se posent beaucoup d’auditeurs est sans conteste oui, bien sûr.  Foi et Vie Réformées a plusieurs fois parlé du nécessaire engagement du chrétien dans la vie politique locale ou nationale, à condition qu’un tel engagement soit motivé par une vision du bien commun inspirée par les normes  bibliques de la justice publique.  Il n’est pas facile d’entrer en politique, encore moins de s’y maintenir avec intégrité.  Les manoeuvres, combines et traîtrises en tous genres pavent en général la route d’une telle carrière.  Cela dit, la vie publique doit être administrée. La question est donc: par qui le sera-t-elle?  Par des hommes et des femmes sans scrupule, cherchant avant tout leur propre profit et celui de leurs proches, cherchant à se maintenir dans une position de pouvoir coûte que coûte?  Ou bien par des hommes et des femmes intègres habités par un idéal supérieur, celui du bien commun, et prêts à y travailler avec toute l’énergie et les dons qu’ils ont reçu de leur Créateur, même s’ils ont leurs défauts et leurs limitations, comme tout un chacun?  Par des hommes et des femmes qui méprisent le droit, ou bien par des personnes respectueuses de la légalité cherchant en même temps à réformer avec ordre ce qui doit l’être pour que la justice publique progresse? Avant de se lancer  dans une entreprise politique, qu’elle soit personnelle ou commune, avec par exemple la création d’un parti politique, il faut une très sérieuse réflexion et beaucoup de sagesse.  Il faut savoir se fixer des objectifs raisonnables et des délais réalistes.  L’enthousiasme et les grandes déclarations d’intention ne suffisent pas: on voit trop souvent comment des actions mal préparées et sans vision à long terme sombrent dans  le chaos et ridiculisent ceux qui les ont initiées.  Le chrétien qui voudra entrer en politique devra être bien entouré, faire partie d’une équipe solide et fiable: si l’on n’est pas capable de surmonter les dissensions internes, si l’on préfère la dispute et les chamailleries, par tempérament par orgueil ou par culture, on n’arrivera jamais à rien, si ce n’est à discréditer l’idéal dont on se veut le porteur.  Certains pays ont une tradition de réflexion et d’action politique chrétiennes forgée au cours de longues décennies, voire de plusieurs siècles.  Cette tradition se maintient et se développe même si elle n’est pas aux commandes des affaires publiques. Je pense en particulier aux Pays-Bas.  Dans une telle tradition il est plus important de s’exprimer publiquement sur les affaires du pays et de faire entendre une voix chrétienne distincte sur tel ou tel sujet, que de chercher par  tous les moyens à se faire élire.  Une voix claire et sensée qui sait se faire entendre et respecter par le contenu de ce qu’elle dit, même si elle-même n’est pas au pouvoir, pourra influencer favorablement ceux qui sont aux commandes des affaires, et leur indiquer des méthodes ou des approches valables.  Par ce biais, le chrétien en politique peut aussi atteindre ses objectifs, même si ce n’est que partiellement.  Ce qu’il faut surtout éviter, ce sont les actions désordonnées, à courte haleine, qui s’imaginent qu’il suffit d’être très enthousiaste pour changer la réalité de fond en comble et immédiatement. Beaucoup d’expérience dans un certain nombre de domaines est aussi nécessaire: le droit public et constitutionnel, l’économie, les relations internationales.  Avant toutes choses, il faut savoir faire confiance à Dieu et être prêt à faire un travail de longue haleine de manière progressive. Dieu gouverne le monde par sa Providence, en dépit de tous les tumultes et les crises de toutes sortes; le servir en politique implique de considérer la réalité présente à la lumière de son éternité et d’avoir une vision claire de la nature du Royaume annoncé et inauguré par son Fils Jésus-Christ.  Il n’existe pas en politique de recette toute faite, de manuel infaillible qu’il suffirait de sortir d’une cachette pour l’appliquer magiquement à toutes les situations avec l’assurance de résoudre tous les problèmes.  Pour les chrétiens, même s’ils ne seront pas toujours d’accord entre eux sur la nature des problèmes qui se posent et la manière exacte de gérer les affaires de l’Etat, il  y a cependant des grands principes dont  on devrait chercher l’application dans des situations particulières: ces grands principes concernent avant tout la nature de la justice publique et le rôle de l’Etat pour la garantir. Comment maintenir l’unité de l’Etat tout en protégeant de manière équilibrée les groupes divers qui composent la société?  Comment protéger la famille, fondation sociale irremplaçable qui est aujourd’hui attaquée de toutes parts dans son essence même?  Comment favoriser par une législation adéquate les initiatives personnelles bénéfiques à la communauté nationale, sans tomber dans le laissez-faire anarchique en échange de pots-de-vin? Comment empêcher le développement d’activités nuisibles à la communauté nationale sans limiter les libertés publiques nécessaires à l’expression de la vie sociale et culturelle?  Comment limiter l’emprise de l’Etat sur tous les domaines de la vie afin qu’il ne se prenne pas pour la Providence divine, ce qui est hélas une tendance actuelle très prononcée?  Comment définir le rapport entre l’Etat et les religions diverses en respectant la liberté de conscience tout en promouvant une vision chrétienne de la société?  Comment gérer de manière juste les problèmes de sécurité et la protection des personnes et des biens sans tomber soit dans le laxisme soit dans le militarisme outrancier?  Par quels moyens assurer l’independance nationale sans faire preuve d’agressivité vis-à-vis des pays voisins?  Comment mettre en oeuvre une politique de l’environnement soucieuse de préserver  le patrimoine naturel sans toutefois bloquer le développement économique et humain du pays?   Commencer à réfléchir sur ces questions et leur application à la lumière des normes bibliques concernant la justice publique, s’informer et se documenter sur l’histoire politique de son pays, sur  les modèles chrétiens développés ailleurs et sur la manière dont ils ont fonctionné, tout cela constitue le point de départ nécessaire d’une telle action politique.  Soulignons que cette réflexion et cette action devraient être nourries par une piété personnelle qui reconnaît en Jésus-Christ le Souverain de la Création toute entière.  Lui seul incarne la justice parfaite et nous offre le seul modèle qu’il faille suivre.  Non pas par ce qu’il est venu instaurer sur terre un régime politique particulier (c’est d’ailleurs ce que beaucoup attendaient de lui, et ils ont été extrêmement déçus de ce qu’il ne l’ait pas fait, alors qu’il semblait être parfaitement à même d’instaurer un tel régime), mais parce que son autorité s’est manifestée par un service unique rendu aux hommes et femmes de toutes les nations: bien que partageant la condition de Dieu, il s’est montré en toutes choses le serviteur obéissant de son Père céleste pour cette mission unique de salut.  Son autorité ne s’exprime pas par une forme d’oppression, comme c’est si souvent le cas avec ceux qui exercent le pouvoir et se font appeler bienfaiteurs du peuple, mais par la restauration de vies brisées, par la réconciliation avec Dieu de ceux qui en aient aliénés, par l’exercice parfait de la justice.  Service, restauration, réconciliation, justice, voilà bien les maîtres-mots d’une action politique chrétienne fondée sur la personne et l’oeuvre de Jésus-Christ.  Il ne s’agit bien sûr pas de vouloir recréer d’emblée le paradis sur terre, comme le veulent les révolutionnaires de tous poils, lesquels donnent bien plutôt un avant-goût de l’enfer quand ils s’emparent du pouvoir par la violence, mais de reconquérir progressivement ces notions de service, de justice, de réconciliation et de restauration modelées sur la personne et l’oeuvre de Jésus-Christ.  Est-il besoin de dire, en terminant, que là où les églises n’enseignent pas fidèlement la Parole de Dieu et comment elle s’est parfaitement  incarnée en Jésus-Christ, il ne faudra pas s’attendre à ce que se lève une génération d’hommes et de femmes motivés et équipés pour entreprendre une telle réflexion et une telle action politiques.