A
LA CROISEE DES CHEMINS
Amis
auditeurs, je vous propose aujourd’hui une méditation sur un passage de la
première lettre de Jean, dans le Nouveau Testament, passage tiré du second
chapitre de cette lettre, et que je vous lis maintenant: “Je vous écris
ceci, enfants: vos péchés vous sont pardonnés à cause de ce que Jésus-Christ
a fait. Je vous écris ceci, pères:
vous connaissez celui qui est dès le commencement.
Je vous écris ceci, jeunes gens: vous avez vaincu le diable.
Je vous le confirme, enfants: vous connaissez le Père.
Je vous le confirme, pères: vous connaissez celui qui est dès le
commencement. Je vous le confirme,
jeunes gens: vous êtes forts, la Parole de Dieu demeure en vous et vous avez
vaincu le diable. N’aimez pas le monde ni rien de ce qui fait partie de ce
monde. Si quelqu’un aime le monde,
l’amour pour le Père n’est pas en lui.
En effet, tout ce qui fait partie du monde: les mauvais désirs qui
animent l’homme livré à lui-même, la soif de posséder ce qui attire les
regards, et l’orgueil qu’inspirent les biens matériels, tout cela ne vient
pas du Père, mais du monde. Or le
monde passe avec tous ses attraits, mais celui qui accomplit la volonté de Dieu
demeure éternellement.”
Dans
la vie, chers amis, nous sommes souvent placés à la croisée de plusieurs
chemins, devant des choix qui engagent notre futur de manière très sérieuse:
quelle carrière professionnelle choisir, vers
quel pays émigrer, peut être sans espoir de retour, avec quel époux ou quelle
épouse s’engager pour la vie? Nous
pouvons être confronté à une croisée des chemins lorsque nous devons
enterrer un être cher, sachant bien que notre vie ne sera plus jamais la même.
De tels moments interviennent dans la vie de tout un chacun et nous
forcent à opérer des choix décisifs lors de notre pélerinage terrestre.
Mais, dans la vie, la croisée des chemins n’est pas seulement quelque
chose de très épisodique. Car en y
regardant de plus près, nous sommes chaque jour confrontés à des choix qui
peuvent avoir des conséquences dramatiques sur notre existence. Rester fidèle
à son conjoint, agir avec intégrité dans une situation où on nous a confié
des responsabilités financières très sensibles, garder le contrôle de soi en
dépit de pressions presque intolérables qui pourraient nous amener à
commettre un geste irréparable…
Un
auteur chrétien du dix-septième siècle, John Bunyan, a parlé de la croisée
des chemins de manière frappante dans un livre écrit en prison, et qui est
devenu un classique de la littérature chrétienne mondiale: je veux parler du
“Voyage du Pélerin”, qui est une allégorie sur le pélerinage que
constitue la vie chrétienne. Le
personnage central, Chrétien, quitte la Cité de la Destruction chargé d’un
fardeau extrêmement lourd à porter: en dépit des moqueries de son entourage
proche, il s’en va seul, son lourd fardeau attaché aux
épaules, se dirigeant vers la Cité Céleste dont il a pris connaissance
en lisant un livre bien particulier. Sur
son chemin, il rencontrera bien des obstacles, bien des personnages qui lui
recommanderont de se diriger sur telle ou telle route, bien des croisements de
chemins où il lui faudra faire un choix décisif.
Lors d’un moment crucial lors de ce périple, il parviendra à la
colline de la Croix, et c’est là que le lourd fardeau dont il est chargé,
tombera enfin de ses épaules. Mais
il s’égarera souvent aussi, prenant la mauvaise route, ayant été invité à
prendre des raccourcis qui semblent offrir bien des avantages; il sera exposé
à des dangers ou des tentations quasi insurmontables, mais il parviendra
finalement à destination. Dans le
texte de la lettre de Jean que je vous ai lu, l’auteur nomme de tels dangers,
“tout ce qui fait partie du monde”: “les mauvais désirs qui animent
l’homme livré à lui-même, la soif de posséder ce qui attire les regards,
et l’orgueil qu’inspirent les biens matériels, tout cela ne vient pas du Père,
mais du monde.” En employant
ce mot, “le monde”, il ne veut pas dire la bonne Création de Dieu,
l’univers qui reflète la gloire de son Créateur, mais un état de déchéance
spirituelle qui englobe l’humanité, et qui devient le terreau de toutes
sortes de turpitudes, de convoitises, de tendances à la fois alléchantes et
destructrices. On n’en finirait
pas de nommer ces tendances et la manière dont elles s’expriment dans la vie
des hommes: l’arrogance de la
jeunesse, qui se croit invincible et immortelle, les désirs jamais assouvis de
posséder sexuellement autant de partenaires que possible, la poursuite effrénée
de la richesse matérielle, la soif du pouvoir, la tendance calculée à
manipuler émotionnellement les autres pour exercer sur eux une forme de contrôle
psychologique, que sais-je encore… “N’aimez
pas le monde ni rien de ce qui fait partie de ce monde.
Si quelqu’un aime le monde, l’amour pour le Père n’est pas en
lui”, écrit Jean. Mais il ne
fait pas que mettre en garde ses lecteurs, il leur montre quelles sont les armes
par lesquelles ils vaincront. En s’adressant d’abord aux enfants, puis aux
jeunes gens, et enfin aux pères, il pourrait signifier différents degrés de
maturité spirituelle, plutôt que différentes classes d’âges.
Dans ce cas, aux enfants dans la foi, c’est-à-dire à ceux qui y sont
récemment parvenus, il leur rappelle l’assurance que leurs péchés ont été
pardonnés grâce au sacrifice accompli sur la Croix par Jésus-Christ.
Tout comme Chrétien, le héros du livre de John Bunyan, est libéré du
fardeau qu’il portait jusque là, et est rendu désormais capable de
poursuivre sa route de manière allégée, les enfants dans la foi sont libres
de marcher sur la voie royale tracée pour eux, sans que leur conscience les
accable constamment. Les pères dans
la foi, eux, savent que Jésus-Christ était dès le commencement, avant même
la fondation du monde. Quant aux
jeunes gens, ils ont vaincu l’adversaire le plus redoutable, le prince de ce
monde, Satan. Notez bien, amis
auditeurs, le temps passé que Jean utilise: “vous avez vaincu le diable”,
et non pas “vous allez vaincre le diable”, comme si cela relevait
d’un futur encore non réalisé… Mais
de quelle arme disposent-ils donc, ces jeunes gens qui ont vaincu le diable?
“Je vous le confirme, jeunes gens: vous êtes forts, la Parole de
Dieu demeure en vous et vous avez vaincu le diable.”
La Parole de Dieu est l’arme principale dont les pélerins sont équipés
lors de leur long voyage. Elle est
aussi une carte qui nous aide à nous diriger au cours de notre vie, une carte
que nous pouvons consulter à chaque croisée des chemins.
Au centre de cette carte se trouve Jésus-Christ, il en éclaire tous les
angles, toutes les facettes. Pour
utiliser une autre image, la vie peut être comparée à un puzzle fait de pièces
éparses que chacun d’entre nous tâche de reconstituer.
Le point de départ de cette reconstruction, la pièce par laquelle il
faut commencer, c’est Jésus-Christ; c’est à partir de lui que les pièces
s’emboîtent dans le bon ordre. Autrement,
on s’acharne à emboîter des pièces qui ne vont pas ensemble, et l’on
n’arrive jamais à reconstituer de manière satisfaisante l’image
d’ensemble. On pense bien y
parvenir, mais c’est une image déformée, à l’instar de nos fantasmes, que
l’on construit. Ce qui fait partie
du monde, comme le décrit Jean, guide nos tentatives infructueuses, que nous
nous obstinons cependant à prendre pour des succès.
Or, a-t-il conclu, le monde passe avec tous ses attraits, mais
celui qui accomplit la volonté de Dieu demeure éternellement.”
Je vous propose de terminer cette méditation sur la
première lettre de Jean, en en lisant le début du premier chapitre, afin que
la lumière de la Parole de Dieu éclaire votre cheminement de pélerins, amis
auditeurs; afin qu’à la croisée des chemins, vous soyez équipés de la
seule carte qui vaille la peine d’être consultée: “Nous vous annonçons
le message de celui qui est la vie. Nous
vous annonçons ce qui était dès le commencement: nous l’avons entendu, nous
l’avons vu de nos propres yeux, nous l’avons contemplé et nos mains l’ont
touché. Celui qui est la vie s’est manifesté: nous l’avons vu, nous en
parlons en témoins et nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès
du Père et qui s’est manifestée pour nous.
Oui, ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous
aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous.
Or, la communion dont nous jouissons est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ.
Si nous vous écrivons ces choses, c’est pour que notre joie soit complète.
Voici le message que nous avons entendu de Jésus-Christ et que nous vous
annonçons: Dieu est lumière et il n’y a aucune trace de ténèbres en lui.
Si nous prétendons être en communion avec lui, tout en vivant dans les
ténèbres, nous sommes des menteurs et nous n’agissons pas comme la vérité
l’exige de nous. Mais si nous
vivons dans la lumière, tout comme Dieu lui-même est dans la lumière, alors
nous sommes en communion les uns avec les autres, et parce que Jésus, son Fils,
a versé son sang, nous sommes purifiés de tout péché.
Si nous prétendons n’être coupable d’aucun péché, nous vivons
dans l’illusion, et la vérité n’habite pas en nous.
Si nous reconnaissons nos péchés, il est fidèle et juste et, par conséquent,
il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de tout le mal que nous avons
commis. Mes chers enfants, je vous écris ceci afin que vous ne péchiez pas.
Si, toutefois, il arrivait à quelqu’un de commettre un péché, nous
avons un Défenseur auprès du Père: Jésus-Christ le juste.
Car il a apaisé la colère de Dieu contre nous en s’offrant pour nos péchés
– et pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier.”