UN SEUL DIEU EN TROIS PERSONNES (4)

Amis auditeurs, quelle sont les conditions pour qu’un amour véritable puisse se manifester?  Ne faut-il pas au moins deux personnes, car l’amour est une relation qui se manifeste entre des personnes qui sont distinguées l’une par rapport à l’autre, tout en apportant une merveilleuse unité entre elles?  Pensez à l’amour qui unit un homme et une femme psychologiquement, affectivement et physiquement.  Pour qu’un véritable amour puisse se manifester, il faut donc qu’il y ait une relation entre des personnes distinguées entre elles.  Or, l’amour qui peut exister entre des humains est conditionné par l’amour éternel qui existe entre les trois personnes de la Trinité, le Dieu unique en trois personnes distinguées comme Père, Fils et Saint Esprit, et qui se révèle comme tel sur les pages de la Bible.  Seul le Dieu trinitaire est la source d’un amour véritable, puisqu’il vit éternellement en lui-même cette relation d’amour entre les personnes du Père, du Fils et du Saint Esprit.  Il la vit dans une unité parfaite qui fait de lui un Dieu unique (et non pas trois dieux ou même un Dieu avec trois modes d’existence alternés).  Lorsque Dieu a créé l’univers, il a imprimé sur sa Création la marque de son être, une unité et une diversité qui doivent à tous moments vivre en parfaite harmonie l’une avec l’autre, sans que l’unité soit vécue au détriment de la diversité, et sans que la diversité soit vécue au détriment de l’unité.  C’est là la marque la plus parfaite de l’amour véritable, c’est en accord avec cette marque que les relations humaines et autres peuvent être vécues dans une parfaite harmonie.  Seul le Dieu unique en trois personnes en est la source.  Exprimant l’amour qui l’unit à son Père,  Jésus-Christ a ainsi prié Dieu en faveur de ses disciples, avant de se livrer et de donner sa vie pour eux (évangile selon Jean, chapitre 17): “Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un: comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé.  Et moi je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un – moi en eux, et toi en moi -  afin qu’ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés, comme tu m’as aimé.  Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.  Père juste, le monde ne t’a pas connu: mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont connu que tu m’as envoyé.  Je leur ai fait connaître ton nom, et je leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi, je sois en eux.”

Voyez-vous, amis auditeurs, l’enseignement chrétien concernant la Trinité n’est pas quelque chose qui peut être présenté logiquement, comme si la raison humaine pouvait par elle-même comprendre le mystère de l’être de Dieu.  Toute tentative pour utiliser une telle logique est vouée à l’échec. Dieu ne peut être réduit à une conception mathématique de l’unité, car toute notion mathématique présente dans l’univers dérive son existence de Dieu lui-même et ne le précède pas. Et pourtant, ce mystère, qui est progressivement révélé par Dieu lui-même dans l’Ecriture Sainte, est parfaitement  acceptable pour la raison justement parce qu’il concerne la personne de Dieu et qu’il donne sens à tous les aspects de l’existence humaine, comme par exemple la nature de l’amour véritable.  C’est pourquoi, loin de le considérer comme une spéculation théologique risquée, il faut constamment revenir sur la nature et l’oeuvre du Dieu trinitaire, puisqu’il se révèle comme tel dans la Parole qu’il a adressée aux hommes au cours de l’histoire.  Jésus-Christ a même envoyé ses disciples pour annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile en leur commandant de baptiser les hommes et femmes au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Les disciples ne peuvent pas prêcher un autre Dieu que celui-là.  Les confessions de foi les plus anciennes sont formulées et structurées autour de la confession de la Trinité.  Je vous propose de lire ensemble la plus connue de ces confessions de foi, qu’on apelle le Symbole des Apôtres. Elle n’a pas été rédigée par les apôtres de Jésus-Christ comme son nom pourrait le faire penser, mais a été établie dans sa forme finale vers l’an sept cents, il y a donc mille trois cents ans.  Une confession plus ancienne, qui date probablement de la deuxième moitié du deuxième siècle, lui a sans doute servi de base:

Je crois en Dieu, le Père Tout-puissant, créateur du ciel et de la terre.  Je crois en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint Esprit et qui est né de la vierge Marie.  Il a souffert sous Ponce Pilate.  Il a été crucifié, Il est mort, Il a été enseveli; Il est descendu aux enfers; le troisième jour Il est ressuscité des morts; Il est monté au ciel; Il s’est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant; Il viendra de là pour juger les vivants et les morts. Je crois en l’Esprit Saint; je crois la sainte Eglise universelle, la communion des saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair et la vie éternelle.

La Confession dite de Nicée-Constantinople est plus ancienne que le Symbole des Apôtres, même si sa forme finale date de la fin du premier millénaire.  Au Concile de Nicée convoqué par l’empereur romain chrétien Constantin en l’an 325, quelque trois cents évêques ont affirmé sans ambiguité la pleine divinité de Jésus-Christ Fils de Dieu, qui n’est pas une création de Dieu le Père, comme le soutenait les partisans d’un certain Arius.  Les Ariens soutenait que Jésus-Christ, aussi digne et élevé soit-il, n’avait pas toujours existé et était d’une nature certes similaire à celle du Père, mais tout de même pas de la même nature.   La position doctrinale des Ariens fut donc rejetée au Concile de Nicée (endroit situé sur le Bosphore, non loin d’Istanbul, l’actuelle capitale de la Turquie).  Pourtant les Ariens continuèrent à propager cet enseignement anti-trinitaire tout au long du quatrième siècle.  L’exceptionnel Père de l’Eglise Athanase, évêque d’Alexandrie, combattit par ses écrits la position arienne; il dut payer ce combat de sa personne, étant réduit à l’exil cinq fois au cours de sa remarquable carrière, sans jamais cependant faiblir dans sa lutte pour maintenir l’affirmation doctrinale de Nicée, qu’il avait lui-même contribué à faire accepter.  Quelques années après sa mort le prochain grand Concile de l’Eglise, tenu en l’an 381 dans la capitale de l’empire romain Constantinople, allait réaffirmer la Confession de Nicée tout en y ajoutant une large section concernant la divinité et l’oeuvre du Saint Esprit.  Plus tard, un ajout apparemment mineur mais en fait de grande importance serait la cause principale de la séparation entre l’Eglise d’occident et l’Eglise d’orient, en l’an 1054: l’Eglise orthodoxe grecque (suivie par bien d’autres églises orientales, comme l’église orthodoxe russe) se séparerait  des églises dirigées par l’évêque de Rome.  Je vous lis ce Symbole de Nicée Constantinople tel qu’il est encore aujourd’hui confessé par un très grand nombre d’églises chrétiennes de par le monde:

Je  crois en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles. Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non créé, d’une même substance que le Père et par qui tout a été fait, qui, pour nous les hommes et pour notre salut, est descendu des cieux et s’est incarné par le Saint Esprit dans la vierge Marie et a été fait homme.  Il a été crucifié pour nous sous Ponce-Pilate, Il a souffert, Il a été enseveli, Il est ressuscité des morts le troisième jour, d’après les Ecritures, Il est monté aux cieux, Il s’est assis à la droite du Père.  Il reviendra pour juger les vivants et les morts.  Son règne n’aura pas de fin.

Je crois en l’Esprit Saint, qui règne et donne la vie, qui procède du Père et du Fils, qui a parlé par les prophètes, qui avec le Père et avec le Fils est adoré et glorifié.  Une seule Eglise sainte et apostolique.  Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés, J’attends la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Amen

Une autre confession de foi largement acceptée par les églises chrétiennes, le Symbole dit d’Athanase, porte le nom du grand Père de l’Eglise, bien que là aussi il s’agisse d’une attribution fautive.  C’est en fait trois siècles après la mort d’Athanase qu’on allait attribuer pour la première fois cette confession à l’évêque d’Alexandrie.  La prochaine fois, amis auditeurs, nous lirons ensemble cette confession de foi trinitaire et réfléchirons sur son enseignement.