UN SEUL DIEU EN TROIS PERSONNES (5)

Amis auditeurs, nous méditons aujourd’hui, comme les fois précédentes sur l’enseignement biblique concernant le Dieu trinitaire, Père, Fils et Saint Esprit.  Nous le faisons à la lumière des confessions de foi de l’Eglise du passé, qui demeurent toujours pleinement valables pour l’Eglise d’aujourd’hui et de demain, car elles affirment des vérités inchangeables sur l’être de Dieu et sur son plan de rédemption pour l’humanité.  La dernière fois nous avons passé en revue le Symbole dit des Apôtres puis la Confession de foi dite de Nicée-Constantinople, par référence aux deux villes où se sont tenus au quatrième siècle de notre ère deux conciles très importants qui ont formulé le contenu essentiel de la foi chrétienne.

Aujourd’hui nous allons nous pencher sur le Symbole dit d’Athanase, attribué par erreur au grand Père de l’Eglise du quatrième siècle qui a justement combattu pour la foi trinitaire affirmée à Nicée, en particulier pour la confession de la pleine divinité du Fils de Dieu, incarné en Jésus-Christ.  Cette confession de foi apparaît pour la première fois dans un sermon prononcé vers l’an 500 au sud de la Gaule, c’est-à-dire de la France actuelle.  Elle affirme de manière beaucoup plus articulée que les deux précédents symboles l’enseignement concernant la Trinité, c’est-à-dire un Dieu unique en trois personnes distinguées.  A l’aide de quarante propositions ou versets chacune divisée en deux sections bien distinctes, elle définit la foi universelle, appelée catholique tout au long de ce texte (du mot grec qui a précisément cette signification):

Voici quelle est la foi catholique: vénérer un seul Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l’unité, sans confondre les personnes et sans diviser la substance.

La personne du Père est une, celle du Fils est une, celle du Saint Esprit est une; mais le Père, le Fils et le Saint Esprit ne forment qu’un seul Dieu.  Ils ont une gloire égale et une majesté co-éternelle, tel est le Père, tel est le Fils, tel est le Saint Esprit.

Le Père est non créé, le Fils est non créé, le Saint Esprit est non créé.  Le Père est immense, le Fils est immense, le Saint Esprit est immense. Le Père est éternel, le Fils est éternel, le Saint Esprit est éternel: et cependant il n’y a pas trois éternels, mais un seul éternel, de même qu’il n’y a pas trois non créés, ni trois immenses, mais un seul non créé et un seul immense.  De même le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint Esprit est Dieu; et cependant il n’y a pas trois dieux mais un seul Dieu, parce que de même que la vérité chrétienne nous oblige de confesser que chaque personne séparément  est Dieu et Seigneur, de même la religion catholique nous défend de dire trois Dieux ou trois Seigneurs.

Le Père ne tient son existence d’aucun être; il n’a été ni créé ni engendré.  Le Fils tient son existence du Père seul; il n’a été ni fait, ni créé, mais engendré.  Le Saint Esprit n’a été ni fait, ni créé, ni engendré par le Père et le Fils, mais il procède du Père et du Fils.  Il y a donc un seul Père, non trois Pères, un seul Fils, non trois Fils, un seul Saint Esprit, non trois Esprits Saints.  Et dans cette Trinité, il n’y a ni passé, ni futur, ni plus grand; mais les trois personnes tout entières sont coéternelles et coégales; de sorte qu’en tout, comme il a été dit déjà, on doit adorer l’unité dans la Trinité et la Trinité dans l’unité. Celui donc qui veut être sauvé doit avoir cette croyance de la Trinité.  Mais il est encore nécessaire pour le salut éternel de croire fidèlement l’incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ.  La foi exacte consiste donc à croire et à confesser que notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme.  Il est Dieu, étant engendré de la substance du Père avant tous les temps; il est homme, étant né dans le temps de la substance de sa mère; Dieu parfait et homme parfait, composé d’une âme raisonnable et d’une chair humaine; égal au Père selon la divinité; inférieur au Père selon l’humanité.  Et bien qu’il soit Dieu et homme, il n’est pas néanmoins deux personnes mais un seul Christ; il est un, non que la divinité ait été changée en humanité, mais parce qu’il a pris l’humanité pour l’unir à la divinité; un enfin, non par confusion de substance, mais par unité de personne; car comme l’âme raisonnable et le corps sont un seul homme, de même Dieu et l’homme sont un seul Christ qui a souffert pour notre salut, est descendu aux enfers, est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où il viendra pour juger les vivants et les morts.

A son avènement, tous les hommes doivent ressusciter avec leur corps et ils rendront compte de leurs propres actions.  Et ceux qui auront fait le bien iront dans la vie éternelle; ceux qui auront fait le mal, dans le feu éternel.

Telle est la foi catholique: quiconque ne la croit pas fidèlement ne pourra être sauvé.

Amis auditeurs, je voudrais reprendre maintenant ce que je vous disais lors de notre précédente émission: l’enseignement chrétien concernant la Trinité n’est pas quelque chose qui peut être présenté logiquement, comme si la raison humaine pouvait par elle-même comprendre le mystère de l’être de Dieu.  Toute tentative pour utiliser une telle logique est vouée à l’échec. Dieu ne peut être réduit à une conception mathématique de l’unité, car toute notion mathématique présente dans l’univers dérive son existence de Dieu lui-même et ne le précède pas. Et pourtant, ce mystère, qui est progressivement révélé par Dieu lui-même dans l’Ecriture Sainte, est parfaitement  acceptable pour la raison justement parce qu’il concerne la personne de Dieu et qu’il donne sens à tous les aspects de l’existence humaine, comme par exemple la nature de l’amour véritable.

Revenons donc sur le symbole dit d’Athanase: il s’attache à exclure toute forme de polythéisme: il n’y a pas trois dieux, mais un seul Dieu.  Les trois personnes de la Trinité ne sont pas chacune un tiers de Dieu, qui ensemble formeraient la totalité de la divinité, mais chacune est pleinement Dieu, avec tous ses attributs divins: éternité, immensité, toute puissance.  Une erreur répandue à l’époque consistait à croire que Dieu se révèle tantôt comme Père, tantôt comme Fils, tantôt comme Saint Esprit, donc selon différents modes d’action et de manifestation.  Cet enseignement, qu’on appelle le modalisme, cherchait justement à satisfaire la logique humaine: la nature indivisible du Dieu unique empêchait, selon les modalistes, que l’on puisse parler de trois personnes à la fois distinctes et coéternelles.  Une autre attaque contre la Trinité provenait du parti des Ariens, qui suivaient l’enseignement d’Arius:  selon eux il y aurait deux natures divines différentes, celle du Père et celle du Fils, la seconde créée par le Père, et subordonnée à lui.

Dans la seconde partie du symbole dit d’Athanase se trouve exprimée la foi de l’Eglise dans l’Incarnation du Fils de Dieu, devenu pleinement homme sans que la nature divine du Fils ait disparu de la personne de Jésus-Christ.  La nature divine et la nature humaine de Jésus-Christ ont été unies ensemble en une seule personne, sans que ces deux natures disparaissent, soient diminuées ou soient confondues pour autant.  Le symbole des apôtres comme celui de Nicée l’affirmaient déjà, en accord avec ce que le Nouveau Testament enseigne: “Il a été conçu du Saint Esprit et est né de la vierge Marie”: Jésus-Christ a connu à la fois une conception divine et une naissance humaine. Pour certains, Jésus-Christ avait une seule nature; pour d’autres sa nature humaine était incomplète; pour les Ariens, comme nous venons de le voir, la nature divine de Jésus-Christ était inférieure à celle du Père. Pour d’autres enfin, l’union des deux natures signifiait que l’une d’entre elles se trouvait absorbée par l’autre, ou disparaissait simplement.  Le symbole d’Athanase rejette clairement tous ces enseignements.  Relisons un passage de cette confession: Et bien qu’il soit Dieu et homme, il n’est pas néanmoins deux personnes mais un seul Christ; il est un, non que la divinité ait été changée en humanité, mais parce qu’il a pris l’humanité pour l’unir à la divinité; un enfin, non par confusion de substance, mais par unité de personne.

Amis auditeurs, lorsque nous lisons les confessions de foi de l’Eglise universelle, comme le symbole dit des Apôtres, celui de Nicée-Constantinople ou encore le symbole dit d’Athanase, nous voyons clairement que leur structure centrale, la manière dont elles sont organisées, est avant tout trinitaire.  A l’intérieur de cette organisation, se trouve exposée la foi en l’Incarnation du Fils de Dieu devenu homme pour le salut de l’humanité.  La foi chrétienne est bien celle-ci: croire au Dieu qui s’est révélé comme Dieu unique en trois personnes distinctes, et croire que le Père a envoyé sur la terre son Fils éternel pour réconcilier avec lui une humanité perdue et lui insuffler une vie nouvelle par l’action du Saint Esprit.  Comme le dit le Symbole dit d’Athanase: Celui donc qui veut être sauvé doit avoir cette croyance de la Trinité.  Mais il est encore nécessaire pour le salut éternel de croire fidèlement l’incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ.  Et il conclut par cet avertissement solennel: Telle est la foi catholique (c’est-à-dire universelle): quiconque ne la croit pas fidèlement ne pourra être sauvé.