L’ÉPITRE AUX ROMAINS (1)
Chers auditeurs de Foi et Vie Réformées, au cours
d’une nouvelle série d’émissions je souhaite vous présenter dans son intégralité
la lettre de l’apôtre Paul aux Romains: il
s’agit d’un des livres les plus cités et lus de la Bible, qui a servi de
point de répère à des générations de chrétiens pour comprendre et exposer
la doctrine chrétienne. Nous allons
donc lire ensemble la totalité de cette lettre, ou épitre, en l’accompagnant
de commentaires généraux sur chaque passage.
Commençons d’abord par situer cette lettre, son auteur, sa date de rédaction
et ses destinataires. Vers l’an 34
de notre ère, Paul, un juif éduqué de la ville de Tarse
au sud de la Turquie actuelle, s’était converti à Jésus-Christ de
manière dramatique alors qu’il se rendait de Jérusalem à Damas pour y aller
persécuter les toutes jeunes communautés chrétiennes.
Le Seigneur Jésus-Christ lui était apparu de manière toute spéciale
en s’adressant à lui et l’appelant par son nom.
Sa vie entière serait bouleversée par cette rencontre: de persécuteur
qu’il était, Paul allait devenir non seulement un disciple de Jésus-Christ,
mais son porte-parole inspiré, un instrument dans les mains de Dieu pour porter
la bonne nouvelle de Jésus-Christ, l’Evangile,
à des peuples différents qui faisaient partie de l’empire romain d’alors.
Au cours de quatre voyages missionnaires séparés par de longs séjours
dans certaines villes, séjours d’ailleurs fréquemment marqués par des persécutions
dirigées contre lui et ses compagnons d’oeuvre, Paul allait visiter l’Asie
mineure, la Grèce et la Macédoine, la capitale de l’empire, Rome, et sans
doute même l’Espagne, qui formait la limite de l’empire à l’ouest.
Bref, une grande partie du bassin méditerranéen allait devenir le champ
de son action missionnaire en tant qu’apôtre, c’est-à-dire en tant
qu’envoyé spécial de Jésus-Christ. De
jeunes communautés chrétiennes, certaines déjà formées, d’autres constituées
à la suite de sa prédication, allaient recevoir des lettres de sa part, qui
les instruisaient et les encourageaient en les avertissant parfois des dangers
internes et externes. Un certain
nombre de ces lettres ont été préservées et forment une partie du Nouveau
Testament, la seconde partie de la Bible. Paul
a sans doute écrit la lettre à l’église de
Rome
entre l’an 56 et
l’an 58. Il se trouvait alors pour
trois mois dans la ville de Corinthe, en Grèce, et se préparait à se rendre
à Jérusalem où il allait apporter une collecte rassemblée en Grèce et en
Macédoine en faveur des chrétiens de Jérusalem, qui étaient dans le besoin.
A ce stade de sa vie, Paul n’avait pas encore été à
Rome
.
Il adresse donc cette lettre à une jeune église chrétienne qu’il
n’a jamais rencontrée personnellement, à l’exception d’un certain nombre
de ses membres dont il a fait la connaissance au cours de différentes
circonstances en Asie mineure. Ces
personnes, il les saluera à la fin de sa lettre.
Mais qui sont exactement ces chrétiens de
Rome
?
D’après le contenu de la lettre de Paul, nous pouvons à bon droit
penser qu’une partie était constituée de Juifs convertis au christianisme,
tandis que d’autres étaient d’anciens adeptes des cultes païens, devenus
eux aussi chrétiens. Il y a donc
dans cette église deux composantes, qui semblent avoir d’ailleurs quelque
difficulté à vivre dans une entente parfaite, raison pour laquelle Paul
insiste sur l’unité dans la foi en Jésus-Christ.
Il leur écrit qu’aussi bien ceux d’origine juive que ceux
d’origine non-juive se trouvent sous la même condamnation divine, avant d’être
justifiés devant Dieu au même titre, c’est-à-dire seulement au moyen de la
foi en Jésus-Christ. Personne ne
peut se considérer comme supérieur au vu de ses antécédents.
Si les chrétiens d’origine juive cherchent à se vanter de leur
origine de peuple élu de Dieu dans l’Ancien Testament, Paul leur rappelle
qu’ils ne sont pas moins coupables, n’ayant pas obéi à la Loi divine qui
leur avait été donnée par Moïse. Si
les chrétiens d’origine païenne se croient supérieurs parce qu’ils ont reçu
la Révélation de Dieu en Jésus-Christ et ne sont plus sous le joug de la Loi
de Moïse comme le sont les Juifs, Paul leur rappelle qu’ils ne sont qu’un
tout jeune rameau greffé sur un arbre qui les précède depuis longtemps.
Cela lui donne aussi l’occasion de parler de manière très approfondie
de la relation entre la Loi de Moïse et l’Evangile de Jésus-Christ, et leur
lien réciproque. C’est
d’ailleurs un thème qu’il aborde aussi dans sa lettre aux Galates, ces chrétiens
contemporains qui vivaient dans une région d’Asie Mineure. Notons aussi, amis
auditeurs, que les chrétiens de
Rome
se réunissaient non
pas dans une seule assemblée, sous un même bâtiment, mais dans des maisons
individuelles.
Dans la toute première partie de sa lettre, Paul
s’identifie à ses lecteurs, comme c’était la coutume à l’époque dans
toute correspondance. Il souligne le
fait qu’il est apôtre, c’est-à-dire appelé à une mission spéciale de
messager, de porte-parole de Dieu. Mais
il poursuit immédiatement en montrant le lien qui existe entre l’Evangile
qu’il annonce et les écrits sacrés des Juifs, les Saintes Ecritures que nous
connaissons aujourd’hui comme l’Ancien Testament.
Cet Evangile avait été promis par les prophètes dans les Saintes
Ecritures, et il concerne la personne et l’oeuvre de Jésus-Christ, descendant
direct du roi David, qui est lui-même l’auteur de nombreux psaumes de
l’Ancient Testament. En saluant
ses correspondants, Paul leur apporte une bénédiction de la part de Dieu le Père,
une promesse de grâce et de paix donnée en Jésus-Christ.
Je vous lis donc le début du premier chapitre de la lettre de Paul aux
Romains: “Paul, serviteur de Jésus-Christ, appelé à être apôtre et
choisi pour proclamer la Bonne Nouvelle de la part de Dieu.
Cette Bonne Nouvelle, c’est ce que Dieu a promis il y a bien longtemps
par ses prophètes dans les Saintes Ecritures.
Elle concerne son fils Jésus-Christ, notre Seigneur, qui, dans sa nature
humaine, descend de David, et qui a été déclaré Fils de Dieu avec puissance
lorsque le Saint Esprit l’a ressuscité des morts.
Par lui j’ai reçu la grâce d’être apôtre pour amener, en son nom,
des hommes de toutes les nations à lui obéir en croyant.
Vous êtes de ceux-là, vous qui, ayant reçu l’appel de Dieu,
appartenez à Jésus-Christ. Je vous
écris, à vous tous qui êtes à
Rome
les bien-aimés de
Dieu, appelés à appartenir à Dieu. La
grâce et la paix vous soient donnés par Dieu notre Père et par le Seigneur Jésus-Christ.”
Après cette salutation initiale, Paul indique le
lien affectif et spirituel qui l’unit à cette communauté chrétienne de
Rome
qu’il n’a jamais
encore visitée, ce qu’il désire ardemment faire.
Et il fournit un résumé de l’Evangile, qui révèle en quoi consiste
la justice que Dieu accorde aux hommes, et qui n’est reçue que par la foi.
Lisons ensemble les versets 8 à 17 de ce premier chapitre: “Tout
d’abord, je remercie mon Dieu par Jésus-Christ au sujet de vous tous parce
qu’on parle de votre foi dans le monde entier.
Dans toutes mes prières, je ne cesse de faire mention de vous à toute
occasion et Dieu m’en est témoin, lui que je sers de tout mon être en
proclamant la Bonne Nouvelle qui concerne son Fils: je lui demande de me donner
enfin l’occasion de vous rendre visite si telle est sa volonté.
Car j’ai le vif désir d’aller vous voir pour vous apporter quelque
bienfait spirituel en vue d’affermir votre foi, ou mieux: pour que nous nous
encouragions mutuellement, vous et moi, par la foi qui nous est commune.
Je tiens à ce que vous le sachiez, frères: j’ai souvent formé le
projet de me rendre chez vous, mais j’en ai été empêché jusqu’à présent.
En effet je souhaite pouvoir récolter quelques fruits parmi vous comme
parmi bien d’autres peuples. Je me
dois à tous les hommes, Grecs ou barbares, instruits ou ignorants.
Voilà pourquoi je désire aussi vous annoncer l’Evangile, à vous qui
êtes à
Rome
. Car je
suis fier de l’Evangile: c’est la puissance de Dieu par laquelle il sauve
tous ceux qui croient, les Juifs d’abord et aussi les non-Juifs.
En effet cet Evangile nous révèle en quoi consiste la justice que Dieu
accorde: elle est reçue par la foi et rien que par la foi, comme il est dit
dans l’Ecriture: “Le juste vivra par la foi”.
Paul cite ici un passage du livre du prophète
Habakuk, dans l’Ancien Testament, rédigé
un peu avant l’an six cents avant Jésus-Christ.
Face à la menace imminente d’une invasion par une puissance étrangère
destructrice, les Babyloniens, le prophète Habakuk, quoiqu’ébranlé et se
posant des questions sur la justice et le gouvernement divins, appelait à
demeurer ferme dans la foi et la fidélité au Dieu d’Israël.
En reprenant cette parole de l’Ancien Testament, Paul insiste sur la
foi comme seul véhicule d’une justice qui
donne la vie. Voici, dans une
traduction moderne, le texte d’Habakuk cité par Paul: “Si même il faut
attendre que vienne l’Eternel, attends-le patiemment, car il vient sûrement,
il ne tardera pas. Si quelqu’un
flanche, il n’est pas droit de coeur mais le juste vivra grâce à sa foi.”
Mais que signifie ce mot de “justice”? Qui est le
“juste”? C’est, d’après
Paul, celui qui a été acquitté lors d’un procès, et qui est déclaré
innocent. Il vit désormais car il
n’est plus sous une condamnation. Au cours de notre prochaine émission, nous
verrons quelle est la nature du procès dont il est question dans la lettre de
Paul aux Romains: quelle est la condamnation qui pèse sur tous les humains,
qu’il soient juifs, c’est-à-dire descendants d’Abraham, appartenant au
peuple auquel Dieu s’est adressé par priorité aux autres dans l’Ancien
Testament; ou qu’ils soient non-juifs, c’est-à-dire appartenant aux autres
peuples, ceux qui adoraient toutes sortes d’idoles païennes.