L’EPITRE AUX ROMAINS (12)

Notre lecture de la lettre de Paul aux Romains, amis auditeurs, nous a conduits jusqu’au chapitre onze, que nous avons lu et commenté lors de notre précédente émission.  Paul a terminé cette première grande section de sa lettre par une doxologie, c’est-à-dire une expression de louange envers Dieu, que je vous relis ici: “Combien profondes sont les richesses de Dieu, sa sagesse et sa science!  Nul ne peut sonder ses jugements.  Nul ne peut découvrir ses plans.  Car, qui a connu la pensée du Seigneur?  Qui a été son conseiller?  Qui lui a fait des dons pour devoir être payé de retour?  En effet, tout vient de lui, tout subsiste par lui et pour lui.  A lui soit la gloire à jamais! Amen”.  Jusque là, Paul a démontré que tous les hommes, Juifs ou non-Juifs, sont condamnés à cause de leur aliénation vis-à-vis de Dieu; et ils sont réconciliés avec lui et considérés justes par lui de manière complètement gratuite, sans considération de leurs oeuvres ou de leurs mérites personnels,  uniquement par la foi en Jésus-Christ: son sacrifice parfait accompli pour tous ceux qui croient, est suffisant pour opérer une telle réconciliation, une telle justification devant Dieu.  La place du peuple d’Israël dans le plan divin de salut a occupé Paul au cours des chapitres neuf à onze de sa lettre.  Dieu, étendant son salut à tous les peuples, à des hommes et des femmes qui jusque là avaient adoré des dieux païens, aurait-il alors rejeté son peuple?  En effet, dans sa majorité celui-ci a repoussé l’offre du salut gratuit en Jésus-Christ, continuant de s’appuyer sur ses propres mérites, comme si ceux-ci étaient suffisants pour le rendre parfait aux yeux de Dieu.  Oui, que dire d’Israël, le peuple à qui Dieu s’est révélé de manière spéciale durant la période de l’Ancien Testament?  Ne sera-t-il pas sauvé?  Que deviennent alors les promesses que Dieu lui a faites en particulier?  Paul a démontré qu’un reste d’Israël, tous ceux qui, comme lui, ont cru, est bien sauvé; avec l’ensemble des païens qui eux aussi acceptent la Bonne Nouvelle de l’Evangile de Jésus-Christ, il forme l’Israël de Dieu.  Non, les Juifs ne sont pas rejetés en tant que tels, ils seront toujours appelés à croire.  Reprenons les paroles mêmes de l’apôtre aux versets vingt-cinq et vingt-six du chapitre onze: “Frères, je ne veux pas que vous restiez dans l’ignorance de ce mystère, pour que vous ne croyiez pas détenir en vous-mêmes une sagesse supérieure: l’endurcissement d’une partie d’Israël durera jusqu’à ce que l’ensemble des non-Juifs soit entré dans le peuple de Dieu, et ainsi, tout Israël sera sauvé.”

Le chapitre douze inaugure la seconde partie de la lettre aux Romains: Paul, se fondant sur l’oeuvre de salut accomplie par Dieu en Jésus-Christ, exhorte ses lecteurs à vivre la vie nouvelle qui leur a été accordée en Jésus-Christ.  Il leur écrit: “Je vous invite donc, frères, à cause de cette immense bonté de Dieu à lui offrir votre corps comme un sacrifice vivant, saint et qui plaise à Dieu.  Ce sera de votre part un culte spirituel.  Ne vous laissez pas modeler par le monde actuel, mais laissez-vous transformer par le renouvellement de votre pensée, pour pouvoir discerner la volonté de Dieu: ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait.” Le chrétien est donc appelé par l’apôtre à vivre une vie nouvelle, qui se caractérise par une rupture avec les modes de pensée courants, ceux qui caractérisent les non-convertis.  Il faut se laisser transformer par le renouvellement de sa pensée, c’est-à-dire que des pensées conformes à celles de Dieu doivent venir habiter le croyant.  Et Paul précise cette idée, s’appuyant sur son autorité d’apôtre du Seigneur: “En vertu de la grâce que Dieu m’a faite, voici ce que je dis à chacun d’entre vous: ne soyez pas prétentieux; n’allez pas au-delà de ce à quoi vous devez prétendre, tendez au contraire à une sage appréciation de vous-mêmes, chacun selon la part que Dieu lui a donnée dans son oeuvre régie par la foi.”  Ce sur quoi Paul veut insister, c’est que chaque croyant de la communauté vit en solidarité spirituelle avec les autres croyants; il n’est pas seul, et il ne doit pas penser avoir reçu lui seul tous les dons spirituels.  Ce serait de l’arrogance que de le penser.  Or, au chapitre précédent, Paul a justement mis en garde les païens convertis à la foi chrétienne contre le danger de l’arrogance.  Chacun doit connaître ses dons et les estimer avec justesse.  Car, va-t-il poursuivre, l’église est comme un corps composé de plusieurs membres qui ont tous besoin les uns des autres.  C’est d’ailleurs un thème qu’on retrouve au chapitre douze de sa première lettre aux Corinthiens.  Je vous lis ici à partir du verset quatre: Chacun de nous a, dans un seul corps, de nombreux organes; mais ces organes n’ont pas la même fonction.  De même, alors que nous sommes nombreux, nous formons ensemble un seul corps par notre union avec le Christ, et nous sommes tous, et chacun pour sa part, membres les uns des autres.  Et Dieu nous a accordé par grâce des dons différents.  Pour l’un, c’est la prophétie: qu’il exerce cette activité conformément à notre foi commune.  Pour un autre, c’est le service: qu’il se consacre à ce service.  Que celui qui a reçu un ministère d’encouragement encourage.  Que celui qui le donne le fasse sans arrière-pensée; que celui qui dirige le fasse avec sérieux; que celui qui secourt les malheureux le fasse avec joie.  L’amour ne sait pas mentir.  Ayez donc le mal en horreur, attachez-vous de toutes vos forces au bien, notamment en ce qui concerne: - l’amour fraternel: soyez pleins d’affection les uns pour les autres; -l’estime mutuelle: faites passer les autres avant vous; - l’ardeur: n’hésitez pas; - l’Esprit: soyez bouillants; - le Seigneur: soyez de bons serviteurs; - l’espérance: qu’elle soit votre joie; - l’épreuve: qu’elle vous trouve pleins d’endurance; - la prière: qu’elle soutienne votre persévérance; - les besoins de ceux qui appartiennent à Dieu: soyez-en solidaires, toujours prêts à pratiquer l’hospitalité.  Demandez à Dieu de faire du bien à ceux qui vous persécutent: oui, demandez du bien pour eux, ne demandez pas du mal!  Partagez la joie de ceux qui sont dans la joie, les larmes de ceux qui pleurent.  Ayez les uns pour les autres une égale considération sans viser à ce qui est trop haut: laissez-vous au contraire attirer par ce qui est humble.  Ne vous prenez pas pour des sages.”  Paul poursuit en exhortant les croyants à réagir de manière différente du reste du monde face au mal, plus particulièrement à ceux qui font le mal.  Comme nous l’avons vu, il vient de dire, au verset quatorze: “Demandez à Dieu de faire du bien à ceux qui vous persécutent: oui, demandez du bien pour eux, ne demandez pas du mal!”  Il poursuit sur cette lancée, du verset dix-sept au verset vingt-et-un, citant le livre du Deutéronome et celui des Proverbes: “Ne répondez jamais au mal par le mal.  Cherchez au contraire à faire ce qui est bien devant tous les hommes.  Autant que possible, et dans la mesure où cela dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes.  Mes amis, ne vous vengez pas vous-mêmes, mais laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit: ‘C’est à moi qu’il appartient de faire justice; c’est moi qui rendrai à chacun son dû.’ Mais quant à vous: ‘Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger.  S’il a soif, donne-lui à boire.  Par là ce sera comme si tu lui mettais des charbons ardents sur la tête.’  Ne te laisse jamais dominer par le mal.  Au contraire, sois vainqueur du mal par le bien.  Cet enseignement, amis auditeurs, est bien sûr le même que celui de Jésus-Christ.  Lisons ensemble à cet égard le passage suivant du Sermon sur la Montagne (au chapitre cinq de l’Evangile selon Matthieu) prononcé par Jésus: “Vous avez appris qu’il a été dit: ‘oeil pour oeil, dent pour dent.” Eh bien, moi je vous dis: Ne résistez pas à celui qui vous veut du mal; au contraire, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre.  Si quelqu’un veut te faire un procès pour avoir ta chemise, ne l’empêche pas de prendre aussi ton vêtement.  Et si quelqu’un te réquisitionne pour porter un fardeau sur un kilomètre, porte-le sur deux kilomètres avec lui.  Donne à celui qui te demande, ne tourne pas le dos à celui qui veut t’emprunter.  Vous avez appris qu’il a été dit: “Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi”.  Eh bien, moi je vous dis: Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent.  Ainsi vous vous comporterez vraiment comme des enfants de votre Père céleste, car lui, il fait luire son soleil sur les méchants aussi bien que sur les bons, et il accorde sa pluie à ceux qui sont justes comme aux injustes.’

Mais, amis auditeurs, l’enseignement de la Bible sur ce point signifie-t-il qu’il ne faut attendre aucune justice sur cette terre?   Non, bien sûr.  Certes, Dieu jugera les vivants et les morts au jour du retour du Christ.  Mais la paix civile, la justice entre les hommes est aussi confiée par Dieu à des autorités humaines, qui doivent l’exercer suivant les normes de justice et le droit commandés par Dieu aux hommes.  C’est justement ce que le chapitre treize de la lettre de Paul aux Romains va développer: car l’amour chrétien n’est pas là pour devenir une source d’anarchie, d’absence d’autorité publique, comme hélas certains groupes et sectes chrétiennes l’ont parfois prétendu au cours de l’histoire de l’Eglise.  Au cours de notre prochaine émission, je reprendrai la lecture de la lettre de Paul aux Romains à partir du chapire treize, et reprendrai également des thèmes développés dans d’autres émissions de Foi et Vie Réformées sur cette importante question.