LE PROCES DE JÉSUS-CHRIST (3)

Lors de notre précédent programme, nous avons commencé à voir, à la lumière du procès injuste intenté par le monde au Messie de Dieu, ce que signifie pour le chrétien “porter sa croix”. En particulier, “porter sa croix” ne signifie pas souffrir des conséquences de nos péchés dans notre vie, mais bien plutôt, témoigner publiquement, d’une manière ou d’une autre, de l’Évangile.

Cela dit, “porter sa croix” ne signifie pas que chaque disciple ait reçu le mandat de devenir missionnaire ou évangéliste à plein temps, quelqu’un qui doive souffrir dans des circonstances particulières liées à la prédication de l’Évangile dans un pays étranger, par exemple (comme ce fut le cas de l’apôtre Paul). Porter sa croix signifie plutôt suivre Jésus publiquement, en confessant son nom, témoigner de la puissance de l’Évangile au milieu et en dépit de la souffrance qui souvent est causée par un monde injuste. Cela implique souffrir au nom de la sainteté de Dieu, au nom de Sa loi, de sa justice sous toutes ses facettes. Et le faire avec l’attitude de Jésus pendant son procès. En d’autres termes, porter ma croix signifie accorder une nouvelle dimension à ma souffrance, une dimension qui a quelque chose d’intime à voir avec la royauté de Jésus-Christ sur ma vie et sur le monde entier.

Cela dit, porter ma croix ne signifie aucunement que je puisse effectuer par moi-même la rémission de mes péchés, que je devienne un ouvrier avec Christ de cette rémisison des péchés. Et ce n’est pas non plus ce qui arriva à Simon de Cyrène, dont nous avons vu la fois précédente qu’il avait été forcé par les soldats romains de porter la croix de Jésus sur le chemin de Golgotha: il n’aurait jamais été en état d’accomplir par lui-même la rémission pour ses propres péchés. Malheureusement nous voyons chaque année dans certains pays, au moment de la célébration de Pâques, une déformation de l’idée de “porter sa croix”: non seulement certaines personnes, à cette occasion, marchent pendant des kilomètres en portant une lourde croix sur eux, mais d’autres se font littéralement crucifier sur une croix pendant une heure ou deux. Une espèce de masochisme païen essayant de gagner pour soi-même la rédemption, ou peut-être d’expier ses fautes en provoquant volontairement une souffrance physique, a ici remplacé la vraie foi. Un tel geste n’est rien d’autre qu’un refus d’accepter que le sang du Fils de Dieu versé une fois pour toutes à Golgotha a été suffisant pour opérer la réconciliation de tous les croyants avec Dieu, quelqu’en soit le nombre. Amis auditeurs, les vrais croyants ont part à la justice de Dieu en portant les fruits que cette justice provoque en eux. Or, une partie de ces fruits est de marcher sur les pas de Jésus lorsqu’il avance vers Golgotha. Les croyants demandent souvent: “Pourquoi cela m’arrive-t-il? Quel est le sens de cette souffrance que le Seigneur permet? C’est injuste, je ne le mérite pas.” Reconnaissons qu’ici-bas nous ne disposons pas d’une réponse entièrement satisfaisante, car seul Dieu sait pourquoi certaines choses arrivent. Peut-être ne recevrez-vous jamais d’explication totalement claire durant cette vie terrestre. Les forces des ténèbres sont actives, Satan jouit encore, pour peu de temps, de la souffrance infligée aux hommes, particulièrement de la souffrance endurée par les enfants de Dieu. Il utilise les circonstances pour essayer de faire vaciller ces derniers. Mais Dieu reste en contrôle de la destinée de chacun. Et il nous donne, au cours de cette vie terrestre, une réponse claire, et un ordre: “Mon enfant, je laisse ceci t’arriver, je permets à cette souffrance de t’atteindre afin que tu deviennes un vrai disciple de mon Fils; afin que tu portes ta croix et suives ses traces”. “Le prix d’être un disciple”, c’est le titre, traduit de l’allemand, d’un livre du théologien Dietrich Bonhoeffer, livre dans lequel il écrivit qu’être un disciple de Jésus signifie toujours le suivre sur le chemin de Golgotha. Et c’est ce que Bonhoeffer fit lui-même: il fut pendu en 1945, à l’âge de 39 ans, sur l’ordre d’Adolphe Hitler, car Bonhoeffer s’était opposé à l’injustice fondamentale de la politique et du régime Nazi.

Mais, amis qui êtes à l’écoute, nous parlons de souffrance, de suivre Jésus-Christ, mais ne lisons-nous pas quelque part que les humains ont le droit à la poursuite du bonheur? Oui, certes, nous lisons cela quelque part, mais pas dans la Bible… La Bible ne nous propose pas une sorte de foi béate et irréaliste. Croire sans payer le prix de sa foi n’est pas le fait d’un véritable disciple. Et si la tentation me prend de rêver de vivre une foi facile, alors il me faut me repentir, me convertir d’une telle perspective, et prier le Saint-Esprit qu’il écarte de moi cette perspective faussée sur ce qu’est la vraie foi chrétienne. Il me faut prier afin que l’Esprit de Dieu me remplisse d’un sentiment juste de ce que signifie être disciple. Car la Bible enseigne que la lutte contre le péché continue, et que le péché est injustice; or une partie de cette lutte consiste à porter sa croix pour l’amour de l’Évangile et de Christ. C’est ainsi que les croyants glorifient Dieu. Car ce faisant, ils montrent qu’ils sont greffés en Christ, qu’ils font partie de son corps, qu’ils marchent sur ses traces. En portant votre croix, vous reconnaissez et confessez sans honte qu’Il est votre Sauveur et qu’il a été pendu sur la croix pour vous. Et si vous êtes amenés à souffrir d’une manière injuste, chers amis qui m’écoutez, si vous devenez la victime d’un monde injuste, si vous êtes éprouvés d’une manière ou d’une autre, vous devez placer Jésus-Christ, en qui vous êtes greffés, au centre même de votre souffrance. Pas sur le côté, mais au centre même. C’est de cette manière que vous portez votre croix. Un croyant n’essaie pas de faire de sa souffrance une affaire privée qu’il tente de cacher à Jésus-Christ. C’est au contraire en ce temps d’épreuve qu’il ou elle s’approche de son Sauveur en une communion plus profonde, car il sait que son Roi, en lequel il est greffé, a souffert pour lui. Il regarde vers les cieux, sachant que le Seigneur Jésus est assis à la droite du Père. Il sait que le corps de Jésus-Christ, qui a été martyrisé sur terre, est maintenant glorifié, mais il sait aussi que le corps glorifié du Seigneur porte encore les marques de sa crucifixion… Et cela, oui cela seulement, donne au croyant, au vrai disciple, la force de porter sa croix. Dans sa vie, un tel disciple est en état de porter sa croix bien plus loin que Simon de Cyrène ne la porta au jour de la crucifixion de Jésus.

Si donc Christ prend une place centrale dans la souffrance d’un disciple, si vous êtes prêts à porter votre croix, selon le commandement du Seigneur, et continuez à témoigner de la sainteté de Dieu, de son Évangile, de sa justice sous toutes ses formes, alors quelque chose de mystérieux et de bien réel se produit: cette croix devient plus légère à porter, même si elle reste aussi imposante. Elle devient plus légère à porter si vous l’abordez avec une telle foi, mais elle devient de plus en plus lourde si vous ne voulez pas la porter de cette manière, et bien davantage encore si vous ne voulez pas la porter du tout. Ceux qui acceptent de la porter avec foi feront l’expérience de la véracité des promesses de Jésus dans l’Évangile selon Matthieu, chapitre 11, versets 28 à 30: “Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est aisé, et mon fardeau léger.” En tant que croyant, vous croyez qu’Il a porté vos péchés et votre condition d’être humain pécheur. Il a porté pour vous la croix qui autrement aurait signifié la mort éternelle pour vous, si vous aviez dû la porter vous-même. Maintenant, vous avez part à Ses souffrances, mais vous savez aussi que Sa souffrance vous place sur le chemin de la résurrection. Car ce qu’une telle souffrance met à mort en vous, c’est l’ancienne nature pécheresse qui diminue et même disparaît avec l’injustice du monde. Si vous acceptez de porter votre croix de cette manière, en plaçant Christ en son centre, vous recevez une bénédiction: la nouvelle nature humaine grandit en vous, elle devient de plus en plus mûre, elle se renforce par la force de l’Esprit de Christ. Vous commencez à revêtir la forme de votre Sauveur. Vous jouissez des premiers fruits de la résurrection. Donc, une telle souffrance est remplie d’espérance… Dieu délivre, Il libère. Un grand nombre de Psaumes, dans la Bible, sont remplis de cette espérance. Ils débutent avec un cri de détresse, et terminent avec un chant de louange au Dieu qui libère.

Oui donc, nous savons qu’en Jésus Christ notre libération, notre délivrance a été accomplie de manière définitive. Remplis de cette espérance glorieuse, nous sommes maintenant prêts à porter notre propre croix et à suivre Jésus sur ses pas, quelle que soit la taille de cette croix. L’apôtre Paul résume ceci de manière puissante lorsqu’il écrit à son jeune ami Timothée, dans la deuxième lettre qu’il lui adresse, chapitre 2, versets 11 à 13: “Cette parole est certaine: si nous sommes morts avec Lui, nous vivrons aussi avec Lui; si nous persévérons, Nous règnerons aussi avec Lui; si nous le renions, Lui aussi nous reniera; si nous sommes infidèles, Lui demeure fidèle, car Il ne peut se renier Lui-même.” C’est encore Paul qui écrit, dans sa lettre aux Chrétiens de Rome, chapitre 8, versets 16 et 17: “L’Esprit Lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers; héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec Lui, afin d’être aussi glorifiés avec Lui.”