L’EVANGILE SELON JEAN (1)

Amis auditeurs, nous avons parlé ensemble la dernière fois de la nouvelle naissance en Jésus-Christ, naissance d’eau et d’Esprit, c’est-à-dire régénération effectuée par Dieu et qui donne à ceux qui la reçoivent l’accès à la vie éternelle.  C’est dans l’Evangile selon Jean que nous avons trouvé la mention de cette nouvelle naissance.  Je vous propose lors  d’une série de messages de lire ensemble l’intégralité du quatrième évangile et de le commenter pas à pas, comme Foi et Vie Réformées l’a fait avec la lettre de Paul aux Romains.  Mais tout d’abord quelques mots sur cet évangile.  Il a probablement été rédigé vers la fin du premier siècle, à partir de la ville d’Ephèse, située en Asie Mineure. La date traditionnelle de rédaction est l’an 85 de notre ère.   Son auteur, le disciple de Jésus Jean, vivait à Ephèse, comme en témoigne la tradition chrétienne la plus ancienne.  Vers la fin du deuxième siècle, le Père de l’Eglise Irénée de Lyon rapporte ces informations, qu’il avait reçues de Polycarpe, lui-même disciple de Jean et dont le martyre a fait l’objet d’un message de Foi et Vie Réformées.  Le disciple Jean a donc rédigé cet évangile après que les trois autres évangiles du Nouveau Testament (Matthieu, Marc et Luc) aient été écrits.  Ces trois évangiles contiennent beaucoup d’éléments en commun, tandis que celui de Jean rapporte des faits ou des paroles souvent différents.  Sans doute Jean connaissait-il les trois autres évangiles et a-t-il voulu apporter une perspective différente, s’adressant aussi à un public différent.  Jean veut convaincre les Juifs que Jésus-Christ est bien le Messie promis,  en même temps qu’il est le Fils éternel de Dieu.  Il est celui qui accomplit parfaitement la Loi jusqu’à la fin.  Il est la lumière et la vérité, il donne la vie éternelle à tous ceux qui croient en lui.  Cependant, dans l’évangile selon Jean l’opposition avec ceux qui ne croient pas en Jésus est fortement marquée, occasionnant des situations conflictuelles très prononcées. Mais d’autres que les Juifs sont aussi le point de mire de Jean, qui traduit parfois des mots hébreux à leur intention ou leur explique des coutumes juives. Le but final de l’évangile selon Jean est clairement énoncé au chapitre vingt, où nous lisons ce qui suit: “Jésus a accompli, sous les yeux de ses disciples, encore beaucoup d’autres signes miraculeux qui n’ont pas été rapportés dans ce livre.  Mais ce qui s’y trouve a été écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous possédiez la vie en son nom.” Ceci s’adresse aussi bien à des juifs qu’à des non-Juifs.

L’évangile selon Jean débute avec un fameux prologue présentant l’éternité de la personne divine qui s’est incarnée en Jésus-Christ.  Cette personne divine, est appelée la Parole, le mot grec utilisé étant le “Logos”.  Non seulement le Logos subsiste avant toutes choses, non seulement le Logos est lui-même Dieu, mais c’est par cette Parole puissante que le monde a été fait: “Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.”  Ce Logos, cette Parole divine et créatrice de Dieu s’abaisse à un moment donné de l’histoire humaine et devient chair, ou, si l’on veut, homme, amenant la lumière aux hommes: “C’était la véritable lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme.”  Cependant, le monde ne reçoit pas cette lumière, il a rejeté la Parole devenue chair: “Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçue; mais à tous ceux qui l’ont reçue, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom et qui sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.”  Mais lisons ensemble, si vous le voulez bien, le prologue de l’Evangile selon Jean, au chapitre premier, des versets 1 à 18:

Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.  Elle était au commencement avec Dieu.  Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.  En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.  La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas accueillie.  Il y eut un homme envoyé par Dieu, du nom de Jean.  Il vint comme témoin pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient par lui.  Il n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre témoignage à la lumière.  C’était la véritable lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme.  Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a pas connue.  Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçue; mais à tous ceux qui l’ont reçue elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom et qui sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.  La Parole a été faite chair et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père.  Jean lui a rendu témoignage et s’est écrié: C’est celui dont j’ai dit: Celui qui vient après moi m’a précédé car il était avant moi.  Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce, car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.  Personne n’a jamais vu Dieu; Dieu (le Fils) unique, qui est dans le sein du père, lui, l’a fait connaître. 

Ce majestueux prologue du quatrième évangile devrait nous remplir de crainte et d’admiration, amis auditeurs.  Nous trouvons ici ce que des milliers de volumes écrits par des humains ne pourraient jamais nous révéler: la communication du plus grand mystère, sur lequel vous et moi  pourrions méditer durant tout le cours de notre vie sans jamais trouver par nous-mêmes de réponse.  Ce mystère concerne la manière dont l’éternité divine rencontre notre finitude humaine.  Jean nous donne la clé de cette quête intarissable.  Il nous révèle la manière par laquelle le Dieu transcendant, c’est-à-dire élevé au-dessus de toutes choses, est venu à la rencontre de ses créatures mortelles et limitées dans le temps, répandant sa lumière sur leur condition corrompue et corruptible, dispensant la vie sur ce qui était voué à la mort.  Aucune autre parole ne pourrait atteindre plus profondément le coeur de notre existence.  Aucune sagesse humaine ne pourrait révéler comme le fait l’évangéliste, qui Dieu est, et comment sa Parole puissante opère dans le cosmos.  Est-il possible de répondre à ces paroles autrement qu’en tombant à genoux, comme quelqu’un qui comprend soudain qu’il marche sur un terrain sacré?  Certainement ceci devrait être notre première réponse à la révélation d’un si grand mystère.

Mais en même temps il devrait être clair que nous devrions vivre de cette lumière apportée par le Fils de Dieu venu dans un corps semblable au nôtre.  Nous devrions refléter cette lumière dans nos paroles, nos pensées et nos actes. 

“Au commencement était la Parole”.  Qui est le premier à parler, amis auditeurs?  Dieu ou bien nous-mêmes?  Parlons-nous les premiers, remplissant l’espace de nos propres interrogations, problèmes, doutes, tout ceci dans l’espoir de trouver des réponses?  Ou bien croyons-nous en effet que la lumière a brillé dans les ténèbres, au sein de notre propre obscurité?  L’évangile selon Jean ne dit pas: “Au commencement étaient nos propres idées, nos propres théories, nos méthodes scientifiques, notre discours sur le monde”.  Jean nous enseigne que la lumière a brillé dans l’obscurité.  Cela implique que l’obscurité est incapable de se transformer par elle-même en lumière.  La lumière est quelque chose qui fait irruption au sein des ténèbres, et les chasse.  L’obscurité ne parviendra jamais à se métamorphoser en lumière par ses propres moyens.  Sans une illumination venant d’en-haut, du ciel, les ténèbres resteront ténèbres, quelles que soient les lampes que les hommes tâchent d’allumer par eux-mêmes, quelles que soient les “Lumières” que les hommes se targuent d’avoir apportées au monde par leurs propres raisonnements. Nous ne parviendrons jamais à Dieu en combinant les cubes et autres pièces que nous avons à notre disposition, tâchant de les agencer en érigeant une construction depuis le bas vers le haut.  Ce travail humain d’ingénieur n’est pas la réponse au Dieu qui parle le premier et s’abaisse vers nous dans sa Parole incarnée.  Cela ne constituera jamais une réponse appropriée, aussi sophistiquée qu’elle puisse paraître.  Au commencement était la Parole”: cela signifie-t-il que la Parole nous a précédés comme les dinosaures nous ont précédés sur terre?  Et que, comme les paléontologues le font avec les fossiles des dinosaures, nous sommes à la recherche des fossiles de cette Parole, équipés de toutes sortes d’outils et d’instruments, tâchant de mieux comprendre nos origines afin de mieux déterminer notre futur?  Non, bien sûr.  La Parole dont parle Jean est préexistante au monde, elle est co-éternelle avec Dieu.  C’est la même Parole dont un autre auteur du Nouveau Testament témoigne, au début de la Letre aux Hébreux: “Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu nous a parlé par le Fils en ces jours qui sont les derniers.  Il l’a établi héritier de toutes choses, et c’est par lui qu’il a créé l’univers.  Ce Fils, qui est le rayonnement de sa gloire et l’expression de son être, soutient toutes choses par sa parole puissante.”  Amis auditeurs nous poursuivrons la prochaine fois notre méditation sur le premier chapitre de l’évangile selon Jean.