L’EVANGILE SELON JEAN (2)

 

Amis auditeurs, je reprends aujourd’hui la lecture de l’évangile selon Jean, et vous propose de relire ensemble les dix-huit premiers versets qui en forment le majestueux prologue.  En effet, ce prologue est d’une telle profondeur, il révèle tellement de vérités sur la personne et l’oeuvre du Fils de Dieu  qu’il n’est pas superflu de l’entendre à nouveau:

Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.  Elle était au commencement avec Dieu.  Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.  En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.  La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas accueillie.  Il y eut un homme envoyé par Dieu, du nom de Jean.  Il vint comme témoin pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous croient par lui.  Il n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre témoignage à la lumière.  C’était la véritable lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme.  Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a pas connue.  Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçue; mais à tous ceux qui l’ont reçue elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom et qui sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.  La Parole a été faite chair et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père.  Jean lui a rendu témoignage et s’est écrié: C’est celui dont j’ai dit: Celui qui vient après moi m’a précédé car il était avant moi.  Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce, car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.  Personne n’a jamais vu Dieu; Dieu (le Fils) unique, qui est dans le sein du père, lui, l’a fait connaître. 

Amis auditeurs, qui est ce Jean dont parle notre texte?  S’agit-il de l’évangéliste qui parlerait ici de lui-même?  Non, il s’agit d’un autre Jean, Jean Baptiste, le dernier prophète de l’Ancien Testament, celui qui a annoncé le Messie à venir, mais l’a aussi rencontré personnellement.  Il baptisera même Jésus, comme les autres évangiles le rapportent, et comme nous le verrons aussi dans la suite de notre texte.  Donc, nous révèle le prologue du quatrième évangile, celui qui était au commencement et par qui toutes choses ont été faites, est aussi le seul qui puisse nous révéler ce qui était au début de la Création: la Loi de Dieu pour sa Création, l’ordre établi par Dieu qui a été rejeté par sa créature.  Même avant que la Loi de Dieu ait été donnée à Moïse, au cours de l’histoire du peuple d’Israël, il existe une relation intime entre la Parole éternelle de Dieu, celle qui existe de toute éternité, et la Loi de Dieu pour sa Création.  Le Fils de Dieu incarné, c’est-à-dire devenu homme, est précisément venu vivre au milieu d’une humanité déchue et corrompue pour faire rayonner dans sa vie même cette Loi divine qui existe avant toute autre chose. Il a aussi accompli la Loi de Dieu en étant simplement lui-même, la lumière qui brille au sein des ténèbres.  Si quelqu’un veut lui répondre en vivant dans et par la lumière, comme une créature nouvellement greffée en lui, il lui faut d’abord considérer qui est Jésus-Christ.  Christ n’est pas un simple sauveteur de vies perdues. En tant que Parole éternelle de Dieu, il ne peut pas non plus être approché par une simple méthode linguistique, comme si l’on pouvait cerner l’origine ou la nature de la Parole éternelle devenue homme uniquement à l’aide de méthodes humaines.  Car il est véritablement la sagesse éternelle de Dieu, sa puissance créatrice à l’oeuvre.  Or ce n’est que par la foi que nous pouvons saisir la réalité de la personne de Jésus-Christ.  Et cette foi est un don gratuit de Dieu. Les païens, lorsqu’ils cherchent à cerner la divinité, la modèlent sur leur propre expérience, sur des représentations visuelles qui leur sont familières; puis ils donnent une forme concrète à leurs représentations en les habillant de bois, d’or ou d’argent.  Lorsqu’il s’adressait à de tels païens dans la ville d’Athènes, l’apôtre Paul leur disait un jour: “Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qu’y s’y trouve, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans les temples faits par la main des hommes; il n’est pas servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, le souffle et toutes choses.  Il a fait que toutes les nations humaines, issues d’un seul homme habitent sur toute la face de la terre; il a déterminé les temps fixés pour eux et les bornes de leur demeure, afin qu’ils cherchent Dieu pour le trouver si possible, en tâtonnant.  Or il n’est pas loin  de chacun de nous, car en lui nous avons la vie, le mouvement, et l’être (…) Ainsi donc, étant de la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent ou à de la pierre, sculptés par l’art et l’imagination des hommes…”  Mais, amis auditeurs, si tel est le cas, si Dieu est si complètement élevé au-dessus de toutes choses, si différent de toutes nos représentations humaines, comment donc pourrons-nous le connaître et avoir accès à lui?  Et bien, voilà justement où réside la force et la valeur de l’Incarnation du Fils de Dieu: La Parole a été faite chair et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité. En son  Fils Jésus-Christ devenu homme à un moment de l’histoire humaine, Dieu s’est parfaitement fait connaître à l’humanité plongée dans les ténèbres.   Ceci nous ramène à ce que je vous disais la dernière fois: en ce qui nous concerne, le commencement n’est pas, n’est plus nos propres questions, formulées à l’aide de notre langage et de nos pensées.  Au lieu de cela, le commencement de notre réponse est fermement ancré dans la Parole divine qui existait avant même la fondation du monde.  Chacune de nos paroles devrait porter la marque de la sagesse éternelle de Dieu, de sa puissance créatrice et normative qui s’est manifestée dans un corps semblable au nôtre.  Pour refléter la lumière, nos paroles humaines doivent être une réponse obéissante à la Parole divine, dans une attitude d’adoration.  C’est d’ailleurs ce que devrait être toute prédication chrétienne, que ce soit à l’église ou par la radio: une parole marquée par l’obéissance, la conformité à la Parole éternelle de Dieu.  C’est dans cette conformité que se trouve la liberté, non dans l’opposition à la Parole de Dieu révélée de manière parfaite en son Fils incarné Jésus-Christ.  Or, lisons-nous dans le prologue de l’évangile selon Jean, elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a pas connue.  Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçue; mais à tous ceux qui l’ont reçue elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom et qui sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. 

Recevoir la Parole incarnée de Dieu en Jésus-Christ, amis auditeurs, c’est obtenir le plus grand don, le plus grand privilège imaginable: celui de devenir enfant de Dieu, étant régénéré par l’Esprit de Dieu.  C’est là un thème que nous retrouverons plusieurs fois au cours de l’évangile selon Jean.

Mais alors, pouvons-nous demander, la Parole de Dieu a-t-elle cessé d’être éternelle parce que’elle s’est incarnée en l’homme Jésus-Christ?  A-t-elle perdu ses attributs divins parce qu’elle est venue habiter dans le monde?  S’est-elle confondue avec les ténèbres en s’immergeant dans la condition et le temps humain?  Si nous venions à soupçonner une telle chose, le verset 14 nous en détromperait immédiatement: de manière étonnante, Jean nous déclare que malgré la chair corruptible assumée pour un moment par la Parole éternelle de Dieu, Jésus-Christ n’a pas été privé de sa divinité: La Parole a été faite chair et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père.  Nulle part ailleurs qu’au moment de la Transfiguration de Jésus-Christ, lorsque son apparence humaine a été glorifiée à la vue de quelques uns de ses disciples, cette divinité n’a été plus clairement manifestée.  Mais elle a été perceptible tout au long du ministère terrestre de Jésus, chaque fois qu’il s’est adressé à des hommes ou des femmes dans la plus grande misère, et leur a apporté la lumière, la consolation, la guérison.  Il leur parlait le langage de Dieu, il manifestait les actes de Dieu, il leur révélait dans sa personne la vérité éternelle de Dieu.  Qui de vous me convaincra de péché?” a-t-il une fois répondu à des interlocuteurs refusant de croire en sa personne et qui se faisaient ses accusateurs?  Oui, comme le dit Jean dans le prologue de son évangile, au verset 9, “c’était la véritable lumière qui en venant dans le monde, éclaire tout homme.”  “Tout homme” c’est-à-dire tout être humain à toute époque de l’histoire, quelles que soient ses circonstances propres.  Car tous les humains qui vivent dans les ténèbres ont les mêmes besoins fondamentaux, auxquels lui seul peut satisfaire.  Cela est vrai de vous comme de moi, amis auditeurs.  Puissiez-vous vous tourner vers la lumière véritable et ainsi devenir enfants de Dieu, en croyant en son nom et en étant nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.