L’EVANGILE
SELON JEAN (4)
Amis auditeurs, le prologue qui débute le premier chapitre de l’évangile selon Jean a proclamé la nature éternelle et divine de la Parole qui s’est faite homme en Jésus-Christ; Jean-Baptiste à rendu un témoignage clair et précis sur celui qui est véritablement le Messie attendu par les Israélites. Il n’a pas prétendu se substituer au Christ, mais a formellement désigné celui-ci comme le Fils de Dieu, non seulement vis-à-vis de ses propres disciples, mais aussi vis-à-vis des autorités juives venues de Jérusalem pour le questionner au sujet de son identité et de sa mission. Lui, il baptise d’eau, pratiquant le baptême de la repentance, mais le Christ, lui, baptisera du Saint Esprit, car l’Esprit même de Dieu s’est posé sur lui sous forme de colombe, au moment où Jean-Baptiste l’a baptisé d’eau. Déjà au verset 29 du premier chapitre, celui-ci, voyant Jésus venir vers lui, l’a désigné sous le nom d’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Que veut-il dire par là? Tout d’abord, par le mot ‘agneau’ il fait allusion aux anciens sacrifices de la Loi. Il s’adresse aux Juifs qui, ayant l’habitude des sacrifices, ne pouvaient pas être enseignés au sujet de la purification des péchés autrement qu’en pensant à un sacrifice quelconque. Plusieurs sortes de sacrifices étaient prescrits par la Loi. Ici Jean en propose un seul, qui les englobe tous en quelque sorte. Mais il est probable qu’il pense surtout à l’agneau sacrifié durant la Pâque juive, lorsque les Israélites sont sortis d’Égypte. Jean-Baptiste résume en cette courte phrase le ministère du Messie: en effaçant les péchés du monde par le sacrifice de sa mort, il réconcilie les hommes avec Dieu. Certes Dieu confère à ses enfants de nombreux autres bienfaits, mais celui-ci est le plus grand, et les autres en dépendent tous: en apaisant la colère de Dieu, Jésus-Christ fait que nous sommes dorénavant considérés comme justes et purs par son Père. Donc Jean-Baptiste commence par le pardon gratuit des péchés obtenu par Jésus-Christ pour amener vers celui-ci tous ceux qui l’écoutent. Le signe du baptême nous fait saisir ce que vaut la rémission des péchés acquise par le sang du Christ: ce signe indique que nous sommes lavés et purifiés de toutes nos impuretés. Il est probable que les Juifs auxquels Jean Baptiste s’adressait s’arrêtaient au signe extérieur des sacrifices accomplis, comme si le simple fait de sacrifier pouvait purifier des péchés. Penser de cette manière était bien sûr abuser de ces cérémonies. Mais en proposant Jésus-Christ comme l’Agneau de Dieu, Jean-Baptiste indique que tous les sacrifices accomplis par les Juifs sous la dispensation de la Loi de Moïse n’avaient pas en soi la puissance d’effacer les péchés: c’étaient seulement des figures ou des signes dont la réalité, la vérité a été manifestée en la personne du Christ.
Que
veut dire maintenant le mot “ôter”, dans la phrase “l’Agneau de Dieu
qui ôte le péché du monde”? On
peut dire que Christ a pris sur lui le fardeau qui nous accablait, comme l’apôtre
Pierre écrit dans sa première lettre qu’il a porté nos péchés et nos
iniquités sur le bois de la Croix, ou comme il est écrit au livre du prophète
Esaïe, au chapitre 53: “Mais il était transpercé à cause de nos crimes,
écrasé à cause de nos fautes; le châtiment qui nous donne la paix est tombé
sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.”
Donc, bien que le péché soit toujours attaché à notre nature, il
est annulé quant au jugement de Dieu, car puisqu’il est aboli par la grâce
Un
autre élément de la prédication de Jean-Baptiste doit retenir notre
attention: c’est la relation entre son propre baptême et le baptême de
l’Esprit conféré par Jésus-Christ. Cette
question préoccupe beaucoup de communautés chrétiennes dans le monde, et
donne souvent lieu à de grandes confusions, c’est pourquoi je souhaite
m’arrêter sur ce point, qu’il faudra reprendre la prochaine fois.
Relisons d’abord les versets trente-deux à trente-quatre du premier
chapitre de l’évangile selon Jean: “Jean rendit ce témoignage: j’ai
vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui; et moi,
je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau m’a
dit: ‘Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui
qui baptise d’Esprit Saint. Et
moi, j’ai vu et j’ai rendu témoignage que c’est lui le Fils de Dieu.”
Notons tout d’abord que le Saint Esprit, qui remplit le ciel et la
terre de sa présence et de son action divine, ne peut naturellement pas être
enfermé, ou compris sous une forme de colombe, comme s’il se réduisait à
cette apparence extérieure. Nous
avons affaire à un signe, à un symbole propre à être saisi par la compréhension
limitée des hommes. C’est de la même
manière que l’on doit comprendre les sacrements tels que le pain et le vin
dans la Cène du Seigneur, ce repas célébré par les chrétiens.
Certes, le Saint Esprit était véritablement présent au moment où
Jean-Baptiste l’a vu sous cette forme, ce n’est pas en vain que ce spectacle
a été présenté à ses yeux. Comme
dans le cas du sacrement de la Cène, le signe donné est en même temps un gage
certain par lequel nous sommes sûrs que la vérité qui y est signifiée, nous
est donnée. Ce n’est pas une
simple apparence de cette vérité, elle est vraiment présente.
Mais, demandera-t-on, pourquoi une colombe, pourquoi pas un aigle par
exemple? Il nous faut toujours nous
souvenir que le signe donné par Dieu contient une similitude, ou une analogie
particulière avec la réalité qu’il signifie.
Pensons par exemple au signe donné aux disciples au moment de la Pentecôte,
après la résurrection du Christ, lorsque des langues de feu se sont posées
sur leurs têtes: le signe signifiait que l’Evangile devait être proclamé,
annoncé dans toutes les langues, et que cet Évangile est une puissance de feu
pour embraser le monde entier. Dans
le passage qui nous concerne, avec la colombe, Dieu a clairement voulu représenter
la douceur et la bonté du Christ. Là
encore on peut se reporter à la prophétie d’Esaïe écrite sept siècles
plus tôt sur le serviteur de Dieu qui viendrait un jour: “Voici mon
serviteur que je soutiens, celui que j’ai choisi, qui fait toute ma joie.
Je lui ai donné mon Esprit et il établira la justice pour les nations.
Mais il ne criera pas, il n’élèvera pas la voix, il ne la fera pas
entendre dans les rues. Il ne
brisera pas le
Bien sûr Jésus n’était pas dépourvu du Saint Esprit avant son baptême par Jean-Baptiste, puisque, comme le rapporte l’évangile selon Luc, il a été conçu du Saint Esprit de Dieu. C’est du reste à ce titre qu’il peut baptiser du Saint Esprit et accorder la nouvelle naissance, ce que le baptême de Jean-Baptiste n’aurait pu faire. Jean-Baptiste pointait en cette direction et son message consistait à dire que celui qui baptiserait du Saint Esprit existait de tous temps avant lui, et qu’il allait sous peu se présenter devant le peuple. Le temps de la repentance était plus que jamais d’actualité, en vue de cette venue imminente. Lorsque Jésus-Christ s’est présenté publiquement, Jean-Baptiste l’a reconnu. Mais, amis auditeurs, nous parlerons encore la prochaine fois de cette relation entre le baptême de Jean-Baptiste et celui du Saint Esprit dispensé par Jésus-Christ, puis nous continuerons la lecture du premier chapitre de l’évangile selon Jean.