L’EVANGILE SELON JEAN (5)

 

Amis auditeurs, comment définir la relation entre le baptême pratiqué par Jean-Baptiste et le baptême de l’Esprit pratiqué par Jésus-Christ?  S’opposent-ils l’un à l’autre, se réfèrent-ils à quelque chose de différent?  Déjà lors de notre dernière émission nous nous sommes penchés sur cette question, que je voudrais reprendre rapidement avant de continuer avec vous la lecture du premier chapitre de l’évangile selon Jean.  Rappelons d’abord que, selon le témoignage formel de Jean-Baptiste, le Saint Esprit s’est manifesté sous forme de colombe au-dessus de la personne du Christ, au moment de son propre baptême (cela les autres évangiles le confirment).  De cette manière, Jésus-Christ est intronisé dans son ministère public, il reçoit en quelque sorte l’onction divine du Saint Esprit par laquelle il est en mesure de baptiser lui-même du Saint Esprit.  C’est parce qu’il est lui-même une personne divine, que Jésus-Christ est en mesure de conférer pleinement et parfaitement tous les dons et toutes les bénédictions figurées par le baptême de Jean-Baptiste.  C’est là toute la différence entre la personne purement humaine de Jean-Baptiste, aussi spéciale et unique soit-elle dans le cours de la Révélation de Dieu aux hommes, et celle de Jésus-Christ, Dieu éternel devenu homme en conservant sa nature divine, afin que Dieu soit parfaitement manifesté au milieu de l’humanité.  En tous points Jésus-Christ accomplira ce qui a été figuré ou prophétisé avant lui.  Il n’y a donc aucune opposition entre le baptême d’eau de Jean-Batiste et le baptême de l’Esprit Saint conféré par Jésus-Christ, il s’agit d’une même réalité dont le premier élément  signifie ou annonce le second.  Jean-Baptiste le dit explicitement au versets trente et  trente-et-un: “Voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde.  C’est de lui que je vous ai parlé lorsque je disais: ‘Un homme vient après moi, il m’a précédé, car il existait avant moi.’  Moi non plus, je ne savais pas que c’était lui, mais si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour le faire connaître au peuple d’Israël.” Lorsque nous lirons le chapitre trois de l’évangile selon Jean, qui rapporte la rencontre entre Jésus et le pharisien Nicodème, nous verrons plus clairement comment eau et Esprit vont de pair lorsqu’il s’agit de la nouvelle naissance.  Jésus dira en effet à Nicodème: “En vérité en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.”

Mais continuons la lecture du chapitre premier, à partir du verset trente-cinq: “Le lendemain, Jean était encore là, avec deux de ses disciples; il regarda Jésus qui passait et dit: Voici l’Agneau de Dieu.  Les deux disciples entendirent ces paroles et suivirent Jésus.  Jésus se retourna et leur dit: “Que cherchez-vous?  Ils lui dirent: ‘Rabbi – ce qui se traduit par ‘Maître’ – où habites-tu? Il leur dit: Venez et vous verrez.  Ils l’accompagnèrent donc et virent où il habitait; ils passèrent le reste de la journée auprès de lui.  C’était environ la dixième heure.  André, frère de Simon Pierre, était l’un des deux qui avaient suivi Jésus.  Il trouva d’abord son propre frère Simon et lui dit: ‘Nous avons trouvé le Messie – ce qui se traduit: Christ.’  Il le conduisit vers Jésus.  Jésus le regarda et dit: Tu es Simon, fils de Jonas: tu seras appelé Céphas – ce qui se traduit: Pierre .’  Nous voyons de nouveau, amis auditeurs, comment Jean-Baptiste, qui jouissait d’une grande réputation parmi les Juifs, et que beaucoup pensaient être lui-même le Messie, s’efface de plus en plus devant Jésus.  Il sent approcher la fin de sa course.  Il ne cherche pas à amasser des disciples autour de lui ou les retenir, comme s’il pourrait y avoir une rivalité entre lui et Jésus, mais au contraire il désigne à nouveau celui-ci comme l’Agneau de Dieu, et n’est pas gêné que deux de ses disciples se mettent à suivre Jésus.  L’Église du Christ commence donc ici tout simplement, avec deux disciples qui se mettent à suivre Jésus, sans que lui-même ait cherché à les attirer.  Ce sont deux hommes inconnus et de petite condition, vivant simplement de pêche.  Quelle force, quelle puissance les a donc attirés?  Nul doute que la parole de Jean-Baptiste au sujet de Jésus ne les ait motivés.  Quand celui-ci se retourne et leur demande: “Que cherchez-vous?” ils lui montrent de la déférence en l’appelant “Rabbi”, ce qui signifie “Maître” et qui était un titre donné aux spécialistes de la Loi de Dieu.  Ils savent déjà qu’ils n’ont pas affaire au commun des mortels, sans toutefois être davantage éclairés sur la personne du Christ.  Ce qui ne va pas tarder à se produire, car ils passeront la soirée avec lui.  Il est déjà quatre heures de l’après-midi, et le coucher du soleil approche, mais ils n’hésitent pas à suivre celui dont a témoigné Jean - Baptiste.  Il est clair que cette rencontre a immédiatement sur eux un effet décisif, car André n’attend pas le lendemain pour aller trouver son frère et lui annoncer que venait de s’accomplir ce que tout Israélite sincère souhaitait voir se produire de tout son coeur: l’arrivée du Messie tant attendu: “‘Nous avons trouvé le Messie – ce qui se traduit: Christ.’  Et André conduit immédiatement son frère Simon vers Jésus.  Celui-ci, en lui donnant un nouveau nom, Céphas, c’est-à-dire Pierre , lui adresse en même temps une vocation.  On pourrait même dire qu’en le renommant, il en fait un homme nouveau.  Le mot Céphas provient de la langue araméenne, reliée à l’hébreu, langue sémitique que parlait Jésus et les habitants de Palestine à cette époque.  Cette vocation d’être pierre , ou solide roc, est exprimée dans l’évangile selon Matthieu, au chapitre seize, après que Pierre ait désigné Jésus comme le Christ, le Fils du Dieu vivant.  Jésus lui répond: “Tu es heureux, Simon fils de Jonas; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux.  Et moi je te dis que tu es pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle.”  Le témoignage de Pierre sera donc comme un roc inébranlable.

Je continue maintenant la lecture du premier chapitre: “Le lendemain, il voulut se rendre en Galilée, et il trouva Philippe.  Jésus lui dit: Suis moi.  Philippe était de Bethsaïda, la ville d’André et de Pierre.  Philippe trouva Nathanaël et lui dit: Nous avons trouvé celui dont il est parlé dans la loi de Moïse et dans les prophètes, Jésus de Nazareth, fils de Joseph.  Nathanaël lui dit: peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon?  Philippe lui dit: Viens et vois.  Jésus vit venir à lui Nathanaël et dit de lui: Voici vraiment un Israélite dans lequel il n’y a pas de fraude.  D’où me connais-tu? Lui demanda Nathanaël.  Avant même que Philippe t’appelle, lui répondit Jésus, lorsque tu étais sous le figuier, je t’ai vu.  Maître, s’écria  Nathanaël, tu es le Fils de Dieu, tu es le Roi d’Israël!  Tu crois, lui dit Jésus, parce que je t’ai dit que je t’ai vu sous le figuier?  Tu verras de bien plus grandes choses encore.  Et il ajouta: En vérité en vérité je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme.

Jésus se rend donc le lendemain en Galilée, la province où il a grandi, car c’est en Galilée que se trouve la ville de Nazareth , comme du reste celles de Capernaüm et de Bethsaïda, qui sont situées autour de la mer de Galilée.  En chemin il rencontre Philippe et lui enjoint de le suivre. Etant de la même ville que Pierre et son frère André, il est possible que Philippe soit venu se faire baptiser par Jean-Baptiste sur la rive du Jourdain.  Que Philippe le suive immédiatement et sans poser de question, montre quelle puissance la parole de Jésus-Christ a eue envers lui.  C’est bien cette même puissance qui fait que journellement des hommes et des femmes entendant la Parole de Christ pour la première fois sont amenés à devenir ses disciples de par le monde entier.   Philippe,  fait ce qu’André a fait vis-à-vis de Pierre. Il ne peut garder secret la découverte du Messie, et s’en va trouver un certain Nathanaël, une de ses connaissances ou un ami.  En lui présentant Jésus, il le nomme Jésus de Nazareth, et le fait fils de Joseph.  Ceci montre que Philippe n’a encore qu’une connaissance extérieure de la personne de Jésus-Christ, car il ne sait pas que ce dernier est né à Bethléhem, et non à Nazareth , où il a seulement grandi. Il le fait aussi fils de Joseph selon ce que l’apparence indiquait aux yeux de la communauté où Jésus avait grandi.  Or, tout Israélite instruit des écrits de la Loi et des Prophètes, c’est-à-dire de l’Ancien Testament, savait que le Messie ne viendrait pas de Galilée, mais de Behtléhem, en Judée.  Le texte de référence à cet égard étant le début du chapitre cinq du livre du prophète Michée: “Et toi, Bethléhem Éphrata, toi qui es petite parmi les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël et dont l’origine remonte au lointain passé, aux jours d’éternité.”  Nathanaël fait assurément partie de ces Israélites instruits qui attendent impatiemment la venue du Messie, car il sait que celui-ci ne saurait venir d’une ville insignifiante comme Nazareth, dont il n’est fait mention nulle part dans la Loi et les prophètes.  D’où sa première réaction: “Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon?  Il y a néanmoins quelque chose de méprisant vis-à-vis de cette ville dans la bouche de Nathanaël, comme si Dieu n’était pas en mesure de faire sortir quoi que ce soit de bon d’un endroit particulier.  Philippe est venu avec enthousiasme partager une nouvelle exceptionnelle avec Nathanaël, on pourrait l’imaginer ayant couru et arrivant essoufflé devant son ami, s’écriant avec ingénuité: “Nous avons trouvé celui dont il est parlé dans la loi de Moïse et dans les prophètes, Jésus de Nazareth,  fils de Joseph!” tandis que Nathanaël, le méditatif, celui qui étudie les Ecritures, répond de manière sceptique et quelque peu snob.   Mais il en faudrait plus pour refroidir l’enthousiasme de Philippe qui l’enjoint de venir voir par lui-même.  La remarque de Jésus sur le caractère de Nathanaël (“Voici vraiment un Israélite dans lequel il n’y a pas de fraude”) montre qu’en dépit des apparences, il y avait bien peu d’Israélites sincères, et cela même si beaucoup se prévalaient de leurs origines de peuple élu de Dieu.  Comme partout et toujours, il y a les vrais fidèles et les faux fidèles.  Mais, amis auditeurs, je poursuivrai avec vous la fois prochaine la lecture commentée de l’évangile selon Jean, et en reprendrai le cours là où nous le laissons aujourd’hui, au moment de la rencontre de Jésus avec Nathanaël.