L’EVANGILE
SELON JEAN (7)
Amis auditeurs, au chapitre deux de l’évangile
selon Jean, qui relate le premier miracle accompli par Jésus en présence de
ses disciples, nous lisons ceci: “C’est là le premier des signes
miraculeux que fit Jésus. Cela se
passa à
Cana
en Galilée.
Il révéla ainsi sa gloire, et ses disciples crurent en lui.”
Nous
avons commenté la dernière fois ce récit, et la signification du changement
de l’eau des jarres en vin. Jean
nous dit que si Jésus a révélé sa gloire, cela n’a pas été pour faire un
coup d’éclat destiné à impressionner les foules, mais afin que ses
disciples croient en lui. Certes ils
le tenaient déjà pour le Messie, le roi d’Israël, mais ils ne saisissaient
pas encore toute la portée de cette affirmation.
Ceci nous montre que la foi des croyants ne peut cesser de grandir.
Elle n’a jamais atteint un niveau de perfection tel qu’elle n’a
plus besoin de croître. Chaque jour
devrait présenter une avancée de ce côté.
Parmi les disciples qui ont cru, il y a bien évidemment Jean lui-même,
l’auteur de l’évangile qui porte son nom.
Il faisait déjà partie du cercle des disciples de Jésus.
Il était probablement l’un
de deux disciples de Jean-Baptiste devant qui celui-ci avait dit: “Voici
l’Agneau de Dieu” et donc celui qui, avec André, s’était mis à suivre Jésus
à la suite de cette parole. Dans
son évangile, Jean ne s’identifie jamais par son nom, mais le fait qu’il a
été un témoin oculaire des événements rapportés est évident dans les
descriptions faites, par les détails qui sont mentionnés, et par d’autres
expressions sans équivoque que je relèverai et signalerai à l’occasion.
Mais continuons ensemble la lecture du chapitre deux
de l’évangile selon Jean, à partir du verset 12: “Après cela, Jésus
descendit à Capernaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples; mais ils
n’y restèrent que quelques jours. Le
jour où les Juifs célèbrent la fête de la Pâque était proche et Jésus se
rendit à Jérusalem. Il trouva,
dans la cour du Temple, des marchands de boeufs, de brebis et de pigeons, ainsi
que des changeurs d’argent, installés à leurs comptoirs.
Alors il prit des cordes, en fit un fouet, et les chassa tous de
l’enceinte sacrée avec les brebis et les boeufs; il jeta par terre l’argent
des changeurs et renversa leurs comptoirs, puis il dit aux marchands de pigeons:
‘Otez cela d’ici! C’est la maison de mon Père.
N’en faites pas une maison de commerce.’
Les disciples se souvinrent alors de ce passage de l’Ecriture:
L’amour que j’ai pour ta maison, ô Dieu, est en moi un feu qui me consume.
Là-dessus, les gens lui dirent: ‘Quel signe miraculeux peux-tu nous
montrer pour prouver que tu as le droit d’agir ainsi?
Démolissez ce Temple, leur répondit Jésus, et en trois jours je le relèverai.
Comment? Répondirent-ils.
Il a fallu quarante-six ans pour reconstruire le
Temple
, et toi, tu serais
capable de le relever en trois jours! Mais
en parlant du “temple”, Jésus faisait allusion à son propre corps.
Plus tard, lorsque Jésus fut ressuscité, ses disciples se souvinrent
qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Ecriture et à la Parole que Jésus
avait dite. Pendant que Jésus séjournait
à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup de gens crurent en lui en
voyant les signes miraculeux qu’il accomplissait.
Mais Jésus ne se fiait pas à eux, car il les connaissait tous très
bien. En effet, il n’avait pas
besoin qu’on le renseigne sur les hommes, car il connaissait le fond de leur
coeur.”
Amis auditeurs, on pourrait penser que l’épisode
qui nous est rapporté ici ne correspond pas vraiment au caractère doux de la
colombe du Saint Esprit qui s’est posée
au-dessus de Jésus au moment de son baptême par Jean-Baptiste.
Dès le début de son ministère il fait preuve d’un tempérament
vigoureux et d’exigences radicales. On
comprendra mieux son attitude si l’on examine de plus près la situation du
Temple
de Jérusalem
et les pratiques qui l’entouraient. Les
marchands du
Temple
vendaient
les
animaux destinés aux divers sacrifices, car tous ceux qui venaient pour
sacrifier n’avaient pas forcément pourvu à ce besoin en arrivant.
Il semblerait donc que ce commerce ait rendu un service aux pélerins
venus de loin. Les changeurs, eux,
changeaient les monnaies apportées par les pélerins en monnaie du
Temple
, la
seule autorisée dans son enceinte. Mais en disant à propos du
Temple
“n’en
faites pas une maison de commerce”,
Jésus reproche aux vendeurs et aux changeurs le fait que le but spirituel des
sacrifices a été changé en un but purement commercial.
De plus, en appelant le
Temple
“la maison de mon Père”
il affirme la relation spéciale
qui existe entre le
Temple
et
lui-même.
Il en prend possession, pour ainsi dire, et le purifie.
Car c’est finalement son propre corps offert sur la Croix qui
effectuera le sacrifice final destiné à purifier les péchés du peuple de
Dieu. Son corps, il l’offrira
gratuitement, sans qu’on ait besoin d’acheter quoi que ce soit pour y avoir
accès. C’est de manière
spirituelle qu’on se l’approprie, en acceptant ce don gratuit par la foi.
Donc, dès le début, Jésus annonce par cet acte public le but de toute
son oeuvre et la finalité de son ministère.
Il affirme sans complaisance ou faiblesse son autorité sur la vie
religieuse du peuple et se montre le maître du
Temple
.
Cet acte hors du commun et choquant, aurait dû signaler à tous ceux qui
étaient présents qu’avec Jésus quelqu’un hors normes s’était révélé.
L’ordre habituel des choses était renversé, quelqu’un faisait
montre d’une autorité spéciale, qui donc était-il?
Les disciples se souviendront plus tard d’un passage du psaume
soixante-neuf, dans lequel le roi David s’écrie: “L’amour que j’ai
pour ta maison, ô Dieu, est en moi un feu qui me consume.”
Je vous lis aussi la suite du verset de ce psaume, qui n’est pas
citée dans le texte de l’évangile: “… et les insultes des hommes qui
t’insultent sont retombées sur moi.” Ces
deux parties se répondent l’une à l’autre et figurent ce qui est arrivé
au Messie d’Israël: son zèle ardent pour le service de Dieu lui a amené
l’opprobre et les insultes des hommes. Ce
dont David avait fait l’expérience mille ans auparavant en tant que roi élu
de Dieu pour régner en son temps sur le peuple d’Israël, se réalisera
totalement dans la personne de Jésus-Christ.
En se souvenant des paroles du psaume 69, les disciples de Jésus
montrent qu’ils se tournent vers l’Ecriture Sainte pour saisir toute la
dimension du ministère de celui-ci. Ils
comprennent que ce qui a été écrit par d’autres avant eux, et qui avait une
application à des personnages entre-temps morts, s’applique de manière définitive
et parfaite au Fils de Dieu devenu homme.
Mais
quelle est la réaction des Juifs à cette prise de possession du
Temple
par Jésus-Christ? Ils sont sans
doute frappés de stupeur, car personne ne porte la main sur Jésus.
Cela est d’autant plus étonnant que tous ces vendeurs étaient en
grand nombre et n’auraient pas eu de mal à le maîtriser ou l’arrêter.
Ils demandent un signe miraculeux qui confirmerait la légitimité de
l’acte de purification qu’il vient d’accomplir.
Après tout, n’importe qui pourrait s’improviser réformateur, prophète
ou Messie, et beaucoup l’avaient déjà fait avant lui.
Faire montre d’un signe extraordinaire n’est pourtant pas
la marque
nécessaire d’un vrai prophète, comme l’histoire de bien des prophètes de
l’Ancien Testament en témoigne. Cependant,
Jésus va donner un signe, mais sous forme symbolique: un signe qui justement se
réfère au
Temple
et
à la relation entre ce
Temple
et
son propre corps: “Démolissez ce
Temple
, leur répondit Jésus, et en trois jours je le relèverai.”
Ce signe, que les Juifs
ne pouvaient comprendre à ce moment, ne se réalisera que plus tard, lors de la
résurrection du Christ, après que la purification finale des péchés ait été
accomplie sur la Croix de Golgotha. Jésus
n’aurait pas pu donner un signe plus explicite et plus convaincant que celui
de sa propre résurrection des morts. Mais
en même temps, il le donne de manière encore voilée.
C’est un signe qui doit encore être accompli, mais il s’accomplira
sans aucun doute, car autrement il ne s’agirait que d’une fanfaronnade.
Par la manière dont il répond à ses interlocuteurs, Jésus montre à
nouveau son autorité. Il ne
succombe pas à la tentation d’accomplir un miracle extraordinaire destiné à
impressionner les foules. Jean parle
d’ailleurs de ‘signe’et non pas de ‘miracle’.
Un signe a une signification,
une portée spirituelle intense.
Il ouvre des avenues insoupçonnées, des perspectives jusqu’ici
inconnues. Donné sous forme allégorique,
voilée, ce signe n’est pas compris des interlocuteurs de Jésus, qui lui répliquent
que le
Temple
a été bâti en quarante six ans. Comment donc ce même bâtiment pourrait-il
être rebâti en trois jours? En fait, le Temple de Jérusalem commencé par Hérode
ne serait complètement terminé que vers l’an 63, donc quelque trente-cinq
ans après l’événement que rapporte l’évangéliste Jean.
Mais ici encore, seuls les disciples allaient comprendre la signification
prophétique des paroles de Jésus: “Plus tard, lorsque Jésus fut
ressuscité, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela, et ils crurent
à l’Ecriture et à la Parole que Jésus avait dite.”
Une fois le signe accompli, au moment décidé par Dieu, il prendrait
toute sa signification pour ceux qui l’auraient vraiment compris.
Notez à nouveau, amis auditeurs, la relation entre l’accomplissement
du signe dans la vie du Christ, et la foi en l’Ecriture, la Parole inspirée
de Dieu: c’est alors seulement que les disciples ont saisi tout ce que les écrits
sacrés prophétisaient sur le Messie à venir.
Ils ont rapporté toute l’Ecriture à la personne de Jésus-Christ.
C’est là pour tout croyant le commencement et la fin d’une étude sérieuse
de l’Ecriture Sainte. Aujourd’hui
comme hier, ne pas en rapporter toutes les parties à Jésus-Christ, c’est
manquer totalement le but de l’Ecriture.