L’EVANGILE SELON JEAN (8)

Amis auditeurs, je vous relis aujourd’hui la fin du chapitre deux de l’évangile selon Jean, que nous avons commentée lors de nos deux dernières émissions.  Jesus, en chassant les vendeurs et les changeurs du Temple de Jérusalem, a affirmé son autorité sur ce Temple en tant que Messie venu directement de Dieu: il est celui qui a le pouvoir d’effectuer la purification des péchés par le sacrifice de sa personne, abolissant ainsi la nécessité d’offrir régulièrement des sacrifices. Il en donnera le signe le plus parfait et évident avec sa résurrection des morts.  Il est en définitive le Temple de Dieu ultime et parfait, un Temple qui n’est pas fait de main d’homme et qui ne saurait disparaître, comme les temples successifs bâtis en l’honneur de Dieu par les Israélites.  A ce titre, aucun commerce autour de sa personne n’est licite. La purification du Temple de ses vendeurs et changeurs a bien sûr suscité une opposition, en tous cas une forte réaction.  Relisons le texte: “Là-dessus, les gens lui dirent: ‘Quel signe miraculeux peux-tu nous montrer pour prouver que tu as le droit d’agir ainsi?  Démolissez ce Temple, leur répondit Jésus, et en trois jours je le relèverai.  Comment?  Répondirent-ils.  Il a fallu quarante-six ans pour reconstruire le Temple , et toi, tu serais capable de le relever en trois jours!  Mais en parlant du “temple”, Jésus faisait allusion à son propre corps.  Plus tard, lorsque Jésus fut ressuscité, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Ecriture et à la Parole que Jésus avait dite.  Pendant que Jésus séjournait à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup de gens crurent en son nom en voyant les signes miraculeux qu’il accomplissait.  Mais Jésus ne se fiait pas à eux, car il les connaissait tous très bien.  En effet, il n’avait pas besoin qu’on le renseigne sur les hommes, car il connaissait le fond de leur coeur.”    Ces derniers versets nous montrent que Jésus avait accompli d’autres signes miraculeux, non rapportés par l’évangéliste, qui avaient amené  certains à croire d’une façon ou d’une autre que Jésus était soit un grand prophète, soit même le Messie tant attendu.  Mais la foi de ces gens était encore très superficielle car ils ne comprenaient pas quelle devait être le rôle et le ministère du Messie.  Ils s’arrêtaient aux signes miraculeux opérés par Jésus sans le moins du monde en comprendre la signification spirituelle pour leur propre vie.  Ces signes étaient incontournables, on ne pouvait en nier l’existence, ils attiraient immanquablement l’attention sur la personne de celui qui les accomplissait, et cependant il manquait à tous ces gens qui en avaient été les témoins une foi profondément enracinée dans le coeur,  une foi capable de changer leur vie. A l’inverse, le texte nous dit en quoi une vraie foi consiste, lorsque Jean écrit, à propos des disciples de Jésus: “Plus tard, lorsque Jésus fut ressuscité, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Ecriture et à la Parole que Jésus avait dite.”  Jésus, lui, ne se fiait pas à tous ceux qui semblaient avoir mis leur foi en lui, car, nous dit le texte, on n’avait pas besoin de le renseigner sur la nature des hommes, il connaissait le fond de leur coeur.  Au le livre des Proverbes, au chapitre vingt-et-un, on lit ceci: “Un homme croit que tout ce qu’il fait est juste, mais c’est l’Eternel qui apprécie les motivations”. Une autre traduction de ce même proverbe donne: “Toutes les voies de l’homme sont droites à ses yeux, mais celui qui pèse les coeurs, c’est l’Eternel.”  Jésus savait ce qu’on pouvait attendre d’une foi aussi incertaine et superficielle, il connaissait le coeur de chacun.  Lui seul sait qui, hier comme aujourd’hui, est un véritable disciple de sa personne.

Nous arrivons maintenant au chapitre trois de l’évangile selon Jean, amis qui êtes à l’écoute.  Ce chapitre nous relate la rencontre de nuit entre un pharisien nommé Nicodème et Jésus.  Mais qui étaient les pharisiens? Il s’agissait d’un parti des Juifs très religieux, formé environ cent ans avant la naissance de Jésus, et qui s’attachait à respecter strictement la Loi de Moïse.  Les pharisiens appliquaient à eux-mêmes les règles de pureté et de purification qui n’étaient prescrites dans la Loi que pour les prêtres.  Les pharisiens avaient une grande influence sur le peuple en général, et croyaient en l’existence des anges et des démons, comme à la résurrection des morts.  L’apôtre Paul était un membre actif du parti des pharisiens, il avait étudié la Loi et les prophètes sous la direction d’un rabbi très célèbre et respecté de cette époque, Gamaliel.  Un autre parti juif, les sadducéens, se recrutait dans la classe dirigeante des Juifs et était étroitement associé au service du Temple , tout en étant proche des occupants romains.  Les sadducéens, eux, ne croyaient pas en la résurrection des morts.  Mais, lisons les versets un à treize du troisième chapitre de l’évangile selon Jean: “Il y avait un homme qui s’appelait Nicodème; membre du parti des pharisiens, c’était un chef des Juifs.  Il vint trouver Jésus de nuit et le salua en ces termes: ‘Maître, nous savons que c’est Dieu qui t’a envoyé pour nous enseigner car personne ne saurait accomplir les signes miraculeux que tu fais si Dieu n’était pas avec lui.  Jésus lui répondit: ‘Vraiment, je te l’assure: à moins de renaître d’en-haut, personne ne peut voir le royaume de Dieu.  – Comment un homme peut-il naître une fois vieux? s’exclama Nicodème.  Il ne peut tout de même pas retourner dans le ventre de sa mère pour renaître? – Vraiment je te l’assure, reprit Jésus, à moins de naître d’eau, c’est-à-dire d’Esprit, personne ne peut entrer dans le royaume de Dieu.  Ce qui nait d’une naissance naturelle, c’est la vie humaine naturelle.  Ce qui naît de l’Esprit est animé par l’Esprit.  Ne sois donc pas surpris si je t’ai dit: Il vous faut renaître d’en haut.  Le vent souffle où il veut, tu en entends le bruit, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour quiconque est né de l’Esprit.  Nicodème reprit: Comment cela peut-il se réaliser?  - Toi qui enseignes le peuple d’Israël, tu ignores cela? lui répondit Jésus.  Vraiment je te l’assure: nous parlons de ce que nous connaissons réellement, et nous témoignons de ce que nous avons vu; et pourtant, vous ne prenez pas notre témoignage au sérieux.  Si vous ne croyez pas quand je vous parle des réalités terrestres, comment pourrez-vous croire quand je vous parlerai des réalités célestes?  Car personne n’est monté au ciel, sauf celui qui en est descendu; le Fils de l’homme.”

On peut à juste titre se demander, amis auditeurs, pourquoi Nicodème est venu de nuit pour avoir un entretien avec Jésus.  Il commence par l’appeler ‘Rabbi’, ce qui se traduit par ‘Maître’ et qui était un titre décerné aux hommes lettrés.  Il dit ensuite: “nous savons que c’est Dieu qui t’a envoyé pour nous enseigner car personne ne saurait accomplir les signes miraculeux que tu fais si Dieu n’était pas avec lui.”  Puisqu’apparemment personne ne pouvait douter que Jésus était envoyé de Dieu, au vu des signes miraculeux qu’il accomplissait, pourquoi donc venir le trouver de nuit et non de plein jour?  Il est probable que Nicodème, tout curieux qu’il ait été d’en apprendre davantage sur Jésus et son enseignement, craignait ses pairs, d’autant qu’il était lui-même un chef des Juifs et que sa réputation aurait pu souffrir si cette rencontre avait été connue des autres.  Lui, un pharisien, donc par excellence un docteur de la  Loi censé connaître et pratiquer minutieusement les écrits sacrés des Juifs, reconnaissait qu’il avait besoin d’apprendre quelque chose de Jésus et il était animé d’un véritable désir d’apprendre.  Ce n’est pas tous les jours que se présente un homme venu de Dieu de la stature de Jésus, pensait-il sûrement.  Et cependant, par peur des autres, par vanité ou pour toute autre raison, il vient le faire en cachette.  Ses intentions ont l’air bien partagées, comme son coeur doit l’être.  La réponse de Jésus va droit au but, et est exprimée de façon solennelle, avec la répétition des mots “en vérité, en vérité” qu’on peut traduire par “vraiment en vérité” : “Vraiment, je te l’assure: à moins de renaître d’en-haut, personne ne peut voir le royaume de Dieu.”  C’est le coeur de l’enseignement que va recevoir Nicodème cette nuit-là.  Peu importe qu’on soit docteur de la Loi, chef des Juifs, personnalité en vue, si l’on n’est pas né de nouveau, tout cela ne sert à rien en ce qui concerne le royaume de Dieu.  Or voilà un enseignement qui semble beaucoup surprendre Nicodème, au vu de la réponse qu’il fait à Jésus: .  – Comment un homme peut-il naître une fois vieux? s’exclama Nicodème.  Il ne peut tout de même pas retourner dans le ventre de sa mère pour renaître? –  Nicodème comprend cette naissance de manière littérale, et non spirituelle.  Pourtant l’étude de l’Ecriture sainte des Juifs aurait dû le préparer et le rendre attentif à la notion de renouvellement intérieur total.  Les prophètes en avaient bien parlé, sans employer la formule qu’utilise Jésus.  Alors à quoi bon être si savant si c’est pour manquer l’essentiel de la doctrine…

Mais, amis auditeurs, je reprendrai avec vous le fil de cet entretien entre Jésus et Nicodème lors de notre prochaine émission. La nature de cette nouvelle naissance et sa signification pour la vie de tout homme nous deviendront plus claires, dans la bouche même de celui-là seul qui a le pouvoir de la conférer à ceux qui croient en lui.