L’EVANGILE SELON JEAN (9)

 Nous avons lu en partie le récit de la rencontre de Jésus avec le pharisien Nicodème, qui était venu le trouver de nuit, récit que nous trouvons au chapitre trois de l’évangile de Jean.  Voici à nouveau le coeur de cet entretien, amis auditeurs: Jésus lui répondit: ‘Vraiment, je te l’assure: à moins de renaître d’en-haut, personne ne peut voir le royaume de Dieu.  – Comment un homme peut-il naître une fois vieux? s’exclama Nicodème.  Il ne peut tout de même pas retourner dans le ventre de sa mère pour renaître? – Vraiment je te l’assure, reprit Jésus, à moins de naître d’eau, c’est-à-dire d’Esprit, personne ne peut entrer dans le royaume de Dieu.  Ce qui nait d’une naissance naturelle, c’est la vie humaine naturelle.  Ce qui naît de l’Esprit est animé par l’Esprit.  Ne sois donc pas surpris si je t’ai dit: Il vous faut renaître d’en haut.  Le vent souffle où il veut, tu en entends le bruit, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour quiconque est né de l’Esprit.  Nicodème reprit: Comment cela peut-il se réaliser?  - Toi qui enseignes le peuple d’Israël, tu ignores cela? lui répondit Jésus.  Vraiment je te l’assure: nous parlons de ce que nous connaissons réellement, et nous témoignons de ce que nous avons vu; et pourtant, vous ne prenez pas notre témoignage au sérieux.  Si vous ne croyez pas quand je vous parle des réalités terrestres, comment pourrez-vous croire quand je vous parlerai des réalités célestes?  Car personne n’est monté au ciel, sauf celui qui en est descendu: le Fils de l’homme.”  

Amis auditeurs, pourquoi Jésus reprend-il Nicodème en ces termes: “Toi qui enseignes le peuple d’Israël, tu ignores cela?”  Eh bien, c’est parce qu’il ne s’agit pas d’un enseignement nouveau, mais de quelque chose qui apparaît sur bien des pages de l’Ancien Testament.  A ce titre, Nicodème, en tant que docteur d’Israël, aurait dû mieux savoir.  Nous lisons par exemple au livre du prophète Ezéchiel, au chapitre 36, la promesse suivante faite par Dieu à son peuple: “Je répandrai sur vous une eau pure, afin que vous deveniez purs, je vous puriefierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles.  Je vous donnerai un coeur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau, j’enlèverai de votre être votre coeur dur comme la pierre et je vous donnerai un coeur de chair.  Je mettrai en vous mon propre Esprit et je ferai de vous des gens qui vivent selon mes lois et qui obéissent à mes commandements pour les appliquer.” Jésus vient accomplir ce qui était annoncé des siècles auparavant par les prophètes de Dieu.  En employant le verbe renaître, il ne dit d’ailleurs pas qu’une partie de nous-même seulement doit renaître mais il parle du renouvellement de toute notre nature.  Cela signifie donc que toute notre nature est viciée et doit être régénérée.  En parlant d’eau et d’Esprit, Jésus a-t-il en vue la pratique du baptême?  Si c’est le cas, il ne veut pas dire qu’il suffit d’être baptisé pour jouir automatiquement de cette nouvelle naissance.  Plutôt, l’eau est conjointe à l’Esprit dans la mesure où en tant que signe visible l’eau certifie et scelle en quelque sorte la nouveauté de vie dont il est question.  Mais seul Dieu, par son Saint Esprit, en est l’auteur.  On peut sans doute dire qu’ici l’eau et l’Esprit renvoient à la même notion, comme dans le passage du prophète Ezéchiel que je viens de lire.  Dans la Bible, l’Esprit est parfois lié au feu de la même manière, pour signifier ses effets purificateurs.  Par exemple, dans l’Évangile selon Matthieu Jean Baptiste annonce que celui qui vient après lui, Jésus-Christ, baptisera dans le Saint Esprit et le feu.  Donc le Christ dit ici que personne n’est enfant de Dieu jusqu’à ce qu’il soit renouvelé par l’eau et que cette eau est le Saint Esprit qui nous purifie.  En répandant sa puissance sur nous, il infuse en nous une force de vie céleste, alors que de par notre nature nous sommes tout à fait secs.

Qu’est-ce que Jésus veut dire ensuite lorsqu’il déclare à Nicodème: Vraiment je te l’assure: nous parlons de ce que nous connaissons réellement, et nous témoignons de ce que nous avons vu; et pourtant, vous ne prenez pas notre témoignage au sérieux.  Jésus parle dans la foulée de tous les prophètes de l’Ancien Testament, jusqu’à Jean Baptiste.  Si ces prophètes ont parlé, et leur témoignage a été retenu, c’est qu’ils étaient envoyés par Dieu.  Ce qui reste valable pour tous les temps, c’est que les serviteurs de la Parole de Dieu ne peuvent que transmettre celle-ci, et ne rien inventer qui ne soit révélé.  Une fois ceci acquis, peu importe si la majorité accepte ce message ou non, celui-ci doit continuer à étre prêché fidèlement.  Même si ceux qui se déclarent savants en questions religieuses rejettent ce message, celui-ci n’en conserve pas moins toute sa force.  Comme l’écrit Jean Calvin dans son commentaire sur l’Évangile de Jean: L’incrédulité des hommes ne pourra jamais faire que Dieu ne demeure perpétuellement véritable.

Jésus poursuit en affirmant: Car personne n’est monté au ciel, sauf celui qui en est descendu: le Fils de l’homme.  Il veut dire par là que la connaissance des mystères divins est impossible aux hommes qui n’ont pas de jugement spirituel.  Seuls ceux qui peuvent s’élever jusqu’aux sphères célestes y ont accès.  Jésus fait ici allusion au livre des Proverbes, dans l’Ancien Testament, plus exactement au début du chapitre 30, où l’on peut lire les paroles suivantes d’un certain Agour, fils de Yaqé: “Certes, je suis plus bête que n’importe qui et je n’ai pas une intelligence humaine: je n’ai pas appris la sagesse et je ne connais pas la science des humains.  Qui est monté au ciel, et qui en est descendu?  Qui a recueilli le vent dans ses poings?  Qui a serré l’eau dans un vêtement?  Qui a établi toutes les extrémités de la terre?  Quel est son nom, et quel est le nom de son fils, si tu le sais ?  Jésus, amis auditeurs, apporte la réponse à cette question, et nous sommes ramenés au tout début de l’évangile selon Jean où la Parole éternelle de Dieu, qui est aussi sa sagesse, a créé toutes choses. Rappelez-vous des premiers versets: “Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.  Elle était au commencement avec Dieu.  Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.  Puis, au verset 14 du premier chapitre, nous avons justement lu que la Parole éternelle de Dieu, qui est son Fils, a été faite chair, c’est-à-dire qu’elle est devenue homme, qu’elle est descendue du ciel.  Seul le Fils éternel a pleine connaissance de tout ce qui concerne Dieu, étant une personne divine lui-même, raison pour laquelle il faut l’écouter lorsqu’il parle aux hommes.  Car aucun de ceux-ci, aussi versés soient-ils dans l’étude des écrits sacrés, ne pourra accéder par lui-même aux mystères divins.  Sans l’aide du seul Médiateur qui nous soit offert par Dieu, son Fils Jésus-Christ, nous sommes tous aveuglés.  Mais il se nomme lui-même “Fils de l’homme”, ce qui est pour nous le gage qu’il a revêtu la même nature que nous; en cela il nous donne l’espoir de parvenir avec lui au Père céleste.

Puis Jésus continue l’entretien avec Nicodème en prononçant les paroles suivantes: “Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut, de même, que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle.  Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.  Celui qui croit en lui n’est pas jugé; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.  Et voici le jugement: la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont aimé les ténèbres plus que la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises.  Car quiconque fait le mal a de la haine pour la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses oeuvres ne soient réprouvées; mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière, afin qu’il soit manifeste que ses oeuvres sont faites en Dieu.” Arrêtons-nous un instant sur la comparaison entre le serpent d’airain élevé par Moïse dans le Désert et l’élévation du Fils.  Pour la comprendre, il faut revenir au livre des Nombres dans l’Ancien Testament, au moment où le peuple d’Israël se trouvait dans le désert sous la conduite de Moïse.  S’étant découragé et révolté, il avait commencé à parler contre Dieu et Moïse en disant: “Pourquoi nous avez-vous fait sortir d’Égypte pour nous faire mourir dans le désert?  Car il n’y a ni pain ni eau, et nous sommes dégoûtés de cette nourriture de misère!”  Alors l’Eternel envoya contre le peuple des serpents venimeux qui les mordirent, et il mourut beaucoup de gens d’Israël.  Le peuple vint trouver Moïse en disant: “Nous avons parlé contre l’Éternel et contre toi.  Maintenant, veuille implorer l’Éternel pour qu’il nous débarrasse de ces serpents!” Moïse pria donc pour le peuple. L’Éternel lui répondit: “Fais-toi un serpent en métal et fixe-le en haut d’une perche.  Celui qui aura été mordu et qui fixera son regard sur ce serpent aura la vie sauve.’ Moïse façonna un serpent de bronze et le fixa en haut d’une perche.  Dès lors, si quelqu’un était mordu par un serpent, et qu’il levait les yeux vers le serpent de bronze, il avait la vie sauve.”  Pour certains, la croix de Jésus Christ contemplée dans la foi, est ici comparée avec le serpent de bronze fabriqué par Moïse.  Elle apporte la guérison à nos maux spirituels et nous mène vers la vie éternelle.  Pour d’autres c’est la clarté de l’Évangile qui est ici signifiée: par la prédication de cet Évangile, Christ allait être dressé comme un étendard que contempleraient tous les hommes. 

Mais, amis auditeurs, nous reprendrons la prochaine fois ce passage pour méditer sur les versets qui suivent.