L’EVANGILE
SELON JEAN (11)
La
fin du troisième chapitre de l’évangile selon Jean, amis auditeurs, rappelle
a plusieurs égards les paroles prononcées par Jésus lors de son entretien
avec Nicodème, au cours du même chapitre.
Cependant, c’est Jean-Baptiste qui parle ici, répondant à ses propres
disciples qui s’inquiétaient de voir leur maître perdre de son audience à
cause de ce Jésus qu’il avait pourtant lui-même baptisé.
Une fois de plus, Jean-Baptiste prouve être celui qui a reçu une révélation
authentique sur la personne de Jésus-Christ, celui qui a dès le début saisi
toute la portée du ministère de Jésus et le fait savoir à tous ceux qui sont
autour de lui. Même les disciples
de Jésus ne saisissent pas encore la portée de ses paroles ou de ses actes;
ils ne les comprendont qu’après sa résurrection et son ascension, au moment
de l’irruption du Saint Esprit qui descendra sur eux.
L’évangéliste, lui-même un des douze disciples, l’a reconnu après
la purification du temple par Jésus: “Plus tard, lorsque Jésus fut
ressuscité, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela, et ils crurent
à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.”
Jean-Baptiste, lui, fait entendre dès le
début une véritable voix prophétique sur le Messie.
S’adressant donc à ses disciples, il leur dit: “Qui vient du
ciel est au-dessus de tout. Qui est
de la terre reste lié à la terre et parle des choses terrestres.
Celui qui vient du ciel est au-dessus de tout.
Il témoigne de ce qu’il a lui-même vu et entendu.
Mais personne ne prend son témoignage au sérieux.
Celui qui accepte son témoignage certifie que Dieu dit la vérité.
En effet, l’envoyé de Dieu dit les paroles mêmes de Dieu, car Dieu
lui donne son Esprit sans aucune restriction.
Le Père aime le Fils et lui a donné pleins pouvoirs sur toutes choses.
Qui place sa confiance dans le Fils possède la vie éternelle.
Qui ne met pas sa confiance dans le Fils ne connaît pas la vie, il reste
sous le coup de la colère de Dieu.” Rappelons-nous,
amis auditeurs, qu’après le baptême de Jésus par Jean-Baptiste, celui-ci
avait déclaré: “Or cela, je l’ai vu de mes propres yeux, et je
l’atteste solennellement: cet homme est le Fils de Dieu.” Nous
ne devons donc pas nous étonner qu’il continue à reconnaître Jésus comme
Fils de Dieu avec tous ses attributs. Jean-Baptiste
utilise un vocabulaire légal très prononcé: il atteste solennellement, comme
on le ferait, sous serment, dans une
cour de justice. Il en va de même
avec les paroles suivantes que Jean rapporte au Christ: Celui qui vient
du ciel est au-dessus de tout. Il témoigne
de ce qu’il a lui-même vu et entendu. Mais
personne ne prend son témoignage au sérieux.
Celui qui accepte son témoignage certifie que Dieu dit la vérité.”
La nature du témoignage apportée est légale, elle est attestée par
Dieu lui-même, qui est le juge suprême. De
plus, Jesus Christ venant du ciel, il est parfaitement au fait du plan
La
phrase suivante pointe en direction du rôle d’ambassadeur de Dieu qu’a revêtu
Jésus-Christ: En effet, l’envoyé de Dieu dit les paroles mêmes de
Dieu, car Dieu lui donne son Esprit sans aucune restriction.
Jésus-Christ est donc revêtu d’une pleine autorité par celui qui
l’envoie, il est ambassadeur plénipotentiaire, d’autant qu’il est revêtu
du même Esprit. Par le lien du
Saint Esprit, il y a une parfaite concordance, une parfaite unité de vue et
d’action entre le Père et le Fils. Ne
pas recevoir le Fils comme ambassadeur du Père, c’est donc vraiment rejeter
le Père lui-même. tout comme rejeter ou insulter l’ambassadeur d’un
gouvernement, c’est rejeter ou insulter ce gouvernement lui-même.
De plus, le Père accorde au Fils son Esprit
sans aucune restriction, donc continuellement, pas sporadiquement.
Jésus-Christ est revêtu du Saint Esprit de manière permanente.
Aucun croyant, aussi versé soit-il dans la connaissance de Dieu par le
moyen de l’Ecriture Sainte, ne peut se targuer d’avoir reçu la plénitude
de l’Esprit Saint à lui tout seul. Dans
l’Eglise, chacun reçoit une portion de l’Esprit de Dieu selon que Dieu le
distribue, afin que tous servent à l’édification commune en appliquant la
part que chacun a reçue. Ainsi,
l’apôtre Paul, au douzième chapitre de la première lettre aux Corinthiens,
écrit-il: “En chacun, l’Esprit se manifeste d’une façon particulière,
en vue du bien commun. L’Esprit
donne à l’un une parole pleine de sagesse; à un autre, le même Esprit donne
une parole chargée de connaissance. L’Esprit
donne à un autre d’exercer la foi de manière particulière”et
Paul poursuit en évoquant d’autres dons particuliers, qui ont tous leurs
limites. Mais il en va autrement avec la personne du Fils de Dieu.
C’est pourquoi il est ensuite dit que le Père aime le Fils et
lui a donné pleins pouvoirs sur toutes choses.
On peut en conclure que quel que soit le don spirituel accordé à tel ou
tel croyant, il n’est possible que parce que Jésus-Christ en est le médiateur
et le dispensateur en tant qu’ambassadeur parfait de Dieu, pleinement revêtu
du Saint Esprit. C’est en ce sens
qu’il a reçu pleins pouvoirs sur toutes choses. Comme l’écrit Jean Calvin
à ce propos: “Car cet amour dont aimant son Fils, il nous aime aussi
en lui, fait qu’il nous communique tous ses biens par la main de celui-ci.” L’évangéliste poursuit de
la sorte: Qui place sa confiance dans le Fils possède la vie éternelle.
Par là, il nous montre que la jouissance
des biens offerts par le Fils s’obtient par la foi.
Il faut croire, c’est-à-dire placer sa confiance en Jésus-Christ pour
obtenir la seule justice qui mène à la vie éternelle. Mais de quelle justice
s’agit-il, amis auditeurs? Cette justice est le fruit de l’oeuvre parfaite
que Christ a accomplie et qui a consisté à payer à Dieu la dette contractée
par l’humanité. Le pôle opposé
à la foi, c’est l’incrédulité, et celle-ci mène à la condamnation par
Dieu, puisque sa colère demeure sur celui qui n’a pas cru:
“Qui ne met pas sa confiance dans le Fils ne connaît pas la
vie, il reste sous le coup de la colère de Dieu.” Pour
les incrédules, la dette reste impayée, et le créancier divin réclame son dû.
Nous retrouvons ici l’enseignement de Jésus à Nicodème. Par leur
nature, dès leur naissance, tous les hommes sont fils de la colère divine.
Ils demeurent soumis à cette colère à moins d’en être délivrés.
Rappelons ce qu’en dit l’apôtre Paul au second chapitre de sa lettre
aux Ephésiens: “Nous aussi, nous faisions autrefois tous partie de ces
hommes. Nous vivions selon nos désirs
d’hommes livrés à eux-mêmes et nous accomplissions tout ce que notre corps
et notre esprit nous poussaient à faire. Aussi
étions-nous, par nature, destinés à subir la colère de Dieu comme le reste
des hommes.” Or la délivrance dont
parle l’évangile n’intervient qu’à travers la foi en Jésus-Christ.
Il n’y a pas d’autre remède. Ce
qui rejettent ce remède, étant déjà nés comme tout un chacun fils de la colère,
s’attirent une double condamnation puisqu’ils ont méprisé la seule bouée
de secours qui leur était tendue. Mais
la promesse de l’Évangile, quant à elle, demeure dans son entier: : “Qui
place sa confiance dans le Fils possède la vie éternelle.”
Cette promesse reste valable pour tous les hommes, toutes les générations,
sans distinction de race, de classe, d’âge, de sexe ou d’éducation.
Elle s’adresse à vous qui êtes à l’écoute, amis auditeurs.
Saisissez-la par la foi, car elle vous donne accès à ce qu’aucune éducation,
aucune fortune, aucun rang humain, aucune jouissance terrestre ne saurait vous
procurer: la vie éternelle en communion avec Dieu Père, Fils et Saint Esprit!