LES
SEPT PAROLES DU CHRIST
Je
continue à méditer aujourd’hui avec vous, amis auditeurs, sur les sept
paroles prononcées par Jésus-Christ sur la Croix: nous avons lu ensemble lors
de notre dernière émission des commentaires ou extraits d’homélies écrits
par de grands docteurs de l’Eglise à partir du cinquième siècle: Augustin,
Chrysostome, Luther, Calvin. Nous en
venons à la parole suivante rapportée au chapitre dix-neuf de l’évangile
selon Jean: “Après cela, Jésus, sachant que désormais tout était
accompli, dit, pour que l’Ecriture soit accomplie: ‘J’ai soif’.
Près de là se trouvait un vase rempli de vinaigre.
On attacha donc une éponge imbibée de vinaigre au bout d’une branche
d’hysope, et on l’approcha de la bouche de Jésus.”
Avant de lire ce qu’écrit Augustin sur cette parole, notons que
juste avant de le crucifier, on a offert à Jésus un mélange de vin et de
myrrhe à boire: il a cependant refusé d’en prendre.
L’évangéliste Matthieu le rapporte comme suit: “Ils arrivèrent
à un endroit nommé
L’évangile selon Jean poursuit: “Quand il eut goûté le vinaigre, Jésus dit: ‘Tout est accompli.’ Il pencha la tête et rendit l’esprit.” Augustin continue dans son homélie: “Qu’est-ce d’autre que ce que la prophétie avait prévu longtemps auparavant? Comme il ne restait plus rien qu’il faille accomplir avant qu’il ne meure, comme si lui qui avait le pouvoir de donner sa vie et de la reprendre, avait finalement accompli tout ce pour quoi il était venu, il a penché la tête et a rendu l’esprit. Qui peut s’endormir comme il l’entend tout comme Jésus est mort lorsqu’il en a ainsi décidé? Qui est celui qui peut enlever ses habits lorsqu’il le souhaite, comme celui-ci a déposé sa vie au moment qu’il avait décidé? Qui est celui qui peut s’en aller lorsque cela lui convient, comme celui-ci a quitté sa vie selon son bon plaisir? Quelle grande puissance que la sienne en tant que juge, puissance qu’il nous faut craindre ou bien en laquelle il nous faut placer notre espérance, s’il a déployé tant de puissance au moment de mourir!
La dernière parole de Jésus-Christ sur la croix qui
nous est rapportée par les évangiles provient de l’évangile selon Luc: “Alors
Jésus poussa un grand cri: ‘Père, je remets mon esprit entre tes mains.’
Après avoir dit ces mots, il mourut.”
Jean Calvin commente ce passage comme suit: “Il a donné à
entendre que bien qu’il ait été très durement assailli par de violentes
tentations, cependant sa foi n’a pas été ébranlée mais est restée ferme
et invincible. Il n’était pas
possible de remporter un triomphe plus magnifique, que lorsque Christ déclare
avec fermeté que Dieu est le gardien fidèle de son âme, que tous pensaient être
perdue. Comme cependant tous
faisaient la sourde oreille et que c’était peine perdue de s’adresser à
eux, il s’est adressé droit à Dieu et a déposé le témoignage de sa foi en
son sein. Certes il voulait aussi
que les hommes entendent ce qu’il disait: mais comme il n’y avait aucun
profit à retirer en s’adressant aux hommes, il s’est contenté d’avoir
Dieu comme seul témoin. De la même
manière il n’y a pas de plus vive et ferme approbation de la foi que
lorsqu’un homme fidèle se voyant attaqué
de tous côtés, de telle sorte qu’il ne trouve aucune consolation auprès des
hommes, se décharge de ses douleurs et de ses inquiétudes au sein de Dieu, et
s’appuie sur les promesses divines en méprisant la rage de tous ceux qui
l’entourent.” Notons
qu’ici aussi, amis auditeurs, Jésus reprend
un psaume, le psaume trente-et-un, au verset six: “Je remets mon esprit
entre tes mains, tu m’as libéré, Eternel, toi, le Dieu véritable.”
Concluons cette méditation sur les paroles de Jésus-Christ
prononcées sur la croix par cet extrait d’une homélie du père de l’Eglise
Grégoire de Nazianze, qui vivait en Cappadoce, aujourd’hui en Turquie, au
cinquième siècle après Jésus-Christ:
Hier j’ai été crucifié avec lui; aujourd’hui
je suis glorifié avec lui. Hier je suis mort avec lui, aujourd’hui je suis
ressuscité avec lui. Apportons une
offrande à celui qui a souffert pour nous et qui est ressuscité.
Peut-être pensez-vous que je vais dire: une offrande d’or, d’argent,
de broderies, de pierres précieuses transparentes, toutes choses terrestres et
passagères qui d’ailleurs sont possédées surtout par de mauvaises gens, des
esclaves du monde et du Prince de ce monde.
Non, offrons-nous nous mêmes comme la possession qui est pour Dieu la
plus précieuse et la plus adéquate; rendons à l’image divine ce qui a été
créé à l’image de Dieu. Reconnaissons
notre propre valeur en glorifiant celui qui est notre grand modèle; connaissons
la puissance du mystère pour lequel Christ est mort.
Devenons comme Christ, car Christ est devenu comme nous.
Devenons la propriété de Dieu pour la cause du Christ, car il s’est
fait homme pour notre cause. Il a
revêtu ce qui est le pire, afin de nous donner ce qui est le meilleur.
Il est devenu pauvre afin que par sa pauvreté nous soyons enrichis; il a
pris la forme d’un esclave afin que nous puissions recouvrer notre liberté.
Il s’est abaissé afin que nous soyons élevés.
Il a été tenté afin que nous puissions remporter la victoire; il a été
humilié afin qu’il puisse nous glorifier; il est mort afin de nous sauver; il
est monté au ciel afin de nous attirer vers lui, nous qui étions tombés si
bas dans la Chute. Donnons tout,
offrons tout, à celui qui s’est donné lui-même comme prix pour notre rachat
et notre réconciliation. Car nous
ne pouvons rien donner d’autre que nous mêmes, alors que saisissons le mystère,
et devenons pour lui ce qu’il est devenu pour nous.”