UN PEUPLE SAINT POUR UN DIEU SAINT (3)

Nous arrivons à la fin de notre méditation en trois volets sur le thème suivant: “Un peuple saint pour un Dieu saint”. Nous avons commencé par prendre connaissance de l’exigence de sainteté telle qu’aussi bien l’Ancien Testament que le Nouveau Testament nous la commandent. Nous avons vu que par le sang de Jésus-Christ Dieu s’est racheté pour Lui un peuple qu’il sanctifie en lui donnant la Loi de son Esprit, laquelle vient remplacer la loi du péché qui régnait auparavant. Ce peuple est désormais la propriété exclusive de son Seigneur, et porte la marque indélébile du baptême de Jésus-Christ. Nous avons vu que l’appel à se séparer du monde n’impliquait pas couper tous les liens avec les non-croyants, car si tel devait être le cas, nous devrions sortir complètement du monde, comme Paul l’écrivait dans sa première lettre aux Corinthiens. Or, Jésus-Christ n’a pas prié que Dieu retire ses disciples du monde, mais au contraire, tout comme le Père l’a envoyé sur terre pour une mission de Salut, il a envoyé ses disciples dans le monde, en priant que Dieu les garde de l’Adversaire, du Malin. Nous avons commencé de voir ce que la sainteté de l’Église signifiait dans la manière dont se déroule le culte chrétien. En lieu et place de vociférations, de pratiques qui rappellent les cultes païens, le culte chrétien se souvient des paroles du prophète Habakuk: “L’Éternel est dans son saint temple. Que toute la terre fasse silence devant lui!”

Mais l’Église est aussi sainte lorsque les Sacrements, le baptême et la Sainte-Cène, c’est-à-dire le repas du Seigneur, sont maintenus purs de toute interprétation et célébration idolâtre; lorsque seuls les croyants sincères et repentants, ceux qui confessent la foi chrétienne, peuvent s’en approcher et les recevoir. Pour cela, l’Église doit exercer une discipline spirituelle, celle qui lui a été enseignée et ordonnée par son chef, Jésus-Christ. Les anciens dans l’Église veillent au bon ordre, c’est-à-dire à ce que personne ne participe indûment aux Sacrements, si la vie d’une telle personne ne témoigne pas d’une foi sincère et repentante. Cela ne signifie pas que seuls des membres parfaits puissent recevoir le réconfort du pain et du vin de la Communion au corps et au sang de Jésus-Christ, car si une telle exigence prévalait, personne, ni les pasteurs, ni les anciens ni les diacres ne pourrait jamais y participer. Par ailleurs, des personnes parfaites n’auraient guère besoin de prendre le repas du Seigneur, car la perfection de leurs oeuvres leur servirait de justice parfaite devant Dieu. Jésus-Christ leur serait inutile. Or tous les hommes sont pécheurs et ont besoin du salut offert par Dieu en Jésus-Christ. Mais au sein du peuple racheté par Dieu, la vie et la doctrine des croyants doit être maintenue pure et sainte, et la participation au corps et au sang de Jésus-Christ ne peut être accordée à ceux qui mènent publiquement une vie scandaleuse, en contravention directe et affirmée avec la Loi du Seigneur Jésus-Christ.

Le gouvernement de l’Église lui aussi se déroule de manière sainte, juste, en obéissance avec les prescriptions de son seul chef, Jésus-Christ, et non pas suivant les modes ou les coutumes en vigueur dans le monde. Autrement, c’est l’abus de pouvoir personnel, l’autoritarisme de quelques uns qui prévaudra en son sein. Les activités auxquelles s’adonne l’Église témoignent aussi de sa sainteté en ce qu’elles sont directement en rapport avec son rôle au sein du Royaume de Dieu.

Mais nous devons à présent nous poser la question suivante: est-ce que nous séparer du monde signifie que nous ne pouvons pas jouir de la vie, que nous ne devons pas profiter des moments agréables qui nous sont offerts, et qu’au contraire nous devons marcher avec un visage sombre et triste à travers chaque journée que le Créateur nous accorde? Bien sûr que non! Ce serait faire une caricature de la vie chrétienne. De son temps, l’apôtre Paul a eu à faire à deux sérieuses déformations de l’enseignement de la Grâce et de ses implications dans la vie des chrétiens. La première déformation, qui se produisit dans l’Église des Colossiens, illustre bien ce que je viens de dire: il y avait à Colosses des gens qui introduisaient toutes sortes de prescriptions, de règles strictes, comme si celles-ci pouvaient mener ceux qui les pratiquaient au salut. Dans sa lettre aux Chrétiens de Colosses, au chapitre 2, versets 20 à 23. Paul leur écrit: “Si vous êtes morts avec Christ aux principes élémentaires du monde, pourquoi, comme si vous viviez dans le monde, vous laissez-vous imposer ces règlements: Ne prends pas! Ne goûte pas! Ne touche pas! Toutes choses vouées à la corruption par l’usage qu’on en fait? Il s’agit de préceptes et d’enseignements humains, qui ont, il est vrai, une apparence de sagesse, en tant que culte volontaire, humilité et rigueur pour le corps, mais qui ne méritent pas d’honneur et contribuent à la satisfaction de la chair.” Paul dit en fait aux Colossiens qu’ils sont en train de devenir la proie d’une fausse sagesse, qui ne témoigne pas du tout de la vraie sanctification. L’autre déformation de l’enseignement de la Grâce, à l’inverse, avait pris racine chez les Corinthiens, dont certains, comme nous l’avons vu la dernière fois, s’adonnaient à l’immoralité sexuelle sous prétexte d’être libres en Christ. Écoutez comment Paul leur parle, dans sa première lettre, au chapitre 6: “Tout m’est permis, leur dit-il, mais tout n’est pas utile, tout m’est permis mais je ne me laisserai pas asservir par quoi que ce soit.” Vous le voyez, amis auditeurs, la liberté en Christ ne signifie jamais que nous pouvons ignorer sa Loi et marcher avec une conduite impure, car si tel était le cas, alors nous ne serions plus libres, mais au contraire retombés en esclavage. Alors, comment usons nous des occasions qui nous sont présentées de nous réjouir ou de participer à des manifestations qui ne sont pas nécessairement chrétiennes de caractère? Nous le faisons en nous souvenant toujours que nous avons reçu la Loi de l’Esprit qui en Christ nous a redonné la vie. Nous sommes sanctifiés par l’Esprit Saint pour mener une vie de sanctification, c’est-à-dire une vie d’obéissance. Nous pouvons juger de toutes choses de manière spirituelle, car nous sommes équipés spirituellement; en Jésus-Christ nous avons vu la lumière, nous savons maintenant distinguer entre ce qui est lumière et ce qui est ténèbres. Or, nous utilisons cette lumière pour projeter de la lumière sur toutes choses. Nous n’approuvons pas tout, loin de là, et même souvent nous refusons notre participation à bien des activités, des spectacles ou des manifestations culturelles de tous ordres. Mais nous savons aussi participer pour rendre un témoignage à la lumière manifestée en Christ. Nous apprécions ce qu’il nous est donné d’apprécier, mais en restant toujours critiques; “critiques” c’est-à-dire que nous n’oublions jamais la perspective de Jésus-Christ, notre Sauveur et Seigneur qui nous a donné Sa Loi parfaite. Non, même quand nous apprécions quelque chose avec intensité, nous ne perdons pas la perspective de notre salut en Christ. Si nous commençons à tout approuver, tout aimer, et si nous perdons cette perspective, alors que le spectacle qui nous est donné à contempler est destructeur et profane le saint nom de Dieu, alors nous sommes activement en train de le renier. Nous commençons à vivre en dehors de son Alliance.

En fin de compte, amis qui êtes à l’écoute, notre relation avec le monde, même le monde de l’incroyance, le monde pécheur qui ne se repent pas, cette relation devrait être marquée par la recherche d’une véritable culture, la seule culture qui compte aux yeux de Dieu: une culture de sanctification. Pour un chrétien, une véritable culture inspirée par Dieu n’est pas d’assister à des concerts, à des pièces de théâtre, des spectacles de danses etc., même si toutes ces activités peuvent et devraient faire partie d’une culture chrétienne. Mais plutôt, la véritable culture chrétienne est une attitude générale devant Dieu, devant le monde, devant notre prochain, notre famille et nos proches, et même devant nous-mêmes; une attitude par laquelle nous recherchons et tendons vers tout ce qui soutient, renforce et rafine l’image de Dieu et Sa perfection en nous-mêmes. Nous pouvons le faire en pratiquant diverses formes d’art pour la gloire de Dieu, mais plus encore, nous recherchons cette culture de sanctification dans chacun de nos actes quotidiens. C’est là notre vocation sur terre.

En conclusion, amis auditeurs, rappelons-nous que le Seigneur Jésus a comparé ses disciples avec le sel de la terre: “C’est vous qui êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, avec quoi le salera-t-on? Il n’est plus bon qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes.” La vocation que nous avons reçue, à savoir de marcher de manière sainte devant Dieu, de nous séparer du monde pécheur dans la vie de l’Église, dans notre comportement quotidien, est un appel à rester le sel de la terre. Dans le Nouveau Testament, les croyants sont aussi comparés à un parfum agréable. Paul écrit, toujours aux Corinthiens, au chapitre 2 de sa deuxième lettre: “Grâces soient rendues à Dieu, qui nous fait toujours triompher en Christ, et qui par nous répand en tout lieu l’odeur de sa connaissance. Nous sommes en effet, pour Dieu, le parfum de Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui périssent: aux uns une odeur de mort, qui mène à la mort; aux autres une odeur de vie, qui mène à la vie.” Posez-vous donc la question, vous qui êtes à l’écoute: ma vie de tous les jours est-elle cette odeur agréable offerte à Dieu? Une des béatitudes prononcées par le Seigneur Jésus durant le Sermon sur la Montagne est: “Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu”. Un autre passage du Nouveau Testament, le verset 14 du deuxième chapitre de la lettre aux Hébreux, nous avertit cependant: “Sans la sanctification, personne ne verra Dieu.”