La rencontre entre Jésus-Christ et la femme
samaritaine qui nous est rapportée au chapitre quatre de l’évangile selon
Jean, a fait l’objet de nos deux précédents messages amis auditeurs.
Je continue à vous présenter ce texte et à méditer avec vous sur la
signification de cette rencontre et des paroles de Jésus.
D’une attitude moqueuse vis-à-vis de cet homme fatigué par un long
voyage à pied et qui lui avait demandé à boire, à elle, femme samaritaine
qui comme ses compatriotes évitait
tout contact avec les Juifs, elle était passée à une attitude attentive, après
que Jésus lui ait révélé ce qui concernait sa vie privée, assez misérable
faut-il ajouter: elle avait eu cinq maris et l’homme avec lequel elle vivait
n’était pas son mari. Soudain
confrontée à son passé et son présent peu reluisants, elle avait discerné
en Jésus un prophète par qui il valait la peine de se laisser instruire.
Il lui avait parlé de la vraie adoration recherchée par le Père céleste,
qui désormais ne se ferait ni à Jérusalem, comme les Juifs la pratiquaient,
ni sur le mont Garizim, comme le soutenaient les Samaritains, mais en esprit et
en vérité. Car en sa personne Dieu
avait révélé le
Amis auditeurs, le dire de cette femme nous montre
que l’attente du Messie était bien vivace, non seulement chez les Juifs, mais
également chez les Samaritains, qui en lisaient la prophétie dans les écrits
de Moïse. La venue du Messie était
considérée par eux aussi comme imminente et faisait l’objet d’une grande
certitude: Je
L’évangéliste poursuit: Alors arrivèrent ses
disciples, qui furent étonnés de ce qu’il parlait avec une femme.
Toutefois, aucun ne dit: Que demandes-tu?
Ou: De quoi parles-tu avec elle? La
femme laissa donc sa cruche, s’en alla dans la ville et dit aux gens: Venez
voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait; ne serait-ce pas le Christ?
Ils sortirent de la ville et vinrent vers lui.
Les disciples de Jésus s’étonnent de ce qu’il parle avec une
femme. Ils la considèrent sans
doute comme n’en valant pas la peine. Ou
bien ils réagissent comme elle l’a fait elle-même lorsque Jésus lui a
adressé la parole: que peut bien
chercher un Juif avec une Samaritaine? Mais
ils ne disent rien, et font preuve ici de retenue, ayant déjà appris à connaître
leur maître comme quelque’un qui a de bonnes raisons pour faire ou dire ce
qu’il fait ou dit. Quant à la
femme, nous voyons les effets de sa rencontre décisive avec le Messie par le
fait qu’elle abandonne sa cruche au bord du puits, alors qu’elle se croyait
si dépendante de cet instrument pour son existence.
Mais entre-temps elle a découvert autre chose, cette source d’eau vive
dont Jésus lui a parlé, et qui la fait regarder à bien plus haut que ses
besoins matériels immédiats. Jésus
avait oublié sa propre soif pour parler à cette femme, et lorsque celle-ci reçoit
enfin son message, elle considère tout autre chose que le train-train quotidien
de son existence: elle s’en va à la hâte annoncer à toute la ville la
nouvelle de cette rencontre unique. La
source d’eau jaillissant jusque dans la vie éternelle est déjà à
l’oeuvre en elle. Telle est la foi
ardente, amis auditeurs: elle court, elle se hâte, elle ne paresse pas, elle
veut impérieusement être partagée avec tous ceux qui se trouvent sur son
chemin. La Samaritaine ne se
contente pas d’appeler ses concitoyens à venir voir un prophète de Dieu qui
lui dit tout ce qu’elle a fait. Elle attribue à Jésus, en balbutiant, ce
titre de Messie qu’il a confirmé devant elle: Ne serait-il pas le Messie?
Même si le fait de le dire sous forme de question montre comme une hésitation
de sa part, on voit bien qu’elle a été remuée au plus profond d’elle-même.
Elle, femme tenue en bien piètre estime par les siens, ne craint pas de
susciter parmi eux l’espoir messianique ultime: le Messie est bel et bien
apparu au milieu d’eux. Et son témoignage,
porté par le Saint Esprit, amène les siens à aller voir par eux-mêmes: Ils
sortirent de la ville et vinrent vers lui.
Pendant
ce temps, continue l’évangéliste, les
disciples le priaient en disant: Rabbi, mange.
Mais il leur dit: j’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez
pas. Les disciples se disaient donc
les uns aux autres: Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger?
Jésus leur dit: Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui
m’a envoyé et d’accomplir son oeuvre. Jésus
avait oublié sa soif pour se concentrer sur sa mission: celle d’apporter
l’eau vive à une femme étrangère et sans apparat venue puiser de l’eau au
puits de Jacob; il oublie maintenant sa
faim car sa mission consiste à annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu
aux Samaritains de la ville de Sychar. Voilà
la nourriture qui est la sienne et il va poursuivre en utilisant une comparaison
propre à bien faire comprendre aux disciples ce dont il s’agit: