LA
FOI VICTORIEUSE DU DOUTE
L’un
des douze, Thomas, surnommé le Jumeau, n’était pas avec eux lors de la
venue de Jésus. Les autres
disciples lui dirent: “Nous
avons vu le Seigneur!” Mais
il leur répondit: “Si je ne
vois pas la marque des clous dans ses mains, si je ne mets pas mon doigt
à la place des clous, et si je ne mets pas la main dans son côté, je ne
croirai pas.” Huit jours
plus tard, les disciples étaient de nouveau réunis dans la maison.
Cette fois-ci, Thomas était avec eux.
Jésus vint, alors que les portes étaient fermées.
Il se tint au milieu d’eux et leur dit:
“Que la paix soit avec vous!”
Puis il dit à Thomas: “Porte
ton doigt ici, vois mes mains; avance ta main et mets-la dans mon côté.
Ne sois donc pas incrédule, mais crois.”
Thomas lui répondit: “Mon
Seigneur, et mon Dieu!” “Parce que tu m’as vu, tu crois!” lui dit
Jésus. “Heureux ceux qui
croiront sans avoir vu.”
Jésus
a accompli, sous les yeux de ses disciples, encore beaucoup d’autres
signes miraculeux qui n’ont pas été rapportés dans ce livre.
Mais ce qui s’y trouve a été écrit pour que vous croyiez que Jésus
est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous possédiez la vie
en son nom.”
Voyez-vous,
amis qui êtes à l’écoute, lorsque les disciples se sont rassemblés,
au premier soir de la semaine, et à nouveau une semaine plus tard, aucune
autre raison apparente n’était la cause de leur réunion que leur
association avec un certain Jésus de Nazareth.
Et pourtant nous lisons dans ce passage de la Bible qu’il n’y
avait pas entre eux d’unité de vues ou de perception sur la réalité
de ce Jésus. Même s’ils
l’avaient suivi depuis le début, à ce point particulier de leur vie
ils n’étaient pas d’accord sur la réalité de sa résurrection.
C’est ce qu’illustre parfaitement l’histoire de Thomas.
C’est pourquoi nous devrions aussi nous demander ce que nous
savons de Jésus-Christ, et comment nous le connaissons.
Comment pouvons-nous sérieusement avancer que nous connaissons
quelqu’un qui a vécu il y a deux mille ans?
Ne sommes-nous pas la proie d’une illusion collective en parlant
de sa résurrection, comme l’auraient été les premiers disciples?
Seule une vraie foi peut répondre de manière assurée à ces
questions. Encore faut-il nous
demander ce qu’est une vraie foi. On
pourrait dire qu’une vraie foi, entre autres nombreuses caractéristiques,
résiste victorieusement à toutes les tentatives de nous faire douter de
la réalité des promesses de Dieu. Le
catéchisme de Heidelberg, ce préceiux texte du temps de la Réforme, au
seizième siècle, répond ainsi à la question “qu’est-ce qu’une
vraie foi?”:
Ce
n’est pas seulement une connaissance certaine par laquelle je tiens pour
vrai tout ce que Dieu nous a révélé par sa Parole; mais c’est aussi
une confiance du coeur que l’Esprit Saint produit en moi par
l’Evangile et qui m’assure que ce n’est pas seulement aux autres
mais aussi à moi que Dieu accorde la rémission des péchés, la justice
et le bonheur éternels, et cela par pure grâce et par le seul mérite de
Jésus-Christ.
Une
vraie foi, chers amis, n’est pas quelque chose d’évident, et c’est
ce dont notre propre expérience témoigne.
La confrontation régulière de notre foi avec le doute ne nous est
pas inconnue. De plus,
beaucoup d’incroyants prétendent que la foi n’est pas un moyen de
connaître quoi que ce soit. Pour
eux, la foi n’est qu’un sentiment subjectif, une projection sublimée
de certaines attentes, projection que nous élevons au rang de certitude
par notre simple volonté de croire. La
foi est même, pour beaucoup, une manière d’échapper à la raison, une
sorte de béquille pour les faibles qui ont besoin d’être soutenus dans
le monde sans merci qui est le nôtre.
Alors, notre question initiale demeure actuelle:
que savons-nous de Jésus-Christ, et comment le connaissons-nous?
Méditons ensemble, si vous le voulez bien, l’histoire de la
rencontre de Jésus avec
Thomas pour trouver la réponse à notre question.
Beaucoup
d’entre nous aiment à identifier Thomas avec le disciple qui ne voulait
pas croire. Ceci est en partie
injuste, en ce sens que les autres disciples non plus ne voulaient pas
croire aux tous premiers rapports de la résurrection de Jésus, rapportés
par les femmes qui avaient vu le tombeau vide et auxquelles il avait parlé.
Quel valeur pouvait avoir
un tel témoignage, justement rapporté par des femmes.
Les femmes ne sont-elles pas crédules par nature, prêtes à gober
n’importe quelle histoire? Voilà
en gros quelle était l’attitude des disciples.
Mais même le témoignage des premiers hommes à avoir rencontré Jésus,
ne leur suffisait pas. Thomas,
quant à lui, arrive plus tard, trop tard peut-être.
Il a entendu ces rapports continuels concernant la résurrection de
Jésus, mais il n’arrive pas à dominer la résistance offerte par ses
sens. Il a besoin de voir,
davantage, de toucher. Car il
n’est pas impossible que Thomas veuille croire, qu’il désire intensément
croire. Après tout, quelle
raison aurait-il de se joindre aux autres disciples si tout espoir est
perdu, si l’aventure auprès de Jésus, cet être exceptionnel, est bien
terminée? Thomas doit être
en proie à une lutte intérieure intense.
Pour lui, comme pour tous les incroyants depuis deux mille ans, les
autres disciples ont été victimes d’une illusion collective.
Mais si, par hasard, ce n’était pas une illusion?
Alors Thomas pose des conditions catégoriques:
“Si je ne vois pas la
marque des clous dans ses mains, si je ne mets pas mon doigt à la place
des clous, et si je ne mets pas la main dans son côté, je ne croirai
pas.” Je ne croirai pas,
à moins que… Ce que Thomas
fait, c’est de vouloir forcer Jésus à lui apparaître, il veut forcer
le Maître à remplir les conditions posées par le disciple!
Et que croyez-vous que la réaction naturelle de Jésus devant de
telles exigences devrait être? Et
bien, le Seigneur ressuscité s’accommode des exigences de son disciple
incrédule. Qui plus est, il
le salue lui aussi avec ces mots: “La paix soit avec vous”. Thomas
voulait voir la marque des clous? “Vois
mes mains” lui dit-il. Thomas
voulait mettre sa main dans la blessure portée au côté de Jésus?
“Avance ta main et mets-là
dans mon côté”. La
paix promise, amis auditeurs, ne peut emplir ceux qui doutent.
Jacques, l’auteur d’une lettre qui fait partie du Nouveau
Testament, l’écrit sans ambiguité:
“Lorsque quelqu’un
demande [à Dieu], il faut qu’il demande avec foi, sans douter, car
celui qui doute ressemble aux vagues de la mer agitées et soulevées par
le vent. Qu’un tel homme ne
s’imagine pas obtenir quoi que ce soit du Seigneur.
C’est un indécis, qui est inconstant dans toutes ses
entreprises.” Le Christ
ressuscité a sauvé Thomas de cette indécision et inconstance, il lui a
donné la paix, de telle manière que Thomas, et après Thomas quiconque
croirait en lui, soit pénétré d’une assurance profondément enracinée
que les promesses de Dieu sont totalement accomplies en Jésus Christ.
Désormais, Thomas ne poserait plus aucune condition à sa foi, il
se soumettrait à celui qu’il appela justement:
“Mon Seigneur et mon Dieu”.
Le
chapitre 20 de l’Evangile selon Jean conclut sur ces paroles:
Ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le
Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom.”
Ce n’est naturellement pas par hasard que Jean écrivit ces mots
juste après avoir rapporté l’épisode sur lequel nous venons de méditer.
Car les dernières paroles de Jésus, au cours de cet épisode sont
les suivantes: “Parce
que tu m’as vu, tu crois! Heureux
ceux qui croiront sans avoir vu.”
Il est clair que cette promesse
nous est adressée, nous qui vivons deux mille ans après la résurrection,
nous qui n’avons pas vu de nos yeux, ni touché de nos doigts.
Alors comment connaissons-nous ces choses?
D’abord, nous les connaissons parce qu’elles ont été mises
par écrit à notre intention. Jean
ne les a pas rapportées comme un chroniqueur impartial, simplement parce
qu’il pensait qu’il serait intéressant de partager avec d’autres
l’histoire d’événements qui lui paraissaient dignes d’être
consignés par écrit. Non il
l’a fait en tant qu’évangéliste, en tant que personne profondément
concernée par le sort de chacun de ses lecteurs:
“Ces choses ont été écrites
afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et
qu’en croyant vous possédiez la vie en son nom.”
Voilà ce que je crois, voilà ce que l’Eglise du Christ
ressuscité croit. Nous ne
croyons pas simplement qu’un certain Jésus de Nazareth a été crucifié
par les Romains en Palestine il y a deux mille ans et qu’il est revenu
à la vie trois jours après, comme si quelque chose de mystérieux s’était
produit, sans plus. Non il y a
bien plus dans la vraie foi: “Ce
n’est pas seulement une connaissance certaine par laquelle je tiens pour
vrai tout ce que Dieu nous a révélé par sa Parole; mais c’est aussi
une confiance du coeur que l’Esprit Saint produit en moi par
l’Evangile et qui m’assure que ce n’est pas seulement aux autres
mais aussi à moi que Dieu accorde la rémission des péchés, la justice
et le bonheur éternels, et cela par pure grâce et par le seul mérite de
Jésus-Christ”. Comme le
souligne le catéchisme de Heidelberg, la signification de la mort et de
la résurrection de Jésus-Christ s’adresse à moi personnellement.
Christ est mort pour mes péchés, pas seulement pour ceux des
autres, exactement de la même façon qu’il est mort et ressuscité pour
Thomas, pas seulement pour les autres disciples.
Il s’est montré personnellement à Thomas.
Et il se manifeste à chacun de vous individuellement lorsque vous
lisez les paroles de Jean, qui ont été écrites afin que vous croyiez.
Car l’Esprit de Jésus-Christ est à l’oeuvre chaque fois que
ces paroles, ainsi que toutes les paroles contenues dans la Bible, sont
lues et entendues. Si donc
maintenant nous avons une connaissance et une conviction profonde, c’est
que l’Esprit du Christ est à l’oeuvre.
Tous les témoignages de la résurrection pourraient être en face
de nous, si l’Esprit de Dieu ne travaillait pas en nous, nous les rejèterions
tout comme les contemporains de Jésus. Alors, amis auditeurs, écoutons
une fois de plus avec joie la bénédiction qui nous est adressée par le
Christ ressuscité: “Parce
que tu m’as vu, tu crois!” lui dit Jésus.
“Heureux ceux qui croiront sans avoir vu.”
Les paroles rapportées par Jean l’évangéliste ne sont pas
trompeuses, car quiconque a persévéré dans la vraie foi a pu faire
l’expérience de cette bénédiction.
Ces mots ont été écrits pour vous et moi.
Oui, il y a deux mille ans le Christ vous a bénis, vous qui écoutez
avec foi ce message qui vous est retransmis pas la radio: Dieu vous a accordé la rémission des péchés, la justice et le
bonheur éternels, et cela par pure grâce et par le seul mérite de Jésus-Christ”.
Puissiez-vous vivre de cette assurance chaque jour de votre
vie, sans vous laisser envahir par le doute, et ce jusqu’à son retour
glorieux.