L’ÉVANGILE
SELON JEAN (26)
Lorsque nous lisons le chapitre sept de l’évangile
selon Jean, dans le Nouveau Testament, nous constatons que la tension monte
entre les chefs religieux juifs et Jésus-Christ, amis auditeurs.
La tension monte car deux conceptions radicalement opposées des oeuvres
qui plaisent à Dieu entrent en conflit: d’un côté les chefs juifs insistent
sur une obéissance du sabbat qui exclut toute possibilité d’opérer une guérison
ce jour-là, puisqu’on ne doit rien faire du tout si l’on veut obéir au
quatrième commandement, et de l’autre Jésus amène une vue totalement différente
qui fait du sabbat un moment de la présence divine apportant le réconfort et
la guérison. Suivons ensemble, si
vous le voulez bien, le texte du chapitre sept à partir du verset 19: Moïse
vous a donné la Loi, et pourtant, aucun de vous ne fait ce qu’elle ordonne!
Pourquoi cherchez-vous à me tuer?’
- ‘Tu as un démon en toi! lui cria la foule.
Qui est-ce qui veut te tuer?’ Jésus reprit la parole et leur dit:’
Il a suffi que je fasse une oeuvre pour que vous soyez tous dans l’étonnement.
Réfléchissez: Moïse vous a donné l’ordre de pratiquer la
circoncision, rite qui ne vient d’ailleurs pas de Moïse, mais des
patriarches. Or, cela ne vous dérange
pas de circoncire quelqu’un le jour du sabbat.
Eh bien, si on circoncit un garçon le jour du sabbat pour respecter la
Loi de Moïse, pourquoi donc vous indignez-vous contre moi parce que j’ai entièrement
guéri un homme le jour du sabbat?
Cessez donc de juger selon les apparences, et apprenez à porter des
jugements conformes à ce qui est juste.’
Continuons notre lecture
à partir du verset vingt-cinq: En le
voyant, quelques habitants de Jérusalem s’étonnaient: N’est-ce pas celui
qu’ils veulent faire mourir? Or,
le voilà qui parle librement en public et personne ne lui dit rien!
Est-ce que par hasard, nos autorités auraient reconnu qu’il est
vraiment le Christ? Pourtant, lui,
nous savons d’où il est; mais le Christ, quand il viendra, personne ne saura
d’où il est. Alors Jésus
intervint d’une voix forte, et on l’entendit dans toute la cour du Temple:
Vraiment! Vous me connaissez et vous
savez d’où je suis! Sachez-le, je
ne suis pas venu de ma propre initiative. C’est
celui qui est véridique qui m’a envoyé.
Vous ne le connaissez pas. Moi,
je le connais, car je viens d’auprès de lui, et c’est lui qui m’a envoyé.
Alors plusieurs essayèrent de l’arrêter, et pourtant personne ne mit
la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue.
Cependant, beaucoup de gens du peuple crurent en lui.
‘Quand le Christ viendra, disaient-ils, accomplira-t-il plus de signes
miraculeux que n’en a déjà fait cet homme-là? Ce qui se murmurait ainsi
dans la foule au sujet de Jésus parvint aux oreilles des pharisiens.
Alors les chefs des prêtres et les pharisiens envoyèrent des gardes
pour procéder à son arrestation.
Notons d’abord, amis
auditeurs, que certains habitants de Jérusalem sont bien au courant du projet
de faire mettre à mort Jésus. Ce
n’est donc pas qu’il souffre d’un complexe de persécution en le disant
lui-même, ou, pire encore, qu’il a un démon en lui, comme l’affirmait un
peu plus tôt une autre partie de la foule.
Ce qui trouble beaucoup de gens, c’est que d’après ce qu’ils
comprenaient des écrits des prophètes, le Messie aurait une origine inconnue.
Or voilà que ce Jésus qui s’adressait à eux avait une histoire qui
leur était connue, ou du moins
c’est ce qu’ils pensaient: il était là en chair devant eux, on savait où
il avait été élevé, à Nazareth, ville de Galilée, une région qui
d’ailleurs n’inspirait pas au peuple le plus grand respect.
Vous vous souvenez sans doute, amis auditeurs, de la remarque de Nathanaël
au premier chapitre de l’évangile de Jean: Peut-il
venir de Nazareth quelque chose de bon?
Mais ces gens ignoraient (ou probablement cherchaient délibérément à
ignorer) ce que dit l’Ecriture à maintes reprises sur le Messie à venir:
qu’il serait un descendant de David, et même qu’il naîtrait à Bethléhem.
Rappelez-vous de la prophétie de Michée, au chapitre cinq: Et
toi, Bethléhem Ephrata, toi qui es petite parmi les milliers de Juda, de toi
sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël et dont l’origine remonte au
lointain passé, aux jours d’éternité. Alors
Jésus leur réplique d’une voix forte qu’ils le connaissent bien: Vraiment!
Vous me connaissez et vous savez d’où je suis!
Comment comprendre cette
réponse? D’un côté chacun sait
que Jésus est un descendant de David, et à ce titre il répond à au moins un
critère concernant le Messie. Mais
d’un autre côté la foule refuse de croire en celui qui l’a envoyé, le Père
céleste. Alors qu’elle pense
savoir d’où Jésus vient, elle n’en a en fait aucune idée, ou plutôt,
elle ne veut rien savoir à ce sujet et fait semblant de ne pas comprendre, par
dureté de coeur plus que par réelle ignorance.
Les signes qu’il a accomplis ne parlent-ils pas d’eux-mêmes?
Sachez-le, je ne suis pas venu de ma propre initiative, dit-il.
C’est celui qui est véridique qui m’a envoyé.
Vous ne le connaissez pas. Moi,
je le connais, car je viens d’auprès de lui, et c’est lui qui m’a envoyé.
Au delà de Nazareth, de Bethléhem, du roi David, l’origine de Jésus-Christ
est en Dieu lui-même. Au fond, le
rejet de Jésus comme Messie, c’est le rejet du médiateur, celui qui devait
adopter une chair semblable à la nôtre, hormis le péché.
Si l’on méprise ou rejette Jésus à cause de son apparence humaine
sans éclat, à cause du fait qu’il est bien né et a grandi quelque part, on
rejette le Sauveur qui a revêtu notre condition misérable justement pour nous
en délivrer. C’est ce que fait
ici la foule. Et pourtant, le fait
qu’on cherche à mettre la main sur lui à ce moment-là, indique bien que
personne n’était dupe. Jésus
faisait bien appel à sa filiation divine unique.
Pourtant, nous dit l’évangéliste, personne
ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue.
Le Père céleste est en contrôle de toutes choses, il ne permettra
pas que son Fils soit arrêté avant que l’heure soit venue.
La puissance du témoignage de Jésus est cependant telle que plusieurs
se mettent à croire qu’il est bien le Messie promis.
Ce qui ne fait qu’attiser davantage la fureur des chefs religieux du
peuple. Sans doute le fait que
plusieurs aient cru, sur la base des signes miraculeux qu’il avait opérés,
suffisait à rendre inexcusable le reste de la foule.
Mais disons aussi que cette foi d’un grand nombre était encore bien
vacillante et mal établie: car elle ne reposait encore que sur la base des
signes miraculeux, et non sur l’enseignement de Jésus.