L’ÉVANGILE SELON JEAN (27)

Amis auditeurs, peu à peu nous nous acheminons vers la fin du chapitre sept de l’évangile selon Jean, sur lequel nous avons médité lors de nos précédentes émissions.  Je poursuis aujourd’hui ma lecture avec vous, à partir du verset trente-trois: Jésus déclara: Je suis encore pour un peu de temps parmi vous.  Ensuite, je retournerai auprès  de celui qui m’a envoyé.  Vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas; et vous ne pouvez pas aller là où je serai.  Sur quoi, ses auditeurs se demandèrent entre eux: Où va-t-il aller pour que nous ne le trouvions pas?  Aurait-il l’intention de se rendre chez les Juifs dispersés parmi les non-Juifs?  Voudrait-il peut-être même apporter son enseignement aux non-Juifs?  Que peut-il bien vouloir dire quand il déclare: “Vous me chercherez et vous ne me trouverez pas, et vous ne pouvez pas aller là où je serai?  Rappelez-vous, amis auditeurs, qu’à la suite des derniers propos de Jésus sur Celui qui l’a envoyé, les chefs du peuple, eux, avaient envoyé des gardes pour l’arrêter.  Mais, nous rapporte l’évangéliste Jean, ils ne mirent pas la main sur lui car son heure n’était pas encore venue.  Et c’est ce qu’il souligne ici à l’intention de tous: il est encore pour un peu de temps parmi eux.  Ils l’entendront enseigner, puis, quand son heure sera venue, il retournera auprès de celui qui l’a envoyé.  Toutes les manoeuvres contre lui, tous ces efforts pour le faire mourir n’empêcheront pas qu’il n’y retourne, lorsque son heure sera venue.  Et là où il ira, personne ne pourra le suivre.  Dieu reste en contrôle de son plan de salut par son Fils bien-aimé.  Ses auditeurs, eux, ne comprennent pas.  Aurait-il l’intention d’aller auprès de la diaspora des Juifs dispersés autour du bassin méditerranéen?  Il ne leur vient bien sûr pas à l’idée que Jésus parle de retourner auprès de celui qui l’a envoyé.  Certes, après sa résurrection, Jésus enverra ses disciples auprès des Juifs résidant en dehors de la Palestine, et, de manière plus large encore, vers toutes les nations de la terre.  Mais il s’agit de bien autre chose ici. 

Poursuivons notre lecture: Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus debout s’écria: Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive.  Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture.  Il dit cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l’Esprit n’était pas encore donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié.  Jésus, sachant fort bien que les gardes envoyés par les chefs du peuple juif sont là pour l’arrêter, ne se désiste pas, n’abandonne pas sa mission. Au contraire, avec un courage renouvelé, il parle ouvertement afin que tout le monde l’entende.  Il sait que son heure n’est pas encore arrivée, et que son ferme soutien lui vient de son Père céleste.  Quant à son injonction, cet appel à venir à lui, il s’adresse à tous ceux qui non seulement ont soif d’une eau qui désaltère parfaitement, mais savent qu’aucune fontaine humaine ne pourra jamais les désaltérer.  Vous vous souvenez sans doute, amis auditeurs, de la conversation entre Jésus et la femme samaritaine, près du puits de Sychar, au chapitre quatre de notre évangile.  Il lui avait dit: Quiconque boit de cette aura encore soif; mais celui qui boira de l’eau  que je lui donnerai, n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.  Nous avons ici une parole très proche de celle-là.  Or, venir à lui signifie non pas marcher avec ses pieds vers lui, mais croire en lui.  Et voilà comment une soif brûlante qui n’a aucun moyen d’être étanchée peut se transformer en un jet d’eau provenant de l’intérieur du croyant.  Non pas que la recherche de la personne de Jésus provoque en soi cette fontaine inépuisable: c’est Jésus-Christ lui-même, habitant dans le coeur et les pensées des croyants, s’en rendant le maître incontesté, qui devient cette fontaine vivifiante.  Mais que signifie donc cette eau?  Elle correspond aux bien spirituels des croyants, ceux attribués par l’Esprit du Christ, le Saint Esprit.  Leur abondance est telle que Jésus ne parle pas d’un simple fleuve d’eau vive, au singulier, mais de fleuves d’eau vive, au pluriel.  Quelle promesse, amis auditeurs! Elle repose d’ailleurs sur ce que dit l’Ecriture, dans plusieurs passages des prophètes: ainsi, au chapitre quarante-sept du livre d’Ezéchiel, un torrent sort du temple.  Le prophète Joël, lui, déclare, au chapitre quatre: En ce jour-là, le jus de raisin ruissellera des montagnes, le lait coulera des collines, les eaux couleront dans tous les torrents de Juda; une source sortira aussi de la Maison de l’Eternel.  Lisons encore le passage suivant, tiré du prophète Zacharie, au chapitre quatorze: Alors, en ce jour-là, des eaux vives sortiront de Jérusalem et couleront moitié vers la mer orientale, moitié vers l’autre mer; il en sera ainsi hiver comme été.  En fin de compte, le Temple final et indestructible de Dieu, c’est la personne de son Fils Jésus-Christ.  C’est bien ce que lui même déclarait de sa personne au chapitre deux de notre évangile.  Rappelez-vous: Les Juifs prirent la parole et lui dirent: Quel miracle nous montres-tu pour agir de la sorte?  Jésus répondit: Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai.  Les Juifs dirent: Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras!  Mais il parlait du temple de son corps.  Quand il fut ressuscité d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela et crurent à l’Ecriture et à la parole que Jésus avait dite.  C’est en effet après la résurrection de Jésus que ses disciples ont commencé à comprendre toutes la portée de ses paroles, qui leur était restée voilée jusque là.  C’est avec l’effusion du Saint Esprit, lors de la fête de la Pentecôte, que tout s’est éclairé.  Voilà pourquoi le passage qui nous occupe est une promesse concernant la venue du Saint Esprit: Il dit cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l’Esprit n’était pas encore donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié.  Même si le Saint Esprit est éternel, ce que l’évangile nous dit ici, c’est que tant que Jésus vivait sur terre comme un serviteur sans apparence, tant qu’il exerçait son ministère auprès des siens, le Saint Esprit n’avait pas encore été pleinement manifesté.  Certes les disciples en avaient déjà reçu les prémices: comment auraient-ils cru autrement?  Mais à la Pentecôte, intervenue après que Jésus soit ressuscité des morts et qu’il soit monté au ciel, glorifié auprès des siens donc, le Saint Esprit serait envoyé pour gouverner son Eglise, pour rappeler aux disciples de chaque époque et en chaque lieu les paroles du Sauveur, pour les graver dans leur coeur et leurs pensées.

Poursuivons notre lecture à partir du verset 40: Des gens de la foule, après avoir entendu ces paroles, disaient: Celui-ci est vraiment le prophète.  D’autres disaient: Celui-ci est le Christ.  Et d’autres disaient: Est-ce bien de la Galilée  que doit venir le Christ?  L’Ecriture ne dit-elle pas que c’est de la descendance de David et du village de Bethléhem, d’où était David, que le Christ doit venir?  Il y eut donc, à cause de lui, division parmi la foule.  Quelques uns d’entre eux voulaient l’arrêter, mais personne ne porta la main sur lui.  Les gardes retournèrent vers les principaux sacrificateurs et les pharisiens qui leur dirent: Pourquoi ne l’avez-vous pas amené?  Les gardes répondirent: jamais homme n’a parlé comme parle cet homme.  Les Pharisiens leur répliquèrent: Est-ce que vous aussi vous avez été séduits?  Y a-t-il quelqu’un des chefs ou des Pharisiens qui ait cru en lui?  Mais cette foule qui ne connaît pas la loi, ce sont des maudits!  Nicodème, qui était venu précédemment vers Jésus et qui était l’un d’entre eux, leur dit: Notre loi juge-telle un homme avant qu’on l’ait entendu et qu’on sache ce qu’il a fait?  Ils lui répondirent: Serais-tu, toi aussi, de la Galilée?  Cherche bien, et tu verras que de la Galilée il ne sort pas de prophète.  Et chacun s’en alla dans sa maison.

Notons simplement quelques aspects de ce passage, amis auditeurs: de nouveau la foule est divisée au sujet de Jésus.  Un fait le concernant est connu: il a grandi à Nazareth , en Galilée, et l’Ecriture ne dit pas que de Galilée sortira un prophète, encore moins le Messie.  Et puis, l’heure de Jésus n’est pas encore venue: les gardes envoyés pour l’arrêter n’osent pas mettre la main sur lui. En fait ils sont grandement impressionnés par ses paroles, même si on ne peut dire qu’ils croient en lui.  Ils se font tancer par les chefs du peuple, extrêmement irrités, et qui voient bien que la foule semble sur le point de mettre sa foi en ce Jésus.  Cette foule maudite, que sait-elle, que comprend-elle?  Y a-t-il un seul pharisien ou sacrificateur qui ait cru en Jésus?  Eh bien oui, il y en a au moins un, ce Nicodème dont nous avons fait la connaissance au chapitre trois.  Son opposition à la majorité des chefs du peuple le met d’ailleurs en bien mauvaise posture vis-à-vis d’eux.  Il se voit mis au rang des ignorants, de ceux qui ne connaissent pas l’Ecriture.  Mais, puisque l’heure de Jésus n’est pas encore venue, chacun s’en va finalement dans sa maison.  La tentative d’arrestation de Jésus a pour cette fois échoué.

La prochaine fois, amis auditeurs, nous entamerons ensemble la lecture du chapitre huit de l’évangile selon Jean.