L’ÉGLISE EN MISSION (1)

“Foi et Vie Réformées” vous propose de méditer, aujourd’hui et la fois prochaine, sur la signification de la mission de l’Église, à la lumière d’un passage fondamental du Nouveau Testament, la fin de l’Évangile selon Matthieu, au chapitre 28, les versets 16 à 20 que nous lisons ensemble. L’épisode narré se situe après la résurrection de Jésus-Christ: “Les onze disciples allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus avait désignée. Quand ils le virent, ils l’adorèrent. Mais quelques uns eurent des doutes. Jésus s’approcha et leur parla ainsi: Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Donc allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.”

Amis auditeurs, pouvez-vous imaginer un changement de situation plus abrupt et plus radical que celui auquel durent faire face les onze disciples, au moment de la résurrection de Jésus? Celui qui, quelques heures plus tôt, était crucifié sur une croix, méprisé, abandonné de tous, vient vers eux après sa victoire sur la mort, pour proclamer sa souveraineté sur toutes choses, que ce soit dans les cieux ou sur la terre. Serons-nous surpris de lire que quelques uns des disciples eurent des doutes, comme Matthieu le rapporte? Et pourtant, les onze sont là, ceux que Jésus Lui-même appelle “mes frères”. Par deux fois les femmes, premiers témoins de la résurrection, ont reçu l’ordre de dire aux disciples d’aller le rejoindre en Galilée, sur une certaine montagne où il les rencontrerait. “Conférence au sommet” s’il en fût… Pour les onze, il ne s’agit pas du tout d’une réunion d’anciens élèves, remplie de la nostalgie du bon vieux temps! Durant cet événement crucial, qui marquera leur vie de disciples pour toujours, Jésus-Christ proclame qu’une ère nouvelle dans l’histoire du monde a commencé. Une ère durant laquelle Son autorité, Sa souveraineté sur toutes choses devront être proclamées et le seront, tout simplement parce qu’Il détient aussi une autorité entière sur cette proclamation. Rien n’empêchera cette proclamation de progresser, simplement parce qu’elle est enracinée dans la dynamique irrépressible de la résurrection même de Jésus.

Et depuis, amis auditeurs, la véritable Église de Jésus-Christ a compris ce mandat comme sa raison d’être. A travers les âges, à travers les époques de prospérité et de persécution, l’Église, le vrai corps spirituel du Christ ressuscité, a été animée, ravivée, poussée par le Saint Esprit pour cette proclamation nécessaire. Le cri de ralliement de l’Église primitive était “Iesous Kurios”, ce qui, en Grec, veut dire “Jésus est Seigneur”.

Cependant, il n’est peut être pas toujours clair pour chacun de nous quelle est la relation entre d’une part l’autorité proclamée du Christ dans les cieux et sur la terre, et d’autre part l’Église et la mission. Le texte que nous avons lu ensemble nous invite à explorer cette relation en soumission à l’Esprit de Dieu, car seul l’Esprit Saint enseigne aux élus les voies de Dieu en ce qui concerne Son plan pour le monde. Nous pouvons résumer cette relation de la manière qui suit: Le Seigneur de toutes choses confie à Son Église la mission de proclamer sa souveraineté universelle.

Voyons d’abord quelle est l’étendue de cette souveraineté. Vous vous souvenez sans doute que le contenu de la prédication de Jésus, dès le début, avait été “le royaume des cieux”, “la bonne nouvelle du royaume”. Dans Matthieu 4, verset 17, nous lisons: “Dès lors Jésus commença à prêcher et à dire: “Repentez-vous car le royaume des cieux est proche.” Et un peu plus loin, au verset 23, nous lisons à nouveau: “Jésus parcourait toute la Galilée, il enseignait dans les synagogues, prêchait la bonne nouvelle du royaume, et guérissait toute maladie et toute infirmité parmi le peuple.” Marc, quant à lui, note la réaction des gens qui furent les témoins de cet enseignement (chapitre 1 verset 27): “Tous furent saisis de stupeur, de sorte qu’ils se demandaient les uns aux autres: Qu’est-ce que ceci? Une nouvelle doctrine donnée avec autorité! Il commande même aux esprits impurs et ils lui obéissent.” Jésus manifesta son autorité dès le début de son ministère, il ne laissa aucun doute sur qui détient l’autorité, même sur les démons. Cependant, à la veille de son départ de la terre, Jésus souligne cette autorité devant ses frères, et en fait le thème même de la proclamation à venir. Il est le Roi du Royaume, Il a reçu des mains du Père le pouvoir de régner, la seigneurie sur toutes choses. Sa victoire sur la puissance de la mort à confirmé sa royauté. Et cette royauté est permanente, rien ni personne ne saurait la lui reprendre. Cela, amis auditeurs, c’est l’Évangile, la Bonne Nouvelle: Christ règne à jamais!

Et puis vient ce qu’on appelle généralement la Grande Commission, c’est-à-dire l’ordre missionnaireque l’Église comprend comme étant le mandat qui lui est confié par Christ d’aller vers toutes les nations et de faire d’elles des disciples. C’est notre second point, que nous pouvons résumer de la façon suivante: l’Église en mission est née de cette autorité, et en dérive son mandat.

La Grande Commission est souvent comprise comme l’ordre fondateur d’une activité importante de l’Église, mais une activité parmi bien d’autres. Cependant, le texte avec lequel nous avons commencé notre méditation, nous apprend bien autre chose: nous n’avons ici rien de moins que la déclaration fondatrice de l’Église de la Nouvelle Alliance, avec ses vraies marques. C’est pourquoi nous devrions considérer la Grande Commission, l’ordre missionnaire, comme faisant intégralement partie de cette déclaration fondatrice de l’Église. Nous ne devrions en aucun cas comprendre l’ordre missionnaire comme une activité parallèle ou consécutive de l’Église! Nous avons vu qu’au début de son ministère, Jésus annoncçait la venue du Royaume de Dieu. Par et après sa résurrection, il confirme Sa royauté sur ce royaume. Et voilà que Jésus souligne qu’Il donne l’ordre missionnaire à ses disciples sur la base de Sa royauté: “Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Donc, allez et faites de toutes les nations des disciples”. En d’autres termes, c’est justement parce que toute autorité, tout pouvoir Lui a été donné, que ses disciples reçoivent l’ordre d’aller et de faire des disciples. D’un côté nous avons la déclaration de ce qui est un fait, une donnée: “Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre.” On pourrait appeler cela l’ “indicatif” de Dieu. De l’autre côté vient le commandement d’aller et de faire des disciples, ce que nous pourrions apperler l’ “impératif” de Dieu. Mais ce commandement, cet impératif de la mission divine n’est pas une simple option. Il est enraciné dans l’indicatif de “tout pouvoir m’a été donné.” Ne pas obéir au commandement d’aller et de faire de toutes les nations des disciples, c’est tout simplement nier que tout pouvoir a été donné à Jésus-Christ! Mais une dynamique irrépressible est contenue dans l’indicatif de la royauté universelle de Christ. Est-il étrange que cette dynamique s’exprime dans le commandement du Seigneur d’aller partout et de faire des disciples qui reconnaîtront cette souveraineté universelle? En fait, Jésus insiste sur ce fait en envoyant ses disciples vers toutes les nations, pas vers quelques unes seulement, et ce justement parce que son autorité est universelle et doit être reconnue comme telle. Et lorsqu’un peu plus tard Jésus monte aux cieux, il prouve une fois de plus la dimension universelle de cette autorité sur toutes les nations. Désormais Christ règne depuis le ciel sur l’univers tout entier. Après son Ascension, nous comprenons finalement la signification profonde de ce qui est écrit au Psaume 2: “Je publierai le décret de l’Éternel; Il m’a dit: Tu es mon Fils! C’est moi qui t’ai engendré aujourd’hui. Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage, et pour possession les extrémités de la terre; Tu les briseras avec un sceptre de fer. Comme le vase d’un potier, tu les mettras en pièces.”

Nous verrons ensemble lors de notre prochaine émission quelles conséquences nous pouvons tirer de cet enseignement aussi bien en ce qui concerne la nature de l’Église, qu’en ce qui concerne la nature et le contenu de sa mission.