JÉSUS ET LES PÉLERINS D’EMMAUS (2)

Amis auditeurs, j’ai commencé avec vous à méditer sur le récit de la rencontre de Jésus avec les pélerins d’Emmaüs le jour même de sa résurrection, récit que nous trouvons au chapire 24 de l’évangile selon Luc.  Pour bien nous remémorer ce récit, je vous propose de le relire ensemble:   Le même jour deux disciples se rendaient à un village nommé Emmaüs, à une douzaine de kilomètres de Jérusalem.  Ils s’entretenaient de tous ces événements.  Pendant qu’ils échangeaient ainsi leurs propos et leurs réflexions, Jésus lui-même s’approcha d’eux et les accompagna.  Mais leurs yeux étaient privés du pouvoir de le reconnaître.  Il leur dit : ‘De quoi discutez-vous en marchant?’  Ils s’arrêtèrent, l’air attristé.  L’un d’eux, nommé Cléopas, lui répondit: ‘Es-tu le seul parmi ceux qui séjournent à Jérusalem qui ne sache pas ce qui s’y est passé ces jours-ci? – Quoi donc? leur demanda-t-il. – Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth.  C’était un prophète qui agissait et parlait avec puissance, devant Dieu et devant tout le peuple.  Nos chefs des prêtres et nos dirigeants l’ont livré aux Romains pour le faire condamner à mort et clouer sur une croix.  Nous avions espéré qu’il était celui qui devait délivrer Israël.  Mais hélas!  Voilà trois jours que tout cela est arrivé.  Il est vrai que quelques femmes de notre groupe nous ont fort étonnés.  Elles sont allées au tombeau très tôt ce matin mais elles n’ont pas trouvé son corps et sont venues raconter qu’elles ont vu apparaître des anges qui leur ont assuré qu’il est vivant.  Là-dessus, quelques uns de ceux qui étaient avec nous se sont aussi rendus au tombeau; ils ont bien trouvé les choses telles que les femmes les ont décrites; mais lui, ils ne l’ont pas vu.’  Alors Jésus leur dit: ‘Ah! Hommes sans intelligence!  Vous êtes bien lents à croire tout ce que les prophètes ont annoncé.  Le Christ ne devait-il pas souffrir toutes ces choses avant d’entrer dans sa gloire? Alors, commençant par les livres de Moïse et parcourant tous ceux des prophètes, Jésus leur expliqua ce qui se rapportait à lui dans toutes les Ecritures.  Entre-temps, ils arrivèrent près du village où ils se rendaient.  Jésus sembla vouloir continuer sa route.  Mais ils le retinrent avec une vive insistance en disant: Reste donc avec nous; tu vois, le jour baisse et le soir approche.  Alors il entra dans la maison pour rester avec eux.  Il se mit à table avec eux, prit le pain, et, après avoir prononcé la prière de bénédiction, il le partagea et le leur donna.  Alors leurs yeux s’ouvrirent  et ils le reconnurent... mais, déjà, il avait disparu.  Et ils se dirent l’un à l’autre: ‘N’avons-nous pas senti comme un feu dans notre coeur pendant qu’il nous parlait  en chemin et qu’il nous expliquait les Ecritures?’  Ils se levèrent sur l’heure et retournèrent à Jérusalem.  Ils y trouvèrent les onze disciples réunis avec leurs compagnons.  Tous les accueillirent par ces paroles: ‘Le Seigneur est réellement ressuscité, il s’est montré à Simon.’  Alors les deux disciples racontèrent à leur tour ce qui leur était arrivé en chemin et comment ils avaient reconnu Jésus au moment où il avait partagé le pain. 

La dernière fois j’ai insisté, à la lumière de notre texte,  sur le fait que la personne de Jésus-Christ ne peut être connue si son oeuvre n’est pas comprise correctement, et son oeuvre ne peut être comprise  que lorsqu’il en explique lui-même la signification.  Lui seul a autorité pour ce faire, et ne pas se soumettre à cette autorité, c’est déformer le sens de l’Évangile. Avez-vous remarqué, amis auditeurs, comment les deux disciples parlent de lui après que Jésus leur ait à nouveau demandé quel est l’objet de leur discussion?  Ils parlent de  ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth.  Lorsque Jésus leur répond à son tour, il parle du Christ: Le Christ ne devait-il pas souffrir toutes ces choses avant d’entrer dans sa gloire?  Ce Jésus de Nazareth est justement le Christ, le Messie de Dieu  promis dans tout l’Ancien Testament, dont l’Ecriture témoigne constamment.  C’est là que se trouve le coeur de la Révélation, de l’instruction théologique  que reçoivent et doivent croire ces deux disciples, et nous avec eux aujourd’hui.  Sur un plan purement journalistique les pélerins d’Emmaüs n’avaient pas tort dans le rapport qu’ils faisaient devant l’inconnu qui les accompagnait:  l’espoir mis en cet homme exceptionnel, puissant en paroles et en actes devant Dieu et devant tout le peuple; comment les chefs des prêtres et les dirigeants du peuple l’ont livré pour être crucifié; comment quelques femmes de leur cercle les ont choqués lorsqu’elles sont venues rapporter que son corps n’était plus dans la tombe; et même comment des anges leurs sont apparus.  Tout cela est vrai et un journal, s’il y en avait eu à l’époque, aurait pu le rapporter.  Cependant, si l’on ne saisit pas que cela faisait partie du plan divin annoncé auparavant par l’Ecriture, si l’on ne comprend pas la signification du mot “Christ” - Messie - à la lumière de la Révélation, si l’on ne voit pas la nécessité de la Croix avant l’entrée du Christ dans sa gloire, il n’y a qu’un manque d’intelligence spirituelle et une coupable lenteur à croire.  Comme l’écrit un commentateur de l’évangile de Luc: Ce qui est arrivé à Jésus ne peut se comprendre qu’à la lumière de l’Ecriture; mais l’Ecriture, elle, ne peut être comprise qu’à la lumière de ce qui est arrivé à Jésus.  Pour les pélerins d’Emmaüs, Jésus de Nazareth, ce prophète puissant en paroles et en oeuvres, n’était pas encore le Christ de l’Écriture!

Le point central autour duquel tout tourne, amis auditeurs, c’est la Croix.  De manière étonnante, la Croix, le coeur même de l’Évangile, est la plus grosse pierre d’achoppement pour les disciples, un événement scandaleux qui n’a pas de sens.  Jésus aurait-il auparavant placé ses disciples sous une fausse impression à cet égard?  Pas le moins du monde.  On trouve dans l’évangile un grand nombre de paroles prononcées par lui qui prouvent justement le contraire, par exemple au chapitre neuf: Alors que chacun s’émerveillait encore de tout ce que faisait Jésus, il dit à ses disciples: Retenez bien ce que je vais vous dire maintenant: le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes.  Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole.  Son sens leur était caché pour qu’ils ne la saisissent pas.  Et ils avaient peur de demander des explications à Jésus.  Amis auditeurs,  cela ne leur était pas révélé, la signification de ces paroles leur était cachée dès le moment où Jésus avait commencé de leur parler à ce sujet, peu avant qu’il se mette en route pour Jérusalem afin d’accomplir la mission pour laquelle il était venu.  Déjà à ce moment les yeux des disciples étaient privés du pouvoir de le reconnaître. 

Il y a là un mystère, n’est-il pas vrai?  Jésus parle clairement à ses disciples de ce qui va lui arriver, mais ils n’en comprennent pas la signification.  Pourquoi?  Peut-être est-ce parce que personne ne peut saisir l’étendue du péché humain, et combien cher est le prix à payer pour son expiation, avant d’avoir été confronté à la Croix du Christ.  Les disciples rêvent d’un Messie qui viendra rétablir la gloire du règne du roi Salomon.  Ils ne reconnaissent pas leur condition radicale de pécheurs perdus.  Il y a bien l’attente d’un Messie, mais pas celle de l’expiation nécessaire pour le péché du monde.  La condition misérable de l’homme, amis auditeurs, commence bien là: c’est de ne pas comprendre combien grande est l’étendue de nos propres péchés, car Satan, qui se déguise en ange de lumière, le rend aveugle à cet égard; il enveloppe de ténèbres son coeur et son esprit de façon à ce que l’homme pèche toujours davantage, et souffre toujours davantage des conséquences de ses fautes, mais sans se rendre compte de l’origine de cette souffrance.  Voilà pourquoi Jésus peut bien dire aux pélerins d’Emmaüs qu’ils manquent d’intelligence et sont bien lents à croire... Pensaient-ils peut-être qu’après la venue du Messie il serait encore nécessaire d’offrir des sacrifices dans le Temple de l’Eternel?  Que les prescriptions du livre du Lévitique concernant ces sacrifices devraient être maintenues à toujours?  Voyez-vous, l’accomplissement du plan de Dieu devait d’abord prendre place avant que la pleine signification en soit saisie par ceux à qui Dieu a décidé de la révéler.  La restauration et la purification de la Création devaient commencer par le sang versé de l’agneau parfait de Dieu, avant que le peuple de Dieu entre dans une nouvelle vie.  La vie nouvelle commence justement lorsque l’on comprend au plus profond ce que le Christ a accompli pour nous.  De même que personne d’autre que le Christ ne pouvait accomplir cette oeuvre, personne ne peut la comprendre avant que celui qui l’a accomplie ne purifie et ne restaure notre coeur.  Et c’est précisément ce qui s’est passé avec les pélerins d’Emmaüs: avec cet enseignement divin, leur coeur et leur esprit  sont renouvelés et purifiés par Christ dans la connaissance  de l’oeuvre de salut accomplie par le même Christ.  Christ, la Parole faite chair, leur parle et vient habiter dans leur coeur  par sa Parole éternelle qui apporte la lumière et donne sens à toutes choses, qui éloigne d’eux les ténèbres: par son Esprit, il devient une Parole vivante en eux.  Voilà pourquoi leur coeur brûle de la connaissance de Jésus-Christ.  Après l’avoir reconnu, ils se sont dit l’un à l’autre: N’avons-nous pas senti comme un feu dans notre coeur pendant qu’il nous parlait  en chemin et qu’il nous expliquait les Ecritures? 

Amis auditeurs, nous poursuivrons et concluerons notre méditation sur ce passage de l’évangile selon Luc lors de notre prochaine émission, en commençant par nous demander pourquoi les disciples n’ont reconnu Jésus qu’après qu’il ait prié et rompu le pain en le leur donnant.  Je vous invite donc à rester à l’écoute de notre prochaine émission.