CHRIST
L’ALPHA ET L’OMEGA (2)
Aujourd’hui,
amis qui êtes à l’écoute, nous poursuivons ensemble une méditation sur le
premier chapitre de la lettre de Paul aux Colossiens, dans le Nouveau Testament,
à la lumière du remarquable commentaire qu’en a donné dans ses écrits le réformateur
du 16e siècle Jean Calvin. Lors de
notre dernière émission j’ai insisté sur ce motif de la Réforme qui
transparaît si fortement dans le commentaire de Calvin sur les paroles de
l’apôtre Paul: Par Christ seulement.
Les chrétiens n’ont-ils pas parfois honte de proclamer haut et
Et
Calvin continue son commentaire sur les paroles suivantes de l’apôtre Paul:
“…qui nous a délivrés de la
puissance des ténèbres…”: Voici
le commencement de notre salut, quand Dieu nous délivre du fond de la ruine
dans laquelle nous sommes plongés. Car
là où sa grâce manque, il n’y a
que ténèbres, comme dit Esaïe: “ Voici, les ténèbres couvriront la terre,
et l’obscurité couvrira les peuples; mais le Seigneur se lèvera sur toi, et
sa gloire sera vue de toi.” Premièrement,
nous-mêmes sommes appelés ténèbres, puis le monde entier, et Satan, le
prince des ténèbres, sous la tyrannie duquel nous sommes détenus captifs,
jusqu’à ce que nous soyons délivrés et affranchis par la puissance du
Christ. Recueillons de ceci que le
monde entier, avec toute sa sagesse et justice fardées, n’est estimé autre
chose devant Dieu que ténèbres, parce que hors le royaume de Christ il n’y a
point de lumière.
Ensuite
Calvin aborde les paroles: “Et nous a
transportés au royaume du fils de sa dilection.”
Ce sont déjà les commencements de notre béatitude, quand nous sommes
transportés au royaume du Christ, d’autant que nous passons de la mort à la
vie. Saint Paul attribue ceci aussi
à la grâce de Dieu, afin que nul ne pense pouvoir obtenir un si grand bien par
son propre effort. Comme donc notre
délivrance de la servitude du péché et de la mort est l’oeuvre de Dieu,
ainsi autant en faut-il dire de ce que nous passons dans le royaume du Christ.
Il appelle Jésus-Christ Fils de dilection,
ou le Fils très cher du Père, parce
que c’est lui seul en qui le Père a pris tout son bon plaisir, comme il est
dit dans l’évangile selon Matthieu,
et par lequel tous les autres sont aimés. Car
il faut que nous tenions pour tout certain que nous ne sommes pas agréables à
Dieu autrement que par Christ. Il ne
faut pas douter que Paul veuille tacitement noter la séparation mortelle que
les hommes ont d’avec Dieu, jusqu’à ce que la dilection apparaisse en la
personne du Médiateur.
Amis
auditeurs, comme le souligne abondamment Calvin, notre rédemption est en
Christ, et s’exprime dans le pardon de nos fautes, mais qui exactement est
notre Sauveur? Quelle est son
identité? Paul doit expliquer à
ses lecteurs, lesquels étaient captifs d’une croyance en toutes sortes
d’autres médiateurs secondaires, pourquoi ils se trompent, pourquoi ils
mettent leur confiance dans des créatures qui ne peuvent pas être des médiateurs,
même si ce sont des créatures célestes. Dieu
s’est parfaitement fait connaître à nous en Jésus-Christ, c’est la raison
pour laquelle Christ est appelé l’image du Dieu invisible.
Le Fils bien-aimé de Dieu est celui en qui nous avons la rédemption, le
pardon des péchés, écrit Paul. Calvin
commente comme suit: Maintenant, Paul
continue de montrer par ordre que toutes les parties de notre salut sont
contenues en Christ, et que lui seul doit être apparent et en vue par-dessus
toutes les créatures, parce qu’il est le commencement et la fin de toutes
choses. Il dit en premier lieu que
nous avons en lui la rédemption et la délivrance, et il précise aussitôt après que c’est la rémission des péchés,
car ces deux choses sont conjointes
ensemble par une apposition: car quand Dieu nous remet nos péchés, il nous
exempt aussi de la condamnation de la mort éternelle.
Voilà notre liberté et notre
gloire contre la mort: que nos péchés ne nous sont pas imputés!
Il dit que cette délivrance a été acquise par le sang du Christ, car,
par le sacrifice de sa mort, tous les péchés du monde ont été purifiés.
Souvenons-nous donc que le sang du Christ est le seul prix de la réconciliation.
Paul
s’élève encore plus haut en parlant de la gloire du Christ.
Il l’appelle l’image
du Dieu invisible, signifiant par là que
c’est lui seul par lequel Dieu (autrement invisible) nous est manifesté,
selon qu’il est dit, au début de l’Évangile de Jean: “Nul n’a jamais
vu Dieu; le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui-même l’a raconté.”
Saint Paul veut dire en somme, que
Dieu est invisible en soi, c’est-à-dire en sa majesté nue, et non seulement
aux yeux corporels, mais aussi aux entendements humains, mais qu’il nous est
manifesté en Christ seul, en sorte que nous le contemplons en lui comme en un
miroir. Car en Christ il nous montre
sa justice, sa bonté, sa sagesse et sa puissance, voire soi-même tout entier.
Gardons-nous donc de le chercher ailleurs, car tout ce qu’on voudra
mettre en avant pour représenter Dieu hors de Christ, ce sera une idole!
Il
est le premier-né de toute créature: La
raison pour laquelle il est ainsi appelé est mise aussitôt après: c’est
parce que toutes choses ont été créées en lui, de même qu’il est nommé
après “le premier-né d’entre les morts”, parce que nous ressuscitons
tous par lui. C’est pourquoi il
n’est pas seulement appelé premier-né,
parce qu’il a précédé dans le temps toutes les créatures, mais parce que
le Père l’a engendré afin qu’elles soient créées par lui, et qu’il
soit comme la substance ou le fondement de toutes choses.
L’argument des ariens est donc vain, qui déduisaient de ceci que le
Christ est une créature, car il n’est pas ici parlé de ce qu’il est en
soi-même, mais de ce qu’il fait dans les autres.
De
nos jours, amis auditeurs, on est confronté dans l’Eglise à toutes sortes de
faux enseignants qui ne cherchent pas seulement à réintroduire dans de
nouveaux accoutrements l’ancien arianisme – lequel, rappelons-le, nie la
pleine et entière divinité de Jésus-Christ – mais aussi à briser l’unité
de la Révélation divine, comme si chaque auteur biblique avait sa propre théologie,
ses propres idées sur Dieu, sur la vraie religion etc.: il y aurait la théologie
de Paul, différente de celle de Jean, ou de Luc.
Mais voyez combien est forte l’unité que l’on trouve, par exemple,
entre les écrits de Jean et de Paul dans le Nouveau Testament: on trouve
chez Jean la même opposition entre la lumière et les ténèbres que l’on
retrouve chez Paul. Nous lisons ceci
sous la plume de Paul, dans ce premier chapitre de la lettre aux Colossiens: Car
en lui tout a été créé dans les cieux et sur la terre, ce qui est visible et
ce qui est invisible, trônes, souverainetés, principautés, pouvoirs.
Tout a été créé par lui et pour lui.
Et voici ce que nous lisons au tout début de l’Evangile de Jean:
Au commencement était la parole,
et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.
Elle était au commencement avec Dieu.
Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été
fait sans elle. En elle était la
vie, et la vie était la lumière des hommes.
Comment ne pas voir la très forte similarité de pensée et
d’expression dans ces deux textes d’auteurs différents?
Comment ne pas voir que chacun, avec son génie et son style respectif,
est conduit par le même Esprit?
Lors
de notre prochaine émission, nous continuerons cette méditation sur le premier
chapitre de la lettre de Paul aux Colossiens, à la lumière du commentaire de
Jean Calvin sur ce passage.