CHRIST,
L’ALPHA ET L’OMEGA (3)
Continuons
ensemble, si vous le voulez bien amis auditeurs, notre examen du premier
chapitre de la lettre de Paul aux Colossiens, dans le Nouveau Testament, à la
lumière du commentaire qu’en a donné le réformateur du 16e siècle Jean
Calvin. Mais commençons par nous
remémorer ce texte si important pour comprendre la personne divine et
l’oeuvre de Jésus-Christ. Je vous
relis donc les versets 12 à 20 de ce chapitre: Rendez
grâces avec joie au Père qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage
des saints dans la lumière. Il nous
a délivrés du pouvoir des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de
son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, le pardon des péchés.
Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création.
Car
en lui tout a été créé dans les cieux et sur la terre, ce qui est visible et
ce qui est invisible, trônes, souverainetés, principautés, pouvoirs.
Tout a été créé par lui et pour lui.
Il est avant toutes choses, et tout subsiste en lui.
Il est la tête du corps, de l’Eglise.
Il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être
en tout le premier. Car il a plu à
Dieu de faire habiter en lui toute plénitude et de tout réconcilier avec lui-même,
aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la
paix par lui, par le sang de sa croix.
La
dernière fois nous nous sommes arrêtés, avec Calvin, sur les paroles
suivantes de Paul: Il est le premier-né
de toute la Création. Reprenons-donc
le fil du commentaire avec la suite de ce passage: Car
en lui tout a été créé dans les cieux et sur la terre, ce qui est visible et
ce qui est invisible, trônes, souverainetés, principautés, pouvoirs.
Calvin traite ici des choses visibles et invisibles: La
distinction précédente des choses célestes et terrestres comprenait bien ces
deux espèces-ci: mais parce que
Dieu.
Ce qui s’ensuit: soit les trônes, ou les dominations, etc. équivaut
à : de quelque nom qu’on les appelle. Certains,
par les trônes, comprennent les anges; mais je pense que c’est plutôt le
palais céleste de la majesté de Dieu qui est désigné par là, palais que
nous ne devons point imaginer être tel que notre entendement peut le
comprendre, mais tel qu’il est convenable à Dieu.
Nous voyons bien le soleil et la lune, et tout l’ornement du ciel: mais
la gloire du royaume de Dieu est cachée à notre sens, parce qu’elle est
spirituelle et au-dessus de tous les cieux.
Bref, par les trônes, nous entendons
le siège de cette immortalité bienheureuse, qui est exempte de toute
mutation. Quant aux autres noms, il
n’y a pas de doute que Paul ne désigne par eux les anges. Il les appelle les principautés,
puissances et dominations, non pas
qu’ils aient quelque royaume à part pour exercer ou qu’ils aient une vertu
ou puissance par eux-mêmes, mais parce qu’ils sont les exécuteurs de la
puissance divine, et les ministres de sa domination.
Or c’est un usage que Dieu transfère ses noms aux créatures selon
qu’il montre sa puissance en elles. Ainsi,
il est seul Seigneur et Père, mais cependant ceux auxquels il veut faire cet
honneur, sont appelés aussi seigneurs et Pères.
Et de là vient que tant les anges que les juges sont appelés dieux.
C’est pourquoi en ce passage, les
anges sont ornés de titres magnifiques qui déclarent non pas quelle puissance
ils ont d’eux-mêmes, ou étant séparés de Dieu, mais ce que Dieu fait par
eux, et quelles charges et office il leur a donnés.
Ce qu’il nous faut comprendre de telle sorte que la gloire de Dieu ne
soit en rien diminuée; car il ne communique pas sa puissance
aux anges de telle sorte qu’il soit amoindri; il ne travaille pas par
eux de sorte qu’il leur abandonne sa puissance; il ne veut pas que sa gloire
reluise en eux de sorte que cependant elle soit obscurcie en lui.
Or
Amis
auditeurs, nous sommes à nouveau étonnés par l’extraordinaire unité du
Nouveau Testament sur cet enseignement, tout comme nous l’avons été la dernière
fois en comparant ce qu’écrit Jean au début de son évangile et ce qu’écrit
Paul aux début de sa lettre aux chrétiens de Colosses.
Sur les anges et leur statut, de loin inférieur à celui du Fils de
Dieu, lisons ce que dit le début de la lettre aux Hébreux, toujours dans le
Nouveau Testament: Dieu nous a prlé par
le Fils en ces jours qui sont les derniers.
Il l’a établi héritier de toutes choses, et c’est par lui qu’il a
fait les mondes. Ce Fils, qui est le
rayonnement de sa gloire et l’expression de son être, soutient toutes choses
par sa parole puissante; après avoir accompli la purification des péchés, il
s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très-hauts,
devenu d’autant plus supérieur aux anges qu’il a hérité d’un nom bien
différent du leur.
Mais
que dit Calvin sur les mots du verset 17 de Colossiens chapitre 1: “Tout
a été créé par lui et pour lui” ? Il
s’ensuit quatre raisons pour lesquelles il met les anges au-dessous du Christ,
afin qu’ils n’obscurcissent pas sa gloire.
Premièrement, parce qu’ils sont créés par lui.
Deuxièmement parce que leur création doit se rapporter à Christ comme
leur fin légitime. Troisièmement
parce qu’il a toujours été, avant même qu’ils soient créés.
Quatrièmement parce qu’il les soutient par sa puissance et les
maintient en leur état. Toutefois,
il n’affirme pas ceci seulement des anges, mais aussi du monde entier.
Ainsi, il place le Fils de Dieu au plus haut degré d’honneur, afin
qu’il ait la prééminence tant sur les anges que sur les hommes, et abaisse
toutes les créatures, tant au ciel que sur la terre.
Le
Fils, amis auditeurs, est le souverain de toutes choses, que ce soit sur terre
ou au ciel. Cela dit, seule
l’Eglise véritable reconnaît cette dominion et la proclame, alors que le
monde, lui, la rejette et se révolte contre elle, comme le psaume deux le dit
explicitement dans l’Ancien Testament. Je
vous en lis les premiers versets: Pourquoi
les nations s’agitent-elles et les peuples ont-ils de vaines pensées?
Les rois de la terre se dressent et les princes se liguent ensemble
contre l’Eternel et son messie: brisons leur liens, et rejetons de nous leurs
chaînes! Le Seigneur se moque
d’eux, il leur parle dans sa colère, et dans sa fureur il les épouvante:
C’est moi qui ai sacré mon roi sur Sion, ma montagne sainte!
Je publierai le décret de l’Eternel; Il m’a dit: Tu es mon fils!
C’est moi qui t’ai engendré aujourd’hui.
Demande-moi et je te donnerai les nations pour héritage, et pour
possession les extrémités de la terre.
Nous
voyons donc quelle importance revêt pour l’Eglise la confession que Christ
est sa tête, son chef. Paul a en
effet écrit: c’est lui qui est le chef du corps de l’Eglise.
Or, si mêmes les anges ne peuvent prétendre à le remplacer ou à
servir d’intermédiaires entre les hommes et Dieu, comment une église, des
systèmes, des institutions, des leaders humains pourraient-ils prétendre
remplir ce rôle? Calvin souligne
que Paul n’octroie même pas cet honneur aux anges et cependant il ne coupe
pas la tête de l’Eglise car de même que Christ s’attribue ce titre, de même
en exerce-t-il l’office. Le nom de
chef, dit-il, est si honorable et magnifique, qu’il ne peut être transféré
à aucun homme mortel, sous quelque prétexte que ce soit, à plus forte raison
quand cela se fait contre le commandement du Christ.
Grégoire 1er, ajoute-t-il, a été plus restreint quand il dit que
l’apôtre
Christ
est bien l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin.
Puissiez-vous, amis auditeurs, vous nourrir de cette certitude qui vous
apportera joie et réconfort, au milieu même des plus difficiles épreuves.
Mais nous continuerons la prochaine fois notre méditation sur le premier
chapitre de la lettre de Paul aux Colossiens, à la lumière du beau et profond
commentaire qu’en a donné Jean Calvin.