CHRIST, L’ALPHA ET L’OMEGA (4)

 

Christ, l’alpha et l’omega: c’est sous ce titre, amis auditeurs, que je vous propose le quatrième volet d’une méditation sur le premier chapitre de la lettre de l’apôtre Paul aux Colossiens, dans le Nouveau Testament.  Cette méditation est basée sur le beau commentaire qu’en a donné le réformateur du seizième siecle Jean Calvin, que je continuerai à citer abondamment, tout en y ajoutant mes propres remarques.  Reprenons ensemble, si vous le voulez bien, les versets qui font l’objet de notre méditation aujourd’hui: Christ est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier.  Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude et de tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix.

L’alpha et l’oméga: qu’est-ce que cela veut dire?  Tout simplement que Jésus Christ est le commencement et la fin, tout comme alpha est la première letre de l’alphabet grec, et oméga la dernière.  C’est ce que nous trouvons dans la lettre même de Paul, lorsqu’il écrit, au verset 18: Il est le commencement, le premier né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier. Calvin commente ainsi ces mots: Parce que le mot grec signifie parfois la fin à laquelle toutes choses se rapportent, nous pourrions dire dans ce sens, que Christ est la fin (c’est-à-dire le but); mais j’aime mieux comprendre ainsi les paroles de Saint Paul: qu’il est le commencement et le premier né d’entre les morts.  Car il y a une restauration de toutes choses dans la résurrection, et par là le commencement de la seconde et nouvelle création, car la première création était déchue avec la ruine du premier homme.  Et parce que Christ, en ressuscitant, a commencé le royaume de Dieu, il est à bon droit appelé le commencement.  Car alors nous commençons vraiment d’exister devant Dieu, quand nous sommes renouvelés pour être de nouvelles créatures.  Il est appelé le premier-né d’entre les morts, non seulement parce qu’il est ressuscité le premier, mais parce qu’il a aussi rendu la vie aux autres; comme ailleurs il est nommé: les prémices de ceux qui ressuscitent (1 Cor. 15:20).

Puis viennent les mots: afin d’être en tout le premier: Il conclut de ceci que la primauté lui appartient en toutes choses.  Car s’il est l’auteur et l’instaurateur de toutes choses, il apparaît que cet honneur lui est dû à bon droit.  Bien que le mot: en tout puisse être compris de deux manières: en toutes créatures, ou: en toutes choses.  Mais cela ne sert pas à grand-chose vu qu’il veut simplement dire que toutes choses sont assujetties à son empire.

En commentant sur le verset 19 de ce chapitre de la lettre de Paul, Calvin va insister sur la relation entre le Père et le Fils, une relation divine qui est un mystère.  Mais ce mystère amène avec lui le coeur de la foi chrétienne, c’est-à-dire la foi en la Trinité.  Paul  a écrit: Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute plénitude.  Calvin commente comme suit: Afin que ce qu’il a dit du Christ soit plus ferme et assuré, il ajoute maintenant qu’il en était ainsi décidé par la providence de Dieu.  Et afin que nous adorions ce mystère avec tout le respect qui lui est dû, il nous faut toujours revenir à cette source.  Ceci a été fait, dit-il, par la décision  de Dieu, à savoir que toute plénitude habite en lui.  Cette plénitude s’étend à toute justice, sagesse, vertu et toutes sortes de biens; car tout ce que Dieu a, il l’a conféré à son Fils, afin qu’il soit glorifié en lui comme il est dit au chapitre 5 de l’Evangile de Jean, verset 20 (Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il a fait; il lui montrera des oeuvres plus grandes encore, afin que vous soyez dans l’étonnement.)  Or, poursuit Calvin, il nous montre aussi qu’il nous faut puiser de la plénitude de Christ tout ce que nous désirons de bon pour notre salut, d’autant que le bon plaisir de Dieu est de ne pas communiquer, ni lui ni ses dons aux hommes, en dehors de son Fils.  C’est donc comme s’il disait que Christ est pour nous toutes choses, et que hors de lui nous n’avons rien. D’où il s’ensuit que tous ceux qui dérogent à Christ, ou qui amoindrissent sa vertu, ou qui le dépouillent de ses offices, ou même qui prennent une goutte de sa plénitude, renversent, pour autant qu’ils le peuvent, le conseil éternel de Dieu.

Paul a ensuite écrit: Et de tout réconcilier avec lui-même. Calvin poursuit: Voici une autre excellente louange du Christ, que nous ne pouvons pas être conjoints à Dieu autrement que par lui.  Premièrement, considérons que notre félicité consiste en ce que nous adhérions à Dieu; au contraire qu’il n’y a rien de plus misérable que d’être éloignés de lui.  Il déclare donc que nous ne sommes bienheureux que par Christ, d’autant qu’il est le lien de la conjonction que nous avons avec Dieu; au contraire que, hors de lui, nous sommes plus que misérables, dans la mesure où nous sommes bannis de la compagnie de Dieu.  Or, souvenons-nous que ce qu’il attribue à Christ lui est propre, en sorte que rien de cette louange n’est transféré à un autre, si excellent soit-il.  Si donc cette prérogative est donnée au Christ, elle n’appartient pas aux autres.  Car, de propos délibéré Paul dispute contre ceux qui imaginaient que les anges étaient des pacificateurs par lesquels on puisse avoir accès à Dieu.

Puis viennent les mots:  Apaisant par le sang de sa croix.  Il parle du Père, à savoir qu’il a été apaisé envers ses créatures par le sang du Christ.  Or il l’appelle le sang de la croix, du fait que le sang du Christ a été le gage et le prix de notre pacification avec Dieu, parce qu’il a été répandu sur la croix; car il a fallu  que le Fils de Dieu ait été fait sacrifice de purification, et qu’il ait soutenu la peine du péché, afin que nous soyons justice de Dieu en lui.  Le sang de la croix signifie donc le sang du sacrifice, qui a été immolé sur la croix pour apaiser la colère de Dieu.  En ajoutant par lui, il n’a rien voulu dire de nouveau, mais exprimer plus clairement ce qu’il avait dit auparavant, et l’imprimer plus vivement en nos coeurs, à savoir que Christ seul est si bien l’auteur de la réconciliation, qu’il exclut tous les autres moyens; car il n’y en a pas d’autre qui ait été crucifié pour nous.  C’est donc lui seul par qui, et pour l’amour duquel Dieu nous est favorable.

Paul ajoute Les choses qui sont tant sur la terre que dans les cieux.  Si on veut seulement le comprendre des créatures raisonnables, ce seront les hommes et les anges; mais il n’y aura pas d’inconvénient de l’étendre à toutes sans exception.  Mais afin de ne pas philosopher trop subtilement, il vaut mieux le comprendre des hommes que des anges.  Quant aux hommes, il n’y a pas de difficulté à comprendre qu’ils aient besoin d’un pacificateur envers Dieu; mais quant aux anges, la question n’est pas facile à expliquer.  Car quel besoin de réconciliation y avait-il, là où il n’y avait ni discorde ni haine?  Je dis que les hommes ont été réconciliés avec Dieu, parce qu’ils étaient auparavant étrangers de Dieu par le péché, et qu’ils devaient le sentir pour Juge à leur confusion et à leur ruine, si la grâce du Médiateur ne s’était mise entre deux pour apaiser sa colère. La forme de la pacification entre Dieu et les hommes, a donc été que les inimitiés ont été abolies par Christ, et ainsi Dieu est devenu Père au lieu de Juge.  La raison de la réconciliation entre Dieu et les anges est tout autre, car il n’y a pas eu de révolte ni de péché en eux, et, par conséquent, il n’y a pas eu de séparation. Cependant, il a quand même fallu que les anges soient pacifiés avec Dieu, et pour deux raisons.  Puisqu’ils sont des créatures, ils n’étaient pas hors du danger de tomber en faute, s’ils n’avaient pas été confirmés par la grâce du Christ.  Or ceci n’est pas de petite importance pour avoir une paix perpétuelle avec Dieu, que d’avoir un état bien fixé dans la justice, pour ne plus craindre la chute ou la révolte.  En outre, il n’y a pas une perfection si exquise dans l’obéissance que les anges rendent à Dieu, qu’elle puisse contenter Dieu en tout et partout, et qu’elle n’ait besoin de pardon. Il n’y a pas une si grande justice chez les anges, qu’elle leur suffise pour être pleinement conjoints avec Dieu.  C’est pourquoi ils ont besoin d’un Pacificateur, par la grâce duquel ils puissent entièrement adhérer à Dieu.  Dès lors, Saint Paul parle très bien quand il affirme que la grâce du Christ ne réside pas seulement chez les hommes, mais qu’il l’a fait aussi commune aux anges.  Et ce n’est pas faire tort aux anges, que de les renvoyer au Médiateur, afin que par son moyen ils aient une paix ferme avec Dieu.  Si quelqu’un voulait poser une question concernant les démons, à savoir si Christ est aussi leur pacificateur, je réponds que non, et pas même des méchants.  Toutefois, je reconnnais qu’il y a une différence, parce que le bienfait de la rédemption est offert aux méchants et aux réprouvés, et non pas aux démons.  Mais cela ne concerne pas les paroles de Paul, qui ne contiennent pas autre chose sinon que Christ est le seul par lequel toutes les créatures qui ont une quelconque conjonction avec Dieu, adhèrent à lui.

Amis auditeurs, sur ces paroles concluons notre série d’émissions sur le premier chapitre de la lettre de Paul aux Colossiens.  J’espère qu’elle vous aura convaincus que la Bible enseigne clairement que notre seul accès à Dieu, notre seul Médiateur, le seul  qui puisse nous dispenser les bénéfices de la vie éternelle, c’est Jésus-Christ, le Fils éternel du Dieu vivant.  Tournez-vous donc vers lui, cherchez-le de tout votre coeur, de tout votre esprit, de toute votre force, car en dehors de lui, il n’y a que ténèbres et obscurité.