L’ÉGLISE EN MISSION (2)

Amis auditeurs, nous avons réfléchi ensemble la dernière fois sur l’ordre missionnaire de Jésus-Christ, après sa résurrection, à la lumière du texte qui conclut l’Évangile selon Matthieu, au chapitre 28, les versets 16 à 20. Relisons ensemble ce passage afin de continuer notre réflexion sur la nature et le contenu de la mission de l’Église: "Les onze disciples allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus avait désignée. Quand ils le virent, ils l’adorèrent. Mais quelques-uns eurent des doutes; Jésus s’approcha et leur parla ainsi: Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Donc allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici: je suis avec vous jusqu’à la fin du monde.”

Dans le commandement donné par Jésus à ses disciples, nous trouvons les marques qui constituent la véritable Église: l’administration du sacrement du baptême, et la prédication qui enseigne à garder TOUT ce qu’Il a enseigné. Ce sont là les vraies marques de l’Église, comme le déclare une confession de foi du temps de la Réforme, que je cite ici: “L’Église s’adonne au pur enseignement de l’Évangile; elle administre de façon pure les sacrements comme Christ les a institués; elle pratique la discipline ecclésiastique pour corriger les fautes. En bref, elle est gouvernée selon la pure Parole de Dieu, rejetant toutes choses qui vont à l’encontre de celle-ci, et tenant Jésus-Christ comme son seul Chef.” Et, amis auditeurs, selon la pure Parole de Dieu telle que nous la lisons dans Matthieu 28, les disciples sont constitués en Église missionnaire: c’est en effet dans le cadre de la proclamation missionnaire que les marques constitutives de l’Église lui sont attribuées: à savoir administrer les sacrements et prêcher la Parole dans sa totalité. Et bien sûr, parmi les choses auxquelles l’Église doit obéir et qu’elle doit enseigner, se trouve le commandement d’aller vers toutes les nations et d’en faire des disciples. N’est-ce pas en effet le dernier commandement du Christ à ses disciples avant son ascension au ciel? Qu’il est merveilleux de trouver dans la formulation même de notre passage de l’Évangile un compte rendu parfait de l’irrépressible dynamique du Royaume…

A la lumière de ces paroles, nous comprenons qu’il ne nous est pas simplement commandé d’enseigner les paroles que le Seigneur Jésus-Christ Lui-même nous a enseignées, mais qu’il nous est commandé de leur obéir, si nous voulons être appelés sa véritable Église. L’Église véritable obéit joyeusement à son Seigneur, tandis que l’Église infidèle vit dans un cocon, complètement tournée sur elle-même, jusqu’à ce qu’elle meure car elle a nié les principes qui fondent son existence, les principes institués par le Seigneur Lui-même… Cette Église infidèle a oublié le sens profond de la grande promesse de l’Alliance faite à Abraham: “Toutes les nations seront bénies en toi” (Genèse 12:3). Elle a oublié que Jésus-Christ accomplit aussi cette promesse à travers son Église fidèle, qui est Son corps. Oui, obéir toutes les choses enseignées par notre Seigneur, et les enseigner à son tour, voilà la grande tâche de l’Église. Ceci nous donne bien sûr le cadre de notre enseignement missionnaire. Résumons-le succinctement: “L’Église en mission enseigne tout ce que le Seigneur a commandé”.

Les mots grecs “Iesous Kurios”, c’est-à-dire “Jésus est le Seigneur”, constituaient, nous l’avons vu la dernière fois, la proclamation de la véritable Église, parmi ses membres et dans le champ de la mission. Jésus est le Seigneur car tout pouvoir dans le ciel et sur la terre lui a été donné. Mais notre proclamation missionnaire ne se satisfera pas d’un slogan répété à l’envi, sans que toutes ses facettes soient exposées. Jésus dit à ses disciples: “apprenez leur à obéir TOUT ce que je vous ai commandé”. La tâche de l’Église n’est pas d’attendre des nations un changement formel de religion, ou bien encore de leur indiquer simplement comment leurs âmes peuvent être sauvées. L’Église doit enseigner une obéissance de disciple dans tous les aspects de la réalité créée par Dieu, la réalité sur laquelle le Christ règne. Avez-vous noté, amsi auditeurs, combien proches l’un de l’autre sont les mots “disciple” et “discipline”? Un dictionnaire donne la définition suivante du mot “discipline”: “entraînement systématique à l’obéissance”. Est-ce que nous acceptons pour nous-mêmes ce genre d’entraînement, avant de vouloir l’enseigner à d’autres? Cherchons-nous cette obéissance systématique dans la sphère culturelle, politique ou économique, dans les activités artistiques ou universitaires? Vivons-nous avec une vision du monde chrétienne qui a comme fondement le motif de l’Église primitive “Iesous Kurios”, “Jésus est le Seigneur”? Enseigner honnêtement à d’autres à obéir à tout ce que Jésus-Christ a commandé, exigera de nous une nécessaire introspection, un regard sur nous-mêmes: ce genre d’introspection qui confesse nos propres péchés culturels, c’est-à-dire tous les éléments de notre propre culture qui sont en rébellion ouverte à la Loi de Jésus-Christ. Ce genre d’introspection qui demande pardon au Seigneur chaque fois que dans une vraie repentance et humilité, guidés par l’Esprit de Jésus-Christ, nous en venons à reconnaître nos propres idoles et à les détruire. Animés par un tel esprit, par un amour réel de ceux à qui nous adressons notre proclamation, nous pouvons alors nous lancer dans cette Grande Commission et obéir au commandement missionnaire. Nous pouvons le faire d’un coeur joyeux et apaisé, d’autant plus que nous avons reçu une promesse extraordinaire, la promesse de la présence constante de notre Seigneur. Et ceci nous amène vers la fin de notre exposé sur l’Église en mission, amis auditeurs. Nous pouvons résumer ce dernier point de la façon suivante: Dans la mission qu’Il confie à Son Église, Jésus-Christ est “Emmanuel”, c’est-à-dire “Dieu avec nous”.

“Et voici: je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde”. C’est par ces mots que se termine l’Évangile selon Matthieu. Mais est-ce vraiment une fin? Bien plutôt, c’est l’expression de la plénitude de la présence de Dieu avec Ses enfants, en Christ. Rappelez-vous, au tout début de son récit, au chapitre premier, verset 22, Matthieu écrit, en parlant de la naissance de Jésus: “Tout cela arriva afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait déclaré par le prophète: “Voici que la vierge enfantera un fils et on lui donnera le nom d’Emmanuel”, ce qui se traduit: Dieu avec nous.” Cette présence est maintenant promise aux disciples envoyés dans Sa mission. Ils ne devraient pas craindre, car celui qui calma une fois la tempête sur le lac, demeure avec eux. Donc, lorsque nous faisons face aux difficultés de la proclamation missionnaire –et elles sont nombreuses et semblent souvent insurmontables- nous devrions nous rappeler des mots de notre Seigneur à ses disciples effrayés sur la petite barque: “Hommes de peu de foi, pourquoi avez-vous peur?” Car dans la mission qu’il confie à ses disciples, Jésus Christ demeure “Emmanuel”, “Dieu avec nous”. Tout pouvoir dans le ciel et sur la terre lui a été remis, et ce pouvoir, cette autorité s’étend naturellement sur la Proclamation de Sa Parole. A travers cette Proclamation tous les élus de Dieu seront sauvés. Ceci aussi est Évangile, c’est-à-dire “Bonne Nouvelle”. Jésus-Christ demeure “Emmanuel”, “Dieu avec nous”, lorsqu’Il envoie son Esprit Saint le jour de Pentecôte. Et que se passe-t-il à Pentecôte? Dieu Lui-même amène aux disciples des gens de toutes nations rassemblés à Jérusalem. Jésus commandait à ses disciples d’aller vers les nations, et Dieu, dans sa Grâce ineffable, amène les nations vers eux! Et le Saint Esprit les rend capables de communiquer avec tous ces gens… La grande promesse de l’Alliance faite à Abraham, est accomplie: “En toi, toutes les nations seront bénies”. L’Église, désormais équipée par l’Esprit puissant de Dieu, est prête à exécuter la Grande Commission de son Seigneur. Ceci aussi est “Évangile”, “Bonne Nouvelle”. C’est pourquoi, aujourd’hui tout comme hier, nous pouvons aller, d’un coeur deux fois apaisé et rempli de joie, dans la mission qui nous est confiée par notre Souverain Seigneur, avec l’assurance qu’Il demeure à toujours près de nous.