J’AI
SOIF (2)
Chers
auditeurs, je poursuis avec vous aujourd’hui une méditation entamée lors de
notre dernière émission sur cette simple parole du Christ en Croix: J’ai soif. Mais il
nous faut d’abord nous rappeler du contexte dans lequel Jésus a prononcé
cette parole, c’est pourquoi je vous propose de relire ensemble le court
passage de l’évangile selon Jean qui la rapporte, au chapitre 19:
Après cela, Jésus, qui savait que
tout était déjà accompli, dit, afin que l’Ecriture soit accomplie: J’ai
soif. Il y avait là
un vase plein de vinaigre. On
fixa à une tige d’hysope une éponge imbibée de vinaigre et on l’approcha
de sa bouche. Quand il eut pris le
vinaigre, Jésus dit: Tout est accompli. Puis
il baissa la tête et rendit l’esprit. Nous
avons examiné ensemble ce que signifiait les mots de l’évangéliste: tout
était déjà accompli et, afin que
l’Ecriture soit accomplie. Car
derrière ce cri pathétique d’un homme souffrant se profile un plan divin
d’une importance capitale pour l’humanité: Jésus est venu sur terre pour
accomplir une mission qui impliquait sa crucifixion et ses souffrances.
Nous avons vu à la lumière de plusieurs psaumes de l’Ancien Testament
que cette soif était avant tout une soif intense d’être réuni avec Dieu,
qui l’abandonnait totalement à ce moment précis.
Quant à la réponse des hommes à ce cri, elle ne faisait qu’accroître
son sentiment d’abandon. Mais,
au-delà des psaumes, la Pâque juive instituée au livre de l’Exode doit être
évoquée pour la bonne raison que la dernière fois que Jésus a bu, avant sa
crucifixion, cela a été lors de la célébration de la Pâque avec ses
disciples. En fait il s’est agi de
l’institution d’une nouvelle Pâque, fondée sur le don du corps et du sang
mêmes de Jésus. Ecoutez à nouveau
les paroles qu’il a prononcées à cette occasion. L’évangéliste Luc
rapporte ceci, au chapitre 22 de son évangile:
Il prit une coupe, rendit grâces et dit: Prenez cette coupe, et
distribuez-là entre vous; car je vous le dis, je ne boirai plus désormais du
fruit de la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu.
Et un peu après: De même il prit la coupe , après le repas, et la leur donna, en
disant: cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour
vous. Donc, avant même les
psaumes, nous sommes en présence de l’accomplissement par Jésus de la Pâque
instituée au livre de l’Exode, dans l’Ancien Testament.
Quel est exactement le lien avec sa crucifixion et ces mots: J’ai soif, me demanderez-vous.
Et bien voilà: comme il l’indique lui-même à ses disciples, Jésus
ne boira plus de vin jusqu’à ce que le Royaume de Dieu soit venu.
Son sang, le vin de la Nouvelle Alliance, va être versé sur la Croix,
il le donnera totalement pour la cause de la venue du Royaume.
Ce n’est pas le moment pour lui de boire du vin, mais de donner son
sang pour ses disciples, pour tous ceux qui croiront à la signification vraie
de son sacrifice. Tout ce qu’il
peut attendre en cet instant précis, c’est de recevoir du vinaigre de la part
des hommes, alors même qu’il aspire si intensément à rejoindre son Père céleste,
qui l’a complètement abandonné. Il
verse totalement son sang pour les croyants, et ne peut qu’avoir soif, afin
que les croyants, eux, n’aient
jamais à éprouver la soif infernale
causée par l’abandon total de Dieu. Il
offre son sang, c’est-à-dire sa vie, afin que par la foi les croyants héritent
de sa vie.
Que
Jésus soit l’Agneau parfait qui est figuré dans la Pâque de l’Ancien
Testament, apparaît aussi dans le fait qu’un peu plus tard, alors qu’il
vient de mourir, ses jambes ne seront pas brisées, comme celles des deux
malfaiteurs crucifiés à côté de lui. Au
chapitre 12 du livre de l’Exode, au verset 46, on lit en effet la prescription
suivante concernant l’agneau pascal: On
la mangera dans la maison même; vous n’emporterez pas de chair hors de la
maison, et vous ne briserez aucun os. Prescription
qui est d’ailleurs répétée au livre des Nombres, toujours dans l’Ancien
Testament. Au psaume 34, versets 20
et 21, on trouve un passage saisissant sur le rapport qui existe entre
l’agneau pascal et la souffrance du juste: De
nombreux malheurs atteignent le juste, mais de tous, l’Eternel le délivre.
Il garde tous ses os, aucun d’eux n’est brisé.
Tout ceci, amis auditeurs, fait partie du plan de salut de Dieu, et
montre qu’il est parfaitement en contrôle de l’exécution de ce plan. Nous
le voyons, comme l’évangéliste Jean, dans l’accomplissement de toutes ces
paroles tirées de l’Ecriture. D’ailleurs,
de quoi Jésus lui-même parlera-t-il à ses disciples après sa résurrection?
Au chapitre 24 de l’évangile selon Luc, lorsqu’il leur apparaît après
sa résurrection, il leur explique: C’est
là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous; il fallait
que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse,
dans les prophètes et dans les psaumes. Alors
il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les Ecritures.
De
la même manière, amis auditeurs, ce que nous lisons au chapitre 7 de l’évangile
de Jean peut prendre toute sa signification à la lumière de
l’accomplissement donné par Jésus-Christ sur la Croix.
Cela se passe durant la fête des tentes, à Jérusalem: Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus debout s’écria: si
quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive.
Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein,
comme dit l’Ecriture. Il dit cela
de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l’Esprit
n’était pas encore donné, parce que Jésus n’avait pas encore été
glorifié. Voyez-vous,
le cri de Jésus sur la Croix - j’ai
soif - est un des actes rédempteurs
nécessaires qui sont accomplis par Dieu et forment comme une grande chaîne
destinée à accomplir ce plan de rédemption.
L’effusion du Saint Esprit sur les disciples lors de la Pentecôte fait
aussi partie de cette chaîne. Pour
assouvir votre soif de Dieu, il vous faut venir vers le Crucifié, le Fils éternel
de Dieu qui vous offre son sang et qui a souffert une soif intense au moment même
où il versait ce sang précieux. Toujours
dans cette grande chaîne d’événements rédempteurs, il ne faut pas laisser
passer un détail important que Jean mentionne peu après dans son évangile: Les soldats vinrent donc et brisèrent les jambes du premier brigand,
puis de l’autre qui avait été crucifié avec lui.
Arrivés à Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui brisèrent pas
les jambes; mais un des soldats lui perça le côté avec sa lance, et aussitôt,
il sortit de l’eau et du sang. Et
Jean ajoute immédiatement: Celui qui
l’a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai; et lui, il sait
qu’il dit vrai, afin que vous croyiez, vous aussi.
Cela est arrivé, pour que l’Ecriture soit accomplie: Aucun de ses os
ne sera brisé. Et ailleurs
l’Ecriture dit encore: Ils regarderont à celui qu’ils ont percé.
(Il s’agit d’un passage du livre du prophète Zacharie, dans
l’Ancien Testament). Donc, du sang
et de l’eau sont versés. Dans sa
première lettre, contenue dans le Nouveau Testament, Jean revient sur ce fait,
au chapitre 5: C’est lui, écrit-il,
Jésus-Christ, qui est venu avec de
l’eau et du sang, non avec l’eau seulement, mais avec l’eau et avec le
sang. Il s’agit de nouveau,
chers amis, d’un accomplissement de l’Ecriture: le sang des sacrifices
effectués dans le Temple à Jérusalem, et l’eau des rituels de purification
que l’on trouve dans la loi de Moïse, coulent ici du flanc de Jésus,
l’Agneau parfait de Dieu. Voilà pourquoi Saint Augustin, dans son commentaire sur l’évangile de
Jean, a pu écrire que les deux sacrements institués par Jésus-Christ,
le baptême et la Sainte Cène, et leurs signes respectifs, l’eau et le vin
figurant le sang de Jésus, nous venaient de son flanc…
Comment
alors appliquer cet accomplissement parfait de l’Ecriture à notre vie?
Soulignons d’abord qu’être un disciple de Jésus-Christ signifie
toujours crucifier sa propre nature, mettre à mort la tendance innée que nous
avons à désobéir à Dieu. On ne
peut être un vrai disciple du Christ sans crucifier sa propre nature de péché.
Mais Jésus n’est pas simplement un exemple à suivre à l’aide de se
propres forces. En fait c’est parce que lui n’a jamais péché mais a bien
subi le châtiment divin sans broncher, qu’il a pu ouvrir pour les croyants un
accès au Père céleste, et par là une voie pour notre propre obéissance.
Parce qu’il a été parfaitement juste, lui l’Agneau parfait, il a obtenu
pour nous une justice parfaite qui nous est désormais attribuée par Dieu. Cela
semble peut-être un paradoxe, quelque chose de contradictoire: Si Jésus a
vraiment eu soif pour moi, s’il a
vraiment souffert pour moi, pourquoi dois-je encore avoir soif de Dieu, voire même
souffrir? La réponse, amis
auditeurs, est que si vous croyez vraiment, alors par la foi vous êtes greffés
sur le corps du Christ, vous avez part à ses souffrances, qui seront transformées
en gloire tout comme son corps martyrisé a été transformé et glorifié lors
de sa résurrection. C’est dans cette identification que vous pouvez recevoir
les bénédictions du Saint Esprit répandu sur les disciples à la Pentecôte.
Peut-être cela n’est-il pas encore assez clair?
Alors je vous propose d’écouter un autre texte de la Bible, tiré du
chapitre 4 de la première lettre de Pierre, dans le Nouveau Testament. Pierre
s’adresse ici en particulier à ceux qui sont persécutés à cause du nom de
Jésus-Christ, ce qui est aujourd’hui le cas dans un grand nombre de pays de
par le monde, comme nous le lisons quotidiennement dans l’actualité: Bien-aimés,
ne soyez pas surpris de la fournaise qui sévit parmi vous pour vous éprouver,
comme s’il vous arrivait quelque chose d’étrange.
Au contraire, réjouissez-vous de participer aux souffrances du Christ,
afin de vous réjouir aussi avec allégresse, lors de la révélation de sa
gloire. Si vous êtes outragés pour
le nom de Christ, vous êtes heureux, car l’Esprit de gloire, l’Esprit de
Dieu, repose sur vous. Lorsque
je suis greffé en Jésus-Christ, je deviens un homme nouveau qui, par
l’action de l’Esprit de Dieu, grandit progressivement, à travers un
processus de conversion et de mise à mort quotidiennes des tendances mauvaises
de ma nature de péché. Sur cette
voie que Jésus-Christ a ouvert pour moi, je me rapproche progressivement de
l’image de l’Agneau parfait de Dieu. Ma
soif de Dieu se trouve apaisée car il m’a donné le seul breuvage qui puisse
l’étancher, le sang précieux de sa vie même.