POURQUOI,
SEIGNEUR? (Ps. 9 & 10)
Le psaume dix, dans la Bible, est un cri de détresse du
psalmiste appelant Dieu à punir ceux qui méditent et font du mal à leur
prochain. C’est un psaume très
frappant par son intensité à décrire le mal accompli sur les pauvres et les
faibles. En fait, le psaume dix et
le psaume neuf, qui le précède, forment
une unité que l’on constate lorsqu’on lit le texte hébreu: en effet les
versets de ces deux psaumes commencent tous par une lettre de l’alphabet hébreu,
pris dans sa succession. Mais, alors
que le psaume dix décrit les agissements des méchants et appelle Dieu à
intervenir, le psaume neuf, lui, célèbre l’Eternel pour la délivrance
accomplie. Il est néanmoins
frappant de lire dans ces deux psaumes la même invocation: Lève-toi
Eternel! Psaume neuf: Eternel,
lève-toi! Que l’homme ne triomphe
pas! Psaume dix: Lève-toi, Eternel!
Dieu, interviens! Et n’oublie pas
les malheureux!
Laissez-moi donc vous lire pour commencer le psaume dix en
entier, avant de le commenter brièvement:
Pourquoi,
ô Eternel, es-tu si loin? Pourquoi
te caches-tu aux jours de la détresse? Le
méchant, dans son arrogance, en vient à opprimer les malheureux, il les prend
dans ses traquenards. Le méchant
tire vanité de son avidité. Le
profiteur maudit et nargue l’Eternel. Le
méchant, dans son arrogance, déclare: “Dieu n’existe pas.”
Il ne va pas chercher plus loin, c’est là le fond de sa pensée.
Toujours ses procédés lui réussissent. Tes
jugements sont bien trop hauts pour retenir son attention, et il se débarrasse
de tous ses adversaires. Il se dit:
“Je ne risque rien, je suis à l’abri du malheur et, pour toujours, inébranlable.”
Sa bouche ne fait que maudire, ses mots sont trompeurs et violents, sous
sa langue acérée fleurissent des propos méchants et blessants.
Il est posté en embuscade à proximité des hameaux, et, dans un endroit
bien caché, il assassine l’innocent. Ses
yeux épient les malheureux. Il se
tapit dans sa cachette comme un lion dans sa tanière; il s’embusque dans sa
retraite pour attraper le malheureux en l’attirant dans son filet.
Il s’accroupit et il se terre, et voilà que le faible tombe, assommé,
en son pouvoir. Il se dit: “Dieu
oubliera vite, il ne regarde pas par là; d’ailleurs, il ne voit jamais
rien!” Lève-toi, Eternel!
Dieu, interviens! Et
n’oublie pas les malheureux! Pourquoi
donc le méchant se moque-t-il de toi, et pourquoi se dit-il: “Dieu ne demande
pas des comptes”? Pourtant,
toi tu vois bien la peine et la souffrance, tu veilles pour tout prendre en
mains! Le faible s’abandonne à
toi, tu viens en aide à l’orphelin. Abats
la force du méchant! Demande-lui de
rendre compte du mal qu’il a commis, et qu’il n’en reste plus de trace. L’Eternel
est roi à jamais, et toutes les nations païennes disparaîtront de son pays.
Eternel,
tu entends les désirs des petits. Tu
leur redonnes du courage et tu prêtes l’oreille pour faire droit à
l’orphelin ainsi qu’à l’opprimé, et pour que plus jamais personne ne sème
l’effroi sur la terre.
Nul doute que le psaume dix ne fasse preuve d’un grand réalisme:
les manoeuvres des profiteurs en tous genres y sont décrites d’une manière
acérée. Ont-elles vraiment changé,
au cours des siècles? Les
profiteurs, exploiteurs, spéculateurs en tous genres, doublés de criminels,
ont-ils disparu? La race humaine
s’est-elle améliorée depuis que ce psaume a été écrit?
Qui serait suffisamment naïf pour croire une telle chose?
S’il y a quelque chose qui nous parle de la perennité de l’espèce
humaine, c’est bien sa propension à commettre le mal, n’est-ce pas?
Et, comme le psaume 14 l’énonce lui aussi, les actes iniques sont
justifiés aux yeux de ceux qui les commettent par leur certitude que Dieu ne
voit pas, qu’il ne s’intéresse pas aux affaires des humains: Le profiteur maudit et nargue l’Eternel.
Le méchant, dans son arrogance, déclare: “Dieu n’existe pas.”
Il ne va pas chercher plus loin, c’est là le fond de sa pensée…
Il se dit: “Je ne risque rien, je suis à l’abri du malheur et, pour
toujours, inébranlable.” Voilà
un triste constat, mais bien réaliste. Car
c’est bien ainsi que beaucoup se comportent vis-à-vis de leur prochain et de
Dieu. Mais le réalisme s’arrête-t-il
là? Sont-ils réalistes ceux qui
pensent que Dieu ne voit ni n’entend? Ecoutez
plutôt ce que déclare un autre psaume, le psaume 94:
Mais prenez garde, insensés! Gens
bornés, quand aurez-vous du bon sens? Celui
qui a fait l’oreille, n’entendrait-il pas?
Celui qui a formé l’oeil, ne verrait-il pas? Celui qui corrige les
nations ne saurait-il pas punir? Celui
qui instruit les hommes serait-il stupide? L’Eternel
connaît les pensées de l’homme: elles ne sont que du vent.
C’est à cause de cette même certitude que David, l’auteur du psaume
dix, peut invoquer le Seigneur et l’appeler à l’aide:
Pourtant, toi tu vois bien la peine
et la souffrance, tu veilles pour tout prendre en mains!
Le faible s’abandonne à toi, tu viens en aide à l’orphelin.
Abats la force du méchant! Demande-lui
de rendre compte du mal qu’il a commis, et qu’il n’en reste plus de trace.
C’est dans ce contexte qu’il convient de lire maintenant le
psaume 9, qui parle de la délivrance apportée par l’Eternel.
Certes, il s’agit de la délivrance vis-à-vis de nations qui avaient
attaqué le roi David, élu de Dieu. Mais
au-delà de victoires militaires, il s’agit de l’anéantissement des ennemis
de Dieu, de ceux qui ne le reconnaissent pas comme le maître du monde, et celui
qui a donné ses ordonnances concernant la justice et l’équité.
En
guise d’encouragement dans vos propres épreuves, je vous lis donc maintenant
le psaume 9:
Je
veux te glorifier, ô Eternel, de tout mon coeur, je veux raconter tes
merveilles. Par toi j’exulte
d’allégresse, je te célèbre par des chants, O Dieu très-haut.
Mes ennemis prennent la fuite, sous tes coups ils vont trébucher; ils
vont périr devant ta face. Tu
m’as rendu justice, et tu as défendu mon droit, quand tu as siégé sur ton
trône pour juger selon la justice. Tu
as menacé les païens, tu as fait périr le méchant, et effacé son souvenir
pour toutes les générations. Plus
d’ennemis! Ils sont ruinés à
tout jamais car tu as renversé leurs villes, le souvenir en est perdu.
L’Eternel siège pour toujours, voici: il a dressé son trône pour
exercer ses jugements. C’est lui
qui gouverne le monde avec droiture et équité, qui prononce
le jugement avec justice sur les peuples.
Oui, l’Eternel est un refuge pour les pauvres, les opprimés, un lieu
fort en temps de détresse. C’est
pourquoi ceux qui te connaissent ont
placé leur confiance en toi. Car
toi, jamais tu ne délaisses, O Eternel, celui qui se tourne vers toi.
Célébrez par des chants l’Eternel, le roi de Sion, et proclamez parmi
les peuples ses hauts faits. Car il
poursuit les meurtriers et se souvient de leurs victimes; jamais il n’est
indifférent au cri des opprimés. Etrernel,
aie pitié de moi! Vois la misère où
m’ont réduit ceux qui me vouent leur haine!
C’est toi qui me fais remonter des portes de la mort pour que je publie
tes louanges aux portes de ceux qui habitent la ville de Sion et que je sois
dans l’allégresse de t’avoir pour sauveur.
Les païens tombent dans la fosse qu’ils avaient creusé de leurs
mains, leurs pieds se prennent dans le piège qu’ils avaient tendu en
cachette. L’Eternel a montré qui
il était: il rendu justice aux
siens, il a pris le méchant à son propre filet.
Que les méchants et les païens s’en aillent au séjour des morts:
tous ceux qui ne se soucient pas de Dieu. Mais
Dieu n’oublie pas à jamais les malheureux, et les espoirs des misérables ne
seront pas toujours déçus. Eternel,
lève-toi! Que l’homme ne triomphe
pas! Fais comparaître devant toi
les païens pour qu’ils soient jugés. Frappe-les
de terreur, O Eternel, et que ces peuples sachent qu’ils ne sont que des
hommes.
L’appel final du psalmiste consiste
à appeler le jugement divin sur les nations et les hommes iniques.
Certes, il a déjà proclamé que l’Eternel siège sur son trône de
justice: L’Eternel siège pour toujours, voici: il a dressé son trône pour
exercer ses jugements. C’est lui
qui gouverne le monde avec droiture et équité, qui prononce le jugement avec
justice sur les peuples. Mais le
psalmiste ne souffre pas de voir commise l’injustice, raison pour laquelle il
supplie l’Eternel de ne pas retarder son jugement.
Puisque les hommes ne reconnaissent pas ce qu’ils sont, de simples créatures,
que Dieu leur enseigne donc par la terreur leur véritable condition.
Et même si en fin de compte ils ne se soumettent pas à leur Créateur,
que cette terreur continue à les frapper. Encore
une fois, la principale cause de l’iniquité humaine, c’est la non
reconnaissance qu’il existe un Dieu Tout Puissant dont les jugements finissent
toujours par s’exercer, quelles que soient les échappatoires inventées pour
ne pas avoir à faire face à une telle confrontation.
Tous les chrétiens sincères confessent que Jésus-Christ, qui, après
sa résurrection est monté au ciel et siège à la droite de Dieu, en reviendra
pour juger les vivants et les morts. Ce
Jugement dernier n’est pas pour eux une cause de terreur, mais pour les incrédules
et les iniques il sera la cause d’une confusion et d’une angoisse
indescriptibles. En revanche, ceux qui jouissent d’une relation filiale avec
Dieu obtenue par la foi en l’oeuvre de Jésus-Christ,
peuvent louer Dieu tout au long de leur vie avec les paroles du psalmiste: Je veux te glorifier, ô Eternel, de tout mon coeur, je veux raconter
tes merveilles. Par toi j’exulte
d’allégresse, je te célèbre par des chants, O Dieu très-haut.