RÉBELLION,
DESTRUCTION ET RESTAURATION (1)
Dieu est un Dieu de justice, proclame la Bible sur toutes
ses pages. Il ne laisse pas le mal
impuni, quoiqu’en pensent les humains qui se moquent de leur Créateur, ne
reconnaissant même pas son existence. Les
jugements de Dieu annoncés s’accomplissent-ils? Ou bien s’agit-il de
menaces vaines, de paroles en l’air?
Dans le traité d’Alliance conclu avec son peuple durant le milieu du
second millénaire avant Jésus-Christ, l’Eternel a
clairement énoncé les bénédictions qui suivraient l’obéissance à ses
prescriptions, suivies des malédictions qui ne manqueraient pas de s’abattre
sur ce peuple en cas contraire de rébellion.
Telle était d’ailleurs la pratique entre un suzerain et son vassal
lors de la conclusion de traités d’alliance à cette époque et même plus
tard. Le livre du Lévitique, au
chapitre vingt-six, énonce progressivement les malédictions encourues par le
peuple de Dieu en cas de désobéissance et d’entêtement dans la rébellion.
Car la possibilité de se repentir, de retourner vers l’Eternel, est toujours
offerte. Mais ce texte parle aussi de la restauration qui suivra les malheurs
qui ne manqueront pas de s’abattre sur Israël.
Je vous propose de lire ensemble ce passage du Lévitique, pour le mettre
ensuite en perspective avec ce qui s’est passé plus tard dans l’histoire
d’Israël:
Si
malgré cela vous ne m’écoutez pas, si vous continuez à me résister, je
vous résisterai avec fureur, et je vous corrigerai encore sept fois plus à
cause de vos péchés. Vous mangerez
vos propres enfants. Je dévasterai
vos lieux de culte sur les hauteurs, j’abattrai vos stèles vouées au dieu du
soleil et j’entasserai vos cadavres sur les cadvres de vos idoles, et je vous
rejetterai. Je réduirai vos villes
en ruines, je ravagerai vos sanctuaires et j’en ferai des lieux déserts, je
ne me laisserai pas apaiser par le parfum de vos sacrifices et de vos offrandes.
Je dévasterai moi-même le pays, de sorte que vos ennemis venus
l’occuper en seront stupéfaits. Quant
à vous, je vous disperserai parmi les nations païennes, et je vous poursuivrai
avec l’épée, votre pays sera dévasté et vos villes deviendront des
monceaux de ruines. Alors la terre
jouira d’années de repos durant tout le temps qu’elle sera désolée et que
vous serez dans le pays de vos ennemis; enfin elle chômera et jouira de son
repos. Durant toute cette période
ou elle demeurera dévastée, elle se reposera pour les années de repos dont
vous l’aurez frustrée le temps que vous l’aurez habitée.
Quant à ceux d’entre vous qui survivront, je plongerai
leur coeur dans l’angoisse en exil, chez leurs ennemis; au seul bruit d’une
feuille qui tombe, ils fuiront comme on fuit devant l’épée de l’ennemi et
ils tomberont sans que personne ne les poursuive.
Ils trébucheront l’un contre l’autre comme lorsqu’on fuit devant
l’épée sans que personne ne les poursuive, et ils seront incapables de résister
à leurs ennemis. Vous périrez chez des nations étrangères et le pays de vos
ennemis vous dévorera. Ceux
d’entre vous qui survivront dépériront dans le pays de vos ennemis à cause
de leurs péchés et de ceux de leurs ancêtres.
Alors ils reconnaîtront leurs fautes et celles de leurs ancêtres, leurs
rébellions contre moi et la résistance qu’ils m’auront opposée.
C’est à cause de cette résistance que je m’opposerai à eux et que
je les enverrai dans le pays de leurs ennemis.
Si alors leur coeur incirconcis s’humilie et qu’ils reconnaissent que
leur châtiment est juste, j’agirai en fonction de mon alliance avec Jacob, de
mon alliance avec Isaac, et de mon alliance avec Abraham, et j’interviendrai
en faveur du pays. Car le pays sera
abandonné par eux et il jouira du repos, après sa dévastation, pendant leur
absence. Ils reconnaîtront la
justice de leur châtiment, parce qu’ils auront méprisé mes commandements et
rejeté mes lois. Et pourtant, même alors, lorsqu’ils seront dans le pays de
leurs ennemis, je ne les rejetterai pas et je ne les prendrai pas en aversion au
point de les exterminer et de rompre mon alliance avec eux; car je suis
l’Eternel leur Dieu. J’agirai en
leur faveur conformément à l’alliance conclue avec leurs ancêtres que
j’ai fait sortir d’Egypte aux yeux des nations pour être leur Dieu: je suis
l’Eternel.
Voilà donc comment résonne l’avertissement solennel
adressé au peuple de l’Alliance au livre du Lévitique.
Pour en mesurer la portée et l’accomplissement, je vous propose de
lire la fin du second livre des Chroniques, toujours dans l’Ancien Testament.
Passage étonnant sur la fin du royaume de Juda, qui illustre point par
point la section des malédictions du Lévitique que je viens de lire: Sédécias
avait vingt et un ans à son avènement. Il
régna onze ans à Jérusalem. Il
fit ce que l’Eternel considère comme mal et il refusa de s’humilier devant
le prophète Jérémie qui s’adressait à lui de la part de l’Eternel.
De plus il se révolta contre Nabuchodonosor qui lui avait fait prêter
un serment de loyauté au nom de Dieu. Au
lieu de revenir à l’Eternel, le Dieu d’Israël, il s’obstina dans sa révolte
contre lui et lui ferma son coeur. De
même, tous les chefs des prêtres et le peuple multiplièrent les pires infidélités
en se livrant aux mêmes pratiques abominables que les nations païennes.
Ils profanèrent le Temple de l’Eternel dont il avait fait un lieu
saint à Jérusalem. L’Eternel, le
Dieu de leurs ancêtres, leur avait adressé très tôt et à maintes reprises
des avertissements par l’intermédiaire de ses messagers, car il aurait voulu
épargner son peuple et le lieu de sa résidence.
Mais les Israélites méprisaient les envoyés de Dieu, ils faisaient fi
de ses paroles et tournaient ses prophètes en ridicule, jusqu’à ce que la
colère de l’Eternel contre son peuple eut atteint un point de non-retour.
Alors l’Eternel fit venir contre eux le roi des Chaldéens qui massacra
leurs jeunes gens jusque dans leur sanctuaire.
Il n’épargna personne:
jeune homme, jeune fille, vieillard, personne âgée: Dieu lui livra tout.
Nabuchodnosor emporta à Babylone tous les objets, grands ou petits,
qu’il y avait dans le Temple de Dieu, et tous ceux du roi et de ses grands.
Les envahisseurs incendièrent le Temple de Dieu et démolirent les
murailles de Jérusalem. Ils mirent
le feu à tous les palais et détruisirent tous les objets de prix. Nabuchodonosor
fit déporter à Babylone les survivants du massacre et il en fit des serviteurs
pour lui et ses fils, jusqu’à la prise du pouvoir par l’empire Perse.
Ainsi s’accomplit la parole de l’Eternel, transmise
par le prophète Jérémie, disant que le pays serait abandonné pour bénéficier
du repos pendant soixante-dix ans jusqu’à ce qu’il ait joui de son temps de
repos.
La
première année du règne de Cyrus de Perse, l’Eternel, pour accomplir la
parole qu’il avait prononcée par le prophète Jérémie, agit sur l’esprit
de Cyrus, empereur de Perse. Alors
Cyrus fit faire, oralement et par écrit, la proclamation suivante à travers
tout son empire: Voici ce que déclare Cyrus, empereur de Perse: “L’Eternel,
le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre et m’a chargé de
lui construire un Temple à Jérusalem en Juda. Quels sont ceux d’entre vous
qui font partie de son peuple? L’Eternel,
leur Dieu sera avec eux; qu’ils partent!”
Ainsi s’achève le second livre des Chroniques dans
l’Ancien Testament: sur un redépart pour le peuple de Dieu, après une période
d’exil et de punition. Ce récit illustre parfaitement l’unité
que l’on trouve dans l’Ecriture Sainte entre la Loi de Dieu, ici énoncée
dans le livre du Lévitique, la parole des prophètes qui rappellent constamment
au peuple de l’Alliance le contenu de la Loi et les implications d’une désobéissance
à son égard, et enfin le mouvement historique guidé par Dieu qui dirige les
événements, mêmes les plus terribles, conformément à son plan: rien, en
effet, n’arrive au hasard, l’accomplissement de la parole divine est inéluctable
même si par ailleurs Dieu offre toujours la possibilité de se repentir et
lance à maintes reprises un appel à son peuple afin qu’il revienne vers lui.
Mais il y a un autre aspect, dans ces deux textes, qui mérite
d’être commenté et sur lequel je reviendrai la fois prochaine: c’est celui
du repos de la terre pendant les soixante-dix ans d’exil des Juifs à
Babylone: que signifie ce repos alors que la terre est en friche et à
l’abandon? C’est donc ce que
nous verrons ensemble lors de notre prochaine émission.