RÉBELLION, DESTRUCTION ET RESTAURATION
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Je
poursuis aujourd’hui une série d’émissions sur le thème suivant: Rébellion,
destruction et restauration, qui a pour objet le jugement de Dieu sur son peuple
dans l’Ancien Testament, suite à la désobéissance constante de celui-ci,
notamment en ce qui concerne les prescriptions sur le sabbat.
La question que j’ai posée était la suivante:
Comment est-il possible qu’une terre dévastée, laissée en friche
alors que la population qui l’habitait a été soit décimée par l’ennemi,
soit emmenée en captivité, puisse jouir de son repos?
C’est pourtant, nous l’avons vu, ce que le second livre des
Chroniques nous indique dans son dernier chapitre, lorsqu’il rapporte l’anéantissement
du petit royaume de Juda aux mains des Babyloniens.
Il ne s’agit pas en effet d’un événement fortuit, mais bien d’un
jugement de Dieu sur son peuple infidèle. Qui
plus est, d’un jugement destiné à accomplir le cycle de repos du sabbat méprisé
par le peuple pendant des années. Le
pays tout entier était libéré du poids oppressant des péchés de ce peuple,
qui avait privé la terre elle-même du repos dont elle devait pouvoir jouir.
Ecoutons donc à nouveau ce passage qui conclut le second livre des Chroniques,
dans l’Ancien Testament: Les
envahisseurs incendièrent le
Pour comprendre l’arrière-plan de cette question du
repos de la terre, reprenons maintenant le chapitre 25 du livre du Lévitique,
avec la prescription suivante donnée par l’intermédiaire de Moïse:
Dis aux Israélites: Quand vous
serez entrés dans le pays que je vais vous donner, la terre elle-même se
reposera; pour l’Eternel, vous la laisserez se reposer.
Pendant six ans, tu ensemenceras ton champ, et pendant six ans tu
tailleras ta vigne et tu en récolteras les produits.
Mais la septième année sera un sabbat, une année de repos pour la
terre, on la laissera se reposer en l’honneur de l’Eternel; tu
n’ensemenceras pas ton champ et tu ne tailleras pas ta vigne.
Tu ne moissonneras pas ce qui poussera tout seul de ta moisson précédente,
et tu ne vendangeras pas les raisins de la vigne non taillée, afin de donner
une année de repos à la terre. Vous
vous nourrirez de ce que la terre produira pendant son temps de repos, toi, ton
serviteur, ta servante, ton ouvrier journalier et les étrangers résidant chez
vous, ainsi que ton bétail et les animaux sauvages qui vivent dans ton pays:
tout produit des terres leur servira de nourriture.
Lors
de notre dernière émission, nous avons aussi cité la prescription sur le
sabbat que l’on trouve au chapitre 23 du livre de l’Exode: Pendant
six années tu ensemenceras ta terre et tu en récolteras les produits; mais la
septième année, tu la laisseras en jachère.
Les pauvres de ton peuple mangeront ce qu’ils y trouveront et ce
qu’ils laisseront nourrira les bêtes sauvages.
Tu feras de même pour tes vignes et tes oliviers.
Donc l’exil de la très vaste majorité des habitants de Juda suite
à la conquête de ce royaume a permis aux plus pauvres des pauvres de pouvoir
jouir des fruits de la terre dont on ne leur avait pas laissé profiter.
Un
incident social et religieux très grave, en rapport avec les prescriptions sur
le sabbat, s’est déroulé vers la fin du règne du roi Sédécias, celui-là
même qui se trouvait sur le trône de Juda au moment
de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor.
Le chapitre 34 du livre de Jérémie nous le rapporte et je vous propose
de vous le lire afin de comprendre quelle a été l’étendue de la violation
du principe du sabbat tel qu’on le trouve énoncé dans le livre de l’Exode
et celui du Lévitique. Rappelez-vous
que tous les sept ans les habitants du pays qui s’étaient volontairement
vendus comme esclaves à leurs compatriotes pour racheter leur dettes ou pour
toute autre raison économique, devaient être renvoyés libres chez eux, munis
de dons offerts par leurs maîtres. Or,
du temps du roi Sédécias, cette règle n’était plus en vigueur,
occasionnant un système généralisé d’oppression sociale.
Mais entre-temps, Nabuchodonosor avait mis le siège devant la capitale Jérusalem
et l’angoisse avait saisi le roi. Voici
donc ce que nous rapporte le chapitre 34 du livre de Jérémie: Le
roi Sédécias avait conclu une alliance avec toute la population de Jérusalem
pour que l’on publie la libération de tous les esclaves.
Chacun devait affranchir ses esclaves hébreux, hommes ou femmes, en
sorte que personne ne retienne plus son compatriote judéen comme esclave.
Tous les dirigeants et toute la population avaient conclu cette alliance
et s’étaient engagés à libérer chacun son esclave, homme ou femme, pour ne
plus les retenir dans la servitude. Ils
avaient tenu parole et avaient libéré leurs esclaves.
Mais par la suite ils revinrent sur leur décision et reprirent leurs
anciens esclaves, hommes et femmes, qu’ils avaient affranchis, pour les
soumettre de nouveau à la servitude. C’est
alors que l’Eternel adressa la parole à
Jérémie en ces termes: Voici ce que déclare l’Eternel, le Dieu d’Israël:
j’avais moi-même conclu une alliance avec vos ancêtres quand je les ai fait
sortir d’Egypte, du pays ou ils étaient esclaves, en leur disant: “Au bout
de sept ans, chacun de vous laissera partir libre son compatriote
israélite qui se sera vendu à lui comme esclave.
Celui-ci servira pendant six ans, et la septième année vous
l’affranchirez.” Mais vos ancêtres
ne m’ont pas obéi, ils n’ont pas prêté attention à mes paroles.
Or vous mêmes, vous avez changé de conduite et vous avez fait ce que je
considère comme juste en annonçant chacun la libération de son prochain.
Vous avez pris des engagements à ce sujet, devant moi, dans le Temple
qui m’appartient. Mais ensuite,
vous êtes revenus sur votre parole et vous m’avez déshonoré, car chacun de
vous a repris ses anciens esclaves, hommes et femmes, que vous aviez affranchis,
et à qui vous aviez permis de disposer d’eux-mêmes à leur gré; vous les
avez forcés à redevenir vos esclaves et vos servantes.
C’est pourquoi, voici ce que déclare l’Eternel: Puisque vous ne
m’avez pas obéi en libérant chacun son compatriote et son prochain, eh bien
moi, je vais vous libérer – l’Eternel le déclare – pour l’épée, la
peste et la famine, et vous inspirerez l’effroi à tous les royaumes de la
terre. Je livrerai ces hommes qui
ont conclu une alliance que j’ai ratifiée.
Car vous n’avez pas tenu les engagements que vous aviez pris lorsque
vous avez conclu cette alliance devant moi en coupant un veau en deux et en
passant entre les deux moitiés. Vous,
les dirigeants de Juda et de Jérusalem, les officiers de la cour, les prêtres
et tous les gens du pays qui êtes passés entre les deux moitiés de veau, je
vous livrerai à vos ennemis et à ceux qui en veulent à votre vie, et vos
cadavres serviront de pâture aux rapaces et aux animaux sauvages.
Que
s’était-il donc passé pour que les riches habitants de Juda reviennent sur leur parole après avoir solennellement libéré
leurs compatriotes esclaves? Ils
avaient conclu une alliance avec le roi dans le Temple de l’Eternel, donc
devant lui: comme c’était la coutume symbolique dans ce genre d’alliance,
on avait tué un animal, un veau, et on l’avait coupé en deux parties: les
parties contractantes étaient passées entre les deux parties, signe de la malédiction
qu’elles appelaient sur elles si elles désobéissaient à leur voeu et à
cette alliance: qu’elles connaissent alors le sort réservé à cet animal,
qu’elles soient tuées et dépecées. Or
tout semble indiquer que la panique qui les avait fait agir de la sorte suite au
début du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor, s’était dissipée en
raison de l’avancée de l’armée égyptienne qu’on pensait être venue à
la rescousse pour délivrer le petit royaume de Juda. Nabuchodonosor avait
momentanément levé le siège de la ville. Ses habitants ne s’étaient alors
plus senti liés par leur engagement maintenant que le danger semblait écarté.
Ils avaient alors forcé ceux-là mêmes qu’ils avaient libérés dans
le cadre d’une alliance solennelle, à retourner sous le joug de leur
condition sociale servile. Un tel
parjure montrait bien que ce n’est nullement animés par un esprit sincère de
repentance et de retour à l’Eternel et à sa Loi qu’ils avaient agi, mais
bien plutôt par un esprit honteux de marchandage avec le Dieu qui avait libéré
leurs ancêtres de l’esclavage lorsqu’il les avait fait sortir d’Egypte.
La réponse de l’Eternel, communiquée par la bouche du prophète Jérémie,
allait les atteindre radicalement: ils seraient tous emmenés en captivité à
Babylone, rendus eux-mêmes esclaves. Seuls les plus pauvres pourraient rester
pour cultiver quelques terres, et le reste du pays jouirait du repos qu’on lui
avait tant dénié.
Je
concluerai la prochaine fois cette série de messages sur le jugement de Dieu
qui s’est abattu sur son peuple suite à la rébellion de celui-ci, en évoquant
la restauration qu’il lui a fait connaître ultérieurement, et en réflechissant
avec vous sur les leçons que nous pouvons tirer aujourd’hui de cet
enseignement biblique.