RÉBELLION, DESTRUCTION ET RESTAURATION (3)

Je poursuis aujourd’hui une série d’émissions sur le thème suivant: Rébellion, destruction et restauration, qui a pour objet le jugement de Dieu sur son peuple dans l’Ancien Testament, suite à la désobéissance constante de celui-ci, notamment en ce qui concerne les prescriptions sur le sabbat.  La question que j’ai posée était la suivante:  Comment est-il possible qu’une terre dévastée, laissée en friche alors que la population qui l’habitait a été soit décimée par l’ennemi, soit emmenée en captivité, puisse jouir de son repos?  C’est pourtant, nous l’avons vu, ce que le second livre des Chroniques nous indique dans son dernier chapitre, lorsqu’il rapporte l’anéantissement du petit royaume de Juda aux mains des Babyloniens.  Il ne s’agit pas en effet d’un événement fortuit, mais bien d’un jugement de Dieu sur son peuple infidèle.  Qui plus est, d’un jugement destiné à accomplir le cycle de repos du sabbat méprisé par le peuple pendant des années.  Le pays tout entier était libéré du poids oppressant des péchés de ce peuple, qui avait privé la terre elle-même du repos dont elle devait pouvoir jouir. Ecoutons donc à nouveau ce passage qui conclut le second livre des Chroniques, dans l’Ancien Testament: Les envahisseurs incendièrent le Temple de Dieu et démolirent les murailles de Jérusalem.  Ils mirent le feu à tous les palais et détruisirent tous les objets de prix.  Nabuchodonosor fit déporter à Babylone les survivants du massacre et il en fit des serviteurs pour lui et ses fils, jusqu’à la prise du pouvoir par l’empire Perse.  Ainsi s’accomplit la parole de l’Eternel, transmise par le prophète Jérémie; jusqu’à ce que le pays ait joui de ses sabbats, il eut du repos tout le temps qu’il fut désolé, jusqu’à l’accomplissement de soixante-dix ans.  Complétons ce récit par un passage du  second livre des Rois, au chapitre 25: Nebouzaradan, chef de la garde impériale, déporta le reste de la population qui était demeuré  dans la ville, ceux qui s’étaient déjà rendus au roi de Babylone ainsi que ce qui restait des habitants.  Mais il laissa une partie des gens du pays pour cultiver les vignes et les champs. 

Pour comprendre l’arrière-plan de cette question du repos de la terre, reprenons maintenant le chapitre 25 du livre du Lévitique, avec la prescription suivante donnée par l’intermédiaire de Moïse:  Dis aux Israélites: Quand vous serez entrés dans le pays que je vais vous donner, la terre elle-même se reposera; pour l’Eternel, vous la laisserez se reposer.  Pendant six ans, tu ensemenceras ton champ, et pendant six ans tu tailleras ta vigne et tu en récolteras les produits.  Mais la septième année sera un sabbat, une année de repos pour la terre, on la laissera se reposer en l’honneur de l’Eternel; tu n’ensemenceras pas ton champ et tu ne tailleras pas ta vigne.  Tu ne moissonneras pas ce qui poussera tout seul de ta moisson précédente, et tu ne vendangeras pas les raisins de la vigne non taillée, afin de donner une année de repos à la terre.  Vous vous nourrirez de ce que la terre produira pendant son temps de repos, toi, ton serviteur, ta servante, ton ouvrier journalier et les étrangers résidant chez vous, ainsi que ton bétail et les animaux sauvages qui vivent dans ton pays: tout produit des terres leur servira de nourriture.  Lors de notre dernière émission, nous avons aussi cité la prescription sur le sabbat que l’on trouve au chapitre 23 du livre de l’Exode: Pendant six années tu ensemenceras ta terre et tu en récolteras les produits; mais la septième année, tu la laisseras en jachère.  Les pauvres de ton peuple mangeront ce qu’ils y trouveront et ce qu’ils laisseront nourrira les bêtes sauvages.  Tu feras de même pour tes vignes et tes oliviers.  Donc l’exil de la très vaste majorité des habitants de Juda suite à la conquête de ce royaume a permis aux plus pauvres des pauvres de pouvoir jouir des fruits de la terre dont on ne leur avait pas laissé profiter. 

Un incident social et religieux très grave, en rapport avec les prescriptions sur le sabbat, s’est déroulé vers la fin du règne du roi Sédécias, celui-là même qui se trouvait sur le trône de Juda au moment  de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor.  Le chapitre 34 du livre de Jérémie nous le rapporte et je vous propose de vous le lire afin de comprendre quelle a été l’étendue de la violation du principe du sabbat tel qu’on le trouve énoncé dans le livre de l’Exode et celui du Lévitique.  Rappelez-vous que tous les sept ans les habitants du pays qui s’étaient volontairement vendus comme esclaves à leurs compatriotes pour racheter leur dettes ou pour toute autre raison économique, devaient être renvoyés libres chez eux, munis de dons offerts par leurs maîtres.  Or, du temps du roi Sédécias, cette règle n’était plus en vigueur, occasionnant un système généralisé d’oppression sociale.  Mais entre-temps, Nabuchodonosor avait mis le siège devant la capitale Jérusalem et l’angoisse avait saisi le roi.  Voici donc ce que nous rapporte le chapitre 34 du livre de Jérémie: Le roi Sédécias avait conclu une alliance avec toute la population de Jérusalem pour que l’on publie la libération de tous les esclaves.  Chacun devait affranchir ses esclaves hébreux, hommes ou femmes, en sorte que personne ne retienne plus son compatriote judéen comme esclave.  Tous les dirigeants et toute la population avaient conclu cette alliance et s’étaient engagés à libérer chacun son esclave, homme ou femme, pour ne plus les retenir dans la servitude.  Ils avaient tenu parole et avaient libéré leurs esclaves.  Mais par la suite ils revinrent sur leur décision et reprirent leurs anciens esclaves, hommes et femmes, qu’ils avaient affranchis, pour les soumettre de nouveau à la servitude.  C’est alors que l’Eternel adressa la parole  à Jérémie en ces termes: Voici ce que déclare l’Eternel, le Dieu d’Israël: j’avais moi-même conclu une alliance avec vos ancêtres quand je les ai fait sortir d’Egypte, du pays ou ils étaient esclaves, en leur disant: “Au bout de sept ans, chacun de vous laissera partir libre son compatriote  israélite qui se sera vendu à lui comme esclave.  Celui-ci servira pendant six ans, et la septième année vous l’affranchirez.”  Mais vos ancêtres ne m’ont pas obéi, ils n’ont pas prêté attention à mes paroles.  Or vous mêmes, vous avez changé de conduite et vous avez fait ce que je considère comme juste en annonçant chacun la libération de son prochain.  Vous avez pris des engagements à ce sujet, devant moi, dans le Temple qui m’appartient.  Mais ensuite, vous êtes revenus sur votre parole et vous m’avez déshonoré, car chacun de vous a repris ses anciens esclaves, hommes et femmes, que vous aviez affranchis, et à qui vous aviez permis de disposer d’eux-mêmes à leur gré; vous les avez forcés à redevenir vos esclaves et vos servantes.  C’est pourquoi, voici ce que déclare l’Eternel: Puisque vous ne m’avez pas obéi en libérant chacun son compatriote et son prochain, eh bien moi, je vais vous libérer – l’Eternel le déclare – pour l’épée, la peste et la famine, et vous inspirerez l’effroi à tous les royaumes de la terre.  Je livrerai ces hommes qui ont conclu une alliance que j’ai ratifiée.  Car vous n’avez pas tenu les engagements que vous aviez pris lorsque vous avez conclu cette alliance devant moi en coupant un veau en deux et en passant entre les deux moitiés.  Vous, les dirigeants de Juda et de Jérusalem, les officiers de la cour, les prêtres et tous les gens du pays qui êtes passés entre les deux moitiés de veau, je vous livrerai à vos ennemis et à ceux qui en veulent à votre vie, et vos cadavres serviront de pâture aux rapaces et aux animaux sauvages.

Que s’était-il donc passé pour que les riches habitants de Juda reviennent sur leur parole après avoir solennellement libéré leurs compatriotes esclaves?  Ils avaient conclu une alliance avec le roi dans le Temple de l’Eternel, donc devant lui: comme c’était la coutume symbolique dans ce genre d’alliance, on avait tué un animal, un veau, et on l’avait coupé en deux parties: les parties contractantes étaient passées entre les deux parties, signe de la malédiction qu’elles appelaient sur elles si elles désobéissaient à leur voeu et à cette alliance: qu’elles connaissent alors le sort réservé à cet animal, qu’elles soient tuées et dépecées.  Or tout semble indiquer que la panique qui les avait fait agir de la sorte suite au début du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor, s’était dissipée en raison de l’avancée de l’armée égyptienne qu’on pensait être venue à la rescousse pour délivrer le petit royaume de Juda. Nabuchodonosor avait momentanément levé le siège de la ville. Ses habitants ne s’étaient alors plus senti liés par leur engagement maintenant que le danger semblait écarté.  Ils avaient alors forcé ceux-là mêmes qu’ils avaient libérés dans le cadre d’une alliance solennelle, à retourner sous le joug de leur condition sociale servile.  Un tel parjure montrait bien que ce n’est nullement animés par un esprit sincère de repentance et de retour à l’Eternel et à sa Loi qu’ils avaient agi, mais bien plutôt par un esprit honteux de marchandage avec le Dieu qui avait libéré leurs ancêtres de l’esclavage lorsqu’il les avait fait sortir d’Egypte.  La réponse de l’Eternel, communiquée par la bouche du prophète Jérémie, allait les atteindre radicalement: ils seraient tous emmenés en captivité à Babylone, rendus eux-mêmes esclaves. Seuls les plus pauvres pourraient rester pour cultiver quelques terres, et le reste du pays jouirait du repos qu’on lui avait tant dénié.

Je concluerai la prochaine fois cette série de messages sur le jugement de Dieu qui s’est abattu sur son peuple suite à la rébellion de celui-ci, en évoquant la restauration qu’il lui a fait connaître ultérieurement, et en réflechissant avec vous sur les leçons que nous pouvons tirer aujourd’hui de cet enseignement biblique.