ETRE
UN SERVITEUR FIDELE (2)
Lors
de la précédente émission de Foi et Vie Réformées, j’ai abordé la
question de la fidélité due par
les prédicateurs de la Parole de Dieu à cette Parole et à Dieu qui l’a
inspirée par son Esprit. On peut détruire
spirituellement les fidèles en pervertissant le sens des Ecritures Saintes, en
ne l’exposant pas selon l’intention de l’Esprit de Dieu, avec Jésus-Christ
comme seul fondement. Or, sur un tel
fondement, on ne devrait construire qu’avec de l’or ou des pierres précieuses.
C’est-à-dire qu’on devrait faire tout son possible pour expliquer
l’Ecriture Sainte, à partir de son centre, la personne et l’oeuvre de Jésus-Christ,
de manière soignée, profonde, bien articulée, en étant bien préparé
et après avoir étudié attentivement les textes qu’on expose aux autres.
Reprenons les paroles de l’apôtre Paul dans la première lettre aux
Corinthiens, au chapitre trois: Conformément à la mission que Dieu, dans sa grâce, m’a confiée,
j’ai posé chez vous le fondement comme un sage architecte.
A présent quelqu’un d’autre bâtit sur ce fondement.
Seulement, que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit.
Pour ce qui est du fondement, nul ne peut en poser un autre que celui qui
est déjà en place, c’est-à-dire Jésus-Christ.
Or on peut bâtir sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des
pierres précieuses ou du bois, du chaume ou du torchis de paille.
Mais le jour du jugement montrera clairement la qualité de l’oeuvre de
chacun et la rendra évidente. En
effet, ce jour sera comme un feu qui éprouvera l’oeuvre de chacun pour en révéler
la nature. Si la construction édifiée
sur le fondement résiste à l’épreuve, son auteur recevra son salaire; mais
si elle est consumée, il en subira les conséquences.
Lui, personnellement, il sera sauvé, mais tout juste, comme un homme qui
réussit à échapper au feu. Ne
savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite
en vous? Si quelqu’un détruit son
temple, Dieu le détruira. Car son
temple est saint, et vous êtes son temple.
Jésus
Christ lui-même, parlant à ses disciples des signes qui marqueront la fin des
temps, adresse un avertissement aux serviteurs en charge du peuple de Dieu.
Au chapitre 24 de l’évangile selon Matthieu, il leur adresse cette
parabole: Quel est le serviteur fidèle et
sensé à qui le maître a confié le soin de veiller sur l’ensemble de son
personnel pour qu’il distribue à chacun sa nourriture au moment voulu? Heureux
ce serviteur que le maître, à son retour, trouvera en train d’agir comme il
le lui a demandé! Vraiment, je vous
l’assure, son maître lui confiera l’administration de tout ce qu’il possède.
Mais si c’est un mauvais serviteur, qui se dit: “Mon maître n’est
pas prêt de rentrer”, et se met à maltraiter ses compagnons de service, à
manger et à boire avec les ivrognes, son maître arrivera un jour où il ne
s’y attendra pas et à un moment qu’il ne connaît pas.
Alors le maître le punira très sévèrement, et le traitera comme on
traite les hypocrites. C’est là
qu’il y aura des pleurs et d’amers regrets.
Dans l’Evangile selon Luc, au chapitre 13, la même déclaration
faite par Jésus est suivie de ce passage: Le
serviteur qui sait ce que son maître veut de lui, mais qui n’aura rien préparé
ou qui n’aura pas agi selon la volonté de son maître, sera sévèrement
puni. Mais celui qui n’aura pas su
ce que son maître voulait, et qui aura commis des actes méritant une punition,
celui-là subira un châtiment peu rigoureux.
Si quelqu’un a beaucoup reçu, on exigera beaucoup de lui; et plus on
vous aura confié, plus on demandera de vous.
Ces paroles de Jésus sont a rapprocher de la parabole bien connue
des talents, ou, si vous préférez, de l’argent à faire fructifier: les
serviteurs ayant reçu de leur maître une grosse somme d’argent en dépot,
selon leur capacité à chacun, certains l’ont fait fructifier et ont rendu au
maître à son retour bien davantage que ce qu’ils avaient reçu, mais l’un
d’entre eux a préféré, par paresse, enterrer le trésor confié pour le
rendre tel quel à son maître, ce pour quoi il a été sévèrement
repris. Même si la parabole
s’applique à tout don ou talent, reçu de Dieu, elle est particulièrement
d’actualité pour ceux qui ont reçu le dépot de la Parole de Dieu pour aller
l’annoncer aux autres. Pas
question de le garder pour soi, pas question de le laisser tel quel, inexploité,
alors que ce dépot peut tant réaliser dans la vie des autres.
Prêcher
la Parole de Dieu dans l’Eglise n’est pas un acte solitaire.
Certes, certains, dont la vocation et les dons pour l’enseignement ont
été testés et approuvés par l’Eglise, sont particulièrement chargés de
la prédication. Mais il revient à
un groupe de dirigeants de l’Eglise, les anciens, selon l’enseignement du
Nouveau Testament, de veiller à ce que cet enseignement reste fidèle au dépot
reçu. A cet égard, l’apôtre Paul donne les directives suivantes à son
jeune ami Tite, laissé derrière lui en Crète pour organiser les toutes jeunes
églises chrétiennes: Je t’ai laissé
en Crète pour que tu achèves de mettre en ordre ce qui est resté en suspens,
et que tu établisses dans chaque ville des responsables dans l’Eglise en
suivant les directives que je t’ai données.
Chacun d’eux doit être un homme irréprochable et un mari fidèle à
sa femme. Il faut que ses enfants
soient dignes de confiance, c’est-à-dire qu’on ne puisse pas les acuser
d’inconduite ou d’insoumission. En
effet il est nécessaire qu’un dirigeant d’église soit irréprochable,
puisqu’il a la responsabilité de la famille de Dieu.
C’est pourquoi il ne doit être ni imbu de lui-même, ni coléreux, ni
buveur, ni querelleur, ni attiré par des gains malhonnêtes.
Qu’il soit, au contraire, hospitalier, ami du bien, réfléchi, juste,
saint et maître de lui-même; qu’il soit fidèlement attaché à la parole
certaine, qui est conforme à ce qui lui a été enseigné.
Ainsi il sera en mesure d’encourager les autres selon l’enseignement
authentique et de réfuter les contradicteurs.
Le
texte parallèle à cet extrait se trouve dans la première lettre de Paul à
Timothée, au chapitre trois. Un peu
plus loin, au chapitre 5, on voit que la tâche d’enseigner, ou de prêcher,
est confiée à certains anciens, donc un ministère particulier
d’enseignement est distingué au sein du groupe des anciens.
Paul écrit ceci: Les responsables
qui dirigent bien l’Eglise méritent des honoraires doubles, notamment ceux
qui se dévouent au ministère astreignant de la prédication et de
l’enseignement. Car l’Ecriture déclare:
Tu ne mettras pas de muselière au boeuf qui foule le grain, et encore:
L’ouvrier mérite son salaire. Une
autre traduction en français du même passage donne: Que
les anciens qui président bien, soient jugés dignes d’un double honneur,
surtout ceux qui prennent de la peine à la prédication et à l’enseignement.
Car l’Ecriture dit: Tu n’emmuselleras pas le boeuf qui foule le
grain, et: L’ouvrier mérite son salaire.
Ce passage rend clair que la communauté des croyants rassemblée
autour de la prédication, de l’enseignement de la Parole de Dieu, a le devoir
de pourvoir aux besoins matériels de ceux qui se consacrent entièrement à cet
enseignement. Paul l’a déjà écrit
aux Corinthiens, au chapitre 9 de sa première lettre: Le
Seigneur a ordonné que ceux qui annoncent la Bonne Nouvelle vivent de cette
annonce de la Bonne Nouvelle. Ce
principe est hérité en droite ligne de l’Ancien Testament, où les prêtres,
les Lévites, vivaient des dons apportés à l’Eternel par la communauté des
croyants. Le principe ne change pas
après la venue de Jésus-Christ, si ce n’est, bien sûr, qu’il ne s’agit
plus de prêtres offrant des sacrifices, car le sacrifice parfait effectué par
Christ une fois pour toutes sur la Croix de Golgotha, a accompli la
sacrificature instituée dans l’Ancien Testament avec la loi donnée à Moïse.
Désormais, ce sont les dirigeants d’église en charge de la prédication
de la Parole, de l’Evangile, qui proclament et enseignent la valeur et la
signification de l’oeuvre parfaite du Christ, avec toutes ses conséquences et
ses applications dans la vie quotidienne. Ils
réfutent aussi les faux enseignements et conduisent le peuple des fidèles dans
la vérité intégrale de l’Evangile. Pour
ce service, ils reçoivent un salaire mérité, pour peu qu’ils accomplissent
fidèlement leur tâche. C’est à
la communauté rassemblée autour de la Parole vivante du Christ de pourvoir à
leurs besoins matériels, puisqu’elle bénéficie de cet enseignement.
Il est triste et lamentable, de voir que bien souvent les communautés
chrétiennes nourries spirituellement par la Parole ne s’acquittent pas de ce
devoir. Parfois c’est par pur
manque de ressources financières, les croyants dans certaines commaunautés étant
trop pauvres pour subvenir même à leurs propres besoins; mais souvent c’est
par indifférence, ou en s’imaginant que Dieu pourvoira directement aux
besoins de leurs pasteurs et dirigeants; ils
n’ont donc pas besoin de faire un quelconque sacrifice à cet égard.
Je n’ai guère besoin de vous dire que c’est une idée totalement
fausse et opposée à l’enseignement biblique. Cela
dit, là où la pauvreté est telle qu’on ne peut subvenir correctement aux
besoins du dirigeant d’église en charge de l’enseignement de la Parole de
Dieu, celui-ci doit tâcher d’exercer une occupation professionnelle
honorable, en marge de son ministère dans l’Eglise.
La communauté chrétienne a alors le devoir de le soutenir dans cette
activité, et de ne pas le surcharger de fardeaux alors qu’il doit aussi
penser à subvenir aux besoins de sa famille.
Mais cette communauté, en particulier les autres dirigeants de
l’Eglise, doit réfléchir aux moyens à lui procurer pour qu’il puisse un
jour se consacrer entièrement à la tâche de l’enseignement et de la prédication.
Le Nouveau Testament nous apprend que l’apôtre Paul lui-même exerçait
une activité professionnelle, celle de fabriquant de tentes, afin de subvenir
à ses besoins et n’être pas à la charge des églises.
Cependant, plusieurs d’entre elles, comme celle de la ville de
Philippes, lui envoyaient des dons pour le soutenir dans son ministère d’apôtre.
Je
voudrais terminer cette seconde émission consacrée au ministère
d’enseignant et de dirigeant dans l’Eglise en vous lisant les belles paroles
de Paul à Timothée, vers la fin de la seconde lettre qu’il lui adresse, et
qui peuvent servir à la fois d’encouragement et d’avertissement à tous
ceux qui exercent ce beau mais difficile ministère: C’est
pourquoi, devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui va juger les vivants et les
morts, et dans la perspective de sa venue et de son règne, je te le recommande
sollennellement: proclame la Parole, insiste, que l’occasion soit favorable ou
non, convaincs, réprimande, encourage par ton enseignement, avec une patience
inlassable. Car le temps viendra où
les hommes ne voudront plus rien savoir de l’enseignement authentique.
Au gré de leurs propres désirs, ils se choisiront une foule de maîtres
à qui ils ne demanderont que de leur caresser agréablement les oreilles.
Ils détourneront l’oreille de la vérité pour écouter des récits de
pure invention. Mais toi, garde, en
toute circonstance, le contrôle de toi-même.
Supporte les souffrances. Remplis
bien ton rôle de prédicateur de l’Evangile.
Accomplis pleinement ton ministère.