LE
MESSIE SUR LA CROIX (3)
Je
reprends aujourd’hui le fil de notre étude sur le chapitre 23 de l’évangile
selon Luc, en particulier sur les trois paroles de Jésus sur la Croix, telles
que l’évangéliste Luc les a rapportées.
Nous allons revenir sur le dialogue qui se déroule entre Jésus et le
second malfaiteur, mais je vous relis tout d’abord une partie de ce texte,
pour bien se le remémorer:
L’un
des deux criminels attaché à une croix l’insultait en disant: “N’es-tu
pas le Messie? Alors sauve-toi toi-même,
et nous avec!” Mais l’autre lui
fit des reproches en disant: “Tu n’as donc aucune crainte de Dieu, toi, et
pourtant, tu subis la même peine? Pour
nous ce n’est que justice: nous payons pour ce que nous avons fait; mais
celui-là n’a rien fait de mal.” Puis
il ajouta: “Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras régner.”
Et Jésus lui répondit: “En vérité je te l’assure: aujourd’hui même,
tu seras avec moi dans le paradis.” Il
était environ midi, quand le pays tout entier fut plongé dans l’obscurité,
et cela dura jusqu’à trois heures de l’après-midi.
Le soleil resta entièrement caché.
Le grand rideau du Temple se déchira par le milieu.
Alors Jésus poussa un grand cri: “Père, je remets mon esprit entre
tes mains”. Après avoir dit ces
mots, il mourut. En voyant ce qui
s’était passé, l’officier romain rendit gloire à Dieu en disant: “Aucun
doute, cet homme était juste.” Après
avoir vu ce qui était arrivé, tout le peuple, venu en foule pour assister à
ces exécutions, s’en retourna en se frappant la poitrine.
Tous les amis de Jésus, ainsi que les femmes qui l’avaient suivi
depuis la Galilée, se tenaient à distance pour voir ce qui se passait.
Il y avait un homme, appelé Joseph, un membre du Grand-Conseil des
Juifs. C’était un homme bon et
droit, qui n’avait pas approuvé la décision ni les actes des autres membres
du Grand Conseil. Il venait
d’Arimathée, en Judée, et attendait le royaume de Dieu.
Il alla demander à Pilate le corps de Jésus. Après l’avoir descendu
de la croix, il l’enroula dans un drap de lin et le déposa dans un tombeau
taillé en plein rocher, où personne n’avait encore été enseveli.
La
dernière fois nous avons vu que le second malfaiteur s’adresse à Jésus en
employant son nom, lequel signifie “L’Eternel sauve”.
Il donne tous les signes comme quoi il comprend la signification de ce
nom; il croit qu’elle s’applique
effectivement à celui qui est crucifié à
côté de lui, en dépit des apparences contraires et du fait que tous se
moquent de ce Jésus. Il confesse
aussi la réalité du Royaume de Jésus: celle-ci n’est pas une affaire de
sauvetage rapide pour les trois crucifiés, afin que tous les trois puissent échapper
au dernier moment au sort misérable qui est le leur. Il confesse que le Royaume
en question est lié à une dispensation, une ère totalement nouvelle qui va
venir, mais qui est déjà visible dans le fait que ce Jésus est bien innocent.
Au contraire de son compagnon d’infortune, il confesse que Jésus - le
Sauveur - doit d’abord mourir avant que son Royaume ne soit établi complètement
sur terre, lorsqu’il reviendra. Il
confesse aussi ses péchés et montre qu’il se repent de ce qu’il a fait, en
reconnaissant que le jugement de Dieu sur lui et sur l’autre est juste.
Jésus lui répondit: “En vérité
je te l’assure: aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis.”
Ce mot “aujourd’hui” indique
l’avènement d’une nouvelle ère, d’un nouvel état dans lequel règne la
présence immédiate et bénéfique du Messie qui apporte une rédemption totale
aux pécheurs. Jésus parle d’un accomplissement que lui seul, en tant que véritable
Messie, peut apporter. Ainsi, au début
de son ministère, il a annoncé dans la synagogue de Nazareth (après avoir
lu Esaïe chapitre 61): Aujourd’hui cette Parole de l’Ecriture que vous venez d’entendre,
est accomplie. De même, dans
Luc 19 il dit, à la suite de sa
visite chez le collecteur d’impôts Zachée, honni du peuple: Aujourd’hui, le salut est entré dans cette maison, parce que cet
homme est, lui aussi, un fils d’Abraham. Car
le Fils de l’homme est venu chercher et amener au salut ce qui était perdu.
Or maintenant, le Messie promet à un pécheur qui se repent et le
confesse comme Roi et Sauveur, qu’immédiatement après sa mort il aura accès
à la présence divine et glorieuse de Jésus, son Sauveur.
Il est probable que faire partie du Royaume de Jésus était pour cet
homme une perspective liée à un futur plus ou moins lointain.
Mais Jésus l’assure qu’il n’aura pas à attendre bien longtemps
avant d’y avoir accès.
Le
contraste entre la lumière et la présence divines qui lui sont promises immédiatement
après sa mort, et ce qui se passe maintenant, est d’autant plus frappant.
Ce contraste confirme néanmoins la nature du ministère messianique de Jésus,
marquée par la mort ignominieuse mais nécessaire de l’Agneau parfait et sans
tâche de Dieu: Il était environ midi, quand le pays tout entier fut plongé dans
l’obscurité, et cela dura jusqu’à trois heures de l’après-midi.
Le soleil resta entièrement caché.
Le grand rideau du Temple se déchira par le milieu.
Alors Jésus poussa un grand cri: “Père, je remets mon esprit entre
tes mains”. Après avoir dit ces
mots, il mourut. En voyant ce qui
s’était passé, l’officier romain rendit gloire à Dieu en disant: “Aucun
doute, cet homme était juste.” La
dernière parole de Jésus sur la Croix, dans l’évangile selon Luc, confirme
qu’il place jusqu’à la fin sa confiance dans son Père, comme il l’a fait
en priant pour ses persécuteurs. Jésus
cite le verset 6 du psaume 31, écrit par David: Je
remets mon esprit entre tes mains; tu m’as libéré, Eternel, Dieu de vérité.
Le psaume 31 est un appel au secours lancé vers Dieu afin qu’il délivre
son Messie, celui à qui il a donné l’onction, du piège tendu par ses
ennemis. Ecoutez le verset 5: Tu
me feras sortir du filet qu’ils m’ont tendu, car tu es ma protection.
C’est en toute connaisance de cause que Jésus cite justement ce
psaume 31... Mais notez bien comment
Jésus va sortir du filet que ses ennemis lui ont tendu: le rideau du Temple qui
se déchire en deux par le milieu ouvre le chemin pour que Jésus puisse aller
vers son Père, alors même qu’il rend le dernier soupir et remet son esprit
entre les mains de Dieu. Après
qu’il ait accompli sa mission, tous ceux qui auront mis leur confiance en lui
auront aussi accès au Père. La
voie est désormais balisée. Le
corps brisé de Jésus sur la Croix est en effet ce qui brise ou déchire le
rideau du Temple en deux et ouvre ce qui est était jusqu’ici fermé.
Il faut nous rappeler en effet qu’avant la venue de Jésus, il y avait
au fond du Temple de Jérusalem une partie très sacrée, qu’on appelait le
lieu Très Saint, où personne n’avait le droit de pénétrer, si ce n’est
le grand-prêtre, et encore une seule fois par an, pour y accomplir une
expiation annuelle des péchés du peuple et de ses propres péchés.
La partie sainte à l’intérieur du Temple, où étaient effectués
d’autres sacrifices, était donc séparée du lieu Très Saint par ce rideau
en laine de couleur violette, écarlate et rouge.
Dans l’Ancien Testament, le service du grand-prêtre, les rites
d’expiation accomplis par lui au nom du peuple, étaient encore une ombre du
sacrifice parfait de Jésus-Christ, l’Agneau de Dieu.
La dernière parole de Jésus sur la Croix, et le fait que le rideau en
question se déchire par le milieu au moment de sa mort, est donc un signe éclatant
de l’accomplissement de sa vocation de Messie.
Il faut qu’il accède d’abord au Père en remettant son Esprit entre
ses mains, avant que cet accès soit ouverts aux croyants.
Le premier à franchir avec lui cette entrée à travers le rideau du
Temple sera donc le malfaiteur qui a cru en lui et en la réalité de son
Royaume. La confiance de Jésus en
son Père, son accès vers lui, sont leur confiance en Dieu et leur accès vers
lui. Il n’est plus besoin d’un
autre grand-prêtre qui opère le sacrifice d’expiation annuel, car Jésus-Christ
est devenu le grand-prêtre pour toujours: c’est lui qui prie et intercède
pour les croyants devant son Père céleste, à la droite de Dieu.
Plus loin dans le Nouveau Testament, l’auteur de la lettre aux Hébreux
explique ceci à ses lecteurs en des mots très clairs (10:19): Ainsi
donc, mes frères, nous avons une pleine liberté pour entrer dans le lieu très-saint,
grâce au sang du sacrifice de Jésus. Il
nous en a ouvert le chemin nouveau et vivant à
travers le rideau du sanctuaire, c’est-à-dire à travers son propre corps.
Ainsi nous avons un grand-prêtre éminent placé à la tête de la
maison de Dieu. Approchons-nous donc
de Dieu avec un coeur droit, avec la pleine assurance que donne la foi, le coeur
purifié de toute mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure.
Lors
de notre prochaine et dernière émission sur le thème des trois paroles de Jésus
sur la Croix dans l’évangile selon Luc, nous regarderons ensemble quelle a été
la réaction vis-à-vis de la mort de Jésus-Christ des derniers acteurs, ou
spectateurs, qui sont mentionnés
dans le récit de Luc. Mais nous le
ferons pour nous demander quelle est notre propre réaction envers cet événement
fondamental de l’histoire de l’humanité...