INTENTER UN PROCES A DIEU?

 

La presse se fait parfois l’écho d’étranges procès que certains, en Europe ou en Amérique, veulent intenter à Dieu, pour cause d’homophobie, de trafic d’influence, de violence, et que sais-je encore.  Jésus-Christ lui-même est mis en cause, comme en Italie ou quelqu’un attaquait en justice un prêtre qui aurait abusé de la crédulité populaire en parlant sans aucune preuve de Jésus comme d’un personnage historique qui aurait réellement existé.

Jusqu’à présent, ces tentatives de mise en cause judiciaire n’ont jamais abouti.  Dans un cas particulier, le juge a statué  que le plaignant devait être en mesure de joindre la partie adverse pour que le procès puisse avoir lieu. Dans un autre cas, en Roumanie, le juge a fait valoir que Dieu n'est pas un sujet de droit et n'a pas d'adresse.

Intenter un procès à Dieu?  En fait la chose n’est pas nouvelle.  Environ 5 siècles avant Jésus-Christ, le prophète Jérémie, parlant au nom de Dieu, s’en faisait l’écho au sein du petit royaume de Juda (5:29): “Pourquoi m’intenter un procès?  Tous vous vous êtes révoltés contre moi, l’Eternel le déclare”.  Quant à Jésus-Christ, son procès a déjà eu lieu, certains semblent l’avoir oublié.  L’historien Luc, connu pour la précision historique de ses récits (celui du naufrage du bateau qui emmenait St Paul en Italie, à la fin du livre des Actes, est le plus détaillé de toute l’antiquité gréco-romaine) rapporte les éléments de ce procès à la fin de son évangile (chapitre 23):  Mais Pilate, qui désirait relâcher Jésus, adressa de nouveau la parole à la foule, qui se mit à crier: ‘Crucifie-le! Crucifie-le!’ – Mais enfin, leur demanda-t-il pour la troisième fois, qu’a-t-il fait de mal?  Je n’ai trouvé en lui aucune raison de le condamner à mort.  Je vais donc lui faire donner le fouet puis le remettre en liberté.  Mais ils devinrent de plus en plus pressants et exigèrent à grands cris sa crucifixion.  Finalement, leurs cris l’emportèrent. Pilate décida alors de satisfaire à leur demande.  Il relâcha donc celui qu’ils réclamaient, celui qui avait été emprisonné pour une émeute et pour un meurtre, et leur livra Jésus pour qu’ils fassent de lui ce qu’ils voulaient.

Ce procès fondamentalement injuste de Jésus, c’est au fond celui qu’une humanité rebelle et adonnée à ses vices intente à Dieu, en l’accusant d’être l’auteur de tous ses maux, de tout ce qui ne va pas en son sein.  Or depuis le début du christianisme, les chrétiens (qu’ils soient catholiques romains, protestants ou orthodoxes) confessent ensemble que ce même Jésus-Christ, condamné injustement  à une mort infâmante - le supplice de la Croix - est celui qui a été justifié par Dieu lui-même.  Non seulement Dieu l’a fait revenir à la vie, mais il l’a élevé vers lui, et l’a établi souverain et juge de toutes choses afin que tout un chacun s’abaisse devant lui et reconnaisse son autorité universelle exercée depuis la sphère divine. Il viendra de là pour juger les vivants et les morts, déclare la confession de foi commune de tous les chrétiens.

Ne nous trompons donc pas de procès, sous peine de grave désillusion et de surprise extrêmement désagréable le jour venu.  Ce sont les humains qui se trouvent sous le coup d’une accusation radicale aux conséquences incalculables.  Il vaut bien mieux prêter attention à ce qu’écrivait il y a deux mille ans Saint Paul aux fidèles de l’Eglise de Corinthe: Aussi, que nous restions dans ce corps ou que nous le quittions, notre ambition est de plaire au Seigneur.  Car nous aurons tous à comparaître devant le tribunal de Christ, et chacun recevra ce qui lui revient selon les actes, bons ou mauvais, qu’il aura accomplis par son corps.

En fait, il est difficile de lire la Bible et de ne pas être frappé par la persistance du thème du jugement divin au travers de ses pages.  A tous moments, Dieu juge des individus particuliers, des groupes, des dirigeants politiques ou religieux, des nations entières, et finalement, le genre humain dans son ensemble.  Et cela depuis la Genèse, le premier livre de l’Ancien Testament, jusqu’à l’Apocalypse, qui est le dernier livre du Nouveau Testament.  Le Dieu de la Bible serait-il donc un être  perpétuellement en colère, incapable de compatir, ou de trouver quoi que ce soit d’agréable dans l’humanité dont il est pourtant le Créateur?  Beaucoup de personnes rejettent le message biblique dans son ensemble justement à cause de cela.  Dieu leur apparaît comme un être impitoyable et dénué de compréhension, et en fait ils le détestent. Mais ce faisant, ils expriment eux-mêmes un jugement sur le Dieu qui parle au travers des pages de la Bible; c’est en quelque  sorte eux-mêmes qui jugent Dieu et qui le condamnent.  Drôle de revirement! D’autant plus que généralement, ces mêmes personnes n’hésiteront pas à porter un jugement très négatif sur leurs contemporains, ou sur des hommes ou des femmes disparus depuis longtemps, chaque fois qu’ils évoqueront le comportement odieux, haineux, violent, malhonnête, impitoyable, corrompu, arrogant de telle ou telle personne ou groupe.  Eux peuvent se permettre de porter un jugement sur le mal commis par les uns ou les autres (à l’exception bien sûr du mal qu’ils commettent eux-mêmes!) mais le Créateur du monde, lui, n’aurait pas le droit de le faire...  Et bien, qu’ils le veuillent ou non, Il le fait.  Et voici dans quels termes (les paroles que je vous lis maintenant sont tirées du psaume 14): L’insensé dit en son coeur: Il n’y a pas de Dieu!  Ils se sont corrompus, ils ont commis des actions horribles; il n’en est aucun qui fasse le bien.  L’Eternel, du haut des cieux, se penche sur les êtres humains, pour voir s’il y a quelqu’un qui ait du bon sens, qui cherche Dieu.  Tous sont égarés, ensemble ils sont pervertis; il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul.  Tous ceux qui commettent l’injustice n’ont-ils pas de connaissance?  Eux qui dévorent mon peuple comme on dévore du pain, ils n’invoquent pas l’Eternel.  C’est là qu’ils trembleront de peur, quand Dieu paraîtra au milieu de la race juste.  Vous faites tourner à sa honte les projets du malheureux, l’Eternel est son refuge. 

 

Après une telle lecture, et bien d’autres, on est en droit de se demander si la Bible présente une alternative, un remède au jugement divin sur l’humanité.  Et bien oui, elle le fait et d’une manière radicale: ce même Dieu qui porte un jugement et condamne, est celui qui grâcie, pardonne et renouvelle.  Mais il ne le fait pas à la légère, comme si au fond cela ne lui coûtait pas grand chose.  En fait c’est tout le contraire.  Le seul remède qu’Il accorde aux humains, c’est le transfert de la condamnation sur une personne divine de même essence que lui, et qui vit en communion avec lui de toute éternité: son propre Fils éternel, devenu une personne en chair et en os au cours de l’histoire humaine pour accomplir cette mission de rédemption.  Le sacrifice parfait de Jésus-Christ consenti sur la Croix est ce remède-là.  C’est en se mettant au bénéfice de la mort et de la résurrection du Christ que l’on échappe à la condamnation divine et que l’on a accès à la vie nouvelle impartie par l’Esprit du Christ ressuscité.  C’est ce que l’apôtre Paul explique en détail dans sa lettre aux chrétiens de Rome.  Au chapitre 8 de cette lettre, il résume ainsi cet enseignement digne de foi: Maintenant donc, il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont unis à Jésus-Christ.  Car la loi de l’Esprit qui nous donne la vie dans l’union avec Jésus-Christ t’a libéré de la loi du péché et de la mort.

Alors, oui, il y a bien une condamnation sans appel par Dieu de l’iniquité des humains.  Mais dans sa bonté et sa Grâce souveraines, Dieu a fait tomber cette condamnation sur celui qui, par son innocence parfaite, pouvait seul servir de victime expiatoire.  Seul Jésus-Christ, Dieu et homme en une personne, pouvait accorder le bénéfice de son innocence et de sa perfection à tous ceux qui invoqueraient son nom et se placeraient sous  la protection de son oeuvre parfaite.

A quoi sert-il de parler de Dieu, de spéculer sur son action, sur son être, que sais-je encore, si nous ne sommes pas prêts à nous mettre au bénéfice de sa Grâce telle qu’Il l’a manifestée en Jésus-Christ? Croyez-vous peut-être que vous serez en mesure de lui tenir tête lorsqu’Il vous demandera des comptes, le jour où l’ensemble de vos actions, de vos paroles et de vos pensées apparaîtront devant son siège divin?  Que lui présenterez-vous qui sera en mesure de satisfaire à sa sainteté et à sa perfection?  Lui direz-vous peut-être:  Tu n’avais qu’à me créer sans aucune tache, sans aucun défaut? Ou encore: Ce n’est pas ma faute si mon ancêtre a commis une faute qui a plongé le genre humain dans la misère…  Comme si vous n’étiez en rien responsable de vos propres actions, pensées ou paroles.  La réponse de l’Evangile chrétien, ce n’est pas le déni de culpabilité, essayer de trouver refuge dans de vains arguments pour se justifier soi-même; c’est au contraire de reconnaître notre état de misère profonde et de rechercher le remède là seulement où il est accessible et efficace: dans le don gratuit de Dieu, celui de la personne de son Fils bien-aimé, Jésus-Christ.

 

C’est ce à quoi je vous invite, dès aujourd’hui, dans la prière personnelle de repentance et d’imploration du pardon divin: vous avez tout à y gagner, rien à y perdre.  Il nous faut mourir à notre vieille nature, celle qui déplaît à Dieu, qui cherche à lui désobéir, afin de renaître dans une vie nouvelle, exemptée du jugement divin. Ecoutez ce que le même apôtre Paul, au chapitre 6 de sa lettre aux chrétiens de Rome, écrit au sujet de la vie nouvelle accordée à ceux qui appartiennent à Jésus-Christ: En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection; nous savons que notre vieille nature a été crucifiée avec lui, afin que ce corps de péché soit réduit à l’impuissance et que nous ne soyons plus esclaves du péché; car celui qui est mort est quitte du péché. Or, si nous sommes morts avec Christ nous croyons que nous vivrons aussi avec lui sachant que Christ ressuscité d’entre les morts ne meurt plus; la mort ne domine plus sur lui.  Car il est mort, et c’est pour le péché qu’il est mort une fois pour toutes, et maintenant qu’il vit, il vit pour Dieu.  Ainsi, vous-mêmes, considérez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Christ-Jésus.