LE
CHEMIN, LA VÉRITÉ ET LA VIE
“Qu’est-ce que la vérité?” demandait le procurateur romain
Ponce-Pilate à Jésus-Christ qui comparaissait devant lui sous le coup de
fausses accusations de sédition contre l’autorité de l’empereur romain.
Etonnant que cette question soit posée à celui-là même qui avait déclaré
un jour à ses disciples: Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie: nul ne vient au Père que
par moi. Une telle affirmation
nous confronte à une constatation inévitable: la vérité ne se définit que
par rapport à ce qui est faux, erroné, et surtout mensonger.
On peut bien sûr dire que la vérité n’est pas connue tout simplement
parce qu’on est dans l’ignorance de certains faits, il faut encore chercher
avant de trouver de manière certaine. Mais
il est impossible de ne pas voir que très souvent, c’est par rapport au
mensonge que se définit la vérité: le mensonge étant alors la suppression délibérée
de la vérité. Et c’est
bien ce que l’apôtre Paul a en vue dans le passage suivant de la lettre
qu’il écrit aux chrétiens de Rome:
Du haut du ciel, Dieu manifeste sa colère contre les hommes qui ne
l’honorent pas et ne respectent pas sa volonté.
Ils étouffent ainsi malhonnêtement la vérité.
En effet, ce qu’on peut connaître de Dieu est clair pour eux, Dieu
lui-même le leur ayant fait connaître. Car,
depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance
éternelle et sa divinité se voient dans ses oeuvres quand on y réfléchit.
Ils n’ont donc aucune excuse, car alors qu’ils connaissent Dieu, ils
ont refusé de lui rendre l’honneur que l’on doit à Dieu et de lui exprimer
leur reconnaissance. Ils se sont égarés dans des raisonnements absurdes et
leur pensée dépourvue d’intelligence s’est trouvée obscurcie.
Etouffer malhonnêtement la vérité...
N’est-ce pas en effet l’activité favorite des humains?
On le voit à tous les niveaux: c’est vrai qu’on reproche souvent aux
politiciens d’en faire leur sport favori, mais on pourrait en dire autant de
bien d’autres secteurs d’activité. Par
exemple: le journalisme manipulateur de l’information, qui filtre les
nouvelles ou les commentaires selon des critères idéologiques dûment établis,
selon le mot d’ordre de la bien-pensance au goût du jour; les pratiques
commerciales frauduleuses qui trichent en contournant les règles tout en prétendant
s’y conformer; la publicité mensongère; les historiens qui déforment
sciemment les faits pour présenter leur version de l’histoire.
Etc. etc. La société
humaine respire en fait le mensonge comme un parfum auquel elle est adonnée.
D’ailleurs, mensonge et meurtre, à petit feu ou à long feu, vont de
pair. Jésus-Christ dénonçait
comme menteurs les leaders religieux de son temps qui ne croyaient pas en son
message: Votre
père, leur a-t-il dit un jour, c’est
le diable, et vous voulez vous conformer à ses désirs.
Depuis le commencement, c’est un meurtrier: il ne se tient pas dans la
vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en
lui. Lorsqu’il ment, il parle de
son propre fond, puisqu’il est menteur, lui le père du mensonge.
Mais moi, je dis la vérité. C’est précisément pour cela que vous ne
me croyez pas. Alors, où se
tourner pour trouver la vérité? Uniquement
vers celui-là même qui a été condamné et exécuté sur la base de mensonges
dûment forgés, mais que Dieu a fait revenir à la vie et a élevé au plus
haut, manifestant ainsi que ni le mensonge ni le meurtre ne pouvaient avoir le
dernier mot.
Une
des affirmations les plus controversées, et même, pour beaucoup, scandaleuses
de Jésus-Christ nous est rapportée dans l’évangile selon Jean, au chapitre
14. Je vous l’ai lue tout à
l’heure. Il déclare à l’un de
ses disciples: Moi,
je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul
ne vient au Père que par moi. Par
là il affirme que la seule voie
vers Dieu le Père, c’est lui. Il
n’y en a pas d’autre. Voilà des
propos tout à fait sectaires, réagiront la plupart. Comment peut-il oser dire
une chose pareille? Cela veut-il
dire que ceux qui recherchent Dieu sincèrement par d’autres voies, à travers
d’autres religions ou d’autres sagesses, n’aboutiront à rien, sinon à
s’égarer? Il est intéressant de
remarquer que le disciple à qui Jésus parle de manière aussi catégorique
c’est Thomas, celui-là même qui doutera de la réalité de sa résurrection
parce qu’il ne l’aura pas vu vivant avec les autres disciples lors de sa
première manifestation à eux. Alors,
Jésus se prend-il pour le seul vrai prophète inspiré? En fait, il va bien
plus loin. Un autre disciple,
Philippe, réagit à cette parole de
Jésus, et lui dit: Seigneur, montre-nous
le Père, et cela nous suffit. Ce
à quoi Jésus réplique: Il y a si
longtemps que je suis avec vous, et tu ne m’as pas connu Philippe!
Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment
dis-tu: Montre-nous le Père? Ne
crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi?
Les paroles que je vous dis ne viennent pas de moi-m
Tout
à fait à la fin de l’évangile selon Matthieu, Jésus dit à ses disciples,
après les avoir envoyés prêcher l’Evangile dans le monde entier au nom de
l’autorité divine dont il est revêtu, dans le ciel comme sur la terre: Et
voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. L’évangile
selon Matthieu débute donc avec l’annonce de la naissance de cet Emmanuel
dont le signe prophétique avait été donné plus de sept cents ans auparavant
par la bouche du prophète Esaïe, et il se termine par la promesse faite par Jésus
lui-même qu’il demeure
“Emmanuel” - Dieu avec nous -, jusqu’à la fin du monde.
Par son Esprit, Il demeure présent auprès de ses disciples de toutes générations,
jusqu’à la nôtre et bien au-delà, dans la mesure où ses disciples
demeurent fidèles à sa Parole, et obéissent à tout ce qu’Il a enseigné,
en particulier l’ordre d’aller vers toutes les nations pour en faire des
disciples.
Au
chapitre 17 de l’évangile selon Jean, lorsqu’il prie pour ses disciples, Jésus
dit aussi: Consacre-les par la vérité.
Ta parole est la vérité. Comme tu
m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les y envoie.
Et je me consacre à toi pour eux, pour qu’ils soient, à leur tour,
consacrés à toi par la vérité. Lui
donc, qui est la Parole de Dieu incarnée, c’est-à-dire envoyée dans le
monde et devenue homme, est cette vérité venue de Dieu, et par elle les
disciples sont consacrés à Dieu. Or,
savez-vous que Jésus-Christ, lors de cette prière, a prié non seulement pour
les disciples qui étaient autour de lui, mais pour vous aussi qui croyez en sa
parole? Oui, pour vous
personnellement? Nous lisons en
effet au verset 20 du même chapitre: Ce
n’est pas seulement pour eux que je te prie; c’est aussi pour ceux qui
croiront en moi grace à leur témoignage.
Si vous croyez, vous aussi vous êtes inclus personnellement dans cette
prière de notre Seigneur, qui connaît tous les coeurs.
C’est
donc dans la joie de cette certitude que nous pouvons aller de l’avant jour
après jour, assurés d’être guidés sur le chemin, ancrés dans la vérité,
conduits vers la vie nouvelle en Jésus-Christ, à la gloire de Dieu le Père et
dans la communion du Saint Esprit.