LE FRANCAIS PAR LA BIBLE (2)

 

“Le français par la Bible”: comme je vous l’ai promis la dernière fois,  nous allons parcourir ensemble le chapitre 20 de l’évangile selon Jean pour découvrir la richesse du récit de la résurrection de Jésus en étudiant les verbes qui y apparaissent à un temps du passé.  Je vous lis donc ce texte dans la traduction en français dite de la Colombe, à partir du verset 1 jusqu’au verset 10:  Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rendit au tombeau dès le matin, comme il faisait encore obscur; et elle vit que la pierre était enlevée du tombeau.  Elle courut trouver Simon Pierre et l’autre disciple que Jésus aimait, et leur dit: On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l’a mis.  Pierre et l’autre disciple sortirent pour aller au tombeau.  Ils couraient tous deux ensemble.  Mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau; il se baissa, vit les bandelettes qui étaient là, pourtant il n’entra pas.  Simon Pierre, qui le suivait, arriva.  Il entra dans le tombeau, aperçut les bandelettes qui étaient là, et le linge qu’on avait mis sur la tête de Jésus, non pas avec les bandelettes, mais roulé à une place à part.  Alors l’autre disciple, qui était arrivé le premier au tombeau, entra aussi; il vit et il crut.  Car ils n’avaient pas encore compris l’Ecriture, selon laquelle Jésus devait ressusciter d’entre les morts.  Et les disciples s’en retournèrent chez eux.

Notre récit comprend quatre temps du passé qu’en emploie en français: le passé composé,  l’imparfait, le passé simple, et le plus-que-parfait.  Tous ces temps appartiennent au mode indicatif, un mode qui comprend aussi le présent et le futur: il exprime des faits qui se sont déroulés dans le passé, qui se déroulent présentement, ou qui vont se dérouler. Il n’exprime pas des faits qui pourraient se dérouler si une ou des conditions étaient remplies (cela c’est le mode conditionnel qui l’exprime). Il n’exprime pas non plus un ordre, un commandement, comme le fait l’impératif; pas non plus l’expression d’une peur, d’un désir, d’un souhait ou d’une nécessité (cela c’est le mode subjonctif qui l’exprime).   Mais quelle est la différence entre ces temps du passé au mode indicatif?  Qu’expriment-ils et comment sont-ils reliés les uns avec les autres?  Commençons par le passé composé.  Le passé composé est un temps qui sert à raconter ou exprimer ce qui s’est passé une fois dans le passé et qui est maintenant terminé.  On l’utilise très couramment dans la conversation et à l’écrit.  Pour exprimer le passé composé, il faut conjuguer le verbe être ou le verbe avoir comme auxiliaire au présent, c’est-à-dire comme verbe qui accompagne d’autres verbes pour les exprimer à certains temps. C’est justement pour cela qu’on l’appelle le passé composé, parce qu’il se compose avec un verbe auxiliaire. Par exemple: j’ai chanté, tu as fini, il est allé, nous avons mangé, vous êtes sortis, elles sont descendues.  Vous voyez que dans les exemples que je viens de vous donner, les verbes chanter, finir et manger sont conjugués avec l’auxiliaire avoir, tandis que les verbes aller, sortir et descendre sont conjugués avec le verbe être.  Donc pour conjuguer un verbe au passé composé, il faut bien connaître le verbe avoir ou être au présent, puis il faut ajouter ce qu’on appelle le participe passé, c’est à dire une certaine forme du verbe que l’on veut exprimer.  Pour les verbes du premier groupe, comme chanter ou manger, on termine en général le participe passé par la terminaison “ e accent aigu” qu’on prononce “é”.  Je répète ces exemples: j’ai chanté, nous avons mangé.  Pour les verbes du deuxième groupe, qui se conjuguent sur le modèle du verbe finir, la terminaison du participe passé, c’est “i”, comme dans l’exemple: tu as fini.  Les verbes du troisième groupe sont irréguliers, c’est-à-dire qu’ils varient beaucoup dans leur forme.  Le participe passé du verbe aller (qui est un verbe du troisième groupe) c’est “allé”, avec “e accent aigu”, tout comme “chanté”, qui appartient au premier groupe.  Le participe passé du verbe sortir (également du troisième groupe) c’est sorti, tout comme fini, qui est pourtant un verbe du deuxième groupe.  Mais le participe passé du verbe descendre c’est “descendu”, avec la terminaison “u”.  Bien connaître les verbes français, comment ils se conjuguent au passé composé à toutes les personnes et comment on les écrit est donc très important pour comprendre un texte qui raconte quelque chose de passé.  Il faut aussi savoir quels sont les verbes qui se conjuguent avec l’auxiliaire avoir, et quel sont ceux qui se conjuguent avec l’auxiliaire être.  En règle générale, les verbes  se conjuguent avec l’auxiliaire avoir, mais les verbes qui indiquent un changement de position, un déplacement dans l’espace, se conjuguent avec l’auxiliaire être. Il y en a environ 18 en français.   Par exemple: vous êtes sortis, elles sont descendues.  Sortir et descendre sont des verbes qui indiquent un changement de position, un déplacement.  De même pour aller, venir, et même rester, comme dans tu es resté.  Au passé composé on dit: je suis allé, tu es allé, il ou elle est allé(e), nous sommes allés, vous êtes allés, ils ou elles sont allées.  Je suis venu, tu es venu, il ou elle est venue.  Nous sommes venus, vous êtes venus, ils ou elles sont venu(e)s.  Il y a une autre catégorie de verbes qui se conjuguent toujours, sans exception, avec l’auxiliaire être: ce sont les verbes dits “réflexifs” qui prennent un pronom réflexif entre le sujet et le verbe: me, te, se, nous, vous, se.  Par exemple se demander, comme dans je me demande, est un verbe réflexif.  Au passé composé on le conjugue comme ceci, en utilisant l’auxiliaire être au présent, suivi du participe passé du verbe demander (qui se termine par “e accent aigu”): je me suis demandé, tu t’es demandé, il ou elle s’est demandé(e), nous nous sommes demandés, vous vous êtes demandés, ils ou elles se sont demandé(e)s.  Vous avez sûrement remarqué que lorsque je conjugue un verbe, je le fais toujours dans un ordre particulier: je commence par la première personne du singulier, c’est-à-dire je - moi-même, si vous voulez -.  Puis je continue avec tu, la deuxième personne du singulier, ensuite avec il ou elle, la troisième personne du singulier.  “Singulier” veut dire qu’il n’y a qu’une seule personne ou objet, que ce soit moi, toi, lui ou elle.  Ensuite vient le pluriel (il y a plusieurs personnes ou plusieurs objets): la première personne du pluriel c’est nous, la deuxième personne du pluriel c’est vous (quand on s’adresse à plusieurs personnes), et la troisième personne du pluriel c’est ils ou elles, comme dans  ils se sont demandés.

Mais reprenons notre texte de l’évangile selon Jean, au chapitre 20.  Y a t-il des verbes conjugués au passé composé?  Oui, lorsque Marie Madeleine parle directement à Pierre et à l’autre disciple de ce qu’elle vient de voir et leur dit: On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l’a mis.  On a enlevé et on l’a mis sont des verbes conjugués à la troisième personne du singulier au passé composé.  On est un pronom indéfini qui compte comme une troisième personne du singulier, même si plusieurs personnes pourraient être impliquées (mais cela on ne le sait pas). Notez toutefois qu’aujourd’hui, dans la langue parlée, le pronom indéfini on remplace souvent - de manière familière - nous, la première personne du pluriel, par exemple lorsque quelqu’un dit:  On a terminé notre travail, maintenant on va manger.  Cette personne pourrait dire, de manière plus formelle: nous avons terminé notre travail, maintenant nous allons manger.  Mais dans le cas de notre récit, on est vraiment un pronom indéfini, Marie Madeleine ne sait pas ce qui est arrivé, et qui a enlevé le Seigneur du tombeau.  En revanche, quand elle parle d’elle-même et des autres femmes qui l’ont accompagnée au tombeau le matin du premier jour de la semaine, elle emploie le pronom personnel nous, et pas on.  Elle dit en effet:   nous ne savons pas où on l’a mis.  Alors, pourquoi est-ce qu’on emploie ici le passé composé pour rapporter les paroles de Marie-Madeleine aux disciples?   Encore une fois, parce qu’elle parle directement de quelque chose qui vient d’arriver, et qui ne s’est déroulé qu’une fois.  Le passé composé, c’est le temps passé le plus fréquemment employé dans le langage parlé pour parler de ce qui s’est passé. 

A côte du passé composé, on trouve dans notre récit beaucoup de verbes conjugués au passé simple. C’est un temps qu’on n’utilise qu’à l’écrit, aujourd’hui plus personne ne l’emploie dans la langue parlée.  C’est pour cela qu’il est moins beaucoup moins connu. Et pourtant, si on veut lire des récits ou des livres d’histoire, il faut pouvoir reconnaître et apprécier le passé simple.  Le passé simple est un temps simple parce qu’il ne se compose pas avec un verbe auxiliaire, être ou avoir.  Cependant, tout comme le passé composé, le passé simple exprime un événement qui s’est déroulé une fois dans le passé, mais il le fait de manière assez formelle, assez littéraire.  A l’écrit c’est par excellence le temps de la narration.  Notre récit en est truffé: Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rendit au tombeau dès le matin.  Se rendit est une forme du verbe se rendre au passé simple, à la troisième personne du singulier, puisqu’il s’agit d’une seule personne, Marie Madeleine, et non de plusieurs. On pourrait remplacer Marie Madeleine par le pronom personnel elle. Dans la phrase Elle courut trouver Simon Pierre nous trouvons le verbe courir lui aussi conjugué à la troisième personne du singulier du passé simple, puisqu’il s’agit toujours de Marie Madeleine.  Dans la phrase Pierre et l’autre disciple sortirent pour aller au tombeau, le verbe sortir est conjugué à la troisième personne du pluriel, puisqu’il y a deux personnes impliquées dans l’action de courir, Pierre et l’autre disciple. Dans la phrase il vit et il crut, les verbes croire et voir sont tous les deux conjugués à la troisième personne du singulier au passé simple, car il s’agit d’une seule personne, l’autre disciple.  Mais comment apprendre à reconnaître toutes les terminaisons des verbes au passé simple?  N’est-ce pas un peu trop difficile?  Certes, ce n’est pas très facile, mais les verbes du premier groupe et du second groupe ont des terminaisons régulières.  Lors de notre prochaine émission je vous donnerai les terminaisons des verbes du premier, deuxième et troisième groupe que nous trouvons dans notre texte; nous continuerons aussi à explorer notre texte pour y découvrir deux autres temps du passé au mode indicatif: l’imparfait et le plus-que-parfait.   J’espère que vous avez pu profiter de cette leçon de français par la Bible, et vous dis donc: à bientôt!