LE FRANCAIS PAR LA BIBLE (3)

“Le français par la Bible”: Dans cette nouvelle série que vous propose Foi et Vie Réformées, nous étudions des points de grammaire ou de syntaxe française à partir de textes de la Bible.  Nous avons commencé par le récit de la résurrection de Jésus tel qu’on le trouve au chapitre 20 de l’évangile selon Jean.  Nous en étudions ensemble les verbes qui apparaissent à un temps du passé.  La dernière fois nous nous sommes concentrés sur le passé composé et le passé simple, deux temps du mode indicatif. Le premier est plus adapté à la langue parlée, il est utilisé pour raconter assez directement ce qui vient de se passer; le seond est plus littéraire et il est réservé à la langue écrite.  Je vous ai laissé la dernière fois au moment de vous donner les terminaisons au passé simple des verbes du premier, du deuxième et du troisième groupe.  Reprenons donc le fil de notre exposé avec ce point de grammaire.

Comme en général, dans les récits du passé, le passé simple ne concerne que la troisième personne du singulier ou du pluriel (car dans la narration on raconte la plupart du temps ce qui est arrivé à une ou plusieurs personnes) je ne vais vous donner que les terminaisons de ces personnes pour ne pas alourdir cet exposé.  Prenons d’abord les verbes du premier groupe, tous conjugués sur le modèle du verbe aimer.  Je vous le conjugue au passé simple à la troisième personne du singulier et du pluriel en vous épelant la terminaison pour ces personnes:   il aima ou elle aima a;  ils aimèrent ou elles aimèrent, e accent grave (è) -r-e-n-t.  Trouvons-nous des exemples de verbes du premier groupe conjugués au passé simple à la troisième personne du singulier dans notre texte?  Mais oui.  Ecoutez: il arriva le premier au tombeau; il se baissa, pourtant il n’entra pas.  Nous avons ici trois verbes du premier groupe, arriver, se baisser, entrer tous conjugués au passé simple à la troisième personne du singulier, car il s’agit d’une seule personne, l’autre disciple.  Et trouvons-nous un exemple d’un verbe du premier groupe conjugué cette fois-ci à la troisième personnes du pluriel?  Et bien oui, c’est le cas du dernier verbe de notre texte, dans la phrase: Et les disciples s’en retournèrent chez eux.  Le verbe s’en retourner est un verbe du premier groupe, qui se conjugue donc sur le modèle général du verbe aimer.  Nous retrouvons la terminaison e accent grave (è), r-e-n-t, que nous prononçons èrent, comme dans ils aimèrent,  ou elles chantèrent.  En fait notre texte comprend beaucoup d’autres verbes conjugués au passé simple, mais ils appartiennent au troisième groupe des verbes français, et n’ont pas tous la même terminaison.  Certains, comme le verbe se rendre, ont les terminaisons i-t, prononcée tout simplement i à la troisième personne du singulier: il se rendit.  Et au pluriel: i-r-e-n-t, prononcée simplement irent.  Il en va de même pour le verbe suivre, appartenant lui aussi au troisième groupe: elle suivit (i-t) au singulier; elles suivirent (i-r-e-n-t) au pluriel.  Et aussi le verbe se rendre, que nous avons déjà vu: elle se rendit, au singulier, ils se rendirent, au pluriel. Notez que ces terminaisons sont les mêmes pour tous les verbes du second groupe, ceux qui se conjuguent comme le verbe finir.  Les verbes croire et courir, quant à eux, appartiennent à une autre catégorie du troisième groupe.  On les conjugue comme suit au passé simple. Au singulier il crut, il courut u-t;  et au pluriel: ils crurent, ils coururent u-r-e-n-t.  Vous voyez qu’il y toute de même quelques ressemblances,  par exemple entre la terminaison èrent (è-r-e-n-t) pour les verbes du premier groupe, la terminaison  irent (i-r-e-n-t) pour tous les verbes du second groupe et beaucoup de verbes du troisième groupe, et la terminaison urent (u-r-e-n-t), pour des verbes du troisième groupe comme courir ou croire.

Nous allons compléter l’étude de notre texte en examinant l’emploi de l’imparfait et du plus-que-parfait de l’indicatif.  Je vous relis donc le chapitre 20 de l’évangile selon Jean dans la traduction en français dite de la Colombe, à partir du verset 1 jusqu’au verset 10:  Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rendit au tombeau dès le matin, comme il faisait encore obscur; et elle vit que la pierre était enlevée du tombeau.  Elle courut trouver Simon Pierre et l’autre disciple que Jésus aimait, et leur dit: On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l’a mis.  Pierre et l’autre disciple sortirent pour aller au tombeau.  Ils couraient tous deux ensemble.  Mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau;  il se baissa, vit les bandelettes qui étaient là, pourtant il n’entra pas.  Simon Pierre qui le suivait, arriva.  Il entra dans le tombeau, aperçut les bandelettes qui étaient là, et le linge qu’on avait mis sur la tête de Jésus, non pas avec les bandelettes, mais roulé à une place à part.  Alors l’autre disciple, qui était arrivé le premier au tombeau, entra aussi; il vit et il crut.  Car ils n’avaient pas encore compris l’Ecriture, selon laquelle Jésus devait ressusciter d’entre les morts.  Et les disciples s’en retournèrent chez eux.

Reprenons la première phrase de notre texte: Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rendit au tombeau dès le matin, comme il faisait encore obscur.  Si vous avez suivi notre dernière émission, vous savez maintenant que la forme verbale se rendit est en fait le verbe se rendre conjugué à la troisième personne du singulier du passé simple. Le texte nous parle d’une seule personne (donc au singulier) et cette personne ce n’est ni moi (la première personne du singulier) ni toi (la deuxième personne du singulier), mais elle, c’est-a-dire Marie Madeleine: nous sommes bien à la troisième personne du singulier.   Quand nous lisons Marie Madeleine se rendit au tombeau dès le matin, nous comprenons que c’est une action qui s’est produite une seule fois dans le passé, ce matin-là du premier jour de la semaine.  Marie-Madeleine n’allait pas tous les dimanches matins au tombeau, par habitude.  C’est pourquoi le passé simple est utilisé ici.  Or, dans la première phrase de notre texte, nous lisons tout de suite après:  comme il faisait encore obscur.  La forme verbale  faisait vient du verbe faire et cette fois ce n’est pas un passé simple, mais un imparfait.  Au passé simple, on aurait: comme il fit encore obscur.  Alors, pourquoi l’imparfait ici et non pas le passé simple?  Parce que l’imparfait indique non pas une action qui a eu lieu une seule fois et qui est maintenant terminée, mais plutôt un état dans le passé, un décor en quelque sorte: c’est alors qu’il faisait encore obscur, que Marie Madeleine se rendit au tombeau.  L’imparfait, c’est le temps passé de l’indicatif qui nous décrit une condition, un état qui a une certaine durée, et au milieu duquel se passe quelque chose, une action, un événement.  Mais on peut aussi employer l’imparfait pour exprimer la répétition de quelque chose dans le passé, comme dans l’exemple suivant: Quand j’étais enfant, tous les ans, nous allions en vacances chez mes grands-parents. Dans cet exemple aussi bien le verbe être que le verbe aller sont conjugués à l’imparfait. Ces vacances chez mes grands-parents se sont répétées tous les ans pendant un certain nombre d’années de mon enfance.  Il est très important de pouvoir distinguer l’imparfait du passé composé ou du passé simple, qui, eux indiquent un événement ponctuel. Prenons un autre exemple, toujours tiré de l’évangile selon Jean, cette fois-ci au début du chapitre six: Après cela, Jésus s’en alla de l’autre côté de la mer de Galilée; une foule nombreuse le suivait, parce qu’elle voyait les miracles qu’il opérait sur les malades.  Le verbe s’en aller est employé au passé simple (Jésus s’en alla) parce que Jésus a fait ce déplacement une fois, à un moment donné de son ministère.  Et tout de suite après, nous avons trois verbes conjugués à l’imparfait: une foule nombreuse le suivait, parce qu’elle voyait les miracles qu’il opérait sur les malades.  Suivait, voyait, opérait sont trois verbes à la troisième personne du singulier.  Dans le cas de suivait et voyait, le sujet du verbe c’est la foule, donc une troisième personne du singulier (on pourrait remplacer la foule par elle).  Dans le cas du verbe opérait, le sujet c’est Jésus, donc également une troisième personne du singulier, puisqu’on pourrait remplacer Jésus par il.  Pourquoi ces verbes sont-ils à l’imparfait?  Tout simplement parce qu’il s’agit de choses qui se passaient dans la durée, pas seulement de manière ponctuelle et rapidement terminée.  L’état des choses c’est que Jésus faisait régulièrement des miracles, et qu’à cause de cela, la foule continuait de le suivre partout où il allait.  Vous voyez que même dans mes explications, j’emploie des verbes à l’imparfait pour bien me faire comprendre: Jésus faisait régulièrement des miracles, et à cause de cela, la foule continuait de le suivre partout où il allait.  Les trois verbes vont de pair, et doivent être tous les trois conjugués à l’imparfait, sinon on ne saisit pas bien la situation et le lien entre eux.  Mais revenons au récit de la résurrection dans Jean chapitre 20: y a-t-il d’autres verbes à l’imparfait, outre faisait, dans la phrase comme il faisait encore obscur?  Oui certainement: elle vit que la pierre était enlevée du tombeau.  Etait c’est le verbe être à la troisième personne du singulier de l’imparfait.  Qu’a vu Marie Madeleine? Elle vit (passé simple, exprimant ce qui lui est soudain apparu à la vue quand elle est arrivée au tombeau)  quelque chose qui était là depuis un moment sans doute, elle n’aurait pas pu dire depuis quand: la pierre n’était pas devant l’ouverture de la tombe, elle était enlevée du tombeau. L’imparfait nous décrit la situation que Marie Madeleine a trouvée à son arrivée. Mais passons à Pierre et à l’autre disciple: Ils couraient tous deux ensemble.  Mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.   Nous avons d’abord le verbe courir à l’imparfait (ils couraient).  Puis le même verbe apparaît au passé simple: l’autre disciple courut plus vite.  Pourquoi d’abord à l’imparfait puis au passé simple?  Parce que le texte veut d’abord nous exprimer cette course dans la durée.  Et pendant que cette action de courir se déroule (pendant qu’ils couraient ensemble) quelque chose de plus ponctuel s’est passé: l’autre disciple s’est mis à courir plus vite que Pierre. L’imparfait nous plante le décor, en quelque sorte, et au milieu de ce décor se produit quelque chose: l’un court plus vite que l’autre et arrive le premier au tombeau.  On peut dire de même de la phrase suivante:   Simon Pierre qui le suivait, arriva.  On a d’abord un imparfait: suivait, parce que cet état de chose durait depuis un moment, Pierre était derrière l’autre disciple depuis un moment déjà.  Puis on a un passé simple, arriva, qui indique le fait ponctuel de l’arrivée de Pierre à ce moment précis.  Dans la phrase précédente il se baissa, vit les bandelettes qui étaient là, pourtant il n’entra pas, l’imparfait étaient nous indique que les bandelettes ne sont pas arrivées tout à coup. Quand les disciples sont entrées dans la tombe, elles étaient là depuis un moment déjà. L’imparfait indique une durée dans le passé, un état prévalant au moment de l’arrivée des disciples. 

Je vais m’arrêter là pour ne pas alourdir notre leçon d’aujourd’hui, et je reprendrai l’emploi de l’imparfait lors de notre prochaine émission.  Puis nous nous pencherons sur un autre temps du passé, le plus-que-parfait, qui apparaît aussi dans notre texte. Alors je vous laisse là-dessus en vous souhaitant la bénédiction du Seigneur Jésus-Christ qui est véritablement ressuscité!