GARDIENS DU JARDIN (1)

 

Avec l’explosion démographique que connaît l’humanité, avec la question de l’exploitation et de la répartition des ressources naturelles entre les nations, on peut bien dire que nous vivons un moment extrêmement critique de l’histoire humaine.  Beaucoup spéculent même sur la survie de cette humanité, notamment en ce qui concerne la présence en quantité suffisante d’eau pour tous les habitants de la planète d’ici cinquante ans. Or, le patrimoine que le Créateur a accordé à ses créatures, c’est sa Création, dont l’homme fait partie, et dont Dieu l’a institué dès l’origine à la fois gardien et cultivateur.  La terre, ses ressources, son environnement, sont le bien dont l’homme a été fait le gérant.  Notez-le bien: le gérant, et non le maître et possesseur, encore moins le spoliateur ou le destructeur.  Je veux vous lire, ou vous relire, les paroles fondatrices de la Bible à cet égard. Au début du livre de la Genèse, au chapitre deux, on lit ceci: L’Eternel Dieu façonna l’homme avec de la poussière du sol, il lui insuffla dans les narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant.  L’Eternel Dieu planta un jardin vers l’orient; l’Eden, le Pays des Délices.  Il y plaça l’homme qu’il avait façonné. Et un peu plus loin nous lisons ce verset très important, qui définit le mandat de l’homme dans la Création: L’Eternel Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder.  Entre ces deux passages, la Genèse décrit l’abondance d’eau dans la contrée où se trouve Eden, et l’abondance aussi en matériaux précieux (or, ambre parfumée, onyx) sans parler des arbres fruitiers portant des fruits délicieux.  C’est sur cet environnement dont l’homme lui même est tiré, que celui-ci doit veiller, tout en le cultivant.  Il doit le faire dans une relation d’obéissance avec le Créateur, à qui appartient la Création.  Cette relation d’obéissance de la créature vis-à-vis du Créateur est exprimée au moyen d’un commandement particulier, celui de ne pas toucher au fruit de l’arbre du choix - ou de la connaissance - entre le bien et le mal, même si cet arbre a la même apparence délicieuse que les autres.  Y porter la main en dépit du commandement divin serait justement accomplir le mal en transgressant l’ordre du Seigneur.  Le choix serait donc automatiquement accompli en faveur du mal.  Peu après, la complémentarité entre homme et femme implicitement contenue dans le nom “Adam” (qui en quelque sorte signifie “tiré de la poussière du sol”) prend consistance avec la formation de la femme à partir d’Adam.  Le mandat confié à Adam est un mandat qui doit être exercé conjointement par l’homme et la femme au sein d’une relation particulière.

Avec la rupture de l’alliance qui intervient peu après, en raison de la transgression commise par le premier couple, intervient le commencement de tous les désordres, de tous les maux qui affectent non seulement l’homme et la femme dans leur relation inter-personnelle, mais la nature tout entière: elle est livrée aux ronces, aux désordres de toute sorte, à une sorte de lutte pénible entre elle-même et l’homme. Cela signifie-t-il que le mandat originel confié à l’homme et à la femme s’en trouve annulé?  Non. Car au chapitre neuf la Genèse souligne que l’image de Dieu en l’homme - image qui définit son mandat - n’a pas été abolie, aussi déformée soit-elle. 

Qu’est-ce que cela veut dire pour l’humanité aujourd’hui?  Et bien, que la protection de l’environnement, à savoir prendre soin des ressources naturelles en se souvenant que l’homme n’est pas le maître de la planète et du monde (comme il a si souvent tendance à le croire) reste plus que jamais d’actualité.  On doit tendre aussi fermement que possible à cette protection.

Est-ce simplement de la théorie, de belles paroles qui restent en l’air mais que les chrétiens, aussi croyants qu’ils veulent l’être, auront bien du mal à mettre en pratique dans le monde d’aujourd’hui? Foi et Vie Réformées voudrait faire mentir ce soupçon, en vous proposant une nouvelle série d’émissions, intitulée Gardiens du jardin.  Tout comme une autre série vient d’être commencée qui a pour but d’expliquer les règles de la langue française en lisant des passages bibliques et en les étudiant sous l’angle de leur construction grammaticale, cette série vise à parler très concrètement de questions actuelles d’environnement, de possibles réponses ou approches qui peuvent constituer des solutions aux problèmes que vit notre monde.  J’ajoute immédiatement que les données que je vous exposerai proviennent d’une source fiable, d’un chercheur chrétien en milieu universitaire, le professeur sud-africain Jacob Van der Walt, qui se spécialise dans les études environnementales et anime lui-même une émission radiophonique sur ces thèmes.  C’est donc avec sa collaboration que nous allons régulièrement nous entretenir de ces questions.

Pourquoi ne pas commencer avec la question de l’eau, que j’ai évoquée en début d’émission?  L’eau, qui était partout présente sur la terre à l’origine, et sans laquelle nulle vie n’est possible?   L’eau est un des biens les plus précieux de notre patrimoine, et la gestion correcte de sa distribution dans les communautés urbaines ou rurales est essentielle pour la survie et le développement des populations.  La moyenne des précipitations dans le monde est de 860 millimètres par an.  Pourtant, certains pays connaissent des précipitations bien moindres, ce qui leur demande une gestion particulière de leurs ressources en eau.  Ainsi l’Algérie, la Libye, l’Egypte, la Mongolie, l’Arabie Saoudite ou l’Afrique du Sud connaissent des précipitations avoisinant les 500 millimètres par an, en raison de larges portions désertiques de leur territoire.  Un ensoleillement quasi constant provoque un taux d’évaporation très élevé, comme dans le Kalahari, où ce taux peut atteindre 3000 millimètres par an.  Raison pour laquelle tâcher de stocker de l’eau dans des lacs artificiels à ciel ouvert est une très mauvaise idée.  Comme, dans ces zones, le débit des rivières est aussi fort inégal, l’approvisionnement en eau de nombreuses communautés dépend en fait des ressources souterraines, ce qui représente toute une question en soi.

Une des manières d’essayer d’apporter une solution au problème de la rareté de l’eau consiste à développer d’immenses réseaux de redistribution, par voie de barrages ou de canaux. Mais ce n’est pas vraiment une solution car en fait on ne fait que pomper de l’eau dans un point donné pour la distribuer ailleurs.  Cela ne répond pas à la demande croissante de consommation en raison de l’accroissement de la population.  D’ailleurs, les habitants d’une région qui dispose de bonnes ressources hydrauliques ne voient jamais d’un bon oeil qu’on vienne chercher de l’eau chez eux pour la redistribuer ailleurs.  Car à terme, cela veut dire qu’eux devront se contenter d’eau puisée dans les égoûts puis recyclée!  Pourtant il faut bien se rendre à l’évidence: l’eau que nous consommons quotidiennement est de l’eau recyclée, qui avant nous a déjà été utilisée par d’autres consommateurs maintes et maintes fois. Aussi bien l’environnement que les hommes utilisent la même eau.  Il ne s’en crée pas de nouvelle, totalement vierge, si je puis dire.  La qualité de l’eau que nous consommons, surtout en ville, dépend en fait essentiellement de la qualité du processus de filtrage et de recyclage que chaque station d’épuration doit impérativement atteindre à un moment particulier de son utilisation.  Cela se fait particulièrement le long de rivières qui passent par des villes ou de villages.  Après chaque utilisation domestique ou industrielle (pensons en particulier aux mines, grandes consommatrices d’eau), cette eau doit être nettoyée pour être remise dans le cours de la rivière et atteindre la prochaine agglomération située le long de son cours.  Dans chaque pays des normes très strictes doivent spécifier le degré de qualité requis pour ce recyclage et l’Etat ou les collectivités locales doivent s’assurer que ces normes sont effectivement respectées.  Car il s’agit d’une affaire fondamentale de bien public.  L’Etat doit garantir la protection des ressortissants du pays à cet égard, c’est en effet une question vitale pour tous.  L’entretien du réseau des égoûts est tout aussi important, car c’est à partir de là qu’on récupère l’eau qui pourra être réutilisée.  Toute fuite représente automatiquement une perte pour les besoins de la consommation.  Mais une question se pose: où la station d’épuration doit-elle être placée?  En amont ou en aval de la rivière passant par une localité?   Cette station est du ressort de la municipalité ou du district où l’eau est consommée.  Si la station se trouve en amont, on aura sans doute bien plus de chances d’avoir une eau propre, car ceux-là même qui s’en occupent ne voudront pas que leur famille et leurs proches boivent une eau dont ils savent très bien qu’elle n’est en fait pas potable.  Dans certains pays, la loi établit justement que telle doit être la position des stations d’épuration. Ce qui ne signifie naturellement pas que le traitement de l’eau en aval de la localité doive être négligé, car, comme chacun sait, une eau contaminée par des bactéries et des impuretés de toutes sortes est la cause directe d’épidémies mortelles comme le choléra ou la dysenterie.

Je reprendrai ces questions avec vous lors de notre prochaine émission.   Je vous quitte maintenant en vous citant ces paroles du livre de l’Apocalypse, le dernier livre de la Bible, dans lequel l’auteur a une vision des nouveaux cieux et de la nouvelle terre que Dieu fait venir pour que son peuple y habite: Finalement l’ange me montra le fleuve de la vie, limpide comme du cristal, qui jaillissait du trône de Dieu et de l’Agneau.  Au milieu de l’avenue de la ville, entre deux bras du fleuve, se trouve l’arbre de vie.  Il produit douze récoltes, chaque mois il porte son fruit.  Ses feuilles servent à guérir les nations.