GARDIENS
DU JARDIN (6)
Il y a bien des manières différentes de parler des questions liées à
l’environnement. Lorsque je le
fais à travers cette série d’émissions intitulées “Gardiens du
Jardin”, je me situe résolument dans une seule perspective: celle qui affirme
que le monde n’est pas le produit du hasard ou des forces chaotiques mises en
branle par leur action incontrôlée les unes sur les autres, mais bien le fruit
d’un plan intelligent et intelligible, même si incroyablement complexe, en
fait bien trop complexe pour être appréhendé totalement et de manière
satisfaisante par l’esprit humain. Celui-ci
n’en découvre progressivement que des pans, des morceaux partiels, et il
cherche à en rendre compte de manière satisfaisante tout en devant remettre en
question régulièrement les avancées qu’il pense avoir effectuées dans
cette connaissance. A vrai dire,
c’est là le travail de la véritable science, qui sait que d’une manière
ou d’une autre, ses avancées sont toujours provisoires.
Dans cet ordre de choses, le chrétien, même s’il emploie le mot
“nature”, doit toujours réfléchir sur celle-ci en tant que Création dont
lui même fait partie, c’est-à-dire en tant qu’oeuvre intelligible du Créateur,
qui l’y a placé pour la garder, pour la découvrir et la cultiver tout en
reconnaissant que ce mandat implique qu’il n’en est jamais le propriétaire.
D’autres s‘occupent d’environnement, d’écologie, de protection de
la nature avec comme motif religieux sous-jacent la divinisation de la terre, de
la mère-nature, en d’autres termes de Gaïa, qui est le nom de la déesse
grecque de la terre. Beaucoup sont
animés de l’idéologie du New-Age - du Nouvel Age si vous préferez - qui est
de nature panthéiste, c’est-à-dire que la nature est en quelque sorte
divinisée: Dieu est la nature et la nature est Dieu, il n’y a pas de différence
d’essence entre eux. Dieu ne se situe pas radicalement en dehors et au-dessus
de la nature. D’ailleurs, pour ce courant religieux, il n’y a pas d’acte
de Création à proprement parler, du moins pas dans les termes sans équivoque
avec lesquels commence le livre de la Genèse, au tout début de l’Ancien
Testament: Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. Mais
ne nous y trompons pas: si la nature est divinisée par les panthéistes,
c’est en fin de compte afin que l’homme se prenne pour Dieu, afin qu’il
s’accorde un statut divin, même s’il est partagé par tous les humains.
Or, d’après la Genèse, c’est là la tentation fondamentale présentée
au premier couple humain par le tentateur: Vous
serez comme des dieux, comme s’il pouvait y avoir une pluralité de
dieux… Au lieu
d’accepter que nous portons en nous l’image de Dieu, comme l’affirme la
Genèse, on affirme être soi-même
d’essence divine. On cherche à
passer d’une analogie voulue par le Créateur lui-même, à un état de pleine
divinité. Quelle aberration!
Et combien de misères nées de cette volonté d’accéder au statut
divin…
Mais
revenons sur terre, et occupons-nous de son état, ou plutôt de l’état dans
lequel l’activité des hommes l’a placée.
Comme je le disais la dernière fois, n’oublions jamais que Dieu n’a
pas confié ce patrimoine à une génération seulement, mais à toutes les générations
qu’il a planifiées pour qu’elles y habitent.
Spolier les générations suivantes de ce qui est leur patrimoine tout
comme le nôtre, c’est en fait dérober, voler, s’approprier.
En clair, c’est une transgression du huitième commandement: Tu
ne déroberas pas. Nombre de
pays le font d’une autre manière, c’est-à-dire en s’endettant pour les décades
à venir, afin de pourvoir à leurs
besoins de consommation immédiats et pour pouvoir payer les salaires de leurs
fonctionnaires pour les mois à venir. Car
comme les caisses de l’Etat sont vides, on se dit qu’on n’a que
l’emprunt à long terme comme
solution. On se croit très heureux
et privilégiés si cet emprunt est effectué à des taux d’intérêts
relativement bas, comparés à ceux que des instances financières accordent à
d’autres pays. Mais que fait-on
d’autre, sinon de rejeter nos propres dettes sur une génération qui n’est
même pas encore née? Ce sont eux,
nos petits-enfants et arrière petits-enfants, qui devront payer les pots cassés
de notre incurie, notre imprévoyance et notre soif irresponsable de
consommation alimentée par une désastreuse gestion de nos finances.
La transgression du huitième commandement est alimentée et provoquée régulièrement
par celle du dixième commandement: tu ne
convoiteras pas.
La
population mondiale augmente de jour en jour, et bien évidemment, cela crée
des défis considérables pour l’approvisionnement en énergie.
Savez-vous qu’en Chine une nouvelle centrale thermique est mise en
route tous les dix jours, afin de pourvoir aux besoins en énergie d’une
population constamment en augmentation? Ce
tempo qui nous paraît faramineux s’accompagne bien sûr de graves questions
concernant l’environnement. Apparemment,
on essaie en Chine de limiter l’impact négatif sur l’environnement, ce qui,
si cela s’avère correct, est bien sûr louable.
Tous ceux qui ont pu suivre à la télévision les jeux olympiques de Pékin
il y a quelques années se souviennent de l’écran de fumée qui flottait sur
la capitale, conséquence d’une pollution que l’on retrouve dans les autres
grandes villes de ce pays, en particulier en raison de l’explosion du marché
automobile.
Tous
ces défis dont je vous parle ne sont cependant pas insurmontables.
Il existe bien des manières d’adapter la consommation industrielle et
domestique de manière à réduire l’impact négatif sur l’environnement.
Prenons l’exemple des sacs en plastique faits à partir de produits dérivés
du pétrole, le pétroplastique comme on l’appelle. Nous en avons parlé
plusieurs fois au cours des précédentes émissions.
Et bien il existe un type de plastique fabriqué à partir de maïs, de
blé, de manioc et de pommes de terre, un bioplastique en quelque sorte.
Il est connu depuis plusieurs années déjà, et il peut-être fabriqué
dans les usines de plastiques existantes, donc on n’a pas besoin de construire
de nouvelles usines spécialisées dans la production de ce matériel.
Il est beaucoup plus solide que le pétroplastique, en fait on peut
utiliser 15% de matériau de moins pour produire la même qualité et la même
solidité. Il se désintègre à une
température de 240 degrés, ce qui signifie qu’on peut l’utiliser pour
transporter des matières très chaudes. On
peut l’utiliser comme matériau d’emballage voire même pour remplacer les
bouteilles en verre, par exemple pour conserver des liquides dans un réfrigérateur,
d’autant plus qu’il ne contient pas certaines substances organiques
impropres à cet usage. Et de plus,
ce bioplastique peut être recyclé à 100% pour faire du compost, de l’humus.
On peut aussi le réutiliser ou encore le brûler pour générer de l’électricité.
S’il est jeté dans l’environnement comme déchet, comme il est biodégradable
il se décompose sans causer de problèmes.
Bien sûr, la production de ce bioplastique amène des défis parallèles:
la production agricole destinée à la consommation alimentaire devrait
partiellement laisser la place à la production de cette matière,
l’utilisation de la surface agricole exploitable devrait donc être revue, ce
qui à son tour pourrait engendrer
d’autres problèmes.
Un
autre exemple positif de ce qui peut être fait pour mieux gérer les ressources
de l’environnement, nous vient de la ville de Venise, en Italie, où la présence
d’algues a considérablement augmenté dans les canaux en raison de la
pollution de l’eau. Vous vous
souvenez que je vous ai parlé de ce type de pollution qui introduit dans les
eaux des substances nutritives en surnombre, comme les nitrates, ce qui provoque
en retour une croissance exponentielle d’algues qui absorbent tout l’oxygène
disponible. Elles finissent pas
mourir par manque d’oxygène et se décomposent dans l’eau, ce qui provoque
bien d’autres problèmes. Et bien
à Venise on a décidé de recueillir cette pléthore d’algues pour en faire
du bio-combustible. Voilà en effet
un exemple bien intéressant de recyclage de matières organiques nocives.
Un
autre exemple nous vient d’Irlande cette fois.
La consommation de viande de boeuf ou de mouton parfois très poussée
dans certains pays, est indirectement responsable d’un taux élevé de dégagement
de méthane, puisque tous ces animaux d’élevage en produisent en quantité
tous les jours, par leurs déjections. Sans
entrer dans les détails, disons simplement que ce gaz a des effets nocifs sur
l’équilibre et la température de l’atmosphère s’il est produit en trop
grande quantité. Pensez un peu aux millions de moutons, de vaches et de porcs
élevés de par le monde. Or, deux
scientifiques irlandais ont découvert
qu’en ajoutant au régime de ces animaux une certaine quantité d’huile de
poisson, on parvenait à réduire substantiellement leur production de méthane.
Ceci
pour montrer que, oui, des solutions existent à bien des problèmes qui se
posent, même si elles ne sont pas des panacées efficaces à 100%.
En fait l’application de ces solutions nécessite une volonté
communautaire, donc politique, de changer de comportement, d’investir là où
on n’avait jusqu’ici jamais investi. Or
nos habitudes sont souvent si bien ancrées que même lorsque nous voyons
qu’elles sont nocives pour nous et nos proches à moyen ou long terme, nous préférons
ne pas bouger et conserver le statut quo, pour ne pas avoir à faire d’effort
d’adaptation.