LES PROPHETES DE L’ANCIEN TESTAMENT (2)

 

A la lumière d’un certain nombre de passages de l’Ancien Testament, je vous propose aujourd’hui d’examiner divers aspects du message des prophètes envoyés par l’Eternel vers son peuple, parfois même vers des nations païennes, comme ce fut le cas du prophète Jonas.  Lors de notre dernière émission, nous avons vu comment Dieu instruit un procès contre son peuple, accusé d’avoir rompu l’Alliance qui le lie à lui.  La repentance est toujours possible, elle est même ardemment prêchée, mais elle doit être sincère, et surtout pas une simple apparence pieuse mais sans changement véritable de cœur.  Car toute fausse sécurité prouvera être vaine et inutile.  Dieu en avertit le peuple de Juda par la bouche du prophète Jérémie, au chapitre 7 : Voici ce que l’Eternel dit à Jérémie : Tiens-toi à la porte du Temple de l’Eternel, et proclame ce message : Ecoutez la parole de l’Eternel, vous tous, gens de Juda, vous qui entrez par ces portes, pour vous prosterner devant l’Eternel, car voici ce que déclare le Seigneur des armées célestes, le Dieu d’Israël : Adoptez une bonne conduite et faites ce qui est bien !  Alors je vous laisserai vivre en ce lieu.  Cessez de vous fier à ces paroles trompeuses : « Voici le Temple de l’Eternel, voici le Temple de l’Eternel, oui, c’est ici qu’est le Temple de l’Eternel. »  Si vraiment vous adoptez une conduite bonne et si vous faites ce qui est bien, si vous rendez de justes jugements dans les procès, si vous vous abstenez d’exploiter l’immigré, l’orphelin et la veuve, de tuer des innocents en ce lieu et d’adorer d’autres dieux pour votre propre malheur, alors je vous ferai habiter dans ce lieu, ce pays que j’ai donné à vos ancêtres depuis toujours et pour toujours.  Mais vous, vous vous fiez à des paroles trompeuses qui ne vous serviront à rien.  Quoi !  Vous allez commettre des meurtres, des adultères, vous faites des serments mensongers, vous offrez des parfums à Baal et adorez d’autres dieux qui vous étaient inconnus, et puis vous venez vous tenir devant moi, dans ce Temple qui m’appartient, et vous dites : « nous sommes en sécurité ! »  Et c’est pour accomplir tous ces actes abominables !  Ce Temple qui m’appartient est-il à vos yeux une caverne de brigands ?  Moi, en tout cas, je vois qu’il en est ainsi – l’Eternel le déclare.  Allez donc à Silo, à l’endroit où j’avais mon sanctuaire, là où j’avais autrefois établi ma présence, et voyez ce que j’en ai fait à cause du mal qu’avait commis mon peuple Israël !  Maintenant, puisque vous agissez ainsi -  l’Eternel le déclare -  et puisque vous n’avez pas écouté quand, inlassablement, je vous ai avertis, puisque vous n’avez pas répondu, alors que je vous ai appelés, ce Temple qui m’appartient, et sur lequel vous fondez votre assurance, ce lieu que j’ai donné à vous et à vos ancêtres, je vais le traiter de la même manière que j’ai traité Silo.  Je vous rejetterai loin de moi, comme j’ai rejeté tous ceux qui sont vos frères, le peuple d’Ephraïm.  

Il arrive parfois que le prophète exprime son propre désarroi face à la situation qu’il vit, face à ce qu’il voit autour de lui, aux menaces et aux dangers qu’il perçoit.  C’est par exemple le cas du prophète Habaquq, témoin d’une détérioration sans précédent de la condition morale de ses contemporains, alors même qu’à l’horizon pointe la menace d’envahisseurs impitoyables : Jusques à quand, ô Eternel, appellerai-je à l’aide sans que tu entendes mon cri ?  Jusques à quand devrai-je crier vers toi : « A la violence ! » sans que tu nous délivres ?  Pourquoi me fais-tu voir de telles injustices ?  Peux-tu rester indifférent à nos tourments ?  Je ne vois devant moi que ravage et violence, il y a des querelles, et des conflits surgissent.  A cause de cela, on ne respecte plus la loi, et le droit n’est plus garanti.  Car les méchants empêchent les justes d’agir, les jugements qui sont rendus sont corrompus.

Dans le livre du prophète Jérémie se trouvent plusieurs passages qu’on appelle « les confessions de Jérémie », où le prophète s’épanche devant Dieu, à cause de l’opposition, voire de la persécution qu’il doit subir de la part du peuple et de ses dirigeants.  Ainsi, au chapitre 17, du verset 14 au verset 18, on lit ces paroles poignantes : Guéris-moi, Eternel, et je serai guéri !  Oui, sauve-moi et je serai sauvé !  Car c’est toi que je loue !  Les voilà qui me disent : « Où sont donc les menaces que l’Eternel a proférées ?  Qu’elles se réalisent !»  Pourtant je n’ai pas refusé de marcher à ta suite en étant un berger.  Je n’ai pas souhaité que vienne le jour des douleurs. Toi, tu es au courant de ce qu’a dit ma bouche, c’est devant toi que j’ai parlé.  Ne deviens pas pour moi un sujet de frayeur !  Tu es mon seul refuge dans le temps du malheur !  Que mes persécuteurs soient dans la confusion, et que je ne sois pas confus !  Qu’ils soient saisis de peur et que je n’aie pas peur !  Fais arriver sur eux le jour de la détresse, et brise-les par un double désastre !

Les prophètes, avons-nous dit la dernière fois, prononcent aussi des paroles d’encouragement, de réconfort, au milieu des malheurs qui se sont abattus sur le peuple de Dieu, provoqués par ses propres infidélités.  Dieu est un Dieu de grâce qui pardonne et restaure.  Ainsi débute la seconde grande partie du livre du prophète Esaïe, au chapitre 40 : Réconfortez mon peuple, oui réconfortez-le ! dit votre Dieu.  Et parlez au cœur de Jérusalem, annoncez-lui que son temps de corvée est accompli, que son péché est expié, qu’elle a reçu de l’Eternel deux fois le prix de ses péchés !  Le dernier chapitre du livre d’Osée parle de même de la guérison que l’Eternel apportera à son peuple, guérison à la fois spirituelle et nationale : Moi, je les guérirai de leur apostasie, je leur témoignerai librement mon amour parce que ma colère se détournera d’eux.  Oui, je serai pour Israël semblable à la rosée, il fleurira comme le lys, et s’enracinera comme les cèdres du Liban.  Ses rameaux s’étendront au loin et il aura la majesté de l’olivier, et son parfum sera semblable à celui du Liban.  Ils reviendront habiter à son ombre, ils revivront comme le blé et fleuriront comme la vigne, et ils auront la renommée des grands vins du Liban.

La parole proclamée par les prophètes au nom de l’Eternel se réalise-t-elle ?  Oui, toujours, parfois de manière inattendue, voire même contre la volonté du prophète qui l’a apportée.  Dans le cas de Jonas, qui refusait d’abord d’aller apporter un appel  de repentance de la part de Dieu aux habitants de la ville de Ninive, sa prédication a porté des fruits.  Au chapitre 3 de ce livre, nous lisons : Lorsque Dieu constata comment les Ninivites réagissaient et abandonnaient leur mauvaise conduite, il renonça à faire venir sur eux le malheur dont il les avait menacés : il s’en abstint.  Quant au prophète Ésaïe, parlant au nom de Dieu au chapitre 55, il déclare : Or, la pluie et la neige qui descendent du ciel n’y retournent jamais sans avoir arrosé et fécondé la terre, sans avoir fait germer les graines qui s’y trouvent, sans fournir au semeur le grain qu’il doit semer, et sans donner du pain à tous ceux qui le mangent.  Il en sera de même de la parole que j’ai prononcée : elle ne reviendra jamais vers moi à vide, sans avoir accompli ce que je désirais et sans avoir atteint le but que je lui ai fixé.

Lors de notre précédente émission,  j’ai évoqué les prophéties ayant trait à la venue d’un roi très particulier, descendu de la lignée du roi David, mais destiné à régner éternellement.  En voici quelques exemples.  D’abord dans le livre du prophète Jérémie, au chapitre 33 : Le temps viendra, l’Eternel le déclare, où je vais accomplir cette promesse que j’avais prononcée pour le royaume d’Israël et celui de Juda.  En ce temps-là, à cette époque, je ferai naître un germe juste dans la dynastie de David, et il exercera le droit et la justice dans le pays.  En ce temps-là, Juda sera sauvé, Jérusalem vivra dans la sécurité.  Voici quel est le nom dont on l’appellera : « L’Éternel est notre justice ».  Le prophète Michée parle de la naissance de ce roi dans la ville de Bethléhem et décrit son règne au chapitre cinq du livre qui porte son nom : Et toi, Bethléhem Ephrata, la plus petite des villes de Juda, de toi il sortira pour moi celui qui règnera sur Israël !  Son origine remonte aux temps passés, aux jours anciens. »  C’est pourquoi l’Eternel délaissera son peuple jusqu’au moment où celle qui doit enfanter enfantera et où le reste de ses frères rejoindra les Israélites.  Lui, il sera bien établi, il paîtra son troupeau, revêtu de la force de l’Eternel, avec la majesté de l’Eternel, son Dieu.  Et les gens de son peuple vivront dans la sécurité, car on reconnaîtra désormais sa grandeur jusqu’aux confins du monde.  Et nous lui devrons notre paix. Bien des années après Michée, le prophète Zacharie, qui vit au 6e siècle avant Jésus-Christ, voit dans une vision l’entrée triomphale dans Jérusalem du roi promis.  Il n’est pas à la tête d’une armée bardée de cuirasses et équipée de toutes sortes d’armes ; au contraire, il est monté sur un âne, et se caractérise par son humilité. Le chapitre 9 décrit ainsi cette entrée : Tressaille d’allégresse, ô communauté de Sion !  Pousse des cris de joie, ô communauté de Jérusalem !  Car ton roi vient vers toi, il est juste et victorieux, humilié, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse.  Je ferai disparaître du pays d’Ephraïm tous les chariots de guerre et, de Jérusalem, les chevaux de combat ; l’arc qui sert pour la guerre sera brisé.  Ce roi établira la paix parmi les peuples, sa domination s’étendra d’une mer jusqu’à l’autre, et depuis le grand fleuve jusqu’aux confins du monde.

Sans aucun doute, le sommet de la prédication des prophètes sur le Messie à venir, qui est aussi le serviteur par excellence de Dieu, se trouve au chapitre 53 du livre du prophète Esaïe : là sont décrites presque graphiquement les souffrances du serviteur juste subies pour expier les fautes de nombreux pécheurs.  Je conclus cette émission sur les prophètes de l’Ancien Testament en vous lisant quelques extraits de ce chapitre 53 : Pourtant, en vérité, c’est de nos maladies qu’il s’est chargé, et ce sont nos souffrances qu’il a prises sur lui, alors que nous pensions que Dieu l’avait puni, frappé et humilié.  Mais c’est pour nos péchés qu’il a été percé, c’est pour nos fautes qu’il a été brisé.  Le châtiment qui nous donne la paix est retombé sur lui et c’est par ses blessures que nous sommes guéris.  Nous étions tous errants, pareils à des brebis, chacun de nous allait par son propre chemin : l’Eternel a fait retomber sur lui les fautes de nous tous.  On l’a frappé, et il s’est humilié, il n’a pas dit un mot.  Semblable à un agneau mené à l’abattoir, tout comme la brebis muette devant ceux qui la tondent, il n’a pas dit un mot.  Il a été arraché à la vie par la contrainte, suite à un jugement, et qui, parmi les gens de sa génération, s’est soucié de son sort, lorsqu’on l’a retranché du pays des vivants ?  Il a été frappé à mort à cause des péchés que mon peuple a commis.  On  a mis son tombeau parmi les criminels et son sépulcre parmi les riches, alors qu’il n’avait pas commis d’acte de violence et que jamais ses lèvres n’avaient prononcé de mensonge.  Mais il a plu à Dieu de le briser par la souffrance.  Bien que toi, Dieu, tu aies livré sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance.  Il vivra de longs jours et il accomplira avec succès ce que désire l’Eternel.  Car après avoir tant souffert, il verra la lumière, et il sera comblé.  Et parce que beaucoup de gens le connaîtront, mon serviteur, le Juste, les déclarera justes et se chargera de leurs fautes.