LE FRANÇAIS PAR LA BIBLE (4)
« Le français par la Bible » : c’est le titre d’une série
d’émissions que Foi et Vie Réformées vous propose et que j’ai commencée
il y a plusieurs semaines de cela. De
quoi s’agit-il ? Tout
simplement d’étudier quelques règles de la langue française en lisant des
passages de la Bible et en les étudiant sous l’aspect de la grammaire ou de
la syntaxe, c’est dire de
l’agencement interne de chaque phrase. Je
vous ai déjà présenté trois émissions en étudiant le début du chapitre
vingt de l’évangile selon Jean sous l’angle des temps du passé qui sont
employés dans la traduction française. Passé
composé, passé simple, imparfait et plus-que-parfait apparaissent dans ce
texte, d’après la traduction française dite de la Colombe.
Nous nous sommes d’abord intéressés au passé composé, ensuite au
passé simple, puis à l’imparfait. Je
reprends ce que j’ai dit la dernière fois sur l’imparfait. L’imparfait
indique non pas une action qui a eu lieu une seule fois et qui est maintenant
terminée, mais plutôt un état dans le passé, un décor en quelque sorte. L’imparfait,
c’est le temps passé du mode indicatif qui nous décrit une condition, un état
qui a une certaine durée, et au milieu duquel se passe quelque chose, une
action, un événement. Mais on peut
aussi employer l’imparfait pour exprimer la répétition de quelque chose dans
le passé, comme dans l’exemple suivant: Quand
j’étais enfant, tous les ans, nous
allions en vacances chez mes grands-parents. Dans cet exemple aussi bien le
verbe être que le verbe aller sont conjugués à l’imparfait.
Nous allons donc compléter l’étude de notre texte en examinant certains
emplois de l’imparfait et du plus-que-parfait de l’indicatif.
Je vous relis donc le chapitre 20 de l’évangile selon Jean dans la
traduction en français dite de la Colombe, à partir du verset 1 jusqu’au
verset 10: Le
premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rendit au tombeau dès le matin,
comme il faisait encore obscur; et elle vit que la pierre était enlevée du
tombeau. Elle courut trouver Simon
Pierre et l’autre disciple que Jésus aimait, et leur dit: On a enlevé du
tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l’a mis.
Pierre et l’autre disciple sortirent pour aller au tombeau.
Ils couraient tous deux ensemble.
Mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier
au tombeau; il se baissa, vit
les bandelettes qui étaient là, pourtant il n’entra pas.
Simon Pierre qui le suivait, arriva.
Il entra dans le tombeau, aperçut les bandelettes qui étaient là, et
le linge qu’on avait mis sur la tête de Jésus, non pas avec les bandelettes,
mais roulé à une place à part. Alors
l’autre disciple, qui était arrivé le premier au tombeau, entra aussi; il
vit et il crut. Car ils n’avaient
pas encore compris l’Ecriture, selon laquelle Jésus devait ressusciter
d’entre les morts. Et les
disciples s’en retournèrent chez eux.
Comme vous le voyez, c’est alors qu’il faisait encore obscur, que Marie
Madeleine se rendit au tombeau. « Il
faisait encore obscur » nous décrit un état du jour, le fait que la lumière
du jour n’était pas encore apparue lorsqu’elle est allée au tombeau.
Mais dans notre texte, nous trouvons également un autre usage de
l’imparfait. Reprenons l’avant dernière phrase: Car ils n’avaient pas encore compris l’Ecriture, selon laquelle Jésus
devait ressusciter d’entre les morts. Le
verbe devoir est conjugué à
l’imparfait (3e personne du singulier): Jésus devait ressusciter d’entre les morts.
Ici, l’imparfait devait n’indique pas une action ou situation qui dure dans le passé,
ou une action répétée dans le passé, mais une projection dans le futur, à
partir d’un moment situé dans le passé.
Jésus devait ressusciter,
parce que l’Ancien Testament l’avait
annoncé bien avant que la résurrection se produise.
C’était un événement qui se produirait un jour.
Dans le même sens on peut employer le verbe aller
au futur: Jésus allait
ressusciter. Vous voyez comment il y
a une nuance différente dans l’emploi de l’imparfait par rapport à la
phrase suivante: Jésus opérait des
miracles. Ici, il s’agit d’une action répétée de Jésus dans le passé. Mais si je veux dire au passé que Jésus va bientôt opérer des
miracles (dans un futur proche), je dois dire: Jésus allait opérer des miracles.
Je pense que vous avez saisi la différence dans cette utilisation de
l’imparfait.
Mais comment se conjugue l’imparfait?
De manière assez régulière pour tous les verbes. Prenons le verbe être:
j’étais a-i-s; tu étais a-i-s; il ou
elle était, a-i-t; nous étions
i-o-n-s; vous étiez, i-e-z; ils ou elles étaient a-i-e-n-t.
Je vous conjugue maintenant le verbe avoir sans vous en donner les
terminaisons car elles sont les mêmes: j’avais,
tu avais, il ou elle avait; nous avions, vous aviez, ils ou elles avaient.
Verbe aimer, modèle du premier
groupe: j’aimais, tu aimais, il ou elle
aimait; nous aimions; vous aimiez; ils ou elles aimaient.
Conjuguons maintenant le verbe finir,
modèle du deuxième groupe (notez que la terminaison comprend toujours les
lettres i-s-s): je finissais, tu
finissais, il ou elle finissait; nous finissions; vous finissiez, ils ou elles
finissaient. Les verbes du troisième groupe doivent être appris par catégories,
ou individuellement, lorsqu’ils subissent quelques modifications dans le corps
du mot. Mais les terminaisons restent les mêmes que tous les autres verbes.
Prenons par exemple croire: je
croyais, tu croyais, il ou elle croyait; nous croyions (attention: y-i-o-n-s);
vous croyiez (y-i-e-z); ils ou elles croyaient (y-a-i-e-n-t).
Tournons-nous maintenant vers le plus-que-parfait de l’indicatif.
C’est un temps composé, tout comme le passé composé, car il se
conjugue avec l’auxiliaire être ou avoir.
Mais le verbe auxiliaire est conjugué à l’imparfait, et il est suivi
du participe passé du verbe. Il
faut donc bien connaître les verbes être et avoir à
l’imparfait si l’on veut reconnaître ou utiliser le plus-que-parfait.
Dans notre texte, il y a trois verbes conjugués au plus-que-parfait: mettre,
arriver et comprendre.
D’abord le verbe mettre: le linge qu’on avait
mis sur la tête de Jésus. Le
participe passé de mettre (verbe du
troisième groupe) c’est mis m-i-s.
On avait mis un linge sur la tête de Jésus.
Ensuite le verbe arriver: l’autre disciple, qui était arrivé le premier.
Le verbe arriver se conjugue avec l’auxiliaire être, car, comme je vous l’ai expliqué la dernière fois, il y a
en français environ 18 verbes qui indiquent un déplacement, un changement de
position, et se conjuguent avec l’auxiliaire être: comme partir,
descendre, monter, arriver, et même rester.
Donc, on dit: Il était arrivé, nous étions descendus, vous étiez restés, elles étaient
montées. Le troisième verbe de notre texte qui est conjugué au
plus-que-parfait, c’est le verbe comprendre:
ils n’avaient pas encore compris
l’Ecriture. Comprendre, qui
est un verbe du troisième groupe, se conjugue avec l’auxiliaire avoir, et son participe passé est compris. Alors quelle
nuance le plus-que-parfait apporte-t-il par rapport au passé composé, au passé
simple ou à l’imparfait? Et bien,
le plus-que-parfait indique un état ou une action qui précède dans le passé,
un autre état ou une autre action. C’est en fait le sens du mot:
plus-que-parfait. C’est plus loin
dans le passé qu’un autre événement ou une action qui s’est déroulée
plus récemment. Comme lorsque je dis: J’avais
fini de manger lorsque le téléphone a sonné. L’action de manger et
celle du téléphone qui sonne appartiennent toutes les deux au passé, mais
celle de manger précède celle du téléphone qui sonne.
J’avais fini est le
plus-que-parfait du verbe finir à la
première personne du singulier (il s’agit de moi, je), tandis que a sonné est
le passé composé du verbe sonner
(à la troisième personne du singulier, il s’agit du téléphone, donc
il). Vous voyez avec cet exemple
comment le plus-que-parfait et le passé composé peuvent être mis ensemble
dans une phrase pour articuler des événements passés qui se succèdent.
On ne pourrait pas inverser ces deux temps et produire le même sens.
Cela n’a en fait pas de sens en français de dire: J’ai fini de manger quand le téléphone avait sonné.
Mais Reprenons deux des trois verbes au plus-que-parfait de notre
texte, pour leur appliquer l’explication que je viens de vous donner: le
linge qu’on avait mis sur la tête de Jésus.
Il est évident que le linge n’a pas été mis sur la tête de Jésus
au moment où les disciples sont arrivés au tombeau, en fait, c’est Joseph
d’Arimathée et quelques autres qui l’avaient mis l’avant-veille de ce
matin de Pâques. Cette action de
mettre un linge sur la tête du corps de Jésus précède l’entrée du tombeau
vide par les disciples, et la découverte de ce linge roulé et mis à part dans
la tombe. Deuxième verbe au plus-que-parfait dans notre texte: Alors
l’autre disciple, qui était arrivé le premier au tombeau, entra aussi:
on voit bien qu’avant d’entrer dans le tombeau, il y était d’abord
arrivé. Son arrivée au tombeau a
précédé son entrée dans ce même tombeau.
Si l’on inverse le plus-que-parfait et le passé simple dans cette
phrase, on ne comprendra plus rien. Jugez
vous-mêmes: Alors l’autre disciple, qui arriva le premier au tombeau, était aussi
entré. Cela ne marche pas.
La prochaine fois, nous continuerons la lecture du chapitre 20 de l’évangile
selon Jean et nous complèterons ce tableau sur les temps en français qui y
sont employés. Restez
donc à l’écoute, et que Dieu vous bénisse!