LE FRANÇAIS PAR LA BIBLE (5)

« Le français par la Bible » : c’est le titre d’une série d’émissions que Foi et Vie Réformées vous propose et que j’ai commencée il y a plusieurs semaines de cela.  De quoi s’agit-il ?  Tout simplement d’étudier quelques règles de la langue française en lisant des passages de la Bible et en les étudiant sous l’aspect de la grammaire ou de la syntaxe, c’est  dire de l’agencement interne de chaque phrase.  Je vous ai déjà présenté quatre émissions en étudiant le début du chapitre vingt de l’évangile selon Jean sous l’angle des temps du passé qui sont employés dans la traduction française. 

Aujourd’hui nous allons continuer la lecture du chapitre 20 de l’évangile selon Jean, réviser nos précédentes leçons sur les temps du passé et examiner d’autres temps grammaticaux utilisés dans ce texte.  Alors écoutez bien : Cependant, Marie se tenait dehors, près du tombeau, et pleurait.  Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le tombeau, et vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l’un à la tête, l’autre aux pieds. Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ?  Elle leur répondit : Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis.  En disant cela, elle se retourna et vit Jésus debout : mais elle ne savait pas que c’était Jésus.  Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ?  Qui cherches-tu ?  Pensant que c’était le jardinier, elle lui dit : Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je le prendrai.  Jésus lui dit : Marie !  Elle se retourna et lui dit en hébreu : Rabbouni, c’est-à-dire : Maître !  Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père.  Mais va vers mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.  Marie Madeleine vint annoncer aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur, et qu’il lui avait dit ces choses.

Dans l’ensemble, nous retrouvons les mêmes temps du passé qu’au début de ce chapitre 20 : Marie se tenait dehors, près du tombeau, et pleurait.  La phrase est au passé, elle nous rapporte quelque chose qui ne se déroule pas au moment où je vous parle, mais qui s’est déroulé il y a un certain temps déjà.  Deux verbes à l’imparfait sont employés dans cette phrase : se tenait, pleurait.  Pourquoi l’imparfait ?  Parce que cela décrit un état qui a duré pendant un moment avant que quelque chose de plus ponctuel ne se produise.  La phrase suivante introduit justement une action qui s’est déroulée pendant qu’elle pleurait : Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le tombeau.  « Elle se baissa » est justement cette action qui ne prend place qu’une fois, et qui est donnée au passé simple, le temps de la narration historique à l’écrit.  Le verbe se baisser est ici conjugué à la troisième personne du singulier, avec la terminaison a. Elle se baissa pour regarder dans le tombeau, et vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l’un à la tête, l’autre aux pieds. Le verbe « voir » est aussi au passé simple (vit, v-i-t)  parce qu’il exprime quelque chose qui s’est passé à un moment donné dans le passé. Mais plus loin dans cette phrase nous trouvons un plus-que-parfait un peu spécial : à la place où avait été couché le corps de Jésus.  Avait été couché  est un plus-que-parfait à la voix passive. Qu’est-ce que la voix passive ?  C’est le fait d’exprimer que quelque chose ou quelqu’un n’est pas le véritable sujet de l’action, mais plutôt son objet.  Quelqu’un d’autre que Jésus avait couché son corps dans le tombeau.  Si je dis : Je porte mon petit frère dans mes bras, c’est moi qui le porte, mon petit frère est l’objet de l’action de porter.  On parle de la voix active : le sujet grammatical de la phrase, je, est bien l’auteur de l’action.  Mais si je dis : Je suis porté par mon grand frère, en fait c’est mon grand frère qui me porte, donc même si grammaticalement, le sujet du verbe être porté c’est le pronom « je » - donc moi - en fait le véritable sujet de la phrase c’est mon grand frère. Nous sommes à la voix passive. Comment distinguer la voix passive de la voix active?  C’est facile, la voix passive utilise toujours l’auxiliaire être pour indiquer l’état de celui qui subit quelque chose.  Un exemple facile pour bien comprendre ceci :  je dévore la pomme, voix active.  C’est moi qui la dévore, cette pomme.  En revanche : je suis dévoré par les moustiques, voix passive, car ce sont en fait les moustiques qui me dévorent.  Notez bien que la voix passive peut être utilisée à tous les temps, pas seulement au présent de l’indicatif.  Prenons l’imparfait : j’étais dévoré par les moustiques, nous étions portés par nos aînés.  Au passé composé : tu as été dévoré par les moustiques, ils ont été portés par leur grand frère.  Au passé simple : il fut dévoré par les moustiques, ils furent portés par leur frère.  Et aussi au plus-que-parfait : il avait été porté par son frère.  Dans le texte de l’évangile de Jean, il y a une inversion entre le sujet et le verbe, mais il s’agit bien de la voix passive au plus-que parfait : à la place où avait été couché le corps de Jésus.  Le corps de Jésus avait été couché à un endroit donné.  Il s’agit d’une action (coucher le corps de Jésus dans le tombeau) qui a été effectuée plus loin dans le passé, en tout cas avant que Marie-Madeleine ne se baisse pour regarder dans le tombeau. 

Dans la même phrase de l’Evangile, on trouve un participe passé : assis.  Marie Madeleine voit deux anges assis.  Il s’agit du verbe s’asseoir au participe passé : cela indique qu’ils sont dans une position donnée suite au fait de s’asseoir, et qu’ils le sont depuis un moment.  C’est cela qu’exprime le participe passé.  En français, il est important de bien connaître les participes passés des verbes, non seulement pour leur conjugaison aux temps composés, comme le passé composé ou le plus-que-parfait, mais aussi pour un cas comme celui-ci.  Les participes passés des verbes du premier et du deuxième groupe sont réguliers, et donc faciles à retenir : é pour les verbes du premier groupe, i pour les verbes du deuxième groupe.  Mais rappelez-vous qu’à l’écrit il faut toujours tenir compte du genre et du nombre. S’agit-il du masculin ou du féminin ?  Du singulier ou du pluriel ?   Il y a quelques règles un peu compliquées avec lesquelles je ne vais pas vous ennuyer cette fois-ci.

Mais dans notre texte, on trouve aussi un participe présent : Pensant que c’était le jardinier, elle lui dit.  Pensant est le participe présent du verbe penser.  Il se termine par a-n-t.  En fait tous les participes présents des verbes ont la même terminaison en a-n-t et elle est invariable, c’est-à-dire qu’elle ne change jamais.  Elle est donc facile à retenir. Pour le verbe être c’est : étant.  Pour le verbe avoir c’est : ayant.  Pour le verbe croire, c’est : croyant.   Qu’exprime donc le participe présent ?  Un état, une condition ou même une action au passé qui sert de contexte durant lequel quelque chose d’autre se passe.  Exemple : croyant bien faire,  je lui ai dit ce qu’elle devrait entreprendre.  Conduisant sa voiture par-ci par-là, il a finalement retrouvé sa route.  Portant son petit frère dans ses bras, elle est entrée dans la maison.  Le participe présent n’est jamais conjugué avec des personnes (je, tu il/elle, nous, vous ils/elles) parce que le verbe qui suit dans la même phrase indique de qui ou de quoi il s’agit.  Dans la phrase : Pensant que c’était le jardinier, elle lui dit, nous comprenons que c’est Marie Madeleine qui est occupée à penser quelque chose.  Cela devient clair dès que nous entendons le pronom personnel elle.

Dans notre texte, nous trouvons aussi quelques impératifs au temps présent.  Qu’est-ce que l’impératif ? C’est le mode qui sert à donner un ordre, une invitation, voire une supplication.  L’indicatif, lui, donne des informations factuelles sur ce qui se passe, s’est passé ou se passera.  Nous avons vu ensemble plusieurs temps passés du mode indicatif, comme le passé composé, l’imparfait, le passé simple ou le plus-que-parfait. Tous expriment,  chacun avec sa nuance particulière, un état ou une action du passé.  Il y a bien sûr aussi le présent de l’indicatif, comme dans le fait de dire : je vous parle en ce moment ; et aussi le futur de l’indicatif que nous verrons dans un moment.  Mais quels sont les verbes à l’impératif que nous trouvons dans notre texte ?  Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis.  Le verbe dire est ici mis à l’impératif.  Marie-Madeleine demande à Jésus, sans savoir que c’est bien lui à qui elle parle, de lui dire où il a mis le corps qu’elle cherche et qui n’est plus dans le tombeau.  L’impératif est un mode qu’on utilise pour s’adresser directement à quelqu’un.  On ne le trouve donc conjugué qu’à la deuxième personne du singulier (comme dans notre texte : dis-moi, car c’est toi qui dois me dire) ; à la première personne du pluriel, comme dans l’exemple suivant : allons manger quelque chose.  Ici quelqu’un s’adresse à un groupe dont il fait partie, en donnant une injonction ;   et bien sûr à la deuxième personne du pluriel, comme dans l’exemple suivant : faites vos bagages et partez. Notez bien qu’à l’impératif on ne met pas le pronom personnel tu, nous ou vous.  C’est comme cela d’ailleurs qu’on peut distinguer le mode indicatif du mode impératif.  Si je pose la question : est-ce que vous faites vos bagages ? Est-ce que vous partez ?  je suis dans le mode indicatif, même si je pose une question.  Mais si je dis : faites vos bagages et partez je suis dans le mode impératif, je donne un ordre.

Cet ordre peut d’ailleurs être négatif, comme dans le second impératif que nous trouvons dans notre texte : Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père.  Ne me touche pas est un impératif négatif.  La construction négative à l’impératif commence toujours par la particule ne.  La seconde particule négative, pas, vient toujours après le verbe qui est mis à la forme négative.  Autres exemples : Ne vous imaginez pas que je vais laisser faire ceci.  Ne le prenons pas comme exemple de ce qu’il faut faire.  N’arrive pas en retard s’il-te-plaît.  Dans la phrase suivante prononcée par Jésus, nous trouvons encore deux impératifs  à la deuxième personne du singulier, puisqu’il s’adresse directement à Marie-Madeleine : va et dis. Mais va vers mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.  Notez qu’à l’indicatif on aurait : tu leur dis que je monte vers mon Père.  A l’indicatif, le pronom leur, mis à la place des disciples, arrive avant le verbe : tu leur dis.  Mais à l’impératif, c’est le contraire, le pronom vient après le verbe : dis-leur que.  Autre exemple, d’abord à l’indicatif : vous leur ferez savoir que le rendez-vous est annulé. Et maintenant à l’impératif : faites-leur savoir que le rendez-vous est annulé. La place du pronom a été inversée. 

 

Le dernier temps grammatical qui apparaît dans notre texte et dont je veux vous parler au cours de cette émission, c’est le futur simple de l’indicatif.  Ecoutez encore la phrase suivante : Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je le prendrai.  Prendrai, c’est le futur simple du verbe prendre,  à la première personne du singulier (Marie Madeleine parle d’elle-même, elle dit je).  Le futur simple parle de ce qui va se passer au futur, dans un avenir proche ou lointain.  Les terminaisons du futur simple sont régulières pour tous les verbes, et sont marquées par la lettre r.  Prenons le verbe aimer : j’aimerai r-a-i, tu aimeras, r-a-s-, il ou elle aimera r-a ; nous aimerons r-o-n-s ; vous aimerez r-e-z, ils aimeront r-o-n-t.  Le verbe être se conjugue comme suit au futur : je serai, tu seras, il ou elle sera, nous serons, vous serez, ils ou elles seront.  Le verbe avoir : j’aurai, tu auras, il aura, nous aurons, vous aurez, ils auront.  Le verbe aller : j’irai, tu iras, il ira, nous irons, vous irez, ils iront.

Je m’arrête ici pour cette fois-ci et vous retrouverai sous peu pour une prochaine émission de Foi et Vie Réformées consacrée au français par la Bible.