LE FRANCAIS PAR LA BIBLE (6)
« Le français par la Bible » : c’est
le titre d’une série d’émissions que Foi et Vie Réformées vous propose
et que j’ai commencée il y a plusieurs semaines de cela.
De quoi s’agit-il ? Tout
simplement d’étudier quelques règles de la langue française en lisant des
passages de la Bible et en les étudiant sous l’aspect de la grammaire ou de
la syntaxe, c’est-à-dire de l’agencement interne de chaque phrase.
Après avoir étudié les temps du passé de l’indicatif
au cours des émissions précédentes, nous avons passé en revue l’impératif,
qui sert à donner des ordres, ou exprimer une supplication, puis le futur de
l’indicatif. Une remarque sur
l’emploi de l’impératif comme mode qui peut exprimer une supplication ou
une prière. Le meilleur exemple
qu’on peut trouver dans la Bible, c’est évidemment la prière enseignée
par Jésus à ses disciples, bien connue sous le nom de « Notre Père ».
Quand nous prions : Donne nous notre pain de ce jour, pardonne nous nos offenses comme nous
pardonnons à ceux qui nous ont offensés, ne nous conduis pas dans la
tentation, mais délivre-nous du malin, nous adressons à Dieu notre Père céleste
des demandes qui sont des prières, et non des ordres.
Pour quelques exemples d’impératifs qui sont des
ordres, des commandements, nous pouvons prendre les paroles de Jésus dans l’évangile
selon Matthieu, au chapitre 18 : Si
ta main ou ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-les et jette-les
loin de toi ; mieux vaut pour toi entrer dans la vie manchot ou boîteux,
que d’avoir deux mains et d’être jeté dans la géhenne de feu.
« Coupe-les et jette-les » sont deux impératifs au présent,
suivis d’un pronom personnel (« les ») qui leur sert de complément
d’objet. Un peu après Jésus dit
aussi : Et si ton œil est pour toi
une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; mieux vaut pour
toi entrer dans la vie borgne, que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans
la géhenne de feu. « Arrache-le et jette-le » sont là encore
deux verbes au présent de l’impératif, cette fois-ci suivis du pronom
personnel masculin singulier « le », qui se réfère au nom « œil »,
un nom masculin pris ici au singulier. Dans
le cas de verbes pronominaux, qui se conjuguent toujours avec un pronom comme
me, te, se, nous, vous, se, le pronom se place toujours après le verbe.
Par exemple, le verbe « se garder » est pronominal.
On dit, à l’indicatif : je
me garde de quelque chose, tu te gardes de quelque chose, il ou elle se garde,
nous nous gardons, vous vous gardez, ils se gardent.
Mais à l’impératif, on dira : garde-toi,
gardons-nous, gardez-vous.
Les pronoms viennent après la forme verbale.
Au verset dix du chapitre d’où je prends mes exemples, Jésus dit à
ses disciples : Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits.
Rappelez-vous que l’impératif ne se conjugue qu’à la deuxième
personne du singulier (tu), la première personne du pluriel (nous) et la deuxième
personne du pluriel (vous).
Parlons maintenant du mode conditionnel.
Alors que le mode indicatif indique ce qui s’est fait, ce qui se fait,
ou ce qui se fera, et que le mode impératif sert à exprimer des ordres, ou des
supplications, des prières, le mode conditionnel, lui, exprime la possibilité
d’un fait ou d’un état, souvent liée à la réalisation au préalable
d’une condition, introduite par le mot « si ».
Exemple : si je connaissais
son numéro de téléphone, je l’appellerais immédiatement.
« Appellerais » c’est le verbe « appeler »
au temps présent du mode conditionnel, à la première personne du singulier (« je »).
Je ne peux appeler la personne en question que si je dispose de son numéro
de téléphone, il y a donc une condition qui doit être d’abord remplie pour
que l’action d’appeler par téléphone se réalise.
Notez bien que dans notre exemple, la condition (connaître le numéro de
téléphone) est exprimée à l’imparfait : si
je connaissais. Nous avons donc
ici une autre utilisation de l’imparfait, non pas pour exprimer une action ou
un état qui durait ou se répétait dans le passé, mais pour exprimer une
action ou un état qui doit avoir lieu maintenant pour qu’une autre action ou
un autre état puisse ensuite avoir lui aussi lieu.
Si la condition est réalisée maintenant, il en découlera une conséquence
sous peu. Mais la condition qui doit être réalisée peut aussi être exprimée
au plus-que-parfait, si elle est repoussée à un état antérieur. En voici un
exemple, tiré de l’évangile selon Jean, au chapitre 11.
Il s’agit de la rencontre entre Jésus et Marthe, la sœur de son ami
Lazare qui venait de mourir. Jésus
savait qu’il était malade, mais il avait décidé de ne pas se presser pour
se rendre à son chevet ; en fait il avait attendu que Lazare meure pour se
rendre à Béthanie, le village où vivait Lazare et ses deux sœurs, Marthe et
Marie. Dans l’évangile, on lit
ceci, et rappelez-vous de nos leçons sur les temps passés de l’indicatif,
car on en trouve plusieurs dans ce passage : Lorsque
Marthe apprit que Jésus arrivait,
elle alla à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison.
Marthe dit à Jésus : Seigneur, si tu avais été ici, mon frère
ne serait pas mort. Dans cette
dernière phrase, la condition est exprimée par « si », suivi du
plus-que-parfait du verbe être à la deuxième personne du singulier (tu) :
si tu avais été ici.
Mais nous comprenons que la condition ne s’est pas réalisée,
puisque Jésus n’est pas venu à temps pour voir son ami Lazare.
Celui-ci est bien mort. De
cette manière Marthe exprime un regret, celui que Jésus ne soit pas venu à
temps pour voir Lazare. En général,
la combinaison plus-que-parfait (dans la proposition de condition) et le passé
du conditionnel (il serait arrivé, il ne
serait pas mort, il aurait trouvé) exprime justement quelque chose qui ne
s’est pas passé parce qu’une condition n’a pas été remplie.
Souvent, le conditionnel exprime un souhait, un vœu,
surtout avec les verbes aimer, souhaiter,
vouloir : j’aimerais que tu
viennes, il souhaiterait vous voir, nous voudrions aller en ville. Il n’y
a pas de condition exprimée, seulement l’expression de ce souhait qui cherche
à être réalisé. Un
autre usage du conditionnel, combiné avec les verbes penser et croire à l’imparfait, consiste à exprimer une idée,
un vœu, qui ne s’est pas réalisé : je croyais que tu viendrais.
Comment se conjugue le présent du conditionnel ?
Prenons comme exemple le verbe aimer. Première
personne du singulier :
j’aimerais r-a-i-s ; deuxième personne du singulier : tu aimerais
r-a-i-s. Troisième personne du
singulier : il ou elle aimerait r-a-i-t.
Première personne du pluriel : nous aimerions, r-i-o-n-s ;
deuxième personne du pluriel : vous aimeriez r-i-e-z ; troisième
personne du pluriel : ils ou elles aimeraient r-a-i-e-n-t.
Peut-être avez-vous constaté que cette conjugaison combine la lettre
« r » typique du futur simple de l’indicatif, avec les
terminaisons de l’imparfait (a-i-s, a-i-s, a-i-t ; i-o-n-s, i-e-z,
a-i-e-n-t). Pour les verbes du
second groupe, comme finir, ce sont
les mêmes terminaisons : je finirais, tu finirais, il ou elle finirait ;
nous finirions, vous finiriez, ils ou elles finiraient.
Le verbe être se conjugue comme suit, avec aussi les mêmes terminaisons :
je serais, tu serais, il serait, nous serions, vous seriez, ils seraient. Aller
se conjugue comme suit : j’irais, tu irais, il ou elle irait ; nous
irions, vous iriez, ils ou elles iraient. Maintenant
« avoir » : j’aurais,
tu aurais, il ou elle aurait, nous aurions, vous auriez, ils ou elles auraient.
Pour le passé du conditionnel, on prend l’auxiliaire être
ou avoir au conditionnel présent, et on lui ajoute le participe passé du verbe
employé. Exemple : si
tu étais venu à temps, mon frère n’aurait pas succombé à sa maladie.
Rappelez-vous que dans le premier membre de la phrase si
tu étais venu à temps, on emploie le plus-que-parfait pour indiquer la
condition qui devait être remplie. Le
passé du conditionnel n’arrive que dans le second membre de la phrase : mon
frère n’aurait pas succombé à sa maladie.
Il est bien sûr à la forme négative (avec les particules ne
pas). L’auxiliaire « avoir »
est d’abord conjugué au présent du conditionnel, suivi du participe passé
du verbe succombé, qui se termine par « é ».
Je voudrais maintenant vous donner quelques exemples de
verbes employés au mode conditionnel, tirés du Nouveau Testament.
Mais avant de commencer, avez-vous noté que j’ai débuté cette phrase
avec « je voudrais », qui est le verbe vouloir au conditionnel présent,
et qui exprime le souhait que je forme, sans dépendre pas d’une condition ?
Premier exemple, tiré de la première lettre de Paul aux Corinthiens, au
chapitre 7. Paul répond aux
questions des membres de l’église de Corinthe sur la question du mariage. Il
forme aussi un souhait en employant de la même manière le verbe vouloir :
Je voudrais que tous les hommes soient
comme moi ; mais chacun tient de Dieu un don particulier, l’un d’une
manière, l’autre d’une autre. Plus
loin, au verset 28, il leur écrit : Dans
le cas où tu te marierais, tu ne pécherais pas, et dans le cas où la vierge
se marierait, elle ne pécherait pas. Paul
prend ici deux possibilités, deux cas de figure.
C’est pourquoi le mode conditionnel est employé. Mais juste après il
énonce une affirmation, un fait qu’il présente comme certain, et il emploie
pour ce faire le futur de l’indicatif et pas le conditionnel.
Il dit : mais ces personnes
auront des afflictions dans la chair. Il
veut dire qu’en se mariant (ce qui n’est pas du tout commettre un péché en
soi) on se prépare certainement à connaître beaucoup de problèmes.
Il présente cela comme un fait certain, raison pour laquelle le futur de
l’indicatif est employé dans la traduction française (ces personnes auront).
J’espère que cette leçon sur le conditionnel vous a
aidé à mieux comprendre son emploi, ses nuances et sa construction
grammaticale. Je vous souhaite une
bonne continuation en vous invitant à être à l’écoute de notre prochaine
émission de Foi et Vie Réformées.