LA VIE ENTIERE EST RELIGION (1)

La vie entière est religion !  Aucun moment de notre vie n’échappe à cette dimension de l’existence.  Cela vous paraît peut-être exagéré de dire une chose pareille.  Un peu de religion n’a jamais fait de mal à personne, entend-on dire parfois.  Mais un peu trop de religion et c’est sûrement le début de la fin, le fanatisme assuré, l’intolérance garantie, pensent beaucoup de gens.  Comment répondre à cette crainte en se fondant sur ce que dit la Bible et en comprenant spirituellement ce dont il est question ?

Je voudrais le faire en vous lisant deux textes, l’un tiré de l’Ancien Testament, et l’autre du Nouveau Testament.  Vous verrez comment ils se répondent l’un l’autre.  Le premier texte provient du psaume 116, tandis que le second appartient à la lettre de l’apôtre Paul aux chrétiens de Rome, à la charnière des chapitres 11 et 12.  Commençons donc par un extrait du psaume 116, à partir du verset 8 : Oui, Eternel, tu m’as délivré de la mort, tu as séché mes pleurs, tu m’as préservé de la chute : ainsi je marcherai encore sous le regard de l’Eternel au pays des vivants.  Oui, j’ai gardé confiance même quand je disais : « je suis trop malheureux ! » Dans mon accablement, j’en venais à me dire : « Tout homme est un menteur ! »  Que puis-je rendre à l’Eternel pour tous ses bienfaits envers moi ?  J’élèverai la coupe du salut, et je m’adresserai à l’Eternel lui-même, et, devant tout son peuple, j’accomplirai les vœux que j’ai faits envers l’Eternel.  Elle est précieuse aux yeux de l’Eternel la vie de ses fidèles.  O Eternel, ne suis-je pas ton serviteur ?  Oh, oui, ton serviteur, le fils de ta servante ; tu as brisé mes chaînes, je t’offrirai un sacrifice, pour marquer ma reconnaissance, et je m’adresserai à toi, ô Eternel.

Voici maintenant l’extrait de la lettre de Paul aux Romains, à partir du verset 33 du chapitre 11, jusqu’au verset 2 du chapitre 12 : Combien profondes sont les richesses de Dieu, sa sagesse et sa science !  Nul ne peut sonder ses jugements.  Nul ne peut découvrir ses plans.  Car, « Qui a connu la pensée du Seigneur ?  Qui a été son conseiller ?  Qui lui a fait des dons pour devoir être payé de retour ? »  En effet, tout vient de lui, tout subsiste par lui et pour lui.  A lui soit la gloire à jamais !  Amen.  Je vous invite donc, frères, à cause de cette immense bonté de Dieu, à lui offrir votre corps comme un sacrifice vivant, saint et qui plaise à Dieu.  Ce sera là de votre part un culte raisonnable.  Ne vous laissez pas modeler par le monde actuel, mais laissez-vous transformer par le renouvellement de votre pensée, pour pouvoir discerner la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait.

Si nous comparons ces deux extraits de la Bible, l’un tiré de l’Ancien Testament, l’autre du Nouveau Testament, nous nous apercevons que l’auteur du psaume, le psalmiste, et Paul, apportent le même message : Dieu est Tout Puissant et Il libère. Est-ce qu’on peut lui apporter quelque chose en retour en échange de cette libération ?  Qui lui a fait des dons pour devoir être payé de retour ?  Nous ne pouvons jamais mériter ou acheter sa Grâce, nous ne pouvons jamais en payer le prix qui lui est dû.  On ne peut pas davantage sonder ses pensées.  Voilà d’ailleurs un autre thème qu’on retrouve tout au long de l’Ancien Testament.  Ecoutez par exemple les paroles du prophète Esaïe, au chapitre 40, verset 13 : Qui donc a mesuré l’Esprit de l’Eternel ?  Qui a été son conseiller et qui son instructeur?  De qui Dieu a-t-il pris conseil pour se faire éclairer ?  Qui lui a enseigné la bonne voie ?  Qui lui a transmis le savoir et lui a fait connaître le chemin de l’intelligence ?  On pourrait alors se demander:  Mais que me reste-t-il donc à faire ?  Est-ce que tout ce que Dieu attend de moi c’est de rester passif, jusqu’au retour promis du Christ ?  Pas du tout. Car le croyant est  bien appelé à apporter une offrande à Dieu.  Dans l’Ancien Testament c’était une libation, c’est-à-dire l’offrande d’une boisson donnée, comme le mentionne le psaume 116 : J’élèverai la coupe du salut, et je m’adresserai à l’Eternel lui-même, et, devant tout son peuple, j’accomplirai les vœux que j’ai faits envers l’Eternel.  Cette libation n’était pas une simple reconnaissance formelle de la dépendance du croyant envers Dieu.  Elle allait bien plus loin que cela : O Eternel, ne suis-je pas ton serviteur ?  Oh, oui, ton serviteur, le fils de ta servante.  Cela veut dire : Depuis ma naissance toute ma vie t’appartient, je dois t’obéir en toutes choses.  Les libations n’étaient que le signe symbolique d’une dépendance totale qui doit se manifester par une vie d’obéissance totale.  A nouveau il nous faut souligner qu’il n’y a aucune différence essentielle entre ce que dit l’auteur du psaume 116 et ce qu’écrit Paul aux chrétiens de Rome. Notre vie toute entière appartient à Dieu et doit manifester cette appartenance.  Il y a donc plus dans la vie d’un croyant que l’exercice du culte dominical, même si cet exercice constitue une partie très importante de notre religion, que nous exprimons avec les autres croyants.  Notre religion est exercée tout au long de la semaine, pas seulement le dimanche !

Et pourtant, quelque chose de fondamental s’est bien passé entre le psaume 116 et les paroles de Paul dans sa lettre aux Romains : il s’agit de l’offrande parfaite de Jésus-Christ sur la Croix de Golgotha.  Mais qu’est-ce que ce sacrifice a changé exactement ?  Et bien il a rendu totalement explicite pour les croyants que l’offrande que nous devons apporter à Dieu c’est celle de notre vie toute entière :  Je vous invite donc, frères, à cause de cette immense bonté de Dieu, à lui offrir votre corps comme un sacrifice vivant, saint et qui plaise à Dieu.  Cela ne veut pas dire que dans l’Ancien Testament, avant la venue de Jésus-Christ sur terre, Dieu attendait moins que cela de ses enfants.  Et les vrais croyants le savaient fort bien.  Mais alors, où gît la différence ?  Voyez-vous, sur la Croix Jésus a donné pour nous son corps tout entier, sa vie toute entière.  La mort de Jésus met fin aux sacrifices d’animaux qui ne reviennent pas à la vie après avoir été mis à mort.  Raison pour laquelle dans l’Ancien Testament ces sacrifices devaient constamment être répétés.  L’agneau, le bouc ou le taureau mis à mort ne ressuscitaient jamais.  En contraste, la résurrection des morts de celui qui est l’Agneau parfait de Dieu démontre de manière éclatante que ceux qui sont greffés par la foi dans son corps, vivent avec lui et peuvent désormais se donner pleinement à Dieu comme offrandes.  En la mort et la résurrection de Jésus-Christ Dieu leur a parfaitement rendu la vie en mettant à mort leur nature de péché.  Les croyants du temps de l’Ancien Testament ne pouvaient jamais dire : ma vie toute entière dépend de cet agneau, de ce bouc ou de ce taureau que je viens d’offrir, je suis désormais greffé dans sa vie et je vis de sa vie.  Bien sûr, ils croyaient que les promesses de Dieu sont fiables et ils accomplissaient les sacrifices prescrits par la Loi de Moïse en plaçant entièrement leur confiance en Dieu.  Ils comprenaient la nécessité de l’expiation de leurs fautes par le sang versé des sacrifices.  Mais ils attendaient quelque chose de bien meilleur qui devait encore venir : le sacrifice parfait qui mettrait fin à tous ces sacrifices provisoires et couvrirait de manière définitive tous leurs péchés.

Avec la résurrection de Jésus-Christ le nouvel Adam vit pour toujours, et les croyants avec lui, car ils sont indissociablement liés  à sa vie par le lien de l’Esprit Saint.  Dieu  fait de ses enfants des créatures nouvelles en Jésus-Christ, par le lien du Saint Esprit qui les unit à leur Sauveur.  Et c’est en fait le seul terrain sur lequel Paul se place pour appeler ses lecteurs à offrir leur vie entière comme sacrifice d’obéissance à Dieu.  Je ne puis offrir mon corps tout entier comme sacrifice saint et agréable à Dieu que sur le fondement du corps du Christ qui a été brisé pour moi, et qui est ressuscité corporellement d’entre les morts.   Ceux qui ne croient pas en sa résurrection physique, corporelle, ne peuvent pas non plus offrir leur corps comme offrande agréable à Dieu puisqu’ils ne sont pas greffés dans le corps vivant et incorruptible du nouvel Adam.  Ces gens-là ne sont tout simplement pas de nouvelles créatures, même s’ils se disent chrétiens.  C’est exactement pour la même raison qu’ils n’auront aucune part à la résurrection des morts et à la vie éternelle promise.

La religion qui découle de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ est la seule qui ait un sens véritable, qui ne nous abandonne pas à nos propres spéculations fumeuses ou à nos fantasmes, et qui soit en plus agréable à Dieu.  Ici Paul utilise dans la langue grecque un mot (loghiken) qui signifie : raisonnable, plein de sens : Ce sera là de votre part un culte raisonnable. On pourrait aussi traduire : un culte véritablement spirituel.  Car ne voyons-nous pas en effet autour de nous toutes sortes de cultes déraisonnables, déformés spirituellement, et mêmes complètement destructeurs ?  Des sectes, des déformations outrageuses du message de l’Ecriture Sainte et de son cœur qui est l’Evangile de Grâce en Jésus-Christ ?  On voit même parfois des manifestations démoniaques qui prétendent être la vraie religion, celle commandée par Dieu…  Jésus-Christ n’est pas au centre de tels cultes, en fait il en est totalement exclus et rejeté.  Remarquez bien que Satan n’est pas contre la religion.  Il aime beaucoup la religion, au contraire, pour peu que cette religion suive ses propres motifs de rébellion et ses normes destructrices.  Or le monde est hélas rempli de tels cultes…

Je voudrais continuer avec vous la prochaine fois notre méditation sur le passage de la lettre de Paul aux chrétiens de Rome qui parle d’offrir nos corps entiers en sacrifice vivant, saint et qui plaise à Dieu. Nous verrons ensemble comment se distinguent la vie et les pensées de ceux qui ont été rachetés par le sang de Jésus-Christ et comment ils sont transformés dans leur être intérieur.  Soyez donc à l’écoute de notre prochaine émission !