COMMENT RÉSOUDRE LES CONFLITS DANS L’EGLISE? (1)
Comment résoudre les conflits dans l’église ?
C’est le thème de notre émission d’aujourd’hui, qui s’adresse
particulièrement aux chrétiens qui peuvent être confrontés à des situations
imparfaites de conflits, de jalousie, de blessures causées par d’autres
membres de la même communauté chrétienne, que ce soit volontairement ou
involontairement d’ailleurs. L’appartenance
à une communauté chrétienne, la confession de la même foi en le Dieu
trinitaire, Père, Fils et Saint Esprit, ne garantit pas en tant que telle une
vie d’harmonie parfaite dans l’église, car après tout les croyants ne sont
que des pécheurs, des hommes et des femmes nés de la semence corrompue
d’Adam qui portent toute leur vie cette nature, même s’ils sont appelés à
la faire disparaître progressivement en se soumettant à la direction de
l’Esprit Saint de Dieu et en devenant de plus en plus conformes à l’image
parfaite du nouvel Adam, Jésus-Christ. Déjà
dans le Nouveau Testament nous trouvons des conflits entre des membres pourtant
actifs et sincères, voire occasionnellement entre les apôtres de Jésus-Christ
lui-même, par exemple entre Paul et Pierre.
Ce qui est d’ailleurs bien la preuve que la Bible ne cherche pas à présenter
une image idyllique de l’église primitive, comme si tout n’y avait été
qu’un lit de roses et que les chrétiens avaient manifesté immédiatement une
vie de pureté et de perfection exemplaire.
Raison pour laquelle on peut se mettre à son écoute et apprendre
d’elle comment le Seigneur Jésus-Christ lui-même enseigne ses disciples à
manifester un esprit d’unité et de réconciliation en sa personne.
Mais afin de prouver ce que j’avance ici, je voudrais donner quelques
exemples concrets de conflits qui nous sont rapportés dans le Nouveau
Testament, et, je le précise à nouveau, entre chrétiens ou membres de l’Église
(pas entre croyants et incroyants, car ce n’est pas le thème de cette émission).
Déjà durant le ministère terrestre de Jésus, il pouvait arriver à ses
disciples d’avoir des différends, voire de se disputer.
Prenons par exemple le cas des deux frères Jacques et Jean qui étaient
allés trouver Jésus pour lui demander de les placer l’un à sa droite et
l’autre à sa gauche lors de son retour en gloire.
Jésus leur avait répondu : Vous
ne vous rendez pas compte de ce que vous demandez !
L’évangile selon Marc, au chapitre 10, rapporte que les autres
disciples, lorsqu’ils apprirent ce que Jacques et Jean avaient demandé,
« s’indignèrent contre eux ».
Là-dessus Jésus convoqua tous ses disciples pour les enseigner.
Je vous lis ce passage qui est toujours d’actualité dans l’Eglise, où
certains veulent être mieux considérés ou jouer un rôle plus important que
d’autres, sans avoir un véritable esprit de service et sans tenir compte des
dons que Dieu a aussi accordés à d’autres: Vous
savez ce qui se passe dans les nations : ceux que l’on considère comme
les chefs politiques dominent sur leurs peuples et les grands personnages font
peser leur autorité sur eux. Il ne
doit pas en être ainsi parmi vous ! Au
contraire : si quelqu’un veut être grand parmi vous, qu’il soit votre
serviteur, et si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit
l’esclave de tous. Car le Fils de
l’homme n’est pas venu pour se faire servir, mais pour servir lui-même et
donner sa vie en rançon pour beaucoup.
Dans sa lettre aux chrétiens de la ville de Philippes, au chapitre 4,
l’apôtre Paul évoque ce qui semble être un conflit entre deux femmes,
Evodie et Syntyche, exhortant un des anciens de cette église à ramener la paix
entre elles. Il écrit : Je
recommande à Evodie et Syntyche de vivre en parfaite harmonie l’une avec
l’autre, selon le Seigneur ; je les y invite instamment.
Toi, mon fidèle collègue, je te le demande : viens-leur en aide,
car elles ont combattu à mes côtés
pour la cause de l’Evangile, tout comme Clément et mes autres collaborateurs
dont les noms sont inscrits dans le livre de vie. Notez bien que Paul ne
prend pas partie dans le différend qui oppose ces deux membres de l’église
de Philippes, mais il demande instamment à un responsable de l’église de
faire office de médiateur dans ce conflit afin que la réconciliation puisse
avoir lieu. Car ces femmes ont
toutes deux fait preuve de sérieux et d’engagement dans le combat pour
l’Evangile. Dans l’Église du
Christ, il doit pouvoir y avoir une médiation sincère et impartiale au service
de l’unité en Christ. Ce qui nous
ramène à la béatitude prononcée par Jésus lors du sermon sur la Montagne :
Heureux les artisans de la paix, car ils
seront appelés fils de Dieu.
Dans sa lettre aux Galates, au chapitre 5, Paul lance un avertissement très
fort à ses lecteurs, dans une église où les divisions sur un point doctrinal
fondamental commençaient à miner la communauté entière : Mais
si vous vous blessez les uns les autres et si vous vous entre-déchirez, prenez
garde ! vous vous détruirez
mutuellement. A contrario Paul
vient de leur écrire : Au contraire,
par amour, mettez-vous au service les uns des autres.
Car la Loi se trouve accomplie toute entière par l’obéissance à
cette seule parole : Aime ton prochain comme toi-même. C’est dans
cette même lettre aux Galates que Paul évoque un conflit ouvert qu’il a eu,
en public, avec un autre apôtre du Seigneur, Pierre lui-même. Ce conflit
avait affaire au même enseignement, c’est-à-dire le type de relation que les
chrétiens d’origine juive devaient entretenir avec les chrétiens d’origine
païenne, donc non circoncis. Les
chrétiens d’origine juive disaient qu’il ne fallait pas se mêler avec les
autres, les considérant en quelque sorte comme des croyants de seconde zone.
Le passage en question se trouve au chapitre 2 : Mais,
lorsque Pierre est venu à Antioche, je me suis opposé ouvertement à lui, car
il avait tort. En effet, avant
l’arrivée de quelques personnes de l’entourage de Jacques, il prenait part
aux repas communs avec les frères non-juifs : mais après leur venue, il
s’est esquivé et s’est tenu à l’écart, parce qu’il craignait les
croyants d’origine juive. Comme
lui, les autres chrétiens d’origine juive se sont mis, aux aussi, à cacher
leurs véritables convictions, au point que Barnabas lui-même s’est laissé
entraîner par leur dissimulation. Mais
quand j’ai vu qu’ils ne marchaient pas droit, selon la vérité de l’Évangile,
j’ai dit à Pierre devant tous les frères : « Toi qui es
d’origine juive, tu vis comme un croyant d’origine païenne, et non comme un
Juif. Comment peux-tu vouloir
obliger les frères d’origine païenne à vivre comme des Juifs ? »
La troisième lettre de Jean, vers la fin du Nouveau Testament, nous offre
une autre situation, celle d’un dirigeant de l’église locale du nom de
Diotrèphe qui veut tout régenter, qui cherche à dominer sur tous.
L’auteur écrit à son correspondant Gaïus: J’ai
écrit quelques mots à l’Eglise, mais Diotrèphe, qui aime bien tout régenter,
ne tient aucun compte de nous. Aussi,
quand je viendrai, je rendrai les autres attentifs à sa manière d’agir :
il tient de méchants propos contre nous, et, non content de cela, il refuse de
recevoir les frères de passage. En
plus, ceux qui seraient désireux de les accueillir, il les en empêche et les
chasse de l’Eglise. Cher ami,
imite non le mal, mais le bien. Celui
qui fait le bien appartient à Dieu ; celui qui commet le mal ne sait rien
de Dieu.
Je voudrais vous citer un dernier exemple de désaccord entre des frères
tel qu’il nous est rapporté dans le Nouveau Testament : au chapitre 15
du livre des Actes des apôtres, Paul et son compagnon Barnabas, qui avaient
voyagé ensemble pour annoncer l’Évangile en Asie mineure, se séparent suite
à un profond désaccord. Je vous
lis tout ce passage : Après quelque
temps, Paul dit à Barnabas : « Partons refaire le tour de toutes les
villes où nous avons annoncé la Parole du Seigneur et rendons visite aux frères
pour voir ce qu’ils deviennent. Mais
Barnabas voulait emmener avec lui Jean, appelé aussi Marc, et Paul estimait
qu’il ne convenait pas de prendre avec eux celui qui les avait abandonnés en
Pamphylie et qui ne les avait pas accompagnés dans leur œuvre.
Leur désaccord fut si profond qu’ils se séparèrent.
Barnabas emmena Marc avec lui et s’embarqua pour Chypre.
Paul, de son côté, choisit Silas et partit avec lui, après avoir été
confié par les frères à la grâce du Seigneur.
Il parcourut la Syrie et la Cilicie en fortifiant les Eglises.
Comme je l’ai dit au début de cette émission, le Nouveau Testament ne
gomme pas les différences, les désaccords, parfois les disputes ou même les sérieuses
altercations que des chrétiens de la première génération ont pu avoir entre
eux. C’est une des preuves
externes mêmes de l’authenticité du Nouveau Testament, qui ne cherche pas à
brosser un tableau idéal de l’Eglise primitive, laquelle était composée
d’hommes pécheurs, parfois inconstants ou butés.
Mais par-delà ces incidents, aussi déplaisants qu’ils aient pu être,
il y a le Christ, le chef de son Eglise, qui lui a donné une règle d’or pour
aplanir les différends et travailler à la réconciliation : on trouve ce
passage crucial au chapitre 18 de l’évangile selon Matthieu.
Je vous le lis : Si ton frère
s’est rendu coupable à ton égard, va le trouver, et convaincs-le de sa faute :
mais que cela se passe en tête-à-tête. S’il
t’écoute, tu auras gagné ton frère. S’il
ne t’écoute pas, reviens le voir en prenant avec toi une ou deux autres
personnes, pour que tout ce qui sera dit soit appuyé sur les déclarations de
deux ou trois témoins. S’il
refuse de les écouter, dis-le à l’Eglise.
S’il refuse aussi d’écouter l’Eglise, mets-le sur le même plan
que les païens et les collecteurs d’impôts. Vraiment, je vous l’assure :
tous ceux que vous exclurez sur la terre auront été exclus aux yeux de Dieu et
tous ceux que vous accueillerez sur la terre auront été accueillis aux yeux de
Dieu.
C’est sur cet enseignement, sa mise en pratique et ses implications que je
reviendrai lors de notre prochaine émission, que je vous invite donc à ne pas
manquer.