TOUT
EST ACCOMPLI (2)
Lors de notre dernière émission de cette série intitulée « Tout
est accompli », je vous ai parlé du signe de la circoncision donné à
Abraham dans l’Ancien Testament, et du signe du baptême donné aux croyants
dans le Nouveau Testament, et je vous ai expliqué pourquoi le second avait
remplacé le premier : cela par rapport à l’accomplissement que Jésus-Christ
a apporté par son sacrifice volontaire et parfait sur la Croix.
Je l’ai fait en commençant par citer les paroles de l’apôtre Paul
qui met en garde son jeune ami Timothée contre toutes sortes d’enseignements
qui ne manqueraient pas de se répandre dans les églises.
Voici à nouveau cet extrait, tiré de la seconde lettre de Paul à
Timothée, au chapitre 4: Je t’adjure
devant Dieu et devant le Christ-Jésus qui doit juger les vivants et les morts,
et au nom de son avènement et de son royaume, prêche la parole, insiste en
toute occasion, favorable ou non, convaincs, reprends, exhorte, avec toute
patience et en instruisant. Car il
viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine ;
mais au gré de leurs propres désirs, avec la démangeaison d’écouter, ils
se donneront maîtres sur maîtres ; ils détourneront leurs oreilles de la
vérité et se tourneront vers les fables. Mais
toi, sois sobre en tout, supporte les souffrances, fais l’œuvre d’un évangéliste,
remplis bien ton service.
L’avertissement de Paul est-il entre-temps devenu périmé ?
Hélas non, loin de là. Entre
autres déviations et déformations que certains apportent au message pourtant
si clair et si limpide de l’Évangile de Jésus-Christ, on a de nos jours
affaire à une résurgence des tendances que ce même Paul combattait dans sa
lettre aux chrétiens de Galatie, il y a bientôt deux mille ans.
Comme je vous l’ai dit la dernière fois, certains prétendaient
qu’il fallait que les hommes se fassent circoncire pour être acceptables aux
yeux de Dieu. En insistant sur cet
acte, ils niaient tout simplement la portée et la signification de l’œuvre
de Jésus-Christ sur la Croix.
Aujourd’hui, ceux qui s’éloignent de la vérité insistent pour célébrer
les fêtes juives de l’Ancien Testament, dont la Pâque, exactement comme au
livre de l’Exode. Ils disent qu’être
fidèle à ce que Dieu a commandé implique de revenir littéralement à ces célébrations.
Ils soutiennent aussi que les différents écrits qui forment le Nouveau
Testament auraient été originellement écrits non pas en grec, la langue dans
laquelle ils nous sont parvenus, mais dans la langue araméenne que parlait Jésus
et les disciples en Palestine il y a deux mille ans. Donc, disent-ils, pour être
fidèle à Dieu il faut retrouver toutes ces racines juives et les pratiquer
exactement comme elles l’étaient à l’époque.
Ils choisissent d’appeler Jésus « Messias » pour bien lui
attribuer le titre et la fonction que
les Juifs attendaient de l‘envoyé de Dieu.
Cette insistance sur l’observation des rituels juifs de l’Ancien
Testament tels qu’ils étaient pratiqués à l’époque semble être un
effort de fidélité à l’Ecriture Sainte, mais en fait, quand on examine tout
cela de près, on s’aperçoit que la signification de l’oeuvre rédemptrice
du Christ se trouve très diminuée, si ce n’est carrément annulée.
Pour nous guider dans la juste compréhension du rôle de la Loi et de
l’Ancien Testament pour la foi des chrétiens, lisons ensemble l’article 25
de la confession de foi Belgica, rédigée au temps de la grande Réforme
protestante du 16e siècle : Nous
croyons que les cérémonies et figures de la Loi ont cessé à la venue du
Christ, et toutes les ombres ont pris fin de sorte que l’usage chez les chrétiens
doit en être aboli. Toutefois la vérité
et la substance de celles-ci demeurent en Jésus-Christ, en qui elles ont leur
accomplissement. Cependant nous
usons encore des témoignages pris de la Loi et des Prophètes pour nous
affermir en l’Evangile et pour régler notre vie en toute honnêteté, pour la
gloire de Dieu, selon sa volonté.
Cet article reflète une des paroles prononcées par Jésus au début de son
ministère, lors du sermon sur la montagne, lorsqu’il déclare, au chapitre 5
de l’évangile selon Matthieu : Ne
pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les prophètes.
Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.
Dans ces quelques mots prononcés à l’orée de son ministère
devant toute une foule, Jésus a défini sa mission : accomplir tout ce qui
attendait un accomplissement. Non pas annuler comme si ce qui avait été annoncé
auparavant par Moïse et par les prophètes n’avait pas de valeur et devait être
oublié ou tout simplement remplacé par un nouvel enseignement,
mais mener à bien ce qui devait l’être, amener à son terme un
processus commencé auparavant. D’ailleurs peu après avoir dit cela, Jésus
reprend les commandements de la Loi et leur donne leur véritable dimension,
celle que les enseignants de la Loi obscurcissaient le plus souvent en les étouffant
avec toutes sortes de préceptes qu’ils y rajoutaient, soi-disant pour bien
les expliquer, en fait pour leur faire perdre leur force.
Voilà pourquoi Jésus ajoute peu après: Car
je vous le dis, si votre justice n’est pas supérieure à celle des scribes et
des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.
Il faut donc obéir aux commandements de la Loi, même aux plus petits,
en les comprenant tels que Jésus en donne l’explication car il en est
l’interprète le plus autorisé, connaissant parfaitement les pensées de
Dieu, son Père céleste. Prenons un
exemple dans ce même sermon sur la montagne, concernant le commandement
interdisant l’adultère : Vous avez
entendu qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère.
Mais moi, je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la
convoiter a déjà commis adultère avec elle dans son cœur.
Si ton oeil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et
jette-le loin de toi. Car il est
avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse et que ton corps tout
entier ne soit pas jeté dans la géhenne.
Jésus donne ici toute la mesure de ce commandement, pas seulement ce
qu’on voulait bien comprendre. Il
en montre la portée la plus intime dans les pensées des hommes et indique en même
temps la voie à suivre pour répondre à la volonté de Dieu.
Cependant, l’accomplissement que Jésus a amené, et pour lequel il déclare
qu’il est venu, ne se situe pas seulement au niveau d’une explication de la
portée du commandement et de son intention.
Car, comme nous l’avons vu, la dernière parole de Jésus sur la Croix,
dans l’évangile selon Jean au chapitre 19, est justement : Tout
est accompli. C’est par le don
de sa personne sur la Croix que Jésus a accompli parfaitement toute la volonté
de Dieu, chose qu’aucun sacrifice d’animal ne pouvait faire.
Jésus n’a pas seulement enseigné en tant que le plus grand prophète,
venu directement du sein de Dieu le Père ; il a été le grand-prêtre
s’offrant lui-même comme victime sacrificielle parfaite.
Il a joint le geste à la parole.
Ce n’est que lorsque l’on comprend ces choses-là spirituellement,
c’est-à-dire en étant guidé par l’Esprit Saint de Dieu, qu’on est en
mesure de comprendre pourquoi certains rituels ou certaines célébrations présentes
dans l’Ancien Testament n’ont plus lieu d’être après la venue du Christ
et l’accomplissement par lui de tout ce qui était requis par Dieu.
Au chapitre 9 de la lettre aux Hébreux, l’auteur,
reprenant les éléments qu’il a exposés jusque-là,
écrit les paroles suivantes décisives pour notre sujet.
C’est d’ailleurs un passage sur lequel nous reviendrons lors d’une
prochaine émission sur notre thème. Il
écrit donc: Voilà pourquoi il [c’est-à-dire
Jésus-Christ] est le médiateur d’une
alliance nouvelle, afin que ceux qui sont appelés reçoivent l’héritage éternel
que Dieu leur avait promis. Car une
mort est intervenue pour libérer de leur culpabilité les hommes qui avaient péché
sous la première alliance. En
effet, lorsqu’il est question de testament, il faut que la mort du testateur
soit constatée, car un testament n’entre en vigueur qu’après le décès de
celui qui l’a établi : il est sans effet tant qu’il est en vie.
C’est pourquoi la première alliance non plus n’est pas entrée en
vigueur sans aspersion de sang. En
effet Moïse a d’abord exposé au peuple entier tous les commandements tels
qu’ils se trouvent consignés dans la Loi.
Puis il a pris le sang des
veaux, des boucs avec de l’eau, de la laine rouge et une branche d’hysope,
et il en a aspergé le livre ainsi
que tout le peuple, en disant : « Ceci est le sang qui scelle
l’alliance que Dieu vient d’établir avec vous. »
Puis il a aspergé aussi, avec le sang, le tabernacle et tous les
ustensiles du culte. En fait, selon
la Loi, presque tout est purifié avec du sang, et il n’y a pas de pardon
des péchés sans que du sang soit versé.
Ces objets, qui représentaient des réalités célestes, devaient donc
être purifiés de cette manière-là. Il
fallait de même que les réalités célestes le soient, elles, par des
sacrifices bien meilleurs.
Mais je reviendrai la prochaine fois avec vous sur quelques-uns des
enseignements particuliers de ces groupes qui pensent devoir retourner aux
formes de l’Ancien Testament sans saisir la portée de l’œuvre du Christ, détournant
hélas beaucoup de croyants peu confirmés dans la compréhension du message du
salut.