TOUT EST
ACCOMPLI (6)
Je
n’ai pas honte de l’Evangile: c’est une puissance de Dieu pour le salut de
quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec. En effet la justice de
Dieu s’y révèle par la foi, selon qu’il est écrit : Le juste vivra
par la foi. C’est
sur ces paroles que l’apôtre missionnaire Paul de Tarse conclut
l’introduction de la longue et profonde lettre que vers l’an 56 de notre ère
il adresse depuis la ville de Corinthe, en Grèce,
à une jeune communauté de chrétiens située dans la capitale de
l’empire romain, Rome. Ce n’est
pas lui qui a tout d’abord prêché l’Évangile à ces chrétiens, mais il
veut les fortifier dans leur foi,
sachant aussi qu’il a le désir de venir les visiter sur place.
Je
n’ai pas honte de l’Evangile : Paul a déjà
maintes fois fait l’expérience des moqueries, des quolibets, des attaques,
des insultes qu’on peut recevoir de plusieurs côtés lorsqu’on annonce
l’Evangile, en fait lorsqu’on ne fait même que prononcer le mot « Évangile ».
Qu’à cela ne tienne : il n’en a pas honte, et il n’en aura
jamais honte. Et la raison en est
bien simple : c’est une puissance
de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec.
Comment alors pourrait-on céder un seul instant au sentiment de
honte que ceux qui sont privés de cet extraordinaire salut cherchent à
susciter en ceux qui y ont accès ? Dès le tout début de sa lettre, Paul
s’est présenté à ses lecteurs comme un serviteur du Christ-Jésus, appelé
à être apôtre, mis à part pour l’Evangile de Dieu.
Il a immédiatement enchaîné sur la nature de cet évangile en établissant
le lien avec les Saintes Ecritures données de par le passé au peuple juif :
cet Évangile concerne Jésus-Christ, et celui-ci vient en droite ligne d’un
des personnages principaux de l’Ancien Testament, le roi David, à qui Dieu
avait promis une descendance éternelle. Or
c’est justement en Jésus-Christ - et en lui seul - que cette promesse a été
réalisée, car la royauté du Christ n’est pas passagère, elle a été déclarée
éternelle et universelle par sa résurrection d’entre les morts. Voilà en
effet ce qu’écrit Paul : Cet Évangile,
Dieu l’avait promis auparavant par ses prophètes dans les saintes Écritures,
il concerne son Fils, né de la descendance de David
selon la chair, et déclaré Fils de Dieu avec puissance selon l’esprit de
Sainteté, par sa résurrection d’entre les morts : Jésus-Christ notre
Seigneur. Vous aurez noté
l’utilisation du mot « puissance » que l’on retrouve un peu plus
loin sous la plume de Paul, dans la phrase : c’est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif
premièrement, puis du Grec. La
puissance du salut pour le Juif et pour le Grec provient de la puissance par
laquelle Jésus-Christ a été déclaré Fils de Dieu selon l’Esprit de
sainteté, par sa résurrection d’entre les morts.
Lorsque Paul dit qu’il a été déclaré
Fils de Dieu, il ne veut pas dire qu’avant son Incarnation, il n’était pas
Fils de Dieu. Ce qui est ici en jeu, c’est la manifestation rendue évidente
aux yeux du monde que l’homme Jésus, le
Messie promis dans l’Ancien Testament, est bien le Christ et le Fils de Dieu.
La preuve éclatante en a été fournie par sa résurrection.
Mais pourquoi mentionner simplement deux groupes ethniques ou linguistiques,
le Juif d’abord, et le Grec ensuite ? Paul exclut-il du salut les autres
nations ? Pas du tout.
Le Juif, c’est d’abord le descendant physique d’Abraham, sa lignée
ethnique, celui à qui les Saintes Écritures ont jusque-là été adressées,
avec toutes les promesses divines qu’elles contiennent.
Le Grec, c’est celui qui n’appartient pas à cette nation particulière,
l’habitant de l’empire romain - de quelque nationalité qu’il soit - qui
parle le grec, puisque le grec était la langue communément parlée à l’époque,
surtout à l’est de l’empire romain. Donc,
en mentionnant le Juif et le Grec, Paul a en vue l’humanité tout entière, à
qui le message rédempteur de l’Evangile est adressé.
Aux versets 26 à 28 du second chapitre de sa lettre aux chrétiens
galates, tous ceux qui croiront en cet Évangile sont appelés descendants
d’Abraham par le même Paul: Car vous êtes
tous fils de Dieu par la foi en Christ-Jésus : vous tous, qui avez été
baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ.
Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni homme ni femme, car
vous tous, vous êtes un en Christ-Jésus. Et
si vous êtes à Christ, alors vous êtes la descendance d’Abraham, héritiers
selon la promesse. Ce que Paul
veut souligner, c’est que la filiation avec Abraham, le père des croyants, se
fait désormais par la foi en Jésus-Christ, et non plus sur une base purement
ethnique. Cette filiation est désormais
opérée en vertu d’une semence incorruptible, celle de la vie éternelle
accordée aux croyants par la puissance de la résurrection du Christ.
Cette puissance est appliquée par le Saint Esprit dans le cœur des
croyants, qu’ils soient juifs, grecs, ou de n’importe quel groupe ou
nationalité.
C’est donc en vertu de cette
puissance que Paul a pu écrire au début de sa lettre aux chrétiens de Rome
qu’il n’a pas honte de l’Évangile. Tout ceci nous ramène du reste au
titre de notre série d’émissions, dont celle-ci constitue le point d’orgue :
Tout est accompli.
Rappelez-vous que c’est après avoir prononcé cette parole que Jésus
a rendu l’esprit sur la croix, selon l’évangile de Jean.
Rien de ce qui lui est arrivé n’est intervenu par hasard, ou en dépit
de sa volonté. Chaque moment de son
ministère fait partie d’un tout qui entre dans le plan éternel de Dieu.
N’a-t-il pas déclaré un jour à ses auditeurs qui doutaient de sa
mission : Le Père m’aime, parce
que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne
ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la
donner et j’ai le pouvoir de la reprendre; tel est l’ordre que j’ai reçu
de mon Père.
Pour nous, êtres humains limités et qui plus est mortels, incapables de
saisir la sagesse et la puissance divines dans toute leur profondeur, cela reste
bien sûr un mystère. Car nous ne
sommes pas le commencement et la fin de toutes choses, nos actes ne peuvent se
prévaloir d’une dimension éternelle en dépit de nos meilleures intentions
et de nos efforts les plus ardus. Et
pourtant, lorsque le Saint Esprit applique à notre esprit, à notre compréhension,
et à notre vie entière la puissance de la résurrection du Christ, alors
s’ouvre devant nous cette perspective éternelle, même si nous ne la
saisissons encore que partiellement. C’est
bien une nouvelle dimension de l’existence qui prend corps en nous :
notre finitude actuelle, même lorsqu’elle est cruellement ressentie, par les
faiblesses physiques auxquelles nous sommes soumis, ne représente plus
l’horizon ultime de notre existence. Une
vision spirituelle se développe qui nous fait voir d’un autre regard les événements
qui affectent le monde, nos proches et nous-même.
Le tout sur la base de ce que Dieu a fidèlement accompli en Jésus-Christ,
comme il l’avait promis des siècles auparavant.
Alors comment continuer à fortifier cette vision du monde et de notre
existence ? Comment
rendre notre regard spirituel toujours plus acéré ?
En persévérant dans l’étude de la Parole de Dieu considérée sous
cet angle: Tout est accompli. Cette
parole, où sont consignés tous les événements, toutes les prophéties qui témoignent
de cet accomplissement, c’est bien sûr la Bible, le seul livre au monde où
toutes les marques de l’accomplissement en question sont clairement énoncées.
Mais il nous faut le faire sans jamais oublier que la Bible elle-même
n’est que le fruit de l’action de la Parole éternelle de Dieu, dont témoigne
l’évangile de Jean dans son Prologue. Je vous en lis quelques passages :
Au commencement était la Parole, et la
Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.
Elle était au commencement avec Dieu.
Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été
fait sans elle. En elle était la
vie, et la vie était la lumière des hommes.
Cette Parole éternelle par qui le monde a été fait, est celle qui
s’est incarnée en la personne de Jésus-Christ, comme le Prologue de l’évangile
selon Jean le donne à comprendre un peu plus loin : La
Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de
vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils
unique venu du Père. C’est
justement pour tout accomplir ce que le Père a décidé de toute éternité,
que la Parole qui était au commencement a été faite chair.
Le but de l’Incarnation, c’est la réalisation des promesses de Dieu
et leur application dans la vie des croyants par le Saint Esprit.
Lisons donc la Bible, l’Ecriture Sainte, dans cette optique, sous peine de
manquer le but et de passer à côté de son message central.
Le ciment de l’unité entre toutes ses parties, en particulier entre
l’Ancien et le Nouveau Testament, c’est Jésus lui-même qui nous le donne,
lorsqu’il déclare au début de son ministère, comme en témoigne le chapitre
5 de l’évangile selon Matthieu : Ne
pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes : je suis
venu non pour abolir, mais pour accomplir.
Cet accomplissement de la loi et des prophètes par Jésus-Christ est
d’ailleurs ce que l’auteur de la lettre aux Hébreux, dans le Nouveau
Testament, s’attache à démontrer de manière très complète d’un bout à
l’autre de son écrit. Nous
l’avons beaucoup citée lors des émissions précédentes de cette série, que
je conclus avec ces belles paroles d’encouragement situées à la fin de la
lettre en question : Que le Dieu de
paix – qui a ramené d’entre les morts le grand berger des brebis, par le
sang d’une alliance éternelle, notre Seigneur Jésus – vous rende aptes à
tout ce qui est bien pour faire sa volonté ; qu’il fasse en nous ce qui
lui est agréable par Jésus-Christ, à qui soit la gloire aux siècles des siècles !
Amen !