LE VASE ET LE POTIER (3)

Qui, de l’homme ou de Dieu, est le maître, amis auditeurs? Et si Dieu est le maître, peut-on dire que l’homme est encore libre? Qui est responsable de ce qui arrive dans notre vie, l’homme ou Dieu? Et si Dieu contrôle le cours de l’univers, l’homme détient-il encore une responsabilité quelconque? La volonté de Dieu n’exclut-elle pas la mienne? Voilà toutes les questions que nous nous sommes posées au cours de nos deux dernières émissions: questions difficiles, et à vrai dire insolubles à moins que nous ne nous mettions à l’écoute de Dieu dans sa Parole. Car ce que nous lisons dans la Bible nous révèle bien autre chose que l’alternative stérile que le monde nous propose: pour les incroyants, en effet, Dieu ne peut pas exister, ou bien alors il est impuissant, puisque l’homme semble pouvoir lui résister. A moins qu’il ne soit tout simplement si éloigné de notre propre existence, si indifférent à notre vie, que son existence à lui n’a vraiment pas d’importance pour nous, si ce n’est peut-être pour rendre compte de certains aspects de l’univers, difficiles à expliquer autrement. L’autre terme de l’alternative stérile qui nous occupe, consiste à dire que Dieu est bien tout-puissant, mais alors que nous, les humains, ne sommes que des zombis, des créatures de l’ombre ou de simples robots effectuant mécaniquement ce qu’il décide de nous faire faire. Pourtant, ni l’un ni l’autre des termes de cette alternative ne sont satisfaisants. Le message biblique nous offre quant à lui une perspective non pas stérile, excluant soit Dieu soit l’homme, mais au contraire inclusive: la liberté humaine trouve son accomplissement lorsque l’homme devient partie intégrante de l’Alliance avec Dieu, alliance marquée par ses actes rédempteurs vis-à-vis de son peuple. Par son Esprit, Dieu inscrit sa loi dans le coeur des hommes, comme nous l’avons lu la dernière fois aussi bien au livre du prophète Jérémie qu’au livre du prophète Ézéchiel: “Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai sur leur coeur; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple”, lisons-nous en Jérémie 30 verset 33. C’est donc par une initiative souveraine de Dieu, par un acte de pure grâce, que l’homme retrouve sa liberté d’enfant de Dieu, restauré dans la communion avec son Créateur. Il est désormais en mesure de choisir la vie lorsque le choix entre la vie et la mort, entre le bien et le mal, lui est proposé. Rappelons les paroles du chapitre 30 du livre du Deutéronome, qui énoncent clairement le choix à effectuer: “j’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre: j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance, pour aimer l’Éternel, ton Dieu, pour obéir à sa voix et pour t’attacher à lui: c’est lui qui est ta vie et qui prolongeras tes jours, pour que tu habites le territoire que l’Éternel a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob.” Pour l’humanité restaurée dans l’Alliance avec Dieu, amis auditeurs, la vie dans l’Alliance est désormais marquée par l’obéissance à la loi de Dieu, inscrite dans le coeur des hommes. Ce n’est pas pour rien que nous lisons par deux fois, dans la lettre de Jacques, dans le Nouveau Testament, qu’il s’agit d’une loi de liberté. Jacques chapitre 1 verset 25 énonce ce qui suit: “Celui qui a plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de liberté, et qui persévère, non pas en l’écoutant pour l’oublier, mais en la pratiquant activement, celui-là sera heureux dans son action même.” Un peu plus loin, au chapitre 2, versets 12 et 13, nous lisons également: “parlez et agissez en hommes qui doivent être jugés selon une loi de liberté, car le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde. La miséricorde triomphe du jugement”. L’obéissance à la loi parfaite, à la loi de liberté, sont devenues les marques de la vie nouvelle dans l’Alliance de Dieu. Dieu a libéré sa créature en lui faisant miséricorde: au coeur de pierre des hommes éloignés de lui, même quand ils prétendent le servir, il a substitué un coeur de chair, comme en témoigne l’appel de Jacques à exercer la miséricorde. Résumons-donc ce que nous voulons dire: pour la Bible, la véritable liberté de l’homme n’est atteinte qu’avec l’intégration de celui-ci dans l’alliance de grâce initiée par Dieu, et qui se traduit par une vie de communion avec le Créateur, dans l’obéissance à sa loi.

Puisque nous en sommes au Nouveau Testament, examinons ensemble d’autres textes qui nous éclairent sur la véritable liberté de l’homme face au Dieu souverain.

Tout d’abord, nous devons insister sur le fait que parler de liberté, dans le cas de l’homme aliéné de Dieu, prisonnier de lui-même et de ses mauvais désirs, n’a de sens que si on parle de libération. Une libération doit d’abord intervenir avant que la liberté puisse être exercée. Cette libération ne peut être le fait de ceux qui sont prisonniers et incapables d’obtenir la délivrance par eux-mêmes, mais plutôt de celui qui les délivre. La souveraineté de Dieu se manifeste en ce qu’il initie lui-même, une fois de plus, cette libération: il vient lui-même vers les hommes, en la personne de son Fils éternel Jésus Christ, comme médiateur de la nouvelle alliance. Seule l’oeuvre de Jésus-Christ lors de son ministère terrestre, son sacrifice en expiation pour que la dette des hommes vis-à vis de Dieu soit payée, permettent à la nouvelle alliance telle que nous l’avons décrite, d’entrer en vigueur. Christ, le médiateur de l’alliance, appelle alors tous les hommes à y entrer. Il les appelle à avoir part à ce que l’apôtre Paul appelle, dans sa lettre aux Chrétiens de Rome “la liberté glorieuse des enfants de Dieu.”

Pourtant, si tous sont appelés, peu sont élus, comme le dit sans ambiguité Jésus-Christ lui-même dans l’évangile selon Matthieu, chapitre 22, verset 14. Ici encore se manifeste la souveraineté de Dieu, le potier qui façonne l’argile, et nous devons bien faire attention ici à l’enseignement de l’Écriture Sainte. La foi en Jésus-Christ, médiateur de l’Alliance, est le lien par lequel nous entrons dans cette alliance avec Dieu. Or cette foi ne provient pas de nous mêmes, mais de Dieu, comme nous le lisons dans la lettre de Paul aux Éphésiens, chapitre 2 verset 8: “C’est par la grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu.” La foi la plus forte, la plus assurée, la plus riche en fruits et en obéissance est toujours celle de ceux qui savent, au plus profond, que c’est Dieu qui en est l’auteur, et que par eux-mêmes ils ne sauraient croire aux promesses divines ou entrer dans l’Alliance de Grâce. On peut décrire une telle foi comme l’acte de Dieu par lequel il scelle ses promesses et sa parole dans le coeur de ceux qu’il appelle à lui. Une telle foi ne cesse de répondre ensuite à la grâce divine avec un coeur reconnaissant; les fruits que la foi véritable porte sont alors des oeuvres d’obéissance à la loi parfaite de Dieu. Souvenons-nous aussi des paroles de Jésus-Christ dans l’évangile de Jean, au chapitre 6: “Nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire.” Alors, quelle est la logique de l’appel à croire? Qui peut croire? Jésus-Christ a dit un peu auparavant à ceux qui le questionnent: “Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et je ne jetterai point dehors celui qui vient à moi.” L’appel est là, et ceux qui l’ont entendu ne peuvent pas dire qu’ils ne savaient pas, qu’ils sont restés dans l’ignorance. Car ils sont appelés à exercer leur responsabilité, c’est-à-dire, comme nous l’avons vu la dernière fois, à répondre positivement à cet appel. Amis auditeurs, pour paraphraser le passage de Deutéronome chapitre 30, on ne peut pas dire que l’Évangile est dans le ciel pour qu’on dise: “qui montera pour nous au ciel, nous l’apportera et nous le fera entendre, afin que nous le mettions en pratique?” Non, une fois entendu, l’Évangile est clair et simple. L’apôtre Paul le résume parfaitement au chapitre 10 de sa lettre aux Chrétiens de Rome, versets 9 à 13, que je lis ici: “Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton coeur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé. Car en croyant du coeur on parvient à la justice, et en confessant de la bouche on parvient au salut, selon ce que dit l’Écriture: “Quiconque croit en lui ne sera pas confus.” Il n’y a pas de différence, en effet, entre le Juif et le Grec: ils ont tous le même Seigneur, qui est riche pour tous ceux qui l’invoquent. Car quiconque invoque le Seigneur sera sauvé.” Voilà, amis auditeurs, l’Évangile que vous annonce régulièrement sur les ondes “Foi et Vie Réformées” et auquel je vous invite à croire de tout votre coeur, car il vous apporte la vie et la liberté que Christ a obtenue pour nous! Aucun de ceux qui ont entendu cet appel ne peut dorénavant s’excuser et l’oublier ou le rejeter, car ce faisant, il ou elle choisirait la mort. Tel est le message de la Bible, parole de Dieu: croyez, car Dieu vous offre une communion avec lui dans son alliance de grâce. Beaucoup sont appelés, mais dans sa souveraineté, Dieu est libre d’accorder à qui il veut le don de la foi. Et nous le voyons bien tous les jours, puisque tant d’hommes et de femmes choisissent quotidiennement de rejeter le don gratuit de Dieu. Ceux qui refusent d’exercer leur responsabilité en répondant positivement à l’appel de Dieu, seront-ils tenus pour innocents? Pourront-ils dire: je n’étais pas libre de croire en la vérité des promesses de Dieu en Jésus-Christ? Accepter la grâce, le pardon et la miséricorde divines était pour moi trop difficile? L’Évangile était trop compliqué pour ma petite intelligence? Non, amis auditeurs, aucune excuse ne prévaudra au jour du jugement. Alors, comprenons bien comment se manifeste le don de la foi par le Dieu souverain, qui l’accorde à qui il veut sans pour autant que ceux qui rejettent Jésus-Christ soient tenus pour innocents ou irresponsables. Et pour bien le comprendre, conluons ce message par la lecture d’une partie du chapitre 9 de la lettre de Paul aux Chrétiens de Rome, dans le Nouveau Testament. Paul utilise ici l’image du potier et de l’argile, qui a constitué le leitmotiv de nos trois émissions. Lui qui appelle tous ses lecteurs à croire, et qui n’a eu de cesse de prêcher l’Évangile partout ou Dieu l’a envoyé, afin que le plus grand nombre accède au salut, qu’ils soient Juifs ou païens, parle ici du Dieu souverain. Dieu n’abdique aucune de ses prérogatives divines, et sa volonté s’exerce sans être contrée par qui que ce soit. Ces paroles doivent nous être réconfortantes, à nous qui avons cru, amis auditeurs, car elles nous assurent que notre foi n’est pas un simple mouvement de notre coeur, instable et fragile, mais au contraire qu’elle est ancrée dans l’acte souverain et irrévocable du Dieu tout-puissant: “Que dirons-nous donc? Y a-t-il en Dieu de l’injustice? Certes non! Car il dit à Moïse: ‘Je ferai miséricorde à qui je ferai miséricorde, et j’aurai compassion de qui j’aurai compassion’. Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. Car l’Écriture dit à Pharaon: ‘Je t’ai suscité tout exprès pour montrer en toi ma puissance et pour que mon nom soit publié par toute la terre’. Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. Tu me diras donc: ‘Qu’a-t-il encore à blâmer? Car qui résiste à sa volonté? Toi plutôt, qui es-tu pour discuter avec Dieu? Le vase modelé dira-t-il au modeleur: Pourquoi m’as-tu fait ainsi? Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même pâte un vase destiné à l’honneur et un vase destiné au mépris? Et si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition? Et s’il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire à des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour sa gloire? C’est-à-dire qu’il nous a appelés, non seulement d’entre les Juifs, mais encore d’entre les païens, comme il le dit dans le prophète Osée: ‘Celui qui n’était pas mon peuple, je l’appellerai mon peuple, et celle qui n’était pas la bien-aimée, je l’appellerai bien-aimée; et là même où on leur disait: vous n’êtes pas mon peuple! Ils seront appelés fils du Dieu vivant.”