JÉSUS-CHRIST PAROLE INCARNÉE (1)

Vous savez sûrement comme moi, amis auditeurs, que chaque année autour de Noël, on entend aux nouvelles des rapports de trêves, de cessez-le-feu intervenant dans plusieurs endroits du globe où sévit la guerre. C’est Noël, dit-on, et en signe de bonne volonté pendant cette période de l’année qui, aux yeux de beaucoup, symbolise la paix, il faut faire taire les canons. Cela donne à ceux qui souhaitent fêter Noël pour des raisons de religion ou de tradition, l’occasion de le faire sans en être empêchés. Nous pouvons donc penser que cette année comme les précédentes, un certain calme règnera autour du vingt-cinq décembre dans quelques régions ravagées par des conflits armés. Pendant deux ou trois jours, un court répit sera apporté à ceux qui sont autrement les victimes du cortège de malheurs que la guerre apporte toujours avec elle. Et puis, deux jours plus tard, peut-être trois, ceux qui s’acharnent à se détruire les uns les autres reprendront le combat en tâchant d’anéantir leurs ennemis. Devons-nous, en tant que croyants, nous réjouir au sujet de telles trêves? Sont-elles vraiment un hommage au Seigneur Jésus-Christ, dont la naissance est célébrée à Noël? Non, certainement pas. De tels cessez-le-feu ne sont aucunement la paix que nous attendons si ardemment. En eux ne se trouve aucun Shalom, aucune réconciliation divine qui durera pour l’éternité.

Qui plus est, nous devons aussi nous demander si Noël doit être vraiment compris comme un symbole de paix. N’est-ce pas une idée erronée, en particulier lorsque nous lisons ce que le Seigneur Jésus-Christ dit de lui-même, dans l’évangile selon Luc, au chapitre 12: “ Je suis venu jeter un feu sur la terre, et qu’ai-je à désirer, s’il est déjà allumé? (…) Pensez-vous que je sois venu donner la paix sur la terre? Non, vous dis-je, mais la division.” Alors, Noël est-il un signe et symbole de paix, comme tant d’entre nous voudraient le croire, parce que nous souhaitons tant vivre une trêve par rapport à toute la douleur et toute la souffrance qui règne autour de nous, ou parce que nous sommes fatigués de n’entendre parler que de guerres et de bruits de guerres?

Mais lisons ensemble le chapitre deux de l’évangile selon Matthieu, qui nous raconte la naissance de Jésus en des termes qui doivent nous faire sérieusement réfléchir. A la lumière de ce chapitre, nous reprendrons ensuite notre méditation sur la signification de Noël: “Jésus était né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode. Des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem et dirent: Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer. A cette nouvelle le roi Hérode fut troublé, et Jérusalem avec lui. Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ. Ils lui dirent: A Bethléhem en Judée, car voici ce qui a été écrit par le prophète: “Et toi, Bethléhem, terre de Juda, tu n’es certes pas la moindre parmi les principales villes de Juda; car de toi sortira un prince, qui fera paître Israël mon peuple.” Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et se fit préciser par eux l’époque de l’apparition de l’étoile. Puis il les envoya à Bethléhem, en disant: Allez, prenez des informations précises sur le petit enfant; quand vous l’aurez trouvé, faites-le moi savoir, afin que j’aille moi aussi l’adorer. Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici: l’étoile qu’ils avaient vue en Orient les précédait; arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta. A la vue de l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent; ils ouvrirent ensuite leurs trésors et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. Après leur départ, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Égypte, et restes-y jusqu’à ce que je te parle; car Hérode va rechercher le petit enfant pour le faire périr. Joseph se leva, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Égypte. Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait déclaré par le prophète: “J’ai appelé mon fils hors d’Égypte”. Quand Hérode se vit joué par les mages, sa fureur fut extrême, il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléhem et dans son territoire, d’après l’époque qu’il s’était fait préciser par les mages. Alors s’accomplit ce qui avait été annoncé par le prophète Jérémie: “Une voix s’est fait entendre à Rama, des pleurs et beaucoup de lamentations: C’est Rachel qui pleure ses enfants; elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus.” Après la mort d’Hérode, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Égypte, et dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et retourne dans le pays d’Israël, car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts. Joseph se leva, prit le petit enfant et sa mère et rentra dans le pays d’Israël. Mais quand il apprit qu’Archelaüs régnait sur la Judée à la place d’Hérode, son père, il craignit de s’y rendre, et, divinement averti en songe, il se retira dans le territoire de la Galilée, et vint demeurer dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplisse ce qui avait été annoncé par les prophètes: Il sera appelé Nazaréen.”

Après la lecture de ce chapitre, il convient de nous demander à nouveau, amis auditeurs: Noël est-il vraiment un signe et symbole de paix? D’après Matthieu chapitre 2, nous devons bien plutôt considérer Noël comme une déclaration de guerre. Rien de moins que cela. Car que se passe-t-il lorsqu’un roi illégitime, c’est-à-dire un gouvernant qui n’a pas le droit de régner sur un pays donné mais croit que personne ne peut le chasser de sa position de force, se trouve soudain confronté avec le véritable roi, celui qui détient la légitimité, l’onction royale, le roi légal du pays? Que se passe-t-il dans un tel cas? Et bien c’est tout simplement la guerre, amis auditeurs! L’histoire de l’humanité est pleine de tels exemples. En fait, la guerre qui nous est racontée dans Matthieu chapitre 2 commence par un incident diplomatique; elle débute avec l’arrivée de représentants de pays d’Orient, qui forment pour ainsi dire une ambassade venant apporter des hommages au roi légitime! Ces gens sont bien plus que de simples observateurs d’étoiles: astrologues et savants, peut-être même experts dans les arts magiques. A l’époque ils servaient souvent de conseillers politiques à leur prince, en raison de leur connaissance et de leurs pouvoirs. Donc ces mages viennent de très loin en une sorte d’ambassade afin de nouer pour ainsi dire des liens diplomatiques avec le roi véritable. Mais pas cependant le genre de relations diplomatiques communément nouées, comme par exemple celles qui existent entre la France et l’Allemagne. Non, ils viennent comme des sujets reconnaissant en ce roi leur propre roi, et même l’adorant, quoiqu’ils habitent un autre pays. Ils ne le font pas en paroles seulement, mais avec des gestes concrets, par des cadeaux et des offrandes qui témoignent de leur soumission. Que pensez-vous que doit être la réaction du roi illégitime? Hérode a déjà bien du mal à faire reconnaître sa propre autorité en Palestine, car il y a parmi le peuple bien des doutes sur sa légitimité: il n’est ni juif, ni grec, ni romain, mais iduméen, arabe, le fils d’un traître qui a usurpé le trône de la dynastie légitime de Palestine. Et pour tâcher de donner un semblant de légitimité à sa dynastie, Hérode a épousé une femme provenant de la famille de la dynastie déchue. Plus tard, il la fera assassiner car il nourrit des soupçons à son égard, injustement du reste. Ce n’est pas son premier meurtre: il a déjà fait noyer un de ses beaux-frères, il en a fait exécuter un autre, ainsi que le dernier roi de la dynastie précédente, afin que cette famille ne puisse jamais plus menacer ou remettre en question son propre pouvoir. Entre temps, il a fait brûler quelques Pharisiens, des religieux de l’époque attachés à la Loi de Moïse et très nationalistes. Et plus tard, par peur que les fils qu’il a eus de sa femme veuillent venger leur mère, il les fait étrangler. Peu avant sa mort il donne encore l’ordre de faire tuer son troisième fils. Le titre de “Roi des Juifs” lui a en fait été attribué par les occupants romains détestés, c’est-à-dire par une puissance extérieure qui a mis fin à l’indépendance des Juifs.

Or voilà que cet homme, qui rampe devant les occupants Romains et tente de singer les Grecs pour avoir l’air civilisé, doit soudain subir une humiliation diplomatique: depuis des pays étrangers arrive une ambassade venant honorer le vrai roi des Juifs! Hérode n’était pas au courant qu’une rébellion était en cours dans son propre pays; il avait pourtant fait assassiner tous ceux qui auraient pu être des prétendants au trône… Et voici qu’il lui faut apprendre que l’étranger a davantage de respect et d’attentions pour un opposant qui n’est qu’un petit enfant! Comprenez-vous maintenant, amis auditeurs, pourquoi le roi Hérode, à cette nouvelle, fut tant troublé, comme nous le lisons au verset 3? Mais c’est tout Jérusalem avec lui qui est troublée. En particulier les docteurs de la Loi, pourrait-on penser. Car lorsqu’ils entendent les étrangers parler d’une grande étoile, ils ne peuvent pas ne pas penser à une ancienne prophétie, qui figure au chapitre 24 du livre des Nombres, dans l’Ancien Testament. Voici ce que dit Balaam, l’auteur de cette prophétie: “ Je le vois, mais non maintenant, je le contemple, mais non de près. Un astre sort de Jacob. Un astre sort de Jacob, un sceptre sort d’Israël. Il blesse les flancs de Moab et il abat tous les fils de Seth. Il prend possession d’Édom, il prend possession de Séir, ses ennemis. Israël est plein de vaillance. Celui qui sort de Jacob règne en souverain, il fait périr ceux qui s’échappent des villes.” Voilà comment résonne l’ancienne prophétie du Livre des Nombres, et ce n’est pas précisément une prophétie annonçant paix et harmonie, surtout lorsque l’on prend en compte l’origine ethnique du roi Hérode…

Restez à l’écoute de notre prochain programme, amis auditeurs, et vous pourrez suivre le déroulement du conflit que nous venons d’esquisser entre Hérode, le roi illégitime, et Jésus, le roi des Juifs reconnu comme tels par les mages d’Orient.