SAGESSE ET PASSION I
Prov. 4&5

La sagesse et la passion sont-elles ennemies, amis auditeurs, ou bien peuvent-elles, voire doivent-elles coexister et même se marier dans la vie des hommes et des femmes? C’est la question sur laquelle je vous invite à méditer aujourd’hui, à la lumière de quelques extraits du livre des Proverbes, dans l’Ancien Testament. Nous allons d’abord lire ensemble les versets 20 à 27 du chapitre 4, puis plusieurs versets du chapitre 5.

“Mon fils, sois attentif à mes paroles, prête l’oreille à ce que je dis, ne perds pas de vue mes conseils. Garde-les au fond de ton coeur, car ils apportent la vie à ceux qui les accueillent, et ils assurent la santé du corps. Par-dessus tout: veille soigneusement sur ton coeur, car il est la source de tout ce qui fait ta vie. Garde-toi de prononcer des paroles mauvaises: rejette les propos méchants. Regarde les gens bien en face, et que ton regard soit dirigé droit devant toi. Prépare ton chemin avant de t’y engager, et emprunte des routes sûres. Ne t’en écarte ni à droite ni à gauche, détourne ton pied du mal. Mon fils, sois attentif à la sagesse que je t’inculque. Prête l’oreille à mes paroles qui t’enseignent la raison, pour que tu aies de la clairvoyance et que tes lèvres gardent la connaissance. (…) Bois les eaux de ta propre citerne et celles qui jaillissent de ta fontaine: tes sources doivent-elles se disperser au-dehors et tes ruisseaux dans les rues? Qu’ils soient pour toi seul! Ne les partage pas avec des étrangers. Que ta source soit bénie! Fais ta joie de la femme que tu as aimée dans ta jeunesse, biche charmante, gracieuse gazelle, que ses charmes t’enivrent toujours et que tu sois sans cesse épris de son amour! Pourquoi, mon fils, t’amouracherais-tu de la femme d’autrui? Pourquoi donnerais-tu tes caresses à une inconnue? L’Éternel surveille toute la conduite d’un homme, il observe tout ce qu’il fait. Celui qui fait le mal sera pris à ses propres méfaits, il s’embarrasse dans le filet tissé par son propre péché. Il périra parce qu’il n’a pas su se discipliner , il s’égarera enivré par l’excès de sa folie.”

Amis auditeurs, répétons notre question initiale, si vous le voulez-bien: la sagesse et la passion peuvent-elles vivre harmonieusement ensemble? Formulons maintenant cette question d’une autre manière: Quelqu’un peut-il être enivré d’amour et en même temps savoir comment cheminer selon Dieu? La réponse de la Bible à une telle question est un “oui” franc et clair! Les extraits du livre des Proverbes que nous venons de lire nous enseignent que la sagesse sans passion est ennuyeuse, monotone et insipide, mais que la passion sans sagesse est stupide, sotte et destructrice. Il est d’ailleurs remarquable que la Bible combine de cette façon ces deux idées (sagesse et passion), car on a couramment tendance à les séparer, comme si en effet elles s’excluaient mutuellement. Ainsi pour certaines religions orientales, on n’atteint la sagesse parfaite qu’en faisant mourir en soi tout sentiment, toute passion et tout enthousiasme, car, nous est-il dit, cela n’apporte que souffrance dans la vie, et cela c’est de la folie. Pour ces religions qui ont quitté les rivages asiatiques afin de partir conquérir le reste du monde, la condition spirituelle la plus élevée consiste à atteindre le “nirvana”, c’est-à-dire un état où l’on a cessé de désirer quoi que ce soit. Nos besoins matériels, physiques et émotionnels doivent alors totalement disparaître. Certains adeptes de ces religions n’hésiteront pas à se faire brûler vivants, afin d’atteindre de cette manière le néant absolu. Rien ne saurait être plus éloigné du caractère de Dieu. Dieu, le Créateur du cosmos, a insufflé en nous des désirs et des besoins physiques, émotionnels, matériels, intellectuels, esthétiques parmi bien d’autres, lorsqu’il a créé l’homme à partir de la poussière de la terre et a insufflé en lui un souffle de vie. Or Dieu pourvoit à tous ces besoins. Il le fait de nombreuses manières, mais en particulier par son dernier acte créateur, c’est-à-dire lorsqu’il institue le mariage.

Mais revenons à l’idée de sagesse, et écoutons encore ce que le livre des Proverbes dit à son sujet (au chapitre 3): “Heureux l’homme qui a trouvé la sagesse! Heureux celui qui est devenu raisonnable! Acquérir la sagesse vaut mieux que gagner beaucoup d’argent. Les avantages qu’elle donne sont plus précieux que l’or le plus fin. Elle a plus de prix que les perles, et aucun trésor que tu pourrais désirer n’égale sa valeur. La sagesse t’offre, dans sa main droite, une longue vie, et dans sa main gauche, la richesse et la considération. Les voies dans lesquelles elle conduit sont agréables, tous ses chemins convergent vers le bonheur. La sagesse est un arbre de vie pour ceux qui s’attachent à elle, et ceux qui savent la garder sont heureux.” Vous le voyez, chers amis, d’après la Bible la vraie sagesse amène avec elle une vie pleine et heureuse, c’est-à-dire, passion, plénitude et jouissance, et non pas une vie monotone ou ennuyeuse.

Mais posons maintenant une seconde question: où trouverons-nous la vraie sagesse, celle qui nous apportera une telle vie? En particulier, où trouverons-nous une telle sagesse pour enrichir notre mariage? Les versets 23 à 27 du chapitre 4 du livre des Proverbes nous fournissent la réponse. Lisons-les ensemble de nouveau: “Par dessus-tout: veille soigneusement sur ton coeur, car il est à la source de tout ce qui fait ta vie. Garde-toi de prononcer des paroles mauvaises: rejette les propos méchants. Regarde les gens bien en face, et que ton regard soit dirigé droit devant toi. Prépare ton chemin avant de t’y engager, et emprunte des routes sûres. Ne t’en écarte ni à droite ni à gauche, détourne ton pied du mal.” Nous avons là deux idées centrales: la première idée a trait à l’attention qu’il faut prêter aux pensées de notre coeur, et la deuxième idée concerne le cours de nos pas, un cours qui doit être droit, une route sur laquelle il faut marcher droitement. En résumé: un coeur qui détermine quel sera le cours de nos pas, de notre vie. La sagesse détermine dans notre coeur la manière dont nous établissons notre route. Il y a un aspect intérieur, à savoir les pensées que nous logeons et chérissons au-dedans de nous-même, et un aspect extérieur, la manière dont ces pensées orientent le cours de nos pas. Et ces deux aspects doivent avoir la même direction, une direction tournée vers la vérité, là où il n’y pas de place pour le mensonge et la tromperie vis-à-vis d’autres hommes ou femmes. Dans la Bible, le coeur est l’instrument par lequel nous pensons et désirons, le siège de notre volonté. C’est aussi le lieu où Dieu imprime sa volonté en nous, c’est là que nous nous connaissons nous-même, et c’est là aussi que nous connaissons Dieu. Qu’il est important, alors, de faire attention à ce qui se passe dans notre coeur; comment peut-on penser qu’il est possible de laisser libre cours à toutes sortes de désirs dans notre coeur, et que cela n’affectera pas le cours de nos pas?

Mais comment appliquer tout ceci au mariage? L’auteur du passage sur lequel nous méditons veut donner un enseignement aux jeunes gens et les avertir contre la tentation de l’infidélité, qui n’apporte que misère avec elle. C’est sur cet avertissement que portent les versets 3 à 13 du chapitre 5. Écoutez plutôt et voyez comment le coeur et le cours des pas de la femme adultère dont il est ici question, diffèrent de ceux inspirés par la sagesse: “Car les lèvres de la femme adultère distillent des paroles mielleuses, et sa langue est plus onctueuse que l’huile, mais la fin qu’elle prépare est amère comme l’absinthe, cruelle comme une épée à deux tranchants. Ses pieds se précipitent vers la mort; ses pas aboutissent au séjour des morts. Elle ne se souvient guère du chemin de la vie. Elle suit des sentiers qui se perdent elle ne sait où. Maintenant donc, mon fils, écoute-moi, ne rejette pas ce que je te dis: éloigne-toi d’une telle femme, et ne t’approche pas de l’entrée de sa maison de peur que ta dignité ne devienne la proie d’autrui, et les années de ta vie celles d’un homme cruel, que des étrangers ne se rassasient de ce que tu as produit par tes efforts, et que le fruit de ton travail ne se retrouve dans la maison d’un autre, de peur que, près de la fin, tu ne gémisses, alors que ton corps tout entier sera épuisé, et que tu ne dises: “Comment donc ai-je pu haïr l’éducation? Pourquoi ai-je dédaigné les avertissements? Pourquoi n’ai-je pas écouté ceux qui m’ont enseigné ni prêté attention à ceux qui m’instruisaient? Peu s’en est fallu que je ne sois dans le pire des malheurs au milieu de l’assemblée du peuple.”

Mais, amis auditeurs, écoutez aussi comment notre auteur parle d’un amour passionné entre un homme et une femme mariés. Il emploie des mots et des images très proches de ceux que nous trouvons dans le livre du Cantique des Cantiques, dans l’Ancien Testament. Relisons ensemble les versets 18 et 19: “Que ta source soit bénie! Fais ta joie de la femme que tu as aimée dans ta jeunesse, biche charmante, gracieuse gazelle, que ses charmes t’enivrent toujours et que tu sois sans cesse épris de son amour”. Comme vous le voyez, le plan du Créateur pour le mariage est bien plus prometteur que la vision du monde de certaines religions orientales! “Fontaine et eau”, voilà bien les symboles de la vie coulant d’existences saines. Le mot “fontaine” est ici appliqué aussi bien à l’homme qu’à la femme. Pour bien comprendre cette image il nous faut nous rappeler combien rare l’eau peut être au Proche Orient par temps de sécheresse, et combien précieux est un puits dans lequel on peut en permanence puiser de l’eau saine. Si vous avez fait creuser un tel puits pour abreuver vos propres troupeaux, vous ne souhaitez pas que quelqu’un d’autre s’en serve.

Ainsi donc, nous voyons qu’une vraie sagesse, inspirée de Dieu, peut mener vers la passion, l’amour. Nous verrons la prochaine fois comment une saine passion peut nous ramener vers la vraie sagesse. Car cela fait partie du plan mystérieux de Dieu, plan qu’il a établi dans sa sagesse divine.